Interview faite par Zemurion à Décines.

Bonjour à vous. C'est votre première interview pour French Metal. Pouvez-vous commencer par nous présenter le groupe ?
Manu (guitare) : On s'appelle BUY JUPITER, ça fait depuis 2012 qu'on a ce projet-là. Notre nom vient d’une nouvelle d’Isaac Asimov parue en 1958 qui s'appelle Buy Jupiter, ou Cher Jupiter en français. On est parti de cette nouvelle de science-fiction pour inventer une histoire avec la musique vient illustrer tout ça.
Vinz (guitare) : Le groupe est parti de Manu et moi aux guitares. On avait déjà eu un groupe avant qui s'était arrêté. Ensuite on a rencontré notre bassiste Fred, qui est parti depuis pour se faire remplacer par Martin, et on a rencontré aussi Lucas et Py successivement par petites annonces et rencontres un peu chanceuses. Lucas avait déjà de l'expérience de groupe avec Torsoleptus, Apply For A Shore...nous sommes donc un groupe de cinq.
Lucas (batterie) : Apply For A Shore c'est venu un peu après. J'ai aussi joué avec NeurolepsiA, un petit groupe qui tournait dans les années 2008-2010. Pour revenir à BUY JUPITER, en 2013 on a Pierre-Yves qui nous a rejoints au chant et on est parti de la nouvelle de Isaac Asimov pour raconter l'histoire des Joviens, les habitants de Jupiter, à travers une trilogie d'EPs.
Manu : Dans la nouvelle d'Isaac Asimov, Jupiter est vendu à une race extra-terrestre pour en faire un panneau publicitaire géant. Dans notre opus, nous sommes partis du point de vue des Joviens qui se font virer de Jupiter pour raconter leur exode à partir de cet épisode là. "Departure", le premier EP, raconte justement leur départ de Jupiter avec quelques péripéties et, le deuxième "Crossworlds" (encore un jeu de mots) l'histoire se poursuit dans l’espace.

Est-ce que c'est ce concept qui a motivé la formation du groupe ?
Vinz : Au départ on n'avait pas le concept. Manu et moi on écoute beaucoup de prog, beaucoup de groupes du style Between The Buried And Me, Opeth, Textures... L'idée de base était de créer une musique qui nous plaît, influencée par ces groupes. Puis finalement, il y a PI qui est arrivé alors qu'il chantait déjà dans d'autres groupes : Dead Kiwis, Tust, et plein d'autres projets... Et il a amené une grosse voix très hardcore qui a créé un mélange assez marrant avec nos influences progressives et metal des années 90-2000. On s'est donc dit qu'on pouvait faire quelque chose d'un peu sérieux là dessus, justement en développant un concept.
Lucas : Ce qui est cool c'est qu'au niveau musical, on vient quand même tous d'horizons pas mal différents. Par exemple, Vinz et moi on a pas mal de racines qui sont du côté death metal, grind, brutal... Enfin, disons qu'on en a pas mal écouté, et je sais que ce n'est pas vraiment le cas pour Py, Manu et Martin. Du coup, ça apporte plein de choses au niveau des compos. Maintenant, le but ce n'est plus de faire que du prog. On cherche à conserver le côté bien bourrin à travers des compositions bien construites qui auraient l'allure de compos prog.
Vinz : Dans notre musique on retrouve les styles différents appréciés par chacun. On peut trouver des passages hardcore, des passages death, des passages un peu plus djent...

Au niveau de la composition ça se passe comment ?
Manu : Je compose la plupart des musiques avec un logiciel qui s'appelle Live, qui se rapproche un peu de Cubase. En général j'essaye de proposer des compos finies et je les amène en répétition pour qu'on les retouche tous ensemble. Et, à force de les jouer, chacun apporte ses modifications.
Vinz : Pour le deuxième EP, on s'y est pris un peu différemment que pour le premier. Sur le premier EP, le concept est venu un peu tardivement. Les paroles et l'histoire sont venues un peu à l'arrache. Pour le deuxième EP, on a prévu les choses plus en avance. On l'avait bien schématisé avant de commencer en se disant : "Il y aura cinq titres : les deux premiers vont parler de ceci, il y aura un intermède qui correspond à un basculement pour les Joviens dans leur histoire où ils vont évoluer, et après deux autres titres qui amènent au troisième EP".
Manu : Ce qui a bien changé c'est qu'on avait déjà tout tracé au niveau de l'histoire et de ce qu'on allait raconter. La composition a donc été plus facile avec cette ligne directrice. Grâce à ça, on a un deuxième EP que je trouve plus abouti que le premier.

