Interview faite par Byclown à Paris.

Salut les gars, heureux de vous retrouver deux ans après la première interview que vous avez donnée pour le webzine pour la sortie de votre premier album "State Of Disillusion". Nous sommes ici aujourd’hui pour parler de la sortie de votre deuxième album "The Prodigal Child" mais avant cela, merci de vous présenter et de présenter votre groupe pour les gens qui ne vous connaissent pas encore.
Vianney (basse) : On s’appelle DEFICIENCY. Le groupe dans l’état actuel existe depuis 2008. Personnellement, je l’ai rejoint en tant que bassiste, fin 2010, début 2011 pour la sortie du premier album. Suite à ça on a connu quelques petits changements de line up avec Jérôme qui a remplacé Mathieu en Mai 2012 à la guitare rythmique et on est là aujourd’hui pour parler de notre dernier album sorti en Octobre dernier.
Jérôme (guitare) : Et donc, moi je joue la guitare rythmique mais je ne chante pas. C’est Laurent qui fait les solos et qui chante.

C’est un peu votre Dave Mustaine à vous !
Vianney : En un peu moins hargneux oui !

Et vraisemblablement en un peu moins roux ! Alors, on va s’intéresser à tout ce qui s’est passé depuis la sortie du premier album. Première chose, parlez-moi un peu des feedbacks que vous avez pu avoir du premier album.
Vianney : On a eu de bons retours si ce n’est que l’album n’était pas suffisamment bien produit, ce qui est normal lorsqu’on fait un disque autoproduit. On a enregistré ça chez Benjamin Marchal de My Dark Project, qui fait un peu de son. Rapport qualité /prix, on est très satisfaits du résultat mais il est clair que le résultat n’est pas professionnel. Suite à cela on a fait une tournée assez conséquente avec une vingtaine de dates, avec de bons retours mais on pense quand même passer au stade au-dessus avec ce nouvel album.

Quelles sont les dates marquantes que vous avez faites pour le premier album ?
Vianney : On a eu une très bonne date à Saint-Dizier, à l'Evening Of Metal, concert organisé par l’association Lezard'Os. On avait partagé l’affiche avec des groupes comme Svart Crown, In Arkadia, etc... donc de bons groupes. Il y avait beaucoup de monde, on a pu jouer sur une très grosse scène même si à l’époque on n’était pas trop connus mais on en garde de supers souvenirs. Sinon, il n'y a pas si longtemps que ça, on a joué avec Decapitated à Colmar pour leur tournée en tant que tête d affiche. On a joué avec Evile, lors de la fête de la musique à Thionville. On a ouvert aussi pour Suicidal Angels, c’était énorme.

Votre pire moment "spinal tap" lors de vos concerts pour le premier album ?
Jérôme : Globalement, à part les flops, on n’a pas eu de grosse galère. Il n’y a pas longtemps à Lille, troisième date de la tournée du second album, il y a eu un festival gratuit avec Eths. Pas de bol, nous on jouait le même soir, dans un bar / concert et c’était payant. Du coup on a eu 5 personnes, les musiciens des autres groupes (rires) et leurs femmes, mais ils ont mis l’ambiance donc bon, on a bien rigolé. En plus, quand les groupes avec qui ont devait jouer ont appris pour le festival, ils ont annulé donc on a du trouver un groupe de remplacement dans le speed.

Parlons du deuxième album "The Prodigal Child". Combien de temps avez-vous mis pour le composer ?
Vianney : On avait déjà plusieurs riffs, voire même 1 ou 2 titres totalement finis à la sortie du premier album dont on ne s’était pas servis. Malgré cela on a dû passer deux ans, voire deux ans et demi sur la composition des nouveaux morceaux.
Jérôme : Quand je suis arrivé en Mai 2012, il y avait déjà la bonne moitié de l’album qui était composée. Des titres déjà faits mais pas peaufinés et des titres pas faits du tout qu’on a composés en entier.

