Interview faite par mail par Byclown

Salut, heureux de faire une interview dans la langue de Molière pour une fois ! Bon, Shawter, cette interview arrive quelques mois à peine après une autre interview réalisée pour le webzine par Cassie et qui traitait surtout du départ de ton guitariste. Rassure-toi, on ne va absolument pas parler de ça et on va se concentrer sur l’album !
J’ai eu le privilège d’écouter cette galette et je dois dire que j’ai été clairement bluffé, tant par la qualité de la prod' (normal avec Logan…) que par les morceaux eux-mêmes. Sempiternelle question, pour ceux qui découvriraient Dagoba…, merci de te présenter et de présenter le groupe.

Shawter (chant) : Salut ! Je suis Shawter, je fais partie du groupe DAGOBA. nous sommes de Marseille et nous sortons notre cinquième album, "Post Mortem Nihil Est" via Verycords en France, EarMusic en Europe et eOne sur le territoire américain.

Alors, parlons de l’enregistrement ! Tout d’abord, comment s’est passée la phase de composition de l’album. Combien de temps avez-vous mis et comment avez-vous travaillé ? Votre nouveau guitariste a-t-il participé à l’élaboration des morceaux ?
J’ai composé la majorité de cet album sur une période de 10 jours en Septembre 2011. Franky nous a proposé plein de parties batterie que j’ai par la suite assemblées et illustrées avec des riffs pour en tirer deux autres compositions. Nous avons recruté Z, notre nouveau guitariste en Juillet 2012, donc il n’a pas eu le plaisir de participer à la composition de cet album. Il a eu bien d’autres choses à faire entre l’apprentissage des anciens titres afin que nous puissions finir notre Poseidon Tour, et les nouvelles compos avant d’entrer en studio.

Par rapport à tes textes, où es-tu allé puiser ton inspiration ? Utilises-tu les livres ou les films pour t’inspirer ou utilises-tu uniquement les évènements de ta propre vie ?
Au fond de moi-même, comme la plupart du temps. Je regarde beaucoup de films, mais en général ceux-ci m’inspire plutôt pour les sonorités employées sur les orchestrations. Que peu pour les textes. Je n’ai pas souvent pris autant de plaisir que lors de l’écriture de ceux de cet album. J’ai tenu à les écrire dans un environnement forestier, je me suis donc enfermé quelques jours en fôrêt de Fontainebleau, afin de pas trop me disperser. Que ce soit au niveau du temps, ou du style.

Quels sont les thèmes que tu abordes sur "Post Mortem Nihil Est" ?
L’Armageddon, décrit par une dizaine de personnes.

L’enregistrement pur à présent. Logan Mader, tout un programme, d’autant plus qu’en ce moment, il semble énormément avoir le Modjo ! Parle-moi de ça ! Qui a eu l’idée de bosser avec lui ?
Nous avons enregistré à Marseille, dans nos studios, Franky a fait ses parties batterie au Serial Drmmer Studio, et j’ai produit le reste du groupe dans le mien, le Eagle Black Studio. Nous sommes allés mixer et masteriser l’album à Los Angeles chez Logan Mader en effet. Nous avons déjà fait deux albums au Danemark, deux autres en Angleterre, il était temps de tester autre chose pour notre musique, et très vite le nom de Logan Mader est arrivé sur le tapis. Pour deux principales raisons : il sait faire sonner les groupes à gros riffs, et il est passionné par les orchestrations, puisqu’il compose beaucoup de movie scoring et de thème de jeux vidéo. Il est très important pour nous de passer par des producteurs qui savent incorporer dans leur mix un maximum d ‘orchestrations. Pour des raisons évidentes.