Pourquoi avoir choisi de partir sur des formats courts ?
Vinz : Il y a eu plusieurs raisons. Il y a d'abord la raison financière parce que, faire un album, ça coûte des ronds (rires). Il y a aussi le fait qu’on ne compose pas hyper rapidement mais qu'on avait quand même envie, pour avoir du contenu, de sortir des choses régulièrement. On avait aussi tous les exemples actuels de la scène avec les Plini, Cloud Kicker - qu'on écoute beaucoup -, David Maxim Micic... Ce sont des artistes que ne fonctionnent quasiment qu'en EP. Ça leur permet de développer un univers particulier par sortie sans que ça représente la dose de travail d'un album de soixante minutes.
Manu : C'est plus simple de faire quelque chose de cohérent et de bien construit sur un format EP. Pour le moment, on se sent pas encore de sortir un album. Et même, au niveau de la régularité des sorties, c'est plus facile de sortir régulièrement des EPs.
Lucas : Pour moi, ce qui est bien aussi, c'est qu'on n'a rien à jeter dans ce qu'on met sur les EPs. Sur un album, il y a toujours des morceaux que les gens écoutent moins, alors que l'EP s'écoute plus facilement d'une seule traite. Après, chacun peu avoir son morceau préféré, mais on peut tout s'écouter sans avoir besoin de se prendre une heure pour ça. On ne sort que les morceaux qui nous plaisent et qui sont cohérents entre eux. Il n'y a pas de morceaux de remplissage.

Comment est-ce que vous écrivez les textes ?
Vinz : Pour le premier EP, c'est Py qui a écrit les textes.
Py (chant) : Une petite partie. J'ai écrit la première de l'EP. Pour la deuxième, on l'a écrit à deux un soir chez Vinz, et les derniers c'est lui qui les a écrits tout seul.
Manu : Comme c'est Vinz qui écrit l'histoire, les textes viennent plus de lui.
Vinz : Sur le premier EP, comme on s'y est pris au dernier moment, on a écrit les paroles avant d'écrire l'histoire. Pour le deuxième, j'ai pu écrire l'histoire en amont – elle va bientôt sortir d'ailleurs - et j'ai pu en décliner les paroles. L’ayant déjà écrite, c'était beaucoup plus simple de pouvoir mettre directement en paroles certains moments. Surtout qu'on a fait un truc où l'histoire se raconte à la troisième personne alors que les paroles sont beaucoup plus à la première personne. On est plus directement dans l'action que dans l'histoire qui est plus écrite avec point de vue de narrateur omniscient.

Sous quel format va paraître cette histoire ?
Vinz : Ce sera sur le site Internet, sous la forme d'une petite nouvelle.

Qu'est-ce que vous avez envie de transmettre à travers cette histoire ?
Vinz : Au début on a choisi cette histoire pour sa dimension politique. Le fait que les terriens vendent Jupiter à une autre race, c'est un peu l'apogée du capitalisme. Tout est commercialisé, tout est devenu produit. Donc même une planète peut devenir un objet marchand. Ça nous intéressait comme concept dans cette petite nouvelle de deux pages. Et, derrière ça... Je ne vais pas raconter la fin du troisième EP, parce qu'on sait déjà comment ça va se finir... Mais on voulait montrer ces gens-là - qui sont un peu l'équivalent des ouvriers mais dans l'espace – qui arrivent à faire quelque chose d'important malgré le fait qu'ils partent de rien. Ils sont largués dans l'espace, ils ne sont plus rien, ils dérivent... Mais en mettant un peu leur ego de côté, ils arrivent à atteindre quelque chose de mieux qu'une humanité où chacun essaye de tirer sa petite épingle du jeu. Dans le deuxième EP, on développe justement, pendant tout le début, la crise à l'intérieur de leur vaisseau parce qu'il y a encore de forts egos. On retrouve tout le schéma classique de domination et de lutte pour le pouvoir. Et, ce qu'on voulait, c'était les faire évoluer vers une nouvelle espèce qui serait un peu plus proche des fourmis, avec une conscience collective et un fonctionnement différent.

