Interview faite par mail par Sam

Salut les Darkness Dynamite. On vous a quittés il y a 2 (3 ans ?) avec un album intéressant, un nouveau batteur et vous revenez avec quelque chose de complètement différent, plus intéressant encore (je trouve) mais également beaucoup plus rock… Que s’est-il passé entre temps ?
Nelson (guitare) : Eh bien à vrai dire, beaucoup d'événements personnels nous ont poussés à remettre totalement en question notre relation en tant que groupe ainsi que notre musique. Ce côté plus "rock" de nos personnalités était volontairement refoulé depuis quelques temps et nous l'avons tout simplement libéré. Cela semblait essentiel pour tout le monde. Sans cette remise en question et ce laisser aller volontaire, nous nous serions certainement arrêtés à notre premier album. Ce second album, c'est un peu comme un second souffle, nous avons vraiment laissé parler nos âmes, sans se poser de limites. C'était assez effrayant en fait ! Nous sommes ravis que le public ait si bien répondu.

Vous avez pour beaucoup des  side projects (entre autre Junior), avez-vous été actifs dans ceux-ci, vous ont-ils permis de relancer un peu cette machine très prometteuse qu’est Darkness Dynamite ?
Nous avons effectivement tous au moins un projet parallèle en plus de DARKNESS DYNAMITE. Après la composition de "Under The Painted Sky", nous étions tous vidés à vrai dire. La création de cet album a été assez épuisante et nous nous sommes donc ressourcés à travers d'autres projets. Junior joue pour Dick Rivers et pour Betraying The Martyrs, pour lesquels il est batteur (je ne citerais que ces deux projets car il faudrait une bonne heure pour résumer tous les projets auxquels il participe !) , Zack a Lunar Experiment et Charlatan Fortune Tellers, Cris à un projet electro appelé Death Players, j'ai moi-même un projet rock appelé Vesper. Vincent produit également des titres electro en solo. C'est assez intéressant de constater que dans quasiment tous ces projets, nous jouons tous d'un instrument différent, nous chantons, nous écrivons, nous mixons. Ce sont d'ailleurs presque chaque fois des projets solo ou en duo. Force est de constater qu'il est en effet impératif pour nous de nous éloigner de temps en temps de Darkness, de la musique au format "groupe", cela nous permet de nous ressourcer et de mieux nous retrouver.

Votre processus de composition semble avoir changé, comment se déroule-t-il ?
Nous sommes le genre de groupe qui aime passer beaucoup de temps à peaufiner une idée, faire germer un titre. C'est pour cette raison que nous avons pris l'habitude de travailler les titres sous forme de pré-productions dans notre home studio parisien. Ce processus est d'ailleurs en général assez long. Dans le cas de "Under The Painted Sky", nous avons travaillé près de 6 mois sur les démos de cette façon, nous avons ensuite passé 1 mois en répétitions pour finalement l'enregistrer en studio. Par rapport à notre premier album, nous avons effectivement changé de méthode de travail. Nous travaillons nos productions plus en profondeur.

Parlez-nous de ce nouvel album qui marque clairement une sorte de tournant dans la carrière du groupe, plus mature… d’où vous viennent les influences ?
A vrai dire, toutes nos influences étaient déjà présentes, nous avions juste besoin de la bonne occasion pour les exploiter. Au moment où nous avons pris la décision d'écrire un nouvel album, les relations au sein du groupe étaient au plus mal. Nous avions du mal à nous entendre personnellement ainsi que musicalement. Notre premier album, "The Astonishing Fury Of Mankind "représentait un défi : celui de synthétiser ce que représentait le metal pour nous, au sens large. Sur "Under The Painted Sky" nous ne nous sommes dit qu'une chose : si nous faisons un autre album, peut-être le dernier, autant y mettre nos tripes... Nous avons vécu, grandi et perdu l'envie de faire tel ou tel genre de musique. Cet album c'est avant tout un reflet de nos personnalités, sans masques, sans faux semblants.

Tous vos textes sont en anglais, pourquoi mettre de côté volontairement le français ? Une volonté de s’exporter ?
La question de la langue ne s'est, à vrai dire, jamais posée... Nous avons commencé à écrire en anglais par goût plus qu'autre chose et n'avons jamais eu de difficultés à exprimer nos thématiques par ce biais. Aujourd'hui la perspective d'écrire en français nous paraît improbable. Il ne s'agit absolument pas d'une volonté particulière de s'exporter.

