Interview faite par mail par Matthieu

Bonjour ! Pourriez-vous vous présenter ainsi que le groupe ? Comment décririez-vous votre musique ?
Benny (batterie) : Je suis Benny , je suis le batteur. Notre musique est un mélange de death metal old school et moderne. Ce qui signifie qu’on a voulu garder l’esprit old school, tout en sonnant propre et moderne.
Marco (guitare) : Je suis Marco, je joue de la guitare et j’écris de la musique pour CRITICAL MESS \m/ Et j’approuve ce que Benny a dit.
Britta (chant) : Je suis Britta, chanteuse et future parolière dans CRITICAL MESS. A la description de Benny, je peux seulement ajouter que notre musique sonne vraiment explosive, avec énormément d’énergie et de détails à découvrir.
Lommer (basse) : Je suis Lommer, le mec à la basse et choriste hurleur.
Elmo (guitare) : Et je suis Elmo. Je fais du shred sur ma six-cordes pour CRITICAL MESS.

Comment s’est passé le processus de création musicale pour "Human Præy" ? Quel est le concept de l’album ?
Marco : On a écrit quasiment toute la musique sans concept à l’esprit. On a écrit les titres qu’on voulait jouer, et notre ancien chanteur est arrivé avec des paroles au titre par titre. A la fin, on a remarqué un thème récurrent dans les paroles : l’irrespect et le comportement auto-destructeur de l’humanité. C’est ainsi qu’on a trouvé le nom de l’album : "Human Præy".
Benny : Le chemin a été long et difficile. On a commencé à écrire les titres pour "Human Præy" à peu près quand on a démarré le groupe en 2012. On a rejeté beaucoup d’idées, parce qu’on devait toujours trouver notre style et notre son, c’est pour ça que notre premier album est sorti six ans après.

Dans chaque titre, je ressens quelques éléments dérangeants ou inquiétants, en plus des rythmiques lourdes, pourquoi avoir choisi d’inclure ces éléments dans votre musique ?
Marco : Pour souligner l’impuissance à résoudre cet état de désordre général, je pense.
Benny : J’aimerais ajouter qu’un certain aspect sombre / dépressif est un élément important pour la musique de CRITICAL MESS. Le death metal n’est pas très loin du black metal sur beaucoup d’aspects, et la nature brute et sombre du black metal ajoute un petit plus à la chose.

Comment avez vous choisi et travaillé sur l’artwork de Critical Mess ?
Benny : C’est un peu une coïncidence. Un bon ami à nous, Jonathan Stenger (que tu connais peut-être pour son travail de guitariste dans Cripper), avait à la base créé le design Justitia en tant que fond pour un site web pour un client. Quand son client lui a dit qu’il ne voulait plus l’artwork, on l’a “harcelé” parce que pour pas mal de raisons, l’artwork collait parfaitement au style musical et au concept des paroles de l’album.
Britta : Ca va à la musique comme un gant, et ça a été un choix facile lorsque l’on a su que l’on pouvait utiliser l’artwork. On est vraiment heureux avec ça.

Je ressens à la fois un groove moderne et des influences old school sur cet album, est-ce que ça a été facile de combiner les deux pour créer votre propre son ?
Marco : Pour nous combiner les deux styles est comme une seconde nature, vu qu’on est tous de gros fans de death metal. C’est dans notre sang !
Benny : On est pas un groupe old school, évidemment. Mais on se sent bien comme ça, et on voulait combiner ce ressenti old school avec un style plus moderne, autant dans la manière de jouer, le son et le style. Mais au final, ce n’est pas aussi compliqué qu’on pourrait le penser.
Lommer : En fait, on a grandi avec les deux styles. A mes yeux, on ne voit pas de différence entre le death metal old school et moderne (ok, le son a évolué de manière positive). On voit toute la scène death metal dans le groupe, et pas simplement un groupe de death metal ou un pan de l’histoire du death metal.