Le processus de création reste--il toujours inchangé ? (Ndlr : un seul homme qui compose tout)
Vianney : Ca a un peu évolué. On part toujours de la base où notre "Dave Mustaine perso" (sourire) ramène le gros des morceaux mais chacun apporte sa patte personnelle et son avis maintenant, du style "Là il y a un couplet de trop, ce riff-là ne le fait pas alors on l’enlève…". Jérôme et moi-même avons tous les deux apporté des riffs sur ce second album. Tout en ne dénaturant pas l’esprit de la musique, on essaye de garder une certaine cohésion.
Jérôme : Globalement Laurent ramène les bases de la musique mais nous faisons les arrangements tous ensemble.

Quels sont les thèmes abordés sur cet album ?
Vianney : Les thèmes de l’album sont en rapport avec son titre. Ca pose des questions sur l’histoire de l’humanité, l’avenir, l’existence de l’être humain. Nous avons des réponses qui nous sont apportées par la science, la religion etc… mais sur lesquels on ne peut de toute façon pas être totalement objectif. Cet album aborde ces thématiques à raison d’une thématique par chanson, et le but des chansons est de poser des questions et de faire réfléchir les gens aux solutions.
Jérôme : L’album est en lui-même un concept. On se pose des questions sur l’humain en règle générale mais on ne pose pas des questions qui ont attrait à la religion ou à la science pure.

Du coup votre album c’est un peu le magazine "Science et Vie" ?!
Jérôme : (rires) Oui mais en un peu plus occulte, et avec pas mal de science-fiction.

Quelles sont les différences que vous avez voulu apporter sur cet album ?
Vianney : La composition des morceaux a été beaucoup travaillée sur cet album, notamment tout ce qui est bridges et breaks. C’est beaucoup affiné que sur le premier album. Il y a beaucoup plus de passages mélodiques, un vrai travail de samples, pas mal de claviers.
Jérôme : Cet album est la synthèse de nos goûts perso. Toutes nos influences y sont représentées. Contrairement au premier album, c’est clairement audible. Evidemment, il y a une grosse base de thrash, car c’est ce qu’on affectionne tous beaucoup, mais il y a pas mal de death mélodique, de prog’…



Du coup, pour les morceaux que vous avez composés après l’arrivée de Jérôme, avez-vous fait un brainstorming pour dire "Ok, tel morceau on va le faire sonner plus prog, celui-là, plus death mélo…" ?
Vianney : Pas vraiment en fin de compte. Laurent amène le gros des morceaux et après on travaille dessus, et c’est justement là, quand on fait les arrangements, qu’on garde ou qu’on supprime des riffs pour en mettre d’autre à la place, que nos influences resurgissent. Du coup certains passages parfois un peu trop mélo ont été remplacé par des trucs qui tabassent plus, bien groovy et lourds.
Jérôme : Le dernier morceau de l’album, qui est d’ailleurs le dernier morceau qu’on a composé tous ensemble est un peu spécial. On savait qu’on allait le mettre à la fin, pour "clore" l’histoire de l’album. Laurent avait déjà les paroles avant même les riffs.
Vianney : Ce qui explique le morceau soit assez progressif, il tire assez en longueur, il y a pas mal de variations.

Du fait de tous ces changements et de l’évolution musicale du groupe, que pouvez-vous me dire sur l’orientation musicale du groupe pour les prochains albums ?
Jérôme : On en parle oui et non. On ne se dit pas que le prochain album va être comme ceci ou comme cela…
Vianney : Pour le moment c’est vrai qu’on ne s’en préoccupe pas vraiment. Il est certain que, chacun dans notre coin, on continue à composer des riffs mais on n’a pas assez de matériel pour envisager d’enregistrer un troisième album. On s’est énormément investi dans cet album, que ce soit artistiquement, humainement, financièrement, donc la priorité pour le moment c’est de défendre cet album le plus possible, d’essayer de tourner au maximum.