Quels sont les thèmes de ceux-ci  d'ailleurs ?
C'est assez difficile de répondre à cette question à la place de Junior qui a mis beaucoup de cœur dans ses textes, beaucoup de sujets sensibles à ses yeux y sont détaillés. De manière générale, nos textes traitent de l'humain, que ce soit au niveau personnel ou universel. Certains textes comme "Give Them Ropes" parlent de la nécessité de se soulever contre un pouvoir arbitraire, d'autres comme "I'm Seeking At Six" traitent plus du combat que nous menons avec nos démons intérieurs. Durant la période d'écriture de ces textes, Junior était en voyage à Los Angeles et y a rencontré de nombreux musiciens, dont certains de ses idoles comme Alain Johannes ou encore Dave Grohl. Ils l'ont beaucoup influencé dans sa manière d'écrire. Elle est aujourd'hui plus imagée que par le passé, ce sont plus des poèmes que des textes au sens "classiques".

Où et avec quoi avez-vous enregistré ce CD ?
L'enregistrement du disque s'est déroulé en quatre temps. Une première partie en périphérie de Lille, au studio C&P de Sequedin avec notre ami Olivier t'Servrancx, qui avait déjà enregistré les Basses et la Batterie sur notre premier album, pour toutes les instrus. Les claviers additionnels ont été enregistrés, quant à eux, dans notre Home Studio parisien par Max-Victor Sotteau peu avant le début du mix. Les voix ont été enregistrées entre Los Angeles et Vitry, là où nous avions également enregistré les voix de "The Astonishing Fury Of Mankind". Pour répondre à cette autre question, avec quoi avons nous enregistré l'album... La liste du matériel risque d'être assez longue et de parler à peu de monde ! Disons juste que nous avons avant tout voulu nous faire plaisir. Nous avons donc utilisé beaucoup de matériel "vintage", normalement peu indiqué pour un disque de musique extrême.

Décris-nous un peu cet album et les différentes ambiances des différents morceaux... une sorte de visite guidée en quelque sorte.
Vaste sujet ! C'est assez difficile de décrire chaque titre un par un car cet album a vraiment été composé d'un trait, assez long certes, mais vraiment d'une seule et même inspiration. C'est très difficile d'être objectif sur notre propre musique... Je pense au contraire que ce disque doit se passer de "visite guidée" dans le sens où il a vraiment été écrit comme une œuvre de bout en bout, de la musique au visuel en passant par les textes. Je pense qu'il faut laisser au public le soin de faire sa propre visite et de découvrir les surprises que nous lui avons préparées.



L’artwork est assez sympathique artistiquement parlant, à qui avez-vous confié la réalisation ?
La direction artistique de la pochette a été confiée à nos amis du studio AAAAA à Paris. Durant l'écriture des textes, Junior nous avait déjà fait part de son concept de "totem" et nous l'avons développé ensemble. Chaque membre du groupe serait alors caractérisé par un animal : le cerf, le loup, le tigre, le faucon et le zèbre. Chaque totem représente une valeur correspondant à un membre du groupe ainsi qu'aux textes.

Votre CD est sorti il y a peu, quels sont les futurs projets pour celui-ci ? Une tournée ? Une expérience à l’étranger ?
Nous venons justement de conclure le Illumination Tour par une date parisienne au Divan du Monde il y a quelques jours. Ce sera tout pour nous en 2013. Pour 2014 nous avons déjà beaucoup de projets. Partir en tournée en Europe et pourquoi pas aux Etats-Unis, nous y travaillons. Une première bonne nouvelle vient d'ailleurs tout juste de tomber car nous aurons l'honneur d'occuper la Mainstage du Hellfest cette année en compagnie de beaucoup de nos idoles et influences !

Vous êtes sur Paris, qui compte une scène metal très active avec nombre de groupes, répétez-vous chez vous ou louez-vous un local avec d’autres groupes ?
Nous avons la chance de partager un local sur Paris avec nos amis de Blessing Sins. Il est très important pour nous d'avoir un espace de travail et de création qui soit dédié à notre musique. Il est vrai que l'espace manque beaucoup sur Paris pour faire de la musique. Il est très difficile de pouvoir jouer sur son propre matériel, aussi étrange que cela puisse paraître. Nous nous considérons un peu privilégiés en ce sens, nous avons un bel espace de travail.