Le groupe a été créé en 2012, mais Britta a rejoint le groupe en 2016. Est-ce que vous avez ressenti une évolution depuis les premières années ? Et depuis l’arrivée de Britta ? Est-ce que vous avez ré-arrangé d’anciens titres pour en créer de nouveaux pour cet album ?
Marco : La décision de “faire quelque chose” avec notre musique a été prise en mi-2015. On s’est retrouvés bloqués, et on a enregistré "Human Præy" pendant l’été 2016. C’était peu de temps après que notre ancien chanteur ne quitte le groupe, Britta nous a rejoint quelques mois plus tard et elle avait à sa disposition tout un album et des paroles.
Benny : Quand Britta nous a rejoint, c’était certain que ça nous donnerait un peu plus de visibilité auprès du public. Ce n’était pas notre but à la base, cela dit. Et puis, nous n’avons changé aucun titre, Britta a appris toutes les paroles et les phrasés en un rien de temps ! La composition d’un second album a déjà commencé, cette fois avec la participation pleine et entière de Britta ! On a vraiment hâte de voir le résultat ! Et tu devrais aussi !
Britta : J’ai très certainement grandi en tant que chanteuse et musicienne. Pour moi, chanter dans CRITICAL MESS a été un pas en dehors de ma zone de confort. Travailler avec des gens avec qui je n’avais jamais fait de musique avant, chanter des paroles que quelqu’un d’autre avait écrit avec un phrasé imposé, c’était un énorme travail, et j’ai fait en sorte de préserver soigneusement l’idée originale. J’ai évidemment beaucoup de respect pour les paroles, alors je suis très heureuse que tout le monde dans le groupe soit content de ce que je fais.

Vous avez eu l’aide de Jeff Waters d’Annihilator pour un solo, comment c’est de bosser avec lui ?
Marco : J’ai demandé à Jeff si il serait partant pour faire un solo sur notre premier album après avoir bossé avec lui dans l’industrie musicale pendant quelques années. C’est un guitariste génial, avec un esprit très ouvert sur n’importe quel type de musique qui lui est présenté. Il a accepté et l’a fait rapidement, ça nous a plu. Je ne pouvais pas être plus heureux, merci encore Jeff !!!

Britta , tu joues aussi dans un autre groupe, Cripper, pourquoi as-tu décidé de chanter dans deux groupes différents ?
Britta : Eh bien depuis que Cripper n’est plus, je dois dire “j’ai joué” dans un autre groupe. Mais ouais, pendant un moment j’ai joué dans deux groupes en même temps, mais le fait que j’ai rejoint CRITICAL MESS n’a rien à voir avec la séparation de Cripper. En fait je cherchais un second projet ou groupe depuis un moment, avant d’avoir pris mes fonctions dans CRITICAL MESS. Comme je l’ai mentionné plus haut, faire de la musique avec différentes personnes m’a fait sortir de ma zone de confort, ce qui est une des raisons pour lesquelles je cherchais un deuxième groupe. Je sentais plus ou moins que j’allais plus ou moins stagner vocalement à chanter uniquement dans un groupe, et en plus ça faisait presque 14 ans que j’étais chanteuse de Cripper. Donc je voulais essayer quelque chose de nouveau ou différent qui allait me donner du fil à retordre en tant que chanteuse. La deuxième raison, c’est que je voulais faire plus de scène et être sur la route plus que ce qu’on pouvait faire avec Cripper uniquement. Donc quand on m’a donné la chance d’être chanteuse pour CRITICAL MESS, j’ai saisi cette chance et je ne le regrette pas un seul instant.

Il y a de plus en plus de femmes aux concerts de metal, mais toujours assez peu sur scène en tant que musiciennes ou chanteuses, est-ce que c’est difficile d’être une femme dans l’univers metal ?
Britta : Ce qui est difficile dans le fait de faire perdurer un groupe à ce niveau, c’est que ça consomme énormément de temps sans être capable de gagner assez d’argent (ou pas d’argent du tout, même l’argent investi) pour vivre. On travaille tous à plein temps et on passe de très nombreuses heures à écrire, répéter, ou même assis dans une voiture pour aller faire un concert. Je suis presque sûre que mon cul de femme subit les mêmes tensions que les culs de mes coéquipiers hommes en subissent à travailler aussi dur au fil des années et de passer des congés payés ainsi que sans soldes à faire des concerts sous-payés au lieu de se prélasser à la plage.