Je reviens sur l’histoire de l’ouverture musicale et de vos goûts perso car dans la première interview du groupe donnée par Laurent, il nous faisait part de ses goûts musicaux. Puisque vous êtes là et que vous faites fraîchement partie du line-up actuel, dites-moi donc quels sont vos goûts perso.
Jérôme : Comme Laurent, ma base reste Metallica, j’ai commencé la guitare avec ça, j’aime tous les albums. J’écoute de tout sinon, je ne suis pas plus death ou plus thrash. Actuellement j’écoute beaucoup Meshuggah et Dream Theater. J’écoutais Children Of Bodom à une époque. C’est drôle car ce que j’écoute n’est pas forcément ce que je joue.
Vianney : J’ai commencé aussi par le thrash, avec Slayer dont je suis super fan, et j’ai enchaîné derriere avec Megadeth, Metallica, Exodus… Je suis passé aussi par le death mélodique avec Children Of Bodom, Dark Tranquillity, et des choses un peu plus dures avec Kataklysm. J’écoute aussi du prog et du hardcore, ça dépend des moments.

Combien de temps avez-vous mis pour l’enregistrer ?
Jérôme : On a mis 17 jours au studio sachant que la batterie avait été faite avant en 4 jours par chez nous.

Quels sont les autres groupes du même genre qui ont enregistré au Dome Studio ?
Vianney : Oui bien sûr ! Il y a T.A.N.K pour leur dernier album, les groupes du producteur lui-même (David Potvin) : One-Way Mirror, Lyzanxia.
Jérôme : Et Phaze 1, leur nouveau projet, qui va sortir bientôt et qui promet !

On assiste actuellement à un retour du thrash sous plusieurs formes, notamment avec des groupes comme Angelus Apatrida, Vektor, ou encore Sylosis qui mélange ça avec du death / doom. Première chose, comment expliques-tu celas ?
Vianney : Ca revient parce que ça se modernise, ça se diversifie. On n’est plus dans des constructions brutales et simplistes à la Slayer, tout en aller-retour et accords de puissance. Je dis ça mais j’adore Slayer !!
Jérôme : Je pense que c’est cyclique. Le thrash a connu son heure de gloire il y a des décennies, avec des groupes qui ont inventé le genre. Pas mal de temps après ça revient, surement par nostalgie. On va pas s’en plaindre !
Vianney : C’est plutôt cool, ça nous permet de partager la scène avec d’autres groupes du même style !

Parle-moi des dates qui vont venir soutenir cet album.
Vianney : On a pas mal de choses de prévu !! Déjà là, depuis la sortie de l’album le 19 Octobre, on a fait 7 dates. On a joué à Brest à l'Espace Léo Ferret avec Voight Kampff.
Jérôme : C’était vraiment énorme ! Le public breton, attention ! Grosse ambiance ! Une de nos meilleures dates pour le moment avec la release party pour l’album où on a réussi à faire venir du monde. Bon, en même temps c’était chez nous… mais on a été ravi de l’accueil.
Vianney : Jusqu'à la fin de l’année il ne nous reste plus grand-chose. On joue demain dans les Vosges pour la release party du groupe Blame, leur album s’appelle "Resilience" je crois. Sinon la semaine prochaine on a une date par chez nous et on reprendra les concerts début Février.
Jérôme : Ce qui est génial c’est que pour le moment, on n’a pas arrêté de tourner dans des régions différentes. On n’a réellement fait pour le moment qu’une seule date dans notre région. On a de belles dates qui vont se profiler.



Avez qui aimeriez-vous faire un featuring ?
Jérôme : Il y en aurait beaucoup, tu te doutes bien, mais je vais parler pour Laurent car je sais qu’il adorerait faire un truc avec le chanteur de Soilwork (Ndlr : Björn Strid). Pour lui faire plaisir on a déjà essayé de vendre le truc via David (Ndlr : Potvin, qui a enregistré leur album) qui joue avec le batteur de Soilwork (Ndlr : Dirk) dans Phaze 1. Perso je ne sais pas trop. En fait j’ai jamais réellement réfléchi à cette question. (rires) Après c’est vrai que c’est un truc qui peut bien marcher, il n’y a qu’à voir ce que T.A.N.K a fait avec Jon Howard, le chanteur de Threat Signal.

