Interview faite par Byclown lors de leur passage au Divan du Monde à Paris.

C’est le cul bien planté sur de confortables sofas que débute mon interview en compagnie de Marc, le guitariste lead de Caliban. 20 petites minutes seulement pour réaliser une vidéo support, dû entre autres au fait que les groupes sont arrivés à bon port 1h30 trop tard et que c’est, bien évidemment, la panique à bord ! Peu importe, notre ami Allemand accueille la chose avec le sourire et avec une grande disponibilité !

Bonjour, c’est votre première interview pour Frech Metal et je suis clairement fier d’être le premier reporter à faire ça ! "I Am Nemesis" est votre 11eme opus si on inclut vos EPs et vos splits avec vos potes de Heaven Shall Burn. Tu imagines bien que j’ai quelques questions à te poser pour savoir ce qui s’est passé depuis la création de votre groupe en 1997. Pour commencer dis m’en un peu plus sur l’histoire de votre groupe, surtout pour les gens qui ne vous connaissent pas encore. D’ou êtes-vous, quel style de musique jouez-vous ? Qui a eu l’idée de créer le groupe et de recruter les autres membres ?

Marc (guitare) : L’origine même du groupe remonte à la période ou nous étions à l’école. Nous étions une bande de potes musiciens qui avaient envie de jouer de la musique assez heavy. Je suis encore le seul à écouter ce genre de musique, quoi que, Andy (le chanteur) aussi je pense. On a commencé comme tout le monde, à jouer dans des petits événements locaux, des petits festivals, puis, quand on a commencé à jouer vraiment des choses hardcore, plus bourrines, on a eu des petits changements de line-up avec des gens qui étaient aux aussi à l’école, et on a changé le nom du groupe en CALIBAN. Au début nous étions clairement branchés hardcore mais à l’heure d’aujourd’hui je dirais qu’on est plus "metal" que hardcore. Je parle évidemment de la musique, pas de l’attitude. Certes les paroles sont encore estampillées hardcore mais les riffs, le type de son, est metal. A l’époque on prenait des voitures, des vieux vans pourris, pour aller jouer n’importe où, peu importe les kilomètres et pour à peine 100 Marks. Du coup, ces efforts nous ont permis d’aller jouer dans plusieurs pays frontaliers et c’est comme ça qu’on a commencé à se faire connaitre. On a commencé à faire de vraies tournées de 3 ,4 ,5 semaines… Bref comme tous les groupes je pense. Un pas après l’autre.

Certaines personnes, des fans et des gens de la presse notamment, ont écrit que vous jouiez du metcore à vos débuts mais je pense que c’est une bonne connerie car , comme vous l’avez dit vous-même, vous vous rapprochiez plus musicalement de la mouvance hardcore. Que penses-tu de cet estampillage "metcore" ?
Je ne sais pas. Déjà je ne sais même pas ce qu’est réellement le metcore ! Quand on a commencé les compos, on mixait le metal et le hardcore, de ce point de vue on peut donc dire que nous faisions du "metcore". Comme je te l’ai dit précédemment, on a rapidement évolué pour donner un coté clairement metal à notre musique mais je trouve qu’on garde un côté hardcore. Tu sais, je ne pense pas que les fans de vieux metal, genre Sodom ou Kreator, nous considèrent comme un groupe de metal ou du moins pas comme un groupe de metal "traditionnel"...

Ca reste une évolution logique et nécessaire de la musique…
Ouais, on est peut être de la "nouvelle vague du metal moderne"  comme certains on l’habitude de l’appeler mais franchement pour nous ça n’a pas d’importance d’être cantonné dans un style, du moins sur le papier. On joue notre musique, comme on a envie de la jouer et voilà !

Ok stoppons là avec ce genre de questions. On est là aujourd’hui pour parler de votre nouvel album qui est le second sous la bannière de Century Media Records. Avant de travailler avec eux, vous étiez chez Roadrunner Allemagne, qui est un gros label ! Pourquoi avoir quitté ce label ?
Eh bien, nous étions en fin de contrat avec Roadrunner. Nous avions signé pour 3 albums avec eux et étions arrivés au terme du contrat. Continuer avec eux était une option et nous avons commencé les négociations mais ils voulaient de nous des choses que nous nous refusions de faire et inversement donc on a choisi de partir. Il n’y a pas eu de "bagarre" à proprement parler, on s’est juste séparés normalement. Des deux côtés nous avons senti qu’il était nécessaire et profitable que nous partions ailleurs pour commencer quelque chose de nouveau. Century Media nous ont proposé de venir chez eux et il est vrai que leur bureau étant à 20 minutes de chez nous nous n’avons pas hésité !

