Interview faite par mail par Antoine

Est-ce que tu peux présenter le groupe ? Même sur votre page Facebook vous n'avez pas de biographie à proprement parler.
Guillaume (guitare) : Alors il va nous falloir mettre ça à jour ! Le groupe est composé de Grégoire Galichet à la batterie, Julien Jacquemond au chant, Nicolas Sanson à la basse, Guy-Noël Hoareau et moi-même, Guillaume Singer, aux guitares. L’histoire commence dans le Nord de la France, suite à ma rencontre avec Nicolas. Il nous a fallu un certain temps pour avoir un premier line-up stable et commencer à nous produire en concert. Malheureusement cette première mouture du groupe ne survivra pas et restera en standby. S’en suit une période d’hibernation à laquelle seule la section de cordes va résister. Durant cette période, nous avons évolué au sein de divers groupes dont Ufych Sormeer et Hectic Patterns, tous deux signés chez EMP / Holy Records. Ces groupes ont entre autres l’occasion de se produire sur les planches du Hellfest, de la Locomotive, du Trabendo, du Killer Fest … Et puis, j’ai décidé de relancer la machine, en lançant l’enregistrement de l’album "From Rust To Dust". Je ne pouvais pas laisser l’aventure inachevée, et je me suis mis à retravailler sur notre répertoire et commencer à écrire de nouveaux titres. Le groupe sera complet avec les arrivées successives de Grégoire avec qui nous avions déjà fait un bout de chemin, puis celle de Julien au chant. Nous étions fins prêts à enregistrer une bonne fois pour toute ce premier album, et laver l’affront de ce trop long sommeil.

Le nom du groupe a une signification ou c'est dû au hasard ?
Le nom du groupe peut faire référence à l’automne, où la vie s’endort pour renaître ensuite. Dans le cas de cette "saison morte", elle serait plutôt le présage de temps obscurs, d’où le travail sur l’imagerie post-industrielle et la manière dont l’homme façonne son environnement.

Est-ce que cette période de creux vous a permis de voir les choses différemment ? Que ce soit la musique ou la vie d'un groupe.
Je ne dirais pas différemment. Je pense qu’en ce qui me concerne, ma vision de la musique s’est affinée. Nous avons pu, à titre individuel, jouer avec d’autres personnes, pratiquer d’autres styles, ça fait beaucoup de bien. Aussi, quand tu prépares un album, les expériences acquises dans les autres groupes permettent de ne pas reproduire certaines erreurs. On peut aussi intégrer les expériences positives vécues avec les autres groupes. C’est pendant cette période que j’ai rencontré Simon Fache, un claviériste avec qui j’ai travaillé, et c’est dans son studio que nous avons réalisé l’album.

Vous jouez / avez joué dans différentes formations en dehors de Dead Season, pourquoi avoir décidé de relancer le groupe ? Qu'est-ce qu'il vous apporte de plus ?
DEAD SEASON est un groupe qui me tient à cœur car je suis l’instigateur du projet. J’ai passé beaucoup de temps à composer et à essayer de promouvoir ce groupe. Au niveau du groupe, c’est une espèce d’aventure humaine, des rencontres, des répétitions, des concerts, des galères… Si nous n’avions pas concrétisé avec cet album, tout le travail, l’énergie investis dans le groupe auraient été dépensés en pure perte. Ça, c’était inacceptable.

Bien que ce soit votre premier album "From Rust To Dust", vous existez depuis un moment, les compositions datent d'avant votre "période d'hibernation" ? Si les morceaux n'ont pas été tous composés à la même époque, comment a évolué votre musique pendant cette période ?
Au niveau de l’album, trois des morceaux sur les dix qui figurent sur l’album sont d’anciennes compositions, qu’on a dépoussiérées avant le passage en studio. Pour le reste, c’est du neuf. On a aussi des bonus que l’on va sortir, je l’espère, en cours d’année. Nous avons enregistré 15 morceaux lors du passage en studio. La principale différence entre les nouveaux titres et les anciens réside dans le côté moins progressif, je pense que les morceaux sont plus directs.

Comment se fait l'écriture des morceaux ?
J’amène l’essentiel des riffs et je maquette dans mon home studio. Ensuite, nous arrangeons ça avec Nicolas. Il faut aussi compter sur les talents de guitariste de Guyno et de Julien. Nous sommes assez éloignés de Grégoire et Julien et nous travaillons aussi pas mal à distance. Nous organisons de temps à autres des sessions qui nous permettent de nous voir pendant plusieurs jours et de concrétiser tout ça en répétition.