Comment avez-vous présenté ce projet ? Est-il du genre à refuser des albums s’il ne les apprécie pas vraiment ? D’ailleurs, est ce intimidant de bosser avec lui ?
Nous lui avons envoyé des démos de l’album, et le projet lui a plu. Il a tout fait pour que nous puissions venir chez lui  et nous l’en remercierons jamais assez. Oui, il refuse beaucoup de groupes, alors que nous étions présents dans son studio d’ailleurs, il en a refuser un paquet sous nos yeux. Ça fait encore plus plaisir de l’avoir comme ami à présent. Ce n’est pas intimidant de bosser avec lui, car il est très fin et drôle, et son implication a été totale, et le reste d’ailleurs, puisqu’il supervise un peu notre développement aux USA.



Une fois sur place, combien de temps avez-vous mis pour enregistrer et mixer l’album ? Etes-vous arrivés là-bas avec des démos très proches des morceaux définitifs ?
Nous avons mis 10 jours pour enregistrer l’album, et 10 autres pour le mixer. Nous arrivons toujours avec les titres intégralement finis au coup de cymbale près, au mix. Notre musique est exigeante à mixer car il y a beaucoup de pistes, des orchestrations, des sons indus, des choeurs... si tu commences à bouger un élément, c’est la mort. Ainsi nous préférons nous montrer très pointilleux en répétition, afin de faciliter le travail de studio au maximum.

Avez-vous voulu faire "peau neuve" musicalement parlant pour cet album qui annonce l’arrivée de pas mal de nouveautés dans le groupe (Logan, un nouveau guitariste, une ouverture sur les US ?)
Aucunement. Quand l’album a été écrit, il n’y avait aucune de ces "nouveautés" dont tu parles. Par contre nous tenons effectivement à ne jamais nous répéter. Nous tenons à rester nous-mêmes à faire du DAGOBA, à respecter notre son, notre façon d’être, à ne jamais nous pervertir, tout en proposant chaques fois une musique qui représente au mieux l’état d’esprit dans lequel nous trouvons à un moment donné. C’est en gros la même personne qui s’adresse à vous, avec les mêmes valeurs, les mêmes idées, les même précepts, mais qui parle d’un autre sujet. Nous ne sacrifierons cette liberté pour aucun label, aucune tournée, ni pour la soit-disant conquête d’aucun territoire. On a toujours fait ce qui nous plaisait et que ceux qui nous aiment nous suivent ! Nous avons la chance aujourd’hui de faire un album qui semble nous ouvrir des portes jusqu’alors closes, on va pas se priver d’aller explorer ce qui se cache derrière. Nous en avons fait de même lorsqu’il s’agissait des pays limitrophes à la France (Belgique, Suisse, Espagne, Italie...) puis plus éloignés (Scandinavie, Russie, Pologne...), on ne va donc pas s’arrêter.

A en lire la précédente interview sur le webzine, je te sens remonté comme une pendule pour attaquer la promo de cet album et le défendre sur scène ! Je me doute que chaque sortie d’album, c’est pas mal de questions, de boules au ventre… Mais pour cet album en particulier, qui sonne méchamment lourd et ricain, avez-vous eu envie de mettre les bouchées doubles ? Le fait que vous vous ouvriez sur le marché US ne doit pas être négligeable…
Ce qui m’a remonté, ce n’est pas la promo, ni la sortie de l’album, c’est les tournures quasi-insultantes présentes dans les questions de ta collègue. C’était s’emparer d’une situation pour faire du sensationalisme... Pourtant votre rédaction jusqu’alors était de très bonne qualité. Et il ne s’agit pas de notation ni de quoique ce soit, juste de professionalisme. Sinon oui, bien sûr, nous avons mis les bouchées doubles, mais nous essayons sans cesse de faire de notre mieux. Disons que, libérés, nous avons pu aller plus vite, plus loin, et nous l’espérons, mieux.