“I Am Nemesis“ est la suite logique de “Say Hello To Tragedy”, votre précédent album, au niveau des paroles (comme vous l’avez-vous-même dit sur votre site officiel) mais personnellement je trouve que les nouvelles chansons sont plus catchy, plus faciles à retenir. Avez-vous travaillé ceci particulièrement ou pas du tout ?
On a clairement bossé dans ce but ! On a vraiment travaillé très dur sur cet album. A titre de comparaison, nos anciens albums nous prenaient entre 3 et 4 mois pour la conception, les arrangements etc... alors que celui-ci nous a pris 10 mois, presque une année ! J’avais une petite idée en tête d’où je voulais emmener l’album mais je ne savais pas exactement ce que je voulais ni comment y parvenir, du coup on a essayé beaucoup de choses. Je voulais que ça soit plus catchy tout en restant heavy, je ne voulais pas faire de la pop. Pour illustrer ce que je dis je te prends l’exemple de "We Are The Many" qui est le titre d’ouverture de l’album. C’est un titre très catchy mais aussi très heavy, très agressif et rentre-dedans. Il y a eu un gros travail sur la batterie également pour introduire de nouvelles sonorités. Sur 50 idées de riffs et de chansons on en a tiré 12 chansons, c’est dire le boulot ! Je voulais que les chansons de l’album s’imbriquent bien les unes aux autres mais je ne voulais surtout pas qu’elles se ressemblent toutes. Ca a été très dur de travailler là dessus car sur les 50 chansons on a dû prendre les meilleures parties de chacune pour recréer les morceaux de l’album, comme une sorte de concentré du meilleur de tout le travail qu’on a fait pour cet album. J’ai fait en sorte que tout puisse être mémorisable, par exemple le clavier dans "Bogeyman", la ligne de guitare de mi chanson dans "No Tomorrow", à chaque fois j’ai voulu des éléments qui marquaient au fer rouge la chanson pour ne pas qu’elle soit oubliée plus rapidement que les autres.



Comment se passé le processus créatif dans votre groupe ? Comment composez-vous ? Est ce que vous jammez ensemble ?
On ne jamme jamais ensemble. On a essayé de faire ça dans notre prime jeunesse et ça n’a pas marché donc on a vite arrêté. Je ne suis pas fan du concept "Jouons tous ensemble et trouvons l’idée du siècle à ce moment là !" .Il y a peu de chance que ça fonctionne comme ça… Je compose les structures des chansons à la maison. J’ai tous les instruments et mon programme d’enregistrement. Les idées me viennent comme ça, que je puisse être devant un film, ou en train de me faire à manger… Une idée de riff me vient, j’arrête ce que je suis en train de faire, j’enregistre, et je garde ça pour plus tard. J’envoie mes idées aux autres membres du groupe (et au producteur évidemment) qui me disent ce qu’ils en pensent. S’ils trouvent ça cool alors on bosse tous ensemble dessus en répèt’ pour essayer de faire évoluer la chose à un stade supérieur car mes idées sont enregistrées de manière vraiment basique et seul le jeu en groupe permet de se rendre des lacunes de l’idée originale. C’est aussi là qu’on se rend compte du gros travail qu’il y a à faire à la batterie par rapport à certains "patterns" et aussi qu’on se rend compte qu’il faut vraiment faire des arrangements à la basse pour qu’elle ne sonne pas comme les guitares.

Andy (le chanteur) écrit-il toutes les chansons ?
Sur cet album nous avons été trois à écrire les chansons mais l’on peut considérer qu’Andy à fait 99% du boulot ! Me concernant j’ai écrit une chanson et demie : une entièrement, une en collaboration avec Andy, et une où j’ai donné quelques idées comme notre batteur, pour corriger un texte d’Andy sur un thème original de notre producteur.

