Interview faite par mail par Matthieu

Salut et merci à toi de prendre le temps de répondre à nos questions !
Jesus "The Butcher" (chant) : Salut Matthieu, ça fait plaisir ! Merci pour l’attention portée au band !

Tout d’abord, peux-tu vous présenter, le groupe et toi ? Comment décrirais-tu la musique jouée par Disowning ?
J’ai fondé DISOWNING avec Max (batterie) après avoir quitté Offending. Max m’a présenté Peb (guitare) et nous avons commencé à bosser sur quelques riffs et structures, puis Adrien (Basse) nous a rapidement rejoints dans la foulée. Après avoir composés nos premiers titres, nous nous sommes décidés à chercher un second guitariste, et c’est à ce moment-là que Jérôme (Guitare) est arrivé, il a fait quelques essais avec nous et ça l’a fait direct. Je dirais que la musique de DISOWNING est un mélange de death metal old school et de death metal nouvelle génération agrémenté d’atmosphère dark et teinté de passages aussi bien mélodiques que prog.

Vous aviez réalisé quelques concerts (dont un à La Rochelle et à Saintes, auquel j’ai assisté), puis tu es parti vivre au Canada, mais le groupe a perduré. Comment s’est prise cette décision ?
Pour tout te dire, ce ne fut pas chose facile. Ce nouveau projet de vie qui s’est offert à moi a bouleversé pas mal de choses dans ma vie personnelle, et il a indéniablement impacté sur DISOWNING. Nous nous sommes tous posés ensemble pour réfléchir et en discuter sérieusement. De mon côté je devais me faire une raison : c’est de ma décision donc le band n’a pas à subir cela. J’ai donc naturellement proposé de continuer d’assurer le job dans DISOWNING jusqu’à ce qu’on me trouve un remplaçant. D’ailleurs à l’époque nous étions sur des projets de dates. Même si cela été compliqué à projeter, je ne voulais pas que DISOWNING arrête ou se sépare à cause de moi. Le fait d’avoir mis autant de temps, d’énergie et d’argent dans le projet, et voir le potentiel du band, cela était inconcevable pour moi que ces investissements partent en fumée. Tout le monde était d’accord à ce sujet, mais Max a précisé que si je partais, il ne continuerait pas et qu’il faudrait trouver un autre batteur. De ce fait, cela a acté un peu plus les choses. Donc au final, nous avons convenu de mettre le band en standby et ainsi voir ce que dirait la suite. Notre album était déjà enregistré et mixé mais à cette époque nous n’avions pas encore signé chez XenoKorp et encore moins projeté un avenir concret pour le band.

Est-ce que c’est simple la collaboration à l’international entre musiciens ?
Honnêtement ça va pour le moment mais c’est très frustrant d’être loin des siens, moi qui suis en plus le "chef d’orchestre" du band. Je gère tout de Québec. Mais de toutes les façons, nous n’avons pas le choix. Il faut donc trouver des solutions. Nous allons voir comment va évoluer DISOWNING. Je n’ai pas encore éprouvé le travail de compositions à distance, donc à voir comment on s’y prendra. Puis si ça ne va pas, on en discutera et on se réorganisera.

Quel est la technique pour concilier une vie professionnelle et un projet musical sérieux ?
Très bonne question ! Je pense que cela appartient à chacun de trouver des techniques appropriées entre sa job et son train de vie. C’est certain qu’il faut anticiper les choses et les organiser au mieux pour gérer cela. Il faut clairement trouver un terrain d’entente avec sa job et sa vie privée. Il faut bien avouer que c’est assez compliqué. En France, à l’époque j’étais éducateur auprès de jeunes en difficulté, et mes vacances étaient imposées suivant le rythme scolaire, une belle galère… Certes ce n’est plus le cas, mais quand tu n’es pas musicien pro et que tes vacances sont imposées, tout devient plus compliqué à gérer pour prendre des journées avec tout l’impact que cela a sur ton organisation au quotidien, ta famille, l’aspect financier etc.



On voit qu’il y a pas mal de parties lourdes, mais également d’autres plus axées technique ou groove, quelles sont vos influences ?
Nos influences sont vraiment diverses et variées, ce serait réducteur de lister cela. Nous avons tous un bagage différent en termes d’influences, de vécus et d’aventure musicales qui nous ont forgés au fur et mesure de notre construction personnelle. Nous conjuguons avec tout cela, c’est ce qui fait la force et l’identité de DISOWNING.