Comment vous situez-vous dans le paysage metal ou rock français ? Avez-vous un style ou une scène vers lesquels vous vous sentez plus proches ?
Nous ne nous posons plus vraiment la question à vrai dire... C'est vrai que par le passé, avec notre EP et notre premier album nous étions très actifs dans la scène métal française. Mais avec ce nouvel album, toutes les pistes sont brouillées. Nous jouons toujours une musique "extrême", mais plus comme avant. Aujourd'hui nous nous rendons compte du fossé créé par cet album, il devient difficile de nous assimiler à une scène particulière en raison de la différence entre l'ancien et le nouveau. Nous sommes cependant toujours très fiers de représenter le paysage musical français à l'étranger. Nous sommes un groupe français avant tout.

Là où avant on vous trouvait trop "poseurs", maintenant cet album marque quelque chose de résolument plus rock, sentant un peu plus le "cuir" si on peut dire. Étiez-vous conscients de l’image que vous aviez ?
Un peu. A l'époque, et pour remettre les choses dans leur contexte, nous étions un jeune groupe, d'une moyenne d'âge comprise entre 18 et 20 ans... A cet âge-là, on fait beaucoup plus attention à l'image que l'on "veut" dégager, comment on veut que les autres nous voient. Au fur et à mesure que le temps passe, chacun affine sa personnalité, les caractères se dessinent un peu plus, le style se précise, comme en musique. Au final au bout de plusieurs années tu te montres tel que tu es, tel que la vie t'as fait, et non tel que tu veux que les gens te voient. On se fringue pour la scène et les photos comme pour la vie, comme ça vient. Au final, on s'en fout un peu.

Vos clips sont beaucoup plus dépouillés que ce qui a été fait avant également, moins d’effets, une sorte de film "à la maison", est ce aussi une volonté ? Comment est ce venu ?
Cela faisait longtemps que nous voulions faire ces vidéos "Live At Home". Depuis le premier album en fait, sans oser. Nous avions envie de proposer une expérience nouvelle aux futurs auditeurs de DARKNESS DYNAMITE : celle d'un groupe uni et fier de sa musique. Quoi de mieux que le live pour ça ? Nous avons donc mis en chantier ce projet de live maison multi-angles et avons essayé de nous montrer de la manière la plus authentique possible, comme un groupe qui vit sa musique. Grace au talent de Ronan Lagadec, le réalisateur de ces vidéos, nous avons pu mener ce projet à bien. Ce type de vidéos change du clip classique, fait pour en mettre plein la vue. De toute façon nous n'étions plus trop dans ce délire. C'est album c'est avant tout une musique et un concept artistique, pas un défilé.  

Quels sont les groupes metal français ou internationaux que vous suivez actuellement ?
Nous sommes tous très fiers du succès que rencontrent Betraying The Martyrs et As They Burn. Ce sont de bons copains et ils méritent vraiment tout ce qu'il leur arrive de beau. Nous sommes également très sensibles à la musique d'Hangman's Chair, c'est un groupe vraiment monstrueux. Au niveau international, je ne peux pas m'exprimer pour tout le monde mais je dirais que le retour de Nine Inch Nails est LE gros événement musical de l'année, pour le rock en tout cas.

L’année 2013, riche en émotions, touche bientôt à sa fin, que peut-on vous souhaiter pour 2014 ?
Que notre musique touche un maximum de personnes. Nous sommes un groupe, et comme tous les groupes nous ne sommes rien sans le soutient d'un public. C'est pour le public que nous jouons et c'est cette envie de partager notre musique avec lui qui nous fait avancer. Souhaitez-nous beaucoup de rencontres, on ne demande pas mieux... Et peut-être la force d'écrire un nouvel album pourquoi pas !

Je te remercie de ton attention et te laisse le mot de la fin.
Merci à vous et à tous ceux qui liront cette interview. Nous vous souhaitons à tous de joyeuses fêtes et le meilleur pour cette future année 2014. Nous comptons sur vous pour contribuer à construire la nôtre.


Le site officiel : www.darknessdynamite.com