Allons-nous voir sur Internet une vidéo, lyrics vidéo ou vidéo d’enregistrement pour cet album ?
Vianney : On a sorti un clip vidéo le 25 Septembre, après, les lyrics vidéos, on n'a pas spécialement prévu d’en faire, et pour l’écoute de l’album, il est toujours sur Deezer ou Spotify, ce genre de plateforme. On va peut-être faire un second clip mais rien n’est fixé pour le moment, et pour les vidéos live, ça reste de l’amateur pour le moment.
Jérôme : Même les vidéos amateurs, en étant ce qu’elles sont, permettent de se rendre compte de l’ambiance qu’il y a dans la salle. Sur scène, avec les éclairages, on ne se rend pas forcement compte, mais en réalité, à Brest par exemple, ça bougeait énormément !

Pour qui aimeriez-vous faire la première partie ?
(Laurent arrive sur ses entrefaites)
Jérôme : Perso, j’ai joué pour Evile avec ce groupe, et je suis super fan de ce groupe, j’ai trouvé ça énorme !
Vianney : Pour parler du même registre, Megadeth ça me plairait bien !
Laurent (guitare / chant) : J’ai commencé la guitare avec Metallica donc bon… mais ce n’est pas vraiment accessible ! Sinon, Machine Head ou Soilwork ! D’ailleurs Björn, si tu lis cet article, c’est quand tu veux !!

Vos derniers coups de cœur musicaux ?
Jérôme : Meshuggah
Vianney : Dans notre style j’ai beaucoup aimé le dernier Death Angel, et sinon en scène française, je dirais le dernier The Arrs qui est pas mal. Et évidemment le dernier Gojira et le dernier Smash Hit Combo.
Laurent : Death Angel, j’ai pris une énorme claque, et sinon le dernier album d’Alter Bridge qui est une tuerie.

Je profite que tu sois là Laurent pour te poser une question bien perso. J’aime beaucoup le spectre relativement large de voix sur cet album. Comment avez-vous abordé ce point au moment de poser le chant sur les riffs ?
Laurent : Je n’ai pas pris de cours de chant. A la base j’ai une formation classique mais je n’ai pas mis en pratique les techniques que j’ai pu apprendre lorsque j’étais plus jeune pour travailler ma voix. Je me suis "forgé" mon style au fur et à mesure des scènes et des répétitions avec le groupe. Habitant en appartement je ne peux pas me permettre de gueuler quand je le veux pour travailler ma voix… j’essaye de varier mon spectre le plus possible...

Oui enfin bon, il faut pouvoir le faire !!
Laurent : (rires) Oui bah pour le moment ça va donc c’est cool, et comme tu le sais déjà je suis un très grand fan de Björn Strid, je m’inspire énormément de son travail. D’ailleurs pour en revenir aux albums du moment, le dernier Soilwork c’est une tuerie, 20 chansons, 20 claques !! Je les ai vus il y a peu en Suisse, j’ai été totalement scotché.

Comme dans tous les groupes actuels dans le metal, le niveau technique a considérablement évolué, en témoignent les parties de guitare que tu couples avec le chant (ce qui est aussi le cas de Josh de Sylosis et Guillermo d’Angelus Apatrida). Pourquoi avoir fait ce choix du chant + de la guitare et pas un chanteur et un guitariste distinct ? Ne me dis pas que tu ne trouves pas ça difficile alors est ce pour en jeter plein la vue sur scène et épater les fans de technique et nostalgiques de la bonne époque de James et Dave ?
Laurent : J’ai commencé le metal avec Metallica, Slayer, ce genre de quartet avec un frontman qui joue en même temps d’un instrument alors j’ai appris comme ça. C’est venu un peu plus tard les groupes avec un chanteur indépendant. C’est quelque chose de tout à fait naturel et ce n’est pas pour en jeter plein la vue car crois-moi, ça demande du boulot !! Pour DEFICIENCY, il a des riffs plutôt tordus sur lesquels il n’est pas facile de poser une voix, mais pour le moment en live je m’en sors plutôt bien, je suis assez content. (rires)


Le site officiel : www.deficiency.fr