Comment se passe le processus de création musicale dans Disowning ?
Nous sommes du genre à ce que chacun puisse proposer ce qu’il a envie de proposer. Cela peut venir d’une idée de structure et / ou de plusieurs riffs pré-enregistrés sur midi. On se l’envoie avant la prochaine répèt' pour que chacun puisse en faire un retour, se l’approprie, apporte d’autres idées dessus… Ensuite on travaille cela en répèt' et on continue ce cheminement. Ou bien cela peut être aussi des idées de riffs que l’on fait tourner en répète lorsqu’il y a matière et on inter réagit sur le moment. On enregistre pour garder une trace, on revient dessus à tête reposée chez nous et on continue à échanger, à retravailler cela etc etc. Dans tous les cas, il y a un échange entre tout le monde et c’est ce qui fait avancer la création et notre musique. Il faut souligner que Peb a été force de proposition pour mener la cadence dans nos compositions.

Votre album "Human Cattle" est sorti il y a quelques semaines, comment ont été les premiers retours ?
Nous sommes agréablement surpris de l’engouement positif qui est porté sur ce premier album autant en France qu’à l’étranger. Les retours que l’on a sont positifs et constructifs pour le moment. La plupart des chroniqueurs ont saisi ce que l’on était et ce que l’on recherchait à mettre dans notre musique. Cela fait plaisir et c’est encourageant.

Concernant le futur de Disowning, avez-vous déjà des plans, ou est-ce que c’est encore trop tôt pour en parler ?
Il y a des projets en cours, je n’aime pas trop m’avancer. Comme nous avons l’étiquette d’un jeune band (malgré le fait que nous avons déjà tous pas mal d’expériences engrangées depuis des années) tout est plus difficile et plus long à construire. En tout cas ce que je peux te dire, c’est que nous projetons de faire des dates en France et au Canada pour 2020. Affaire à suivre comme on dit.

Vous avez signé en 2018 avec le label XenoKorp, comment se passe la collaboration avec eux ? Est-ce qu’ils vous laissent une totale liberté ou est-ce qu’ils vous drivent un peu ?
On s’entend qu’un label est censé être bienveillant, disponible, à l’écoute et user de son savoir-faire et de son professionnalisme. Et c’est ce que fait Nico, boss de XenoKorp ! Tout dépend de ce que tu entends par liberté, mais en tout cas il est de bons conseils, il connaît son job et nous respecte artistiquement. Lorsqu’il a des suggestions, des avis, il nous en fait part et la plupart du temps nous suivons ces préconisations. Nous savons très bien que c’est dans l’intérêt du band. Nous sommes ravis d’avoir signé chez XenoKorp.

Quel est ton meilleur et ton pire souvenir de scène, que ce soit avec Disowning ou avec tes précédents projets (je pense notamment à Offending) ?
Je dirai 2 de mes meilleurs souvenirs :
- Le fait d’avoir joué au Hellfest en 2009 sous la Rock Hard Tent avec Offending, c’était vraiment génial ainsi que tout le contexte qu’il y avait autour. C’était déjà un sacré fest au top du top.
- Et d’avoir participé au 1er Cassoulet Show en 2004 au côté de Gronibard, Warscars, Ultra Vomit, François Corbier…. Et également tout le contexte autour de ce wee-kend, un truc impossible à retranscrire tellement c’était incroyable humainement surtout à l’époque où cela paraissait décalé, improbable voire avant-gardiste…
Mon pire souvenir…. Un show avec DISOWNING à Poitiers. On en rigole maintenant mais sur le moment je ne faisais pas le malin. Je te conte l’anecdote :
A peine arrivé à la salle, le pied posé à l’extérieur de la voiture, que je suis pris de grosses douleurs foudroyantes au ventre. L’après-midi des balances est synonyme d’horreur pour moi, je passe par toutes les couleurs, je suis plié en deux, je te passe les détails avec des allers et venues aux chiottes. Je suis vraiment sur le point d’annuler. C’est un calvaire pour moi, les gars voient bien que je ne file pas. Je les préviens que le show sera surement entrecoupé de pauses dans mes lignes de chant. Je fais tout de même le concert sans que personne ne sache que je suis en vrac. Avant de monter sur scène je demande au bar un seau à champagne, le gars me fait "J’te mets des glaçons dedans ?", je lui réponds "Non c’est pour vomir pendant notre show" et il me regarde en se marrant. Je lui dis "Non non mais je suis sérieux !". J’ai tellement froid que je fais la presta en hoodie. Je tente de donner le meilleur de moi-même, je n’ai pas le meilleur souffle et je dois couper mon chant sur certains passages. J’ai des suées, la tête qui tourne, je suis vraiment HS avec probablement de la grosse fièvre. Je suis vraiment à deux doigts de vomir tout ce que j’ai. Mais je me mets en mode warrior pour assurer au mieux ! Et je contrôle autant que possible. Aux dernières notes de notre set et sur les derniers coups de cymbales de Max, je m’empresse de me diriger en arrière scène pour te remplir le seau à champagne jusqu’à ras bord de mes plus beaux growls de vomis. Du beau boulot. (rires) Je n’ai pas eu le temps de saluer et de remercier le public. Ils ont dû trouver cela étrange ou condescendent que je quitte la scène ainsi. Mission gastro carabinée accomplie avec succès !!! Peut-être que le public m’a trouvé moyen, pas très dispo et causant en fin de show… mais quand on est foudroyé par une vraie gastro… J’ai préféré ne rien dire, ce n’est pas très pro d’annoncer au micro "Salut je vais en chier ma race pendant le set car j’ai une putain de gastro. Attention au premier rang, ça peut partir !" (rires) Lecteur lectrice de mes mots / maux, si tu étais au show de Poitiers, te voilà une réponse à tes questions désormais.



