Interview faite par La Patte de l'Ours

Propos receuillis après moult batailles lors du concert du 24/03 à Glasgow (Ecosse) avec Sepultura et In Flames.

Comment s’est passée la tournée jusqu’à présent ?

Izakar (guitare) : Jusqu’à présent ça se passe très bien, on joue tous les soirs devant 2000, 3000, 4000 personnes des fois. On arrive à faire de très bons concerts et les gens répondent très bien, on voit que ça plait et franchement on se régale.

Et vos rapports avec Sepultura et In Flames ?
Pour l’instant il n’y en a pas énormément parce qu’ils ont leur propre rythme de vie, nous on a le notre qui est un peu différent parce qu’on est pas dans le tour bus et on les suit en van, donc on se croise qu’à certains horaires, pour la bouffe… mais pour l’instant ça a surtout été bonjour bonsoir. C’est resté assez soft pour l’instant mais on sent que l’ambiance se détend.

Votre dernier album est sorti il n’y a pas longtemps, vous avez eu de bonnes retombées ?
Pour l’instant dans tous les magazines on a de très très bonnes chroniques, on est allé comme tu peux voir plusieurs fois à l’étranger, apparement ça plait à tout le monde donc on est plutôt contents et vis à vis du public on se rend compte que ça réagit très trés bien aussi. Donc c’est signe que l’album plait, on reçoit beaucoup de bons commentaires et énormément de mails et je pense très sincèrement que DAGOBA est en train de prendre une certaine ampleur au niveau Français d’abord, et j’espère qu’avec cette tournée ce sera l’international. Et je sais pas si t’as vu ce soir, mais ça répondait bien.

Oui, et j’ai discuté avec votre chanteur qui m’a expliqué que maintenant vous vous dirigiez vers l’international et l’Européen…
Ca a toujours été la politique du groupe. On sait qu’il faut cartonner en France, c’est notre pays, on aime le public Français, mais pour un groupe il est pas possible de rester en France seulement, sinon il ne peut pas grossir. Donc on a toujours eu la politique d’essayer de s’exporter le plus possible, quite à faire des sacrifices, humains, financiers, dans tous les sens. Et pour nous ce genre de tournée c’est une énorme récompense. Ca confirme tous les efforts qu’on a fait en France depuis un moment, et ça confirme que notre politique peut marcher. Le chant anglais aussi est quelque chose qui permet de s’exporter énormément, et qui, même si c’est un frein pour la France au début, à l’étranger est la porte ouverte à être sur le même pied que les autres groupes.

Vous avez enregistré le dernier album au Danemark, le précédent en Angleterre, on m’a dit que c’était vraiment pour travailler avec des gens comme Tue Madsen. Mais ça s’est fait dans de bonnes conditions pour vous ?
Ca s’est fait excellement bien, Tue est un mec super super cool, qui a vraiment tout compris à notre son, il était super ouvert, il nous a fait apprendre énormément de choses, on a fait les prises très très vite, je crois qu’on était quand même bien préparés et puis on a pu avoir un mix très très peaufiné et un mastering très pro, et franchement c’est la meilleure expérience de studio de ma vie et j’en garderai toujours un souvenir énorme.

Sur la scène Scandinave, il y a beaucoup de groupes de black, c’est une scène qui pullule, vous en pensez quoi ?
En fait pour la composition de l’album on a pas mal été influencé justement par la scène scandinave, le fait que Vortex de Dimmu Borgir y soit en featuring n’y est pas pour rien. Personnellement en tant que guitariste je suis quand même très très très fan de Dimmu Borgir et de tout ce côté extrême scandinave même si je suis plus partisan du côté pop rock… excuse (il est interrompu par une groupie cherchant un briquet).