Comment décrirais tu la culture metal de l’Allemagne ? Est-ce que tu penses que c’est vraiment différent dans d’autres pays ?
Benny : Comme dans beaucoup d’aspects, les cultures diffèrent, c’est la même chose pour le metal. Mais au final, on est une grande famille éparpillée à travers le globe. Je ne sais pas ce qui est spécial à propos de la culture metal allemande, mais au moins je sais que beaucoup de groupes étrangers aiment tourner en Europe, et particulièrement en Allemagne - donc il doit bien y avoir quelque chose au final.
Britta : En effet, d’un point de vue culturel, je suis totalement d’accord avec Benny. Également, ce qui est bien en Allemagne c’est d’avoir pas mal de petits concerts et d’évènements metal ainsi qu’un gros pouvoir d’achat, ce qui est fun en tant que consommateur et musicien. Le souci en Allemagne, c’est qu’il y a tellement d’évènements metal que pas mal de gens s’en lassent. En un week-end, tu ne ramènes pas une foule aussi grosse sauf si tu es vraiment populaire. Et les gens ne font pas beaucoup de route.
Lommer : Je pense qu’on a une scène underground très forte et dense en Allemagne. Il y a beaucoup de fans, qui vont voir de jeunes groupes pour soutenir la scène locale. Mais ces fans sont aussi contents s'ils peuvent voir et entendre un groupe dont ils connaissent les chansons. Ces dernières années, j’ai pu vérifier que l’Allemagne a une scène brutal death démente. Il y a énormément de fans qui viennent de tout le globe jusqu’en Allemagne (j’ai rencontré des gens qui venaient d’Afrique du Sud, du Chili et d’Indonésie), UNIQUEMENT pour aller dans un festival de death metal.

Quel est votre souvenir de tournée le plus drôle ?
Marco : (rires) CRITICAL MESS n’est parti qu’une seule fois en tournée mais on a déjà des tas d’histoires drôles à raconter ! La mienne est probablement celle où notre “sixième homme” Kalle (technicien et lumières du groupe) est rentré dans la douche de Chris Barnes. Inutile de dire que Chris n’était pas vraiment content et a dégagé Kalle avec un “Dégage de là, enfoiré !”.
Britta : C’était fou. Même Kalle en rit… après huit minutes et deux bières. (rires)



Quelle est votre principale source d’inspiration, à la fois pour la musique et les paroles ?
Marco : Les humains… leur comportement insouciant, nécessiteux et détestable.
Benny : La même chose que Marco. A ça, j’ajouterai que musicalement on a tous nos principales inspirations et modèles. Concernant les batteurs, je pourrais citer au moins une douzaine de noms qui ont affecté ma façon de jouer. Mais généralement, j’aime écouter de la musique (pas que du death metal, mais principalement) et m’inspirer de quelques idées de camarades batteurs.
Britta : Même si je n’ai pas écrit les paroles du premier album, je suis tout de même la tête en plein dans les paroles de notre second album, je suis super excitée de ce processus. Les paroles de "Human Præy" sont comme les chapitres d’un même livre. Je dirais qu’à ce niveau-là, c’est presque un concept album, même s’il n’y a pas d’histoire qui se poursuit. Cette approche n’est pas totalement nouvelle à mes yeux depuis mon travail avec Cripper, mais dans mon groupe précédent j’ai seulement effleuré la surface des paroles reliées par le même sujet. Donc dans le but de développer mes capacités de parolière, j’écris quelques ébauches pour chaque titre à la fois, en mettant en place une structure complète pour l’album. Je ne veux pas révéler le thème maintenant, mais c’est super intéressant, intense et ça me tient éveillée la nuit rien qu’en y pensant.
Lommer : La vie entière est source d’inspiration. J’ai besoin d’un peu de temps pour faire évoluer les idées et les développer, et pendant ce temps je travaille seul ou avec ma femme. Je fais des constructions, et j’ai de nouvelles idées, quand j’en parle avec elle. Pour les paroles, j’aime la nature et la science. Chose intéressante, c’est que tu peux utiliser des faits scientifiques pour construire une métaphore pour décrire et écrire des paroles en mode critique sociale. Mais le point principal, c’est qu’il ne faut pas se fixer de limites. Dans le death metal, tu peux faire ce que tu veux.

