Interview faite par mail par Grouge

Bien le bonjour amis de la ville rose ! Merci à vous d'offrir quelques réponses et éclairages à mes diverses interrogations. Tout d'abord, je vous laisse vous présenter (essayez de faire plus original que cette première question s'il vous plaît, ça ne devrait pas être trop difficile !).
Aniki (chant) : Salut Hugo. Je suis Aniki, je tiens le micro dans BLOOD AGES. On fait partie de cette grande famille élargie qu'est le death metal, dans une veine tout autant old school que moderne, dans une ambiance évoquant l’Égypte antique.

Bon, je ne vais pas tortiller du cul pour chier droit. Quels sont vos rapports avec l'Égypte, la mythologie, le viol de sépultures de pharaons et autres joyeusetés du genre ?
A l'exception de ma tête d'enfant du désert, cette influence vient de plusieurs aspects. On aime particulièrement les mélodies moyen-orientales, arabo-andalouses, qu'on a voulu intégrer à un autre style de musique qu'on affectionne particulièrement, le death metal. Ceci étant dit, je suis personnellement passionné par tout ce qui touche aux mythologies et leurs histoires fantastiques, tragiques et épiques, quelles que soient leurs origines. L'histoire et les croyances de l’Égypte antique sont donc une base forte sur laquelle on s'appuie pour créer notre univers propre.

Quand j'ai découvert votre concept, j'ai rapidement pensé à Nile et Kronos. Est-ce que ce sont des groupes qui ont clairement orienté votre style ? Y en a-t-il d'autres ?
Ce sont tous les deux des groupes d'envergure, qu'on écoute et qu'on estime, mais je ne pense pas qu'ils aient particulièrement orienté notre style. Je crois plutôt qu'il est lié à la diversité de nos goûts musicaux au sein du groupe. On est des amateurs de hip-hop, de jazz manouche, de joueurs de oud et de musique de film et tout ça nourrit beaucoup nos compositions. Plus spécifiquement je citerai Anouar Brahem, le trio Joubran, Army Of The Pharaohs, Mychael Danna... Et puis il y a aussi tous ces groupes de metal qui ont pour nous une saveur particulière, Death, Bloodbath, Opeth, The Faceless ou des groupes plus "confidentiels" comme Viatrophy ou Shades Of Black.



Comment s'est passée votre rencontre avec Mighty Music ?
Après l'enregistrement de "Godless Sandborn", il nous a semblé nécessaire de se doter d'une visibilité plus importante, à la mesure du travail abattu sur l'album. Notre manager Loïc Leymerégie (Musica Diaboli Management) nous a donné un énorme coup de main dans ce sens, en terme de méthode, de communication et aussi de prospection de labels. Nous avons ainsi reçu plusieurs propositions, dont celle de Michael H. Handersen de chez Mighty Music, un type passionné, disponible et qui a fourni au groupe l'exposition et la distribution qui lui faisait défaut. Une excellente rencontre en somme !

Parlons un peu plus de "Godless Sandborn", votre nouvelle perle, qui m'a foutu une gaule plus longue que le nez de Cléopâtre, ou que la bite de César quand il tapait dedans. Comment se sont déroulés la composition et l'enregistrement ?
Haha, je suis ravi de lire que l'album te fait autant d'effet dans l'entrejambe ! Pour filer ta métaphore érotico-égyptienne, on peut comparer la création de cet album à l'érection d'une pyramide, beaucoup de sueurs, de coups de fouet, de divine patiente et d'esclaves (du temps qui passe inexorablement) mais aussi une immense satisfaction une fois le produit fini ! En termes de composition, nous devions donner une ligne directrice à nos morceaux pour en faire une expérience narrative intrinsèquement liée à la rédaction d'une histoire que j'écrivais en parallèle, le tout dans un esprit bien violent et sombre. Cette entreprise, quelque peu pharaonique, a donc demandé pas mal de temps, de concertations et de va-et-vient entre la composition musicale et manuscrite pour finalement aboutir sur quelque chose de pleinement satisfaisant pour tous. Enfin niveau enregistrement, on s'est tourné vers le talentueux Mobo (Conkrete Studio) qui a donné à l'ensemble toute l'ampleur et la puissance qu'on recherchait.

J'ai lu que vous aviez composé une nouvelle en parallèle de votre nouvel album. Vous pouvez m'en dire un peu plus ? Ça raconte quoi concrètement ?
En fait cette nouvelle et l'album sont indissociables. Chaque morceau correspond à un chapitre de l'histoire. Dans un univers fictif évoquant l’Égypte antique, on y suit Hamza, un jeune orphelin recueilli au milieu du désert par un groupe d'assassins. D'abord formé à l'art de la guerre, il s'illustrera par de nombreux fait d'armes sur le champs de bataille, sera initié aux arcanes de la sorcellerie puis connaîtra un destin aussi glorieux que tragique. Sans en dévoiler trop, cette histoire est construite comme un périple initiatique empreint de dark fantasy et de contes horrifiques. Étant féru de jeux de rôle et de littérature fantastique depuis toujours, je me suis fortement inspiré de mes auteurs fétiches (Moorcock, Lovecraft, Howard et autres) pour créer un récit épique et sombre, où quête de pouvoir et folie sont intimement liées.



Votre album n'est pas qu'un énorme tsunami de violence (genre les scarabées à la con dans le film "La Momie"...), on y trouve pas mal d'accalmies franchement réussies et surtout très bien dosées. Est-ce que vous avez des formations particulières sur un plan musical ou plus généralement, sur un plan artistique ?
Sur ce point, je dois dire que Yohan, notre batteur, a effectué un travail colossal de mise en ambiance générale par la composition à base d'instruments virtuels. Je trouve que ces ajouts de samples ont donné beaucoup de profondeur à l'ensemble de l'album. Et puis on a voulu coller à la narration et ses différents mouvements. C'est pourquoi on trouve dans "Godless Sandborn" des titres plutôt bourrins comme "Crown Collector" qui souligne la cruauté des affrontements auxquels participe Hamza ou des titres plus calmes et introspectifs comme l'instrumentale "Beyond The Gates Of Madness". Je finirai sur cette question en citant "The Ritual" qui est sûrement notre morceau préféré. Il me semble bien résumé l'identité du groupe, avec des passages psalmodiés dans un esprit cérémoniel et tribal, des riffs qui tendent vers le prog et l’atmosphérique pour finir sur des parties plus rentre-