Interview faite par Aurélie P. Lawless à Paris.

Les très sympathiques, et français (!), Bukowski, reviennent sur le marché avec un tout nouvel album intitulé "On The Rocks". Drôles, chaleureux et conviviaux, la discussion tourne rapidement en échanges de blagues et débats animés. Une conversation bien appréciable qui, je l'espère, sera également appréciée. Bonne lecture ! Alors, première question.... Ca fait solennel dit comme ça hein ?
Julien Dottel (basse / chant) : Ouais c'est vrai !

Que sommes-nous en mesure d'attendre de la part d'un groupe tel que Bukowski en concert ?
Julien : Ecoute, je sais que tout le monde attend beaucoup de nous donc on va essayer de faire au mieux...
Fred Duquesne (guitare) : Des surprises, des choses...
Julien : Des échasses...
Fred : Et ça nous fait peur un peu, non ?
Julien : Ouais un peu, ouais !
Fred : Parce que nous on fait juste de la musique hein, on n'est pas là pour autre chose à la base.
Julien : Je crois que pour les concerts, on va apporter de la pyrotechnie maison. On a une friteuse en fait, donc on va faire chauffer l'huile à fond et on va verser une casserole de flotte dessus. Donc ça se sera le "finish" de nos concerts !

Génial, je crois que rien que pour ça déjà ça vaut le coup d'y aller !
Julien : Ah oui oui je confirme. Puis on aura au préalable enlevé tous les extincteurs de la salle... Et sinon en vrai on va essayer de faire la part belle au nouvel album.
Fred : On va essayer de jouer ces nouveaux morceaux, pour la première fois presque, donc on a la pression parce que... C'est pas comme si on avait un an de tournée dans les pattes donc c'est un tout petit peu plus compliqué. Mais ça va aller hein, attention !
Julien : On est prêt ! On bosse pour !
Fred : Mais voilà, il faut les jouer alors que les gens ne les connaissent pas forcément donc c'est toujours un exercice périlleux.

Après, ce n'est pas votre premier album, donc ça devrait bien se passer, il y a déjà une fan base.
Fred : Mais comme tout groupe que t'aimes bien, - en espérant que les gens nous aiment bien -, quand le groupe joue des nouveaux morceaux tu es très intéressé et en même temps tu es pas là à pogoter des masses. Tu découvres un peu. Donc peut-être s'attendre aussi à un public un peu statique...
Julien : Surtout à Paris ! Il y aura plus d'écoute que de pogos sur les nouveaux morceaux.
Fred : Après je dis ça mais peut-être que je me trompe hein.



Et un set en acoustique par exemple ?
Julien : On l'a déjà fait ! C'est pas quelque chose qu'on ferait pour une release party par contre. Et de manière générale, ce n'est pas notre exercice préféré.
Fred : On avait ça pour une radio, non ? J'avais bien aimé moi. Mais c'est dur de tenir une heure tu vois. Quand tu fais trois ou quatre compos promo pour une radio ça va mais au-delà... Les gens qui viennent nous voir jouer en live ils veulent que ça patate un peu j'imagine. Puis là on est dans une phase où on a envie de mettre des pralines !
Julien : Puis ça demande une énorme préparation mine de rien de refaire tout un set. Et... On est à court de temps, je dois bien le dire !

Et ce nouvel album alors, "On The Rocks", quelles ont été les conditions d'écriture ?
Fred : Une forme d'état d'urgence ! Depuis tout à l'heure on dit qu'on a fait ça un peu à l'envers...
Julien : On a enregistré l'album mais on s'est mis en répète après. On a pris un petit risque en se demandant si on allait être capables de rejouer les morceaux ensuite. Puis au final tout s'est très bien passé. Mais oui, "urgence" c'est le mot.
Fred : Parce qu'on a un studio donc on s'est dit "il faut faire un disque, pour qu'il sorte en Mars, et nous sommes en Août, donc allez, on y va direct !". Et nous avons donc planché là-dessus pendant tout l'automne et il en est sorti ce qu'il en est sorti sur l'instant. Avec l'émotion qu'on avait, toutes les choses qui nous habitent, l'amour, la violence, des trucs cool, tout quoi ! Le moins que l'on puisse dire c'est que nous ne sommes pas avares de nos histoires !
Julien : Les histoires de tournées aussi ! On a mis un petit peu tout ce qui nous était arrivé pendant un an et demi de vie commune.

