Interview faite par Lenore, réalisée sur le trajet pour assister au concert de Ministry à Reims.

Bonjour Dee N Dee, pouvez-vous, pour commencer cette interview, vous présenter et présenter votre formation actuelle, puisque le line-up du groupe a pas mal changé depuis la formation de Dee N Dee en 1991 ?
Loïc (batterie) : Salut, ben ouis, en fait il reste que Zazou d'origine à la basse, Carl à la guitare et au chant a intégré le groupe après le split d'Hanky-Panky ; moi-même je suis arrivé à la batterie il y a 3 ans, et Nico est revenu depuis peu . On s'est croisé à l'époque, il faisait parti du groupe depuis plusieurs années. Je suis arrivé, il est parti, on s'est retrouvé, tu connais la chanson. Malheureusement il n'est pas là ce soir.
Carl (guitare / chant) : De temps en temps d'anciens membres du groupe reviennent participer ou nous apportent des sons, notamment Lady Dee, le tout premier chanteur qui vient pousser du gosier sur un morceau de l'album.
Zaz (basse) : Pour sûr, le groupe n'a cessé de changer, mais je crois qu'on a réussi à garder l'idée de départ. Faire une musique qui va à l'essentiel, droit au but. On aime jouer fort ! On aime se laver le cerveau à coup de décibels, tous ceux qui ont participé au projet ont aimé ça. C'est ce qui nous rassemble.

Merci, vous avez déjà derrière vous un passé bien rodé dans le milieu musical, malgré tout, j'ai l'impression que vous peinez à vous faire une place sur la scène Française et à vous faire connaitre. Je me trompe ? Serait-ce dû à votre style musical ou vos attentes ne sont peut-être pas la popularité tout simplement ?
Carl : Exactement ! La popularité, on cours pas après. Ce que nous cherchons, ce sont les rencontres. Il est sûr qu'il faut pas espérer grimper au Hit Parade avec le genre de zic que l'on fait. En plus on a eu une évolution en dent de scie à cause des nombreux changements de line-up. Il semble que celui-ci va durer un moment. Nous sommes restés amateurs, amateurs de musique. Et puis il y a la vie, 3 d'entre nous ont fondé une famille. Au bout du compte, on est des petits branleurs qui ont une passion commune, et qui ne peuvent pas imaginer la vie sans l'assouvir.
Zaz : It's a long way to the top if you wanna rock'n 'roll.

Etes-vous satisfaits de tout ce que vous avez fait depuis la formation du groupe, de votre évolution et de l'expérience acquise ?
Carl : On a rien à regretter, on a toujours fait la musique qu'on aime. Ça nous a permis de rencontrer des groupes qu'on adorait depuis leurs débuts comme les Young Gods, Treponem Pal, Godflesh, Atari Teenage Riot, Ltno ou récemment Gojira. Tout ça nous nourrit.
Loïc : Pour moi, c'est encore le début ;-) Tout reste encore à faire !

Avez-vous cependant des regrets ?
Zaz : Une première partie de Motorhead qu'on a été contraint de refuser juste après le départ de notre chanteur. Ouvrir pour Ministry, ça aurait été vraiment cool, mais il semble qu'ils se déplacent avec leur propre système et, forcément y'a un post it sur la console avec écrit "pas touche" ! On était en pourparler pour le faire quand ils sont passé au Splendid à Lille mais il aurait fallu louer un système rien que pour nous et ça on pouvait pas se le permettre.

Votre style est finalement plutôt de l'indus assez extrême, quelles sont vos influences ?
Loïc, Zaz, Carl : Tout ce qui grince !! (rires) Tout ceux qu'on a cité auparavant nous ont influencés forcément. Tu peux y ajouter Neurosis, les Melvins, Unsane et surtout les Davy Jones Locker, énorme groupe Français des années 90 resté beaucoup trop méconnu.

Que pensez vous d'ailleurs de la scène indus Française, avez-vous repéré de bons groupes ?
Loïc, Carl : On n'écoute pas forcément que de l'indus, on a bien sympatisé avec les Muckrackers, ça ravage tout, Anorma que nous avons rencontrés aussi nous a bien surpris, on apprécie les Punish, Kill The Thrill, les Sleepers. Zatokrev et End, y'en a tellement des bons groupes maintenant.
Zaz : Ce que j'ai entendu du dernier Dirge est tout à fait excellent. Eh bien sûr y'a les copains de Zoé qui sont plus dans le trip stoner rock, un putain de groupe de scène.