Tu préfères une guitare lead épique ou une rythmique lourde ?
Marco : Lead ! \m/
Benny : Les deux ! Mais comme je fais partie de la section rythmique, je suis toujours d’attaque pour des moments de breaks cruels et lourds \m/
Elmo : La rythmique est essentielle. J’adore quand une rythmique entraînante t’accroche et te fait headbanguer comme un taré.

Quel est le premier morceau de metal que tu aies écouté ?
Marco : "Fight Fire With Fire" (Metallica), aussi loin que je me souvienne. J’avais 6 ou 7 ans.
Benny : Black Sabbath. Je ne me souviens pas exactement de quel titre en premier, mais c’était un live que mon oncle m’avait fait découvrir quand j’avais 8 ou 9 ans. J’aime toujours Black Sabbath !
Britta : "Dirty Deeds" par AC/DC, si ça compte comme du metal. Sinon, ça doit être quelque chose d’Iron Maiden. Mon grand frère était et est toujours un énorme fan. "Dirty Deeds" a également été la première chanson que j’ai chanté en anglais. Dans ma propre version d’enfant évidemment… (rires)
Lommer : "The Unforgiven 2" (évidemment par Metallica) et je pense que je devais avoir dans les 10 ans. Avant ça, j’ai écouté pour la première fois, quand j’avais 4 ou 5 ans, "Angel Dust" de Faith No More (ma mère écoute ça).

Pourquoi est-ce que vous avez choisi de jouer du metal en tant que professionnels ?
Marco : Quand j’étais enfant, j’aimais le metal grâce à la musique de Metallica et Megadeth et depuis je voulais devenir guitariste. Choisir le metal en tant que profession musicale a été dû à mon amour pour le genre en général.
Benny : Le metal possède tout ce dont tu peux rêver en tant que musicien. Tu peux être un nerd de ton instrument et t’éclater en même temps ! Que demander de plus ?
Britta : Pour moi ça a toujours été plutôt comme si le metal m’avait choisi à la place d’autre chose - ce qui signifie que ça n’était pas intentionnel. J’ai essayé d’autres genres avant, mais la fibre finit par tomber du mur plus ou moins vite, si tu vois ce que je veux dire. La fibre du metal a l’air d’être collante, stimulante, épanouissante et inspirante.
Lommer : Le metal est pour moi le meilleur moyen de véhiculer des émotions et d’y inclure toute cette dimension agressive.

Imagine que tu sois tour manager, et que tu puisses choisir trois groupes pour tourner avec vous, ce serait lesquels ?
Marco : Decapitated, Dying Fetus et Cattle Decapitation.
Benny : Je suis de l’avis de Marco. Et j’ajouterais Cannibal Corpse également.
Britta : Gojira, Decapitated et une réunion de Strapping Young Lad.
Lommer : Defeated Sanity, Anaal Nathrakh et Cytotoxin.
Elmo : Cannibal Corpse, Suffocation et Dying Fetus.

Dernière question : quel est votre dernier coup de coeur musical ? Des groupes à nous recommander ?
Marco : Va écouter Perturbator, si tu ne le connais pas déjà.
Benny : Il y en a trop… Mais dernièrement j’écoute beaucoup Aeonyzhar ! Ecoute si tu ne l’a pas déjà fait !
Britta : Mon dernier gros coup de coeur en est un qui revient assez souvent. C’est "From Mars To Sirius" de Gojira.
Lommer : Hmm pour moi ce sont les Portugais d’Analepsy et les Allemands de Pighead. Un super groove et un excellent brutal death ! BREE ! BREE ! BREE !


Le site officiel : www.criticalmess.de