Le titre de l'album "Leviathan" est apparemment tiré du livre du même nom par Thomas Hobbes et en même temps inspiré par "Le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley. Vous y décrivez une société dans laquelle les gens sont façonnés pour servir l'État qu'ils ont eux-mêmes créé. On retrouve aussi un clin d'oeil au "Discours sur la servitude volontaire" de La Boétie avec "Voluntary Servitude" (oui, je suis perspicace...).Vous trouviez que le thème collait bien à votre musique ou vous vouliez en profiter pour amener quelque chose de plus profond dans une scène parfois caricaturale ?
Globalement ces sujets me passionnent énormément et ont même été des sujets d’études pour certains (la question du rôle de l’état de la construction de la souveraineté particulièrement). C’était donc des sujets qui me paraissaient beaucoup plus naturels à traiter. La violence et le vertige de certains concepts sont, à mon sens, bien plus frappants et palpables que certains autres sujets traditionnels que l’on retrouve dans le genre… Ce sont des sujets motivants et forts que j’ai envie d’explorer sur le long terme dans mes textes, la musique mais également d’autres médiums.

Puisque le thème de ce nouvel album a la toute puissance d'une entité je vais en profiter pour savoir si Dawohl est une démocratie ou si la composition est ta chasse gardée ?
(rires) C’est un peu spécial dans le groupe : je pose surtout un cadre et une direction musicale, les autres musiciens viennent ensuite librement s’y inscrire. Je pense que l’on retrouve le meilleur des deux approches, la cohérence d’un côté et vraiment un côté collaboratif de l’autre.

Qui a produit l'album ? Le son est puissant, plutôt organique et booste bien les morceaux qui sont pourtant déjà bien violents.
Frédéric Gervais du Studio Henosis a fourni un travail juste parfait. J’avais une idée extrêmement précise de ce que je voulais et on s’est compris directement sur cet équilibre entre puissance et naturel (que l’on retrouve particulièrement dans les prod' des années 2000) ne versant ni dans le old school ni dans la modernité plastique.

Qui a réalisé la pochette ? Est-ce que tu fournis les paroles ou le thème global à l'artiste ou tu lui laisses carte blanche ? D'ailleurs le logo a lui aussi changé au passage.
La pochette a été réalisée par mon ami Business For Satan : comme la composition musicale j’ai posé un cadre, des références et des concepts qu’il a ensuite interprétés et mis en œuvre à sa sauce. On a pas mal échangé et il a parfaitement saisi l’univers du groupe ! Le logo a été réalisé par un autre ami, Cold Mind Art, qui a un style assez proche c’est d’ailleurs pour cela que le tout se combine de façon cohérente. D’ailleurs concernant ce changement de logo il a revêtu un caractère symbolique car il est intervenu au moment du gros bouleversement du line-up avec un DAWOHL faisant complètement peau neuve.

Cette pochette s'étale d'ailleurs sur la première et la quatrième de couverture du livret pour faire une fresque sur laquelle on voit des symboles qui ont plus souvent trait à l'ésotérisme, notamment cet œil au sommet. C'était juste parce que ça rendait bien visuellement ? Est-ce qu'il y vraiment un thème plus spirituel derrière tout ça ?
L'œil a effectivement un rôle central extrêmement important. Il symbolise ici l'État déifié, architecte de cette société qui modèle l’humanité au service de son dessein. Le Léviathan n’est pas ici un monstre mythologique mais une entité abstraite toute puissante (somme de la volonté des individus la composant). Il n’y a pas vraiment de thème spirituel, mais plus une description analytique de comment l’Homme peut créer une entité supérieure désincarnée et lui donner les atours de la religion.

Max Otero apparaissait en guest sur "Potestas.Ratio.Iustitia" et on trouve une reprise de Mercyless sur "Leviathan", la connexion alsacienne a encore frappé ! Vous n'auriez pas une idée de projet commun derrière la tête par hasard ?
Historiquement notre lien avec Mercyless est assez fort, tout d’abord pour l’influence qu’ils ont eu sur nous (nous sommes également originaire de Mulhouse) de par la qualité de leurs albums mais également la démarche à la fois sincère et pro dans laquelle je me retrouve pas mal. A cela, on peut ajouter notre premier bassiste, Matthieu Merklen, était également celui de Mercyless.

Maintenant que les concerts reprennent timidement, aura-t-on la chance de vous voir en live prochainement ?
Nous nous préparons en ce moment même à une reprise des lives pour Octobre de cette année. Les dates ne devraient pas tarder à tomber. J’ai extrêmement hâte car c’est une chose d’enregistrer, vivre sa musique en live c’est complètement autre chose et ça va être libérateur pour moi.

Merci d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions, si tu as quelque chose à ajouter tu as carte blanche !
C’est grâce à des passionnés comme vous que la scène est encore vivace ! Merci encore à toi et à tes lecteurs !

Le site officiel : www.facebook.com/dawohlband