Interview faite par mail par Raph

Peux-tu présenter le groupe  et vos parcours respectifs ?
Mat Roger (basse) : DEREALIZED est un groupe de death / black progressif formé en 2014 par Man et Myriam Fischer (respectivement guitares et chant) que j'ai rapidement rejoint à la basse, puis Victorien Delacroix à la batterie. Nous avons tous de nombreuses années d'expérience dans la musique. Man et Victorien ont entre autres officié dans Diluvian, pour ne citer qu'eux. Myriam a tenu le chant dans plusieurs groupes locaux et Man et moi jouons également dans Ignis Fatuus.

Votre premier album, "Isolation Poetry", est salué par la critique. Comment s’est passée la réalisation d’un tel disque, pour un groupe formé il y a deux ans à peine ?
Man Fischer (guitare) : Nous avions une idée assez précise de là où nous souhaitions aller et une direction artistique pleinement assumée, en toute humilité mais sans se regarder les pieds, en se contentant de rester les plus honnêtes possibles dans la démarche. Le processus de composition est quasiment toujours identique  : j'écris l'ensemble, incluant tous les instruments, puis chacun apporte ses qualités pour interpréter ses parties. Bien souvent, cela se traduit par des ajouts ou modifications, inhérentes à chaque sensibilité, et la qualité de la somme est toujours supérieure à la valeur de chacun. Je suis vraiment très fier de travailler avec de tels musiciens. Quant à la critique, elle est positive et surtout le public se montre réceptif. Pour une première étape, c'est en effet très encourageant.
Mat : C'est vrai que pour le moment, nous n'avons que des retours positifs et nous en sommes très reconnaissants.

Vous aviez dès le départ choisi de proposer un album, sans passer par la case EP  ?
Mat : Nous nous sommes posés la question au début. Nous pensions d'abord sortir un EP d'environ six titres, éventuellement autoproduit pour plus tard sortir un album complet lorsque nous aurions assez de morceaux. Puis les compositions naissant les unes après les autres, certaines avoisinant les neuf minutes, nous avons finalement décidé de sortir directement un LP.
Man  : On s'est en effet posés la question, mais probablement plus parce que nous étions pressés de faire exister ces compositions, de la partager avec le public et de les jouer sur scène. Finalement, la direction artistique imposait un ensemble cohérent, et chaque élément faisait partie de cet ensemble  : chaque riff, chaque compo, la pochette, la photo intérieure, tout va dans un seul et même sens.

Idem pour les concerts, vous avez donné le premier le 28 Janvier (à l’Atelier des Môles, à Montbéliard). C’était un choix de ne monter sur scène qu’une fois l’album sorti ?
Mat : Nous avons beaucoup travaillé sur l'album entre 2015 et 2016. Certaines compo ont même été finalisées ou modifiées au cours de l'enregistrement. Nous avons passé un temps considérable à peaufiner chaque morceau. De ce fait, la préparation pour les live n'a pu se faire qu'une fois tout ce processus achevé.
Man : C'est également un choix pleinement assumé. Nous ne souhaitions pas monter sur scène si ne nous sentions pas pleinement prêts à assurer nos morceaux sans concession. Le travail préparatoire a été long et dans la mesure où nous avons géré chaque aspect du disque, nous avons considéré qu'il y avait un moment pour chaque chose et que celui dédié aux concerts viendrait après. Nous avons également dû recruter un second guitariste en la personne d'Eloi Nicod. L'ouverture pour Dew Scented à Montbéliard en Janvier s'est soldé par de nombreuses critiques positives au sujet du concert, de nouvelles rencontres et quelques petits mots très sympathique de la part de Leif Jensen à notre sujet. Cela valide les arbitrages émis en amont, nous en sommes ravis. D'autres dates suivent, avec notamment Fractal Universe et Blazing War Machine au   Moloco , à Audincourt. Nous chercherons ensuite à nous éloigner de notre secteur d'origine pour aller fouler d'autres scènes ailleurs en France ou en Europe.



Comment naît une compo au sein de Derealized  ?
Man : Comme je te disais précédemment, j'écris une composition de A à Z, chacun s'implique ensuite dans son interprétation, qui implique souvent des améliorations notables liées à la personnalité et au background de chacun des membres. Lorsque j'écris, cela a quelque chose de compulsif. J'ai une idée, une pensée, un souvenir, une "sensation" et j'essaie d'en extraire quelque chose d'esthétique. Je m'isole pour jouer de la guitare jusqu'à trouver le "fil d'Ariane" qui me permettra de dérouler l'ensemble. J'écris ensuite la batterie, et je commence à peindre des différentes couches qui me serviront de support jusqu'à génération de la narration globale du morceau. Je laisse souvent la composition inachevée pendant quelques semaines, mois, parfois années, et je laisse l'idée initiale faire sa vie dans mon quotidien. Parfois elle se perd et elle disparaît, parfois elle évolue, grandit, et se transforme en musique. Et si je manque d'inspiration, Myriam et Mat sont toujours là pour apporter un riff, une partie manquante ou même simplement le recul nécessaire pour mener l'idée à terme.

La pochette est réalisée par Razorimages. Vous aviez une idée très précise de ce que vous vouliez comme visuels ?
Man : En effet, j'avais l'image très précisément en tête lorsque j'ai demandé à Sylvain Lucchina de la réaliser. Il a réussi à prendre le concept initial et à le matérialiser avec son style tout en restant très respectueux de mes attentes. Il a un talent immense, je suis très honoré qu'il ai accepté de travailler pour nous malgré ma demande très dirigiste. Pour te donner une idée, je me suis impliqué sur tous les fronts sur cet album. La photo intérieure du livret, par exemple, a été prise avec Mickaël Briot, de Mythrid Art, mais j'avais l'idée exacte du cadrage, du lieu, des postures et accessoires nécessaires, il ne restait "qu'à" la shooter. J'ai d'ailleurs fait les retouches moi-même, pendant que Mickaël travaillait sur la mise en page et les autres volets du livret.