Ca fait quoi de rencontrer Vortex ?
Ah ça fait bizarre ! C’est quand même un sacré golgoth de deux mètres de haut, quand il est sur scène il est sacrément imposant et quand tu le vois sur les pochettes ça a l’air d’un mec terrifiant et en fait c’est un mec super sympa, super gentil, qui est très ouvert, très professionnel aussi, il est arrivé au studio il a fait ses prises et après ça s’est terminé dans une super ambiance, on a fini à boire des bières jusqu’à trois heures du matin puis il est reparti ; ça aussi c’est un souvenir assez inoubliable…
Werther (basse) : Vive Glasgow !!
Izakar : … parce que du coup, se retrouver dans notre chambre bien pourrie avec Vortex à boire des bonnes bières, c’est énorme !



Et toi, en tant que bassiste, ça t’a fait quoi de rencontrer ce Vortex ?
Werther : Super cool, un mec vraiment excellent, avec qui on s’est bien entendu…c’est pas une idole ou quoique ce soit, c’est juste un mec avec qui on a pu discuter et qui a vachement accroché sur notre musique et tant mieux…en plus j’ai pu discuter de certains plans de basses, comme ça, et c’est vraiment cool.

Avec Sepultura à priori vous ne communiquez pas trop car vous ne vous voyez qu’à l’heure des repas…
Oui voilà, c’est ça, comme ils ont leur tour bus et nous notre van donc on ne voyage pas ensemble. Mais avec Sepultura on a pas mal de contacts quand même. C’est plutôt avec In Flames où il n’y a pas de contacts du tout.

Par rapport aux précédentes tournées que vous avez faites, vous la sentez comment celle là, vous en pensez quoi ?
C’est pas pareil. Là, les plus grandes tournées qu’on avait faites c’était avec Loudblast, c’était en France, on jouait chez nous, devant notre public. Avec Samaël c’était une plus petite tournée, on a fait de plus petites dates. Là c’est 2000, 3000, 4000 personnes tous les soirs tu vois. Pour nous c’est une opportunité. L’album vient de sortir, on s’attendait pas à avoir le truc qui arrive si vite pour cette tournée. Alors une opportunité comme ça, In Flames, SepulturaIn Flames c’est le groupe « hype » du moment, tout le monde écoute ça. Tant mieux, c’est une super opportunité pour nous de se produire devant autant de gens, dans autant de pays, dans autant de villes… c’est cool.

La presse Française est à fond derrière vous, qu’en est-il de la presse européenne et plus précisement la presse Britannique ?
Ben on a eu tout ce qui est Metal Hammer, Kerrang… On a eu juste une très mauvaise chronique dans Terrorizer, le mec il nous déteste en fait, à chaque fois il nous met 0/10. Mais sinon sur Metal Hammer…
Izakar : On va l’enculer Terrorizer !!!
Werther : On a eu 6/7. Danemark, Allemagne, Angleterre, en Espagne, Italie, dans tous ces pays on a eu des supers supers notes, l’album a super bien marché à l’étranger, en France il marche très bien… c’est cool. Mais là c’est une opportunité en plus. (La groupie repasse à l’attaque, pour une cigarette cette fois…) Pour faire découvrir notre musique dans ces pays là il faut tourner un maximum, et on est un des premiers groupes Français à pouvoir tourner à l’étranger comme ça.

Justement, depuis que vous tournez à l’étranger et que vous donnez beaucoup de concerts, et que vous en êtes à deux albums, vous appréhendez votre musique différemment, vous avez amélioré la manière de composer ?
On a toujours composé par rapport aux live, notre vision c’était ça. Pour cet album, on voulait toujours amener des séquences, ambiancer le truc, pour que sur scène on puisse, avec les lights, avec le backdrop…enfin là aujourd’hui on a rien pu mettre du tout … mais créer une ambiance sur scène, pour pas qu’il y ait d’espace vide avec juste la musique. Il s’agit d’apporter quelque chose d’autre. La musique est pensée, mais avec toutes les ambiances, un peu symphoniques…pas amener tout ça à la pelle, mais vraiment pour ambiancer.