Comme tu le disais dans la précédente interview, "les morceaux sonnent épiques et sombres", et c’est plutôt vrai ! L’intro de "When Winter" me fait énormément penser à du Dimmu Borgir pour son côté effectivement épique et grandiloquent. Durant la compo de cet album, est-ce ce genre de musique que vous avez écouté pour vous inspirer justement de ce côté épique ?
Nous avons toujours fait ce genre de musique, à base de gros riffs qui tournent en 4/4, avec des structures rentre-dedans, de refrains catchy, d’orchestrations et de sonorités indus. Nous ne nous trahissons pas avec le temps. Pour ce qui est de l’inspiration, nous écoutons toujours énormément de metal, mais je me dois également de m’intéresser à tous les autres genres, ne serait-ce que pour m’intéresser aux nouveaux sons, au nouveaux types de mix, pour être ouvert sur le monde quoi. Puis il se fait tellement de bonnes choses de partout que je m’en voudrais de passer à côté. Sinon pour tout ce qui est orchestrations, j’écoute pas mal de movie scoring.

Les passages bourrins alternent parfaitement avec les passages plus mélodiques qui laissent le champ libre à ta voix claire. Ta voix, surtout dans les passages clairs, me fait penser à Burton C Bell dans une certaine mesure. Quelqu’un t’a déjà fait cette réflexion ?
J’essaie quand même à la différence de Burton C Bell, dont la particularité et de rester sur la ligne harmonique de la guitare, de m’en éloigner au plus possible afin de créer un intérêt musical.



Au-delà du chant clair qui m’a particulièrement marqué, votre musique, n’a rien perdu (et c’est peu de le dire) de sa ligne franche et agressive. Sachant que vous alliez bosser avec Logan pour obtenir un son énorme, avez-vous spécialement travaillé cet aspect "heavy" dans les compos ?
Nous ne savions aucunement avec qui nous allions signer, bosser, tourner, au moment de composer cet album. Nous essayons juste de faire une musique qui est au plus proche de nos désirs, et on voit ensuite les opportunités qui se présentent à nous. Il est complètement utopique et ridicule de croire qu’on peut composer un album pour tel ou tel territoire. S’il existait une formule magique qui permettrait de composer des titres destiné à ravager un continent, elles seraient connues... pas tout le monde a la finesse de comprendre ceci. Nous, on fait ce qui nous plaît avant tout, et on est contents quand notre disque convainc le plus grand monde, bien entendu, mais faut pas déconner, si on voulait gagner de l’argent, on ferait un truc plus soft. Genre, de la pop. Pas un truc ou la double grosse caisse et les gueulantes sont présentes de partout.

On vous savait bosseurs pour la musique mais vous avez démontré que vous l’étiez également pour les clips. Deux clips en deux jours, si mes sources sont exactes… Mais pourquoi ? Comment ?
Parcequ’en venant de Marseille, la route nous coûte très cher. On a donc démarché en ce sens, faire les deux clips sur un même lieu, avec une seule et même équipe, pour compresser les coûts. Il se trouve que nous avons pu tourner non loin de chez nous pour une fois, mais au départ, la démarche est celle énoncée.

Déjà dis-moi d’où vous sont venues les idées des clips. Sont-elles de vous ou des réalisateurs ?
De Laurent Menicucci, le réalisateur. Depuis longtemps il voulait tourner un clip pour un groupe de metal, car il savait que notre style pouvait lui permettre toutes les excentricités possibles. Lui offrir une liberté d’action dont il avait besoin.

Apres 15 ans de carrière, on vous sent plus forts et déterminés que jamais. D’où vous vient cette "rage de vaincre" malgré le temps qui passe, l’industrie du disque qui est au point mort etc…
Nous sommes animés par cette flamme depuis toujours, nous sommes passionnés, et nous n’avons jamais fait de la musique pour devenir millionaires, donc l’état de l’industrie du disque n’affecte en rien la rage de vaincre que tu nous attribues.

Pour quel film aurais-tu aimé qu’une chanson de Dagoba soit sur la BO ?
"Les Groupies" surtout les scènes ou celles-ci pleurent à chaudes larmes.

Pour qui aimerais tu faire la première partie ?
Stone Sour, pour pouvoir retrouver mon ami Roy Mayorga que je n’ai pas assez l’occasion de croiser.

La question qu’on t’a jamais posée et que tu aimerais qu'on te pose ?
Je préfère laisser cela aux journalistes. (sourire)


Le site officiel : www.facebook.com/dagoba13