Vous avez enregistré au Vamacara Studio  ? Vous connaissiez le lieu ?
Mat : Petite rectification, c'est Man qui s'est chargé de l'enregistrement au sein du RockBox Studio. Les rush ont ensuite été confiés à HK, au Vamacara Studio pour le mix et le mastering.
Man : J'ai eu vent du travail d'HK par des connaissances en commun (probablement Gordon, guitariste d'Antropofago). Celui-ci proposait de produire gratuitement le titre d'un groupe qu'il aimerait, sur présentation d'une maquette. Je prototype tous nos morceaux, aussi avons nous pu lui faire écouter. Il a tout de suite beaucoup accroché et a produit une pré-version de "Hollow" qui nous a servi de support pour une vidéo maison. Son travail d'écoute et de conseil nous a apporté beaucoup. Nous avons appris de nombreuses choses qui nous ont d'ailleurs servi pour l'enregistrement de l'album après coup. Je suis très (TRES) frileux à l'idée de confier mon travail à une personne externe, et pour autant je ne me sentais pas d'endosser la responsabilité de la production à ce moment-là. HK nous avait déjà travaillés, connaissait notre musique et mon attachement à celle-ci. Il a produit notre album en restant toujours à l'écoute de mes doléances et en prenant en compte chacune de mes remarques. Bonne expérience  !

Comment s’est passés la rencontre avec Finisterian Dead End ?
Man : De mémoire, il me semble qu'une amie, qui connaît Laurent, le manager, lui avait fait découvrir notre travail sur des préprods des titres "Derealized" et "Hollow". Nous avons eu d'excellents contacts avec Laurent et l'écoute de l'album a validé ses impressions premières. Il s'est montré le plus à même de véhiculer notre musique auprès du public. Et au-delà, il possède des qualités humaines qui me sont chères  : consciencieux, professionnel et humain, pour ne citer que celles-ci.



Derealized a une identité propre, à la fois nourrie de multiples influences, mais ne ressemblant à personne en particulier. Si tu devais définir vos influences, tu citerais quelqu’un en particulier  ?
Mat : Nous avons des goûts très variés et nous ne cherchons pas à faire un style ou un autre en particulier, sonner comme tel ou tel groupe. Man et moi pouvons très bien passer de groupes comme Anata, Opeth à du Steven Wilson, Riverside ou encore Dream Theater ou Symphony X... Myriam est un peu plus tournée vers le black ou le goth, Victorien vers le brutal death / death technique. Chacun apporte son propre background au sein du groupe Pour aller plus loin, je dirais qu'au-delà de la musique, tout ce que nous visualisons ou même vivons au cours de notre vie nous influence, directement ou indirectement. C'est, je pense tout cet ensemble de choses qui donne à notre musique son caractère relativement singulier.
Man : Tout à fait. Nous avons tous nos différences et nos individualités, mais celles-ci se rangent derrière une direction commune. Lorsque nous sommes ensemble, nous tendons tous vers le même point, chacun apportant sa perspective sans jamais dévier.

Vous faites appel au luthier Hugo Mermet pour la fabrication des instruments à cordes du groupe, tu peux nous en parler ?
Mat : Hugo est tout simplement l'un des meilleurs luthiers français aujourd'hui. Nous sommes très fiers de faire partie de ses artistes. Il a notamment fait les guitares pour Gorod, Antropofago ou encore récemment Dominique Leurquin, ancien guitariste de Rhapsody. Il est très ouvert et à l'écoute. Suivant le style de jeu, les goûts et attentes, il arrive à réaliser l'instrument parfait qui conviendra au mieux à la personne qu'il a en face. Chaque guitare ou basse qui sort de son atelier est unique, et qualitativement exceptionnelle. Je vous invite d'ailleurs à aller jeter un œil sur sa page. Même sans être musicien, son travail est très intéressant.
Man : J'ai rencontré Hugo lorsque j'étais dans Diluvian. Nous nous étions posé la question d'endorsement et, parmis les différentes options disponibles, nous avons fait le choix de travailler avec Hugo Mermet. Ses guitares possèdent toutes les caractéristiques qui me plaisent. Ce sont des instruments organiques, faits pour porter la vision d'un artiste, avec un niveau de finition ahurissant et 100% faits main. Chacune de mes guitares créées par Hugo me pousse à me dépasser, à assumer pleinement chaque note, chaque geste, et à en faire quelque chose de "beau" et d'enrichissant. Je ne joue que des instruments d'exceptions depuis des années, et pour autant je reste scotché par le niveau des Mermet à chaque fois que j'en attrape une (autant dire quotidiennement !).

Les projets pour 2017 ?
Mat : Du travail, encore du travail, toujours du travail ! Maintenant que l'album est sorti, il va falloir qu'on le défende au mieux en live. Nous avons déjà plusieurs dates confirmées sur les mois à venir et on espère vous y voir nombreux. Et puis pourquoi pas les ébauches du prochain album. Pensez à jeter un oeil à notre page Facebook pour avoir les dernières news. Nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous soutiennent depuis le début, celles qui sont arrivées en cours de route et merci également à French Metal pour cette tribune  !
Man : Merci à vous pour cette interview. En espérant tous vous voir sur scène bientôt  ! See you there  !


Le site officiel : www.facebook.com/derealizedband