Et Dagoba pour toi, ça représente quoi ? Décrit moi Dagoba en une phrase ou un mot.
(A ces mots il soulève son t-shirt pour me montrer un tatouage en lettres gothiques qu’il a sur le ventre, d’un flanc à l’autre )
What hell is about, "A propos de l’enfer", c’est tout.

Et quel est votre cheval de bataille, votre leitmotiv ?
C’est DAGOBA, c’est le groupe. Je crois qu’on est le groupe qui a eu le plus de crasses, les groupes Français nous ont le plus descendu, mais ils ont parlé en mal de nous… et en attendant on en est là. Les autres ils y sont pas. Et on a travaillé comme des malades pour en arriver là.

Mais au point de vue musical, tu penses quoi de la scène française ?
Il y a de bons groupe, et c’est en train de revenir. Mais je crois qu’on a eu de la grosse merde, pendant des années et des années, de la grosse grosse merde. Et il y en a encore, tout ce qui est metal à chanteuse à deux balles, tu vois qui je veux dire comme groupe. Tout ce qui est metal avec rapeurs, ça existe pas dans le reste de l’Europe. Il y a pas un groupe qui va dans cette direction. Il faudra virer tous ces groupes moisis et les dégager de là. C’est pas du metal, c’est du rock, c’est de la fusion, c’est du hip-hop. C’est tout ce que vous voulez mais c’est pas du metal.

Et du fait que vous vous exportiez à fond à l’étranger, vous avez pas peur de vous couper de votre public français ?
Non, on en est pas coupés. Mais en fait, on va annuler quatre dates en France. En fait depuis le premier album, on est parti en tournée trois mois après. Ainsi les gens le connaisse un peu, et puis on revient. Là tu vois ce soir on a eu un acceuil super. On essaye de pas se couper du tout de notre public Français, on sait qu’on est attendus, il y a beaucoup de monde qui vient nous voir, et tant mieux, on en est super contents. On peut enfin profiter de ça, les gens nous connaissent, connaissent les paroles, connaissent nos chansons, et il y a une communication vraiment entre les groupes et le public et ça je pense que c’est génial. On ne veut surtout pas se couper du public Français, c’est primordial pour nous. Là on revient, on termine le 20 (Avril) à Stuttgart, et on le 22 on est à Vitrolles et on joue. On enchaîne. On se dit pas on est fatigués, on a fait 32 dates. Après on a encore trois dates, on joue à Liège, deux dates parisiennes, la promotion de l’album, et on fait Châlons en Champagne. Et on continue, toutes les dates qu’on a annulé, on les referra en Mai ou en Juin. Donc on ne veut surtout pas fermer les barrières, on veut faire le maximum de choses, on trace.

Il y a deux ans je vous ai vu au festival du Canard Vexé, dans les Landes, à Poyanne, et là je vous retrouve sur scène à Glasgow avec Sepultura et In Flames. Vous devez ça à votre travail, à vos rencontres ?
On le doit à beaucoup de travail… à des rencontres, et après toujours à une part de chance. On est là “at the right moment, at the right place”. On est là, tant mieux, mais je sais pas si tu vois l’évolution entre ce soir et Poyanne… Là tout était désaxé, la batterie était à l’autre bout, mais on essaie d’avancer et de faire évoluer les choses et que ça se voie.

Vous êtes un des rares groupes que j’ai vu souriant sur scène, vraiment pas malheureux d’être là, et vous jouiez pour le public…
On essaie d’être le plus carré possible sur scène, mais en même temps on essaie d’avoir un gros côté rock’n roll. Et puis déjà qu’on a une musique froide, on essaie de donner cette chaleur, que notre musique n’a pas, au niveau du comportement et de l’attitude. Le but c’est quoi ? C’est que les gens prennent leur pied en concert, qu’ils soient là à slammer, à gueuler et à chanter. C’est ça le but d’un concert de metal. Et je trouve que c’est ça que des groupes ont perdu un peu.

Bon et bien, je vais te laisser le mot de la fin…
What hell is about !


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