Pas mal d'anecdotes j'imagine...
Julien : Carrément, ça a complètement alimenté notre récit. Tout ce qui est texte donc, mais même la musique parce que... On a du kilométrage au compteur, même la fatigue ça inspire je trouve.
Fred : Oui on se nourrit de ce qu'on a en fait tu sais. C'est classique mais en même temps... On va pas parler d'autre chose !

L'album est remarquablement bien ficelé je dois dire. Le son est super net c'est assez dingue. De manière générale, lorsqu'on groupe français sort un album, on peut "entendre" qu'il est français. Y'a un truc. Là, c'est vraiment pas le cas. On sent que c'est un album qui a pour vocation de s'exporter. Je me trompe ?
Julien : Pas du tout, c'est exactement ça !
Fred : Et à la fois, c'est là toute la difficulté du truc, parce que nous sommes un groupe français et on joue en France. Nous notre seul objectif c'est de livrer des bons titres. Tu sais l'autre jour je faisais le bilan de la musique française à l'international, et figure-toi qu'on n'est pas si mal. Tous styles confondus je veux dire on a Gojira qui représente le metal, cet ignoble David Guetta qui représente la techno / hip-hop je sais pas quoi, Phoenix pour la pop indé un peu cool... Donc y'a quand même un tas de choses.



On ne peut quand même pas affirmer que la France soit un pays réputé pour la musique metal... Et le business aide pas à aller dans ce sens en plus. Vous en pensez quoi ?
Fred : On est un peu entre deux eaux...
Julien : Oui, nous on est un peu au mauvais endroit au mauvais moment.
Fred : Une journée promo comme aujourd'hui il y a 20 ans c'était pour déclencher des ventes de disques. Maintenant on fait des journées promo pour montrer qu'on existe juste. On vit de notre passion parce qu'il nous reste que ça en fait, mais c'est génial et c'est irremplaçable aussi. Par exemple je sais qu'il y en a qui bossent comme des moutons et moi à côté je pars en répète avec les copains et voilà, c'est pur quoi.
Julien : C'est le seul truc qui me fait me lever le matin de bonne humeur, même si j'ai eu que deux heures de sommeil tu vois.
Fred : Je pense qu'il restera que des zozos comme nous pour perpétuer tout ça, c'est-à-dire des gens passionnés. Quand tu regardes l'équipe technique qui nous entoure, ce ne sont pas des gens qui viennent pour faire une pige. Ils viennent parce qu'ils aiment faire ça, qu'ils sont contents de le faire et gratos, comme nous on y va gratos aussi.

Une meilleure expérience live ?
Julien : Le Hellfest quand même je crois. Le Sonisphère, sympa. Le Raismes Fest aussi c'était cool ! Et le Motocultor également.
Fred : Bon on a fait des plans pourris, des plans plus cool, mais toute expérience est bonne à prendre ! Ca nous permet de rebondir. Et au final, je souhaite à plein de groupes que ça leur arrive ! On a même été à se risquer dans d'autres pays, au Japon notamment, à nos propres frais... Mais on a pris la décision nous-mêmes, on n'a pas attendu que quelqu'un le fasse pour nous. Et le public a super bien réagi en plus donc c'est sûr que quand tu reviens ici... On nous accueille pas partout, donc on essaye d'aller voir ailleurs. Mais quand tu reviens d'ailleurs ça te donne un certain crédit, une certaine légitimité ! Il faut juste aller aux devants des choses.

Comment vos proches ont réagi quand un jour vous leur avez dit "Bon, moi mon truc c'est le metal et là je pars en tournée" ?
Julien : Bah nous ça a été puisque mon père est un rocker total donc c'est même lui qui a ouvert un local de répèt' et il a acheté une batterie. Il nous a vraiment poussés à le faire.
Fred : Moi c'est l'inverse ! Je voulais faire avocat mais c'est ma mère qui voulait que je fasse du hard rock. Non je déconne !


Le site officiel : www.bukowskitheband.com