A propos des paroles de vos chansons, vous semblez mettre un point d’honneur à parler de certains sujets comme la manipulation par les mass media, conneries sur Internet… Certains groupes de grindcore, comme Napalm Death, par exemple, parle très souvent des mêmes sujets. Penses-tu que ces sujets soient les “grands sujets” d’actualités de 2012 ?
Pour nous il est essentiel d’avoir "quelque chose à dire" plutôt que de chanter une chanson, comme ça, en racontant de la merde. Nous faisons des chansons sur des sujets qui nous ont fait réfléchir, sur des thèmes que nous jugeons utile d’aborder, pour faire réfléchir les gens à leurs tours. Je vais te prendre des exemples pour illustrer mon propos. A propos des conneries sur Internet, le fait de défoncer des gens à distance, nous avons écrit "Modern Warfare". A propos des politiques corrompus, nous avons écrit "We Are The Many" qui est d’ailleurs le titre d’ouverture de l’album. Nous avons aussi écrit sur les abus envers les enfants, pour les gens ouvrent un peu les yeux sur certains problèmes graves. Certaines chansons sont plus personnelles, comme "Memorial", qui a été écrite par Andy, à propos de la mort de son père qui est mort l’année dernière d’un cancer. Autrement que par les retours qu’on a pu avoir via notre site officiel ou par Facebook ou MySpace ou des outils de communication Internet, on a eu la sensation que les gens lisaient les textes, écoutaient les paroles. On a reçu pas mal de mails de gens qui nous disaient "J’ai écouté cette chanson, ça m’a fait réaliser pas mal de choses que j’ignorais jusqu’alors sur ce sujet" et c’est exactement ce pour quoi l’on travaille. Si on ne touche ne serait-ce qu’une personne avec la portée de nos textes, si ceux-ci peuvent faire réfléchir cette personne et la faire avancer et bien on est heureux avec ça. Par exemple, lors d’un concert, il y avait un mec au premier rang et durant "Memorial" il s’est mis à pleurer. Nous sur scène on a vu ça mais bon, on n’a pas compris pourquoi et surtout, en plein morceau on ne pouvait pas y faire grand-chose… A la fin du concert, un type de la sécurité est venu nous voir pour nous dire que ce mec était dehors et qu’il voulait nous parler de la chanson. On l’a fait rentrer et il a demandé à Andy pourquoi il avait écrit ces paroles, et il s’est avéré que ce fan avait lui aussi perdu son père l’année d’avant d’un cancer… Il nous a expliqué que cette chanson lui a permis d’aller de l’avant, de se rendre compte qu’il n’était pas le seul dans ce cas précis à souffrir. C’est une sensation extraordinaire en tant qu’artiste de savoir que ton travail touche vraiment les gens au plus profond d’eux et leur permet d’avancer.

Quelles sont vos influences musicales à tous ?
Nous sommes tous réellement très différents à ce sujet ! Je serais plus à écouter le type de musique que nous jouons actuellement mais aussi des trucs à la Muse ou Depeche Mode. Andy, le chanteur, écoute des trucs plutôt softs en général mais aussi des trucs vraiment bizarres ! (rires). Je saurais même pas te dire de quel style il s’agit et je ne pourrais pas te citer des noms de groupes pour illustrer ce que je viens de dire mais enfin… Denis écoute plutôt des trucs lourds, comme du death. Marco, notre bassiste, écoute plutôt du punk, des trucs comme Misfits, mais aussi des trucs clairement metal. Patrick, notre batteur, écoute pas mal de hip hop, du punk aussi… il est vraiment éclectique en fait.

Quels sont vos projets pour cette année en terme de DVD, clips, tournées etc…
Pour le moment il est vrai que nous sommes plutôt concentrés sur notre tournée mais je sais que nous allons jouer dans plusieurs festivals en Belgique. Je sais qu’on ne va pas jouer au Graspop cette année, mais peut-être l’année prochaine. Concernant la France je ne sais pas si nous allons jouer ou non au Hellfest. Tu sais, je suis en tournée, j’ai pas la tête dans l’agenda... On a un staff qui s’occupe de ça très bien et qui nous enlève une sacrée épine du pied ! Concernant les vidéos, on va enregistrer un clip pour "We Are The Many" très bientôt et pour le DVD je pense que ça attendra l’année prochaine. On collecte toujours des choses pour ce DVD, on va sûrement enregistrer des concerts cette année pour le montage final du DVD, un gros concert et un concert un peu plus petit près de chez nous...


Le site officiel : www.calibanmetal.com