En fait, c'est un truc de hippies ! (rires)
Vinz : Un peu ! C'est un peu un truc de communautaires, oui.
Manu : Mais cette idée de sociétés avec une conscience commune ça reste toujours un peu tiré d'Asimov.



Est-ce que vous avez des concerts, ou une tournée de prévus ?
Lucas : Pour le moment on a deux dates de prévues. La première le 4 Novembre dans la nouvelle salle du Rock'n'Eat à Vaise, et la suivante, le 17 Novembre au Brinc de Zinc à Chambéry. Après on a certainement d'autres dates qui vont arriver mais qui n'ont pas encore été annoncées. Ce sera sur Lyon et sûrement aussi quelques festivals mais on attend encore les confirmations. En tous cas, pas de tournée. Je pense que pour une tournée on verra... quand on voudra bien nous booker ! (rires)
Vinz : Le problème c'est que pour l'instant on fonctionne vraiment en indépendants. On fait tout de nous-mêmes, on fait tout de notre poche et on n'a pas encore approché, ni été approchés, par un éventuel label ou tourneur. On n'a pas un budget énorme et on sait maintenant que pour arriver à bien tourner ça coûte vite des sous. Donc on fait un peu comme ça vient pour l'instant.
Lucas : Après, ça prendra le temps que ça prendra. Si on peut commencer par sortir deux ou trois fois de Lyon et commencer à faire des contacts, peut-être que là on pourra se rapprocher d'une agence de booking ou autre. Pour l'instant c'est un peu flou. Comme disait Vincent, on reste indépendants, donc pas grand-chose pour l'instant.

En parlant de distribution, où peut-on se procurer vos EPs ?
Vinz : On peut commander les deux EPs sur Bandcamp à partir de 5€ sous format digipack. On a les deux digipacks qui s'assemblent, et qui s'assembleront avec le troisième. C'est léger, mais quand on les met à côté, on a le design qui continue un peu. On fait ça pas cher ! (rires)
Manu : Ça c'est pour le digipack, sinon on les fait à prix libre pour la version numérique.
Vinz : Voilà, c'est tout sur Bandcamp. C'est plutôt cool, ils ne prennent pas trop de marge sur les ventes.

C'est ceux qui en prennent le moins il me semble...
Vinz : Déjà ils ne prennent pas de marge sur le physique, donc ça c'est bien.

On arrive vers la fin de l'interview. S'il y avait un vœux à réaliser pour le groupe dans un futur plus ou moins proche, ce serait quoi ? Je vous laisse vous concerter.
Vinz (en regardant leur ingénieur son) : Que l'ingé son baisse ses tarifs, non ? (gros rire général)
Martin (basse) : J'allais dire le Hellfest 2018, mais je pense que Vinz à raison ! (rires)
Thibault Bernard (ingénieur son) : Ou que Meshuggah fasse votre première partie, non ? (rires)
Lucas : Déjà, je dirais, dans un futur proche, ce serait de terminer la trilogie "avec brio" (rires). Qu'on fasse au moins une belle trilogie. Après, sur le moyen terme, ce serait plutôt faire de belles dates. Et sur le long terme, j'aimerais juste que ça dure.
Vinz : L'exemple que j'aime bien, même si maintenant ils splittent, c'est l'exemple de Textures. C'est un groupe qui a toujours tout fait en autoproduction, même s'ils ont leur propre studio. C'est un groupe qui a un peu tout construit lui-même, avec son propre style, qui a réussi à ne pas trop se faire influencer et à rester dans ce qu'ils aimaient faire. Donc je pense que c'est là-dessus qu'on va rester. On ne changera pas le format pour essayer de plaire plus. On va juste continuer en essayant de devenir meilleurs.

Je pense qu'on a fait le tour. Est-ce que vous auriez une dernière chose à rajouter, ou un dernier mot à faire passer ?
Py : Bite...(rires)

Ce sera le mot du chanteur ! (rires) Merci !


Le site officiel : www.facebook.com/buyjupiter