Quels sont vos souvenirs de scène depuis vos débuts ? De quoi êtes vous particulièrement fiers (ou l'inverse) ? J'ai vu par exemple que vous aviez déjà eu l'occasion de partager l'affiche avec Gojira...
Carl : Justement, ce concert avec Gojira était super ! Le public réceptif et bien chaud, alors qu'on a pas grand chose à voir avec eux au niveau musical, ce qui ne nous empêche pas d'apprécier énormément ce qu'ils font.
Loïc : Idem mais en mieux... Gojira m'a quand même mis une bonne claque !
Zaz : Avoir pu rencontrer les Young Gods à plusieurs reprises, des personnes d'une amabilité et d'une simplicité exemplaires. A chaque fois c'est une grande leçon d'humanité.

Et dans vos chansons, de quels thèmes parlez vous, les paroles vous sont-elles chères ou c'est vraiment la musique qui vous importe ?
Carl : Y'a pas de recherche énorme au niveau des textes, c'est avant tout la musique qui nous importe. Disons que des idées sont inspirés par la musique, les mots sont jetés comme ça, on les assemblent autour d'un thème. On peut y trouver ce qu'on veut.

Personnellement, je trouve que l'indus est une musique encore plus brutale et froide que n'importe quel grind metal et autres agressions. Musicalement, c'est avec les machines que vous composez le mieux ? Et pourquoi créer cette tension quasi permanente ?
Carl : On ne sait pas trop... le côté hypnotique est assez agréable, une espèce d'ivresse aussi accompagne cette mise sous tension. Nous ne sommes pas de super techniciens, du coup on fait tourner les riffs jusqu'à ce que ça nous creuse la moëlle.
Zaz : C'est ça, on recherche l'ivresse, l'état second. Cet album a été construit d'abord avec les instruments, on a rajouté la plupart des sons après. Programmer prend pas mal de temps, et l'arrivée d'un batteur nous a pas mal soulagé. On avait envie de revenir à une formule de création plus spontannée, plus brut. Cette tension resulte peut-être de ce manque accummulé lors de répèt' autour d'un écran d'ordinateur. Et pendant lesquelles on ne joue pas vraiment, on construit. J'ai du mal a atteindre cet état second avec un ordinateur.

Pour finir, je me pose quelques questions :
D'ou vient le nom de votre groupe Dee N Dee ?

Carl : Une blague à 2 balles ... ajouté d'un hommage aux Ramones à l'époque où DEE N DEE était punk.
Zaz : La solution existe déjà quelque part dans une interview, c'est bien qu'on puisse s'en souvenir, c'est bien aussi qu'on puisse l'oublier. J'aurais bien envie de rester dans l'intrigue aujourd'hui...

Et cet artwork de "Words", réalisé par Zaz, il est plutôt étrange, que signifie ces doigts ? (si ce sont bien des doigts...)
Zaz : Le fait que tu émettes le doute répond déjà à la question et et nous confirme dans notre choix. J'aime quand le doute s'installe à la lecture d'une image et laisser le lecteur libre dans son interprétation. Il y a l'idée de la trace, d'une signature, mais qui dit que ce sont des doigt ? J'y vois de gros vers émergents de l'eau. J'y vois aussi 3 individus, ce qui pourrait faire référence à notre fomation trio au moment de l'enregistrement. Et des comme ça on pourrait t'en inventer toute la nuit...
Carl : Que cette image intrigue est interessant, nous sommes une intrigue pour nous même !

Merci, si vous avez d'autres choses à faire passer, je vous offre gracieusement ces quelques lignes de quartier libre :
Carl : Oui, l'album "Words" n'est pas encore sorti. Ca devrait se faire à la rentrée car on est toujours à la recherche d'un distributeur. On a hâte de reprendre les concerts pour la sortie de ce CD.
Zaz : Un peu trop de soli à mon goût, mais bon on vient tout de même de se reprendre une claque avec Ministry ! Quel monde merveilleux !


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