Quel est le premier morceau de metal que tu aies écouté ? Et celui qui t’a fait dire “C’est ça que je veux faire !” ?
Le premier morceau de metal, je dirais plusieurs à l’époque : Pantera ! J’ai découvert le metal avec les albums de Pantera. Pour le côté "C’est ça que je veux faire, mes premiers pas dans le death avec les albums de Cannibal Corpse, j’étais comme halluciné par les voix de Chris Barnes et de George Fisher ! C’est eux qui m’ont donné envie de m’essayer au chant.

Question d’imagination maintenant : je te laisse créer une tournée avec trois groupes pour lesquels tu rêverais d’ouvrir avec Disowning !
Si on choisit des groupes toujours en activité et en prenant en considération les goûts divers et variés de DISOWNING, je dirais une tournée avec Cannibal Corpse, Meshuggah et Aborted.

Est-ce que tu as un coup de cœur musical en ce moment ? Ou un groupe que tu viendrais de découvrir ?
Huummm coup de cœur en ce moment… désolé ça date un peu, mais j’ai pas mieux… j’ai grandement apprécié : "Omegaphilia" de Merrimack et "Atonement" de Immolation. Les prochaines sorties que j’attends : "To Bathe From The Throat Of Cowardice" de Vitriol et "True North" de Borknagar. Côté découverte récente de band : A Pale Horse Named Death avec des anciens de Type O Negative, je les ai vus dans un ptit club à Québec, c’était vraiment excellent ! Une belle découverte. J’aime quand tu ne t’attends à rien et que la magie opère ainsi. Pis niveau scène québécoise, quelques découvertes, je dis "quelques découvertes" car je n’ai pas encore vu ou écouté tous les bands existants : Dépérir, Atroce, Soiled By Blood, Chaos Catharsis, Outre Tomb

Dernière question : quel est ton secret pour avoir une barbe en pleine santé ?
Faut croire que la bière artisanale non pasteurisée y contribue ! (rires) Je ne vois pas d’autres explications (levure de bière). Ca fait pas loin d’une vingtaine d’année que je porte la barbe et à l’époque en France, il n’existait pas tout ce qu’il y a aujourd’hui avec les huiles et soins de barbe comme c’est la mode. Putain j’ai jamais été autant à la mode entre le retour de la barbe et la bière de microbrasseries. Maintenant je m’y mets aussi pour entretenir ma barbe, mais rien de particulier, j’utilise des huiles, savons et conditionner. Pour les amateurs d’huiles de barbe qui me lisent, je recommande chaudement les produits Sang d’Ancre (Québec), vraiment top.

Je te laisse les mots de la fin ! Encore merci !
Merci à toi pour cet entretien et pour nous permettre de nous exprimer sur French Metal. N’hésitez pas à aller jeter une oreille sur notre premier album. Si vous n’êtes pas convaincus, revenez-y de temps en temps pour vous imprégner comme il se doit de notre "Human Cattle" ! Bonne écoute !


Le site officiel : www.facebook.com/disowning