Quel est le fil conducteur de cet album s'il y en a un en particulier ?
Au niveau des textes, il n’y a pas vraiment de fil conducteur. Il s’agirait plutôt d’un sentiment général et d’un regard critique sur la société et ces têtes bien pensantes. Je reprends en partie les mots de Nico, s’il fallait te détailler tout ça :
"Prelude To The Fall", ou le calme avant la tempête.
"Modernity", le titre le plus brutal, le premier sur lequel Julien a bossé, et dans lequel il se place dans la peau d'un no-life lubrique et crade, ultime rejeton de notre société accro à Internet.
"Mighty Bob", qui suit les pérégrinations d'un CRS avide de violence, qui ne comprend pas pourquoi sa vie est un désastre.
"From Rust To Dust", ou la bande son d’un film sur un monstre industriel déchu.
"Crawling Mediocrity" qui décrit les sentiments d'une personne refusant de sombrer dans la médiocrité ambiante.
"Sinking Into Oblivion", petit interlude urbain et nostalgique.
"Galley Slaves", un texte comique évoquant les galères qu'a du connaître chaque zicos cherchant à faire vivre son groupe, dans lequel on rend un hommage appuyé à ce grand bonhomme qu'est Jeff Waters (Ndlr : fondateur d'Annihilator).
"The Philosopher", morceau directement influencé par notre grand penseur-révolutionnaire-cinéaste à chemise ouverte, BHL.
"Lust Overload", qui décrit le pétage de plombs macho d'un grand dadais abreuvé d'images explicites.
"Tycoon Safari", petite fable où Christophe de Margerie et consorts deviennent du gibier de luxe. Puéril mais jouissif.



Comment vous êtes-vous débrouillés pour enregistrer cet album ? Vous aviez gardé des contacts obtenus avant cette période de creux ou vous êtes repartis de zéro ?
Comme je t’en parlais juste avant, c’est chez un compagnon de route, Simon Fache, que nous avons enregistré l’album. Il a beaucoup contribué au son de l’album et a réalisé un super travail sur la prise de son. En plus d’être un excellent musicien, c’est aussi un bon coach pendant les prises. Simon a l’habitude de produire des albums et d’en assurer la direction artistique. Il a eu quelques idées fumantes au cours de la production tant sur le plan technique que musical. Je l’ai accompagné tout au long du processus d’enregistrement. Aussi, j’ai participé à la création de ce studio, il était pour moi normal d’y enregistrer. Je souhaitais également travailler avec de nouvelles personnes et être confronté à de nouvelles méthodes de travail. Par la suite, je me suis chargé de la post production. Pour le mixage, nous avons fait appel au service de notre étoile montante régionale, R3myboy.

Quels retours avez-vous eu sur votre album sorti en Janvier ? Pour ma part je le trouve vraiment réussi, on trouve une variété dans les morceaux qui rend l'ensemble très agréable à écouter.
Eh bien jusqu’à présent, les retours sont très bons. J’ai beaucoup apprécié la chronique parue dans vos pages qui mettait l’accent sur la production organique, en particulier de la batterie. J’ai un peu de mal avec certaines productions actuelles où on a un peu tendance à compresser la compression, si tu vois ce que je veux dire. Le résultat peut paraître énorme, mais je trouve ces productions fatigantes à écouter et je pense qu’elles vieilliront mal. J’aime prendre comme exemple "Enemies Of Reality" de Nevermore. Je trouve que cette production était vraiment intéressante, j’adorais le côté "son brut de décoffrage". Elle a été si violemment décriée que le groupe est allé jusqu’à remixer de l’album, pour un résultat que je trouve inférieur en terme de qualité, qui ne colle pas aux compositions de l’album.

Après avoir enfin réussi à enregistrer cet album, quel est votre avis dessus, satisfaits ? J'imagine que ça a été un sacré soulagement !
Tu ne crois pas si bien dire. C’est le fruit d’un long travail et la preuve qu’on arrive à ses fins avec une bonne dose de détermination, pas toujours sans sacrifice. Je reprendrais les propos de Flaubert, relayé par Mattias Elkundh, "On ne fait rien de grand sans le fanatisme". Je suis très fier de cet album, j’ai été heureux comme un gosse quand je l’ai eu entre les mains.

Est-ce que le groupe est revenu à la surface uniquement pour cet album ou est-ce que vous voulez vraiment continuer ce projet ?
Je ne fais pas des albums pour les poser sur des étagères et nous comptons bien défendre tout ça sur scène. C’est vraiment l’étape importante à valider. Nous cherchons des dates partout en France mais aussi en Europe. On compte bien se faire remarquer avec ce premier album, tant dans les bacs que sur scène. On ne va pas vous lâcher, ce n’est qu’un début. La pente a été suffisamment dure à remonter, on a pas s’arrêter là.

Votre album est sorti chez Symbol Musik, pourquoi avoir choisi de signer chez eux ?
Julien avait signé chez Brennus pour la sortie du nouvel album de son autre groupe Further Dimension. Il leur a proposé l’album et celui-ci a été signé sur la filiale plus extrême de Brennus qu’est Symbol Muzik. A croire que nous sommes des mauvais garçons.

Quels sont vos projets pour la suite ?
Nous travaillons déjà sur la suite et l’écriture du deuxième album est à l’œuvre. Aussi, comme je le disais précédemment, on va sortir quelques titres bonus des sessions d’enregistrement de "From Rust To Dust". Petite exclusivité, nous participons en ce moment à l’enregistrement d’un titre pour un album avec un Big Band jazz, le tout orchestré par un certain Simon Fache. Les zombies savent swinguer, vous en saurez bientôt plus ! Nous allons également mettre en ligne un live filmé à la gare Saint Sauveur à Lille dans les jours qui arrivent. On a aussi un projet de clip dans les tiroirs. A suivre !

Bonne continuation à vous en espérant vous voir tourner un maximum pour promouvoir ce très bon album !


Le site officiel : www.facebook.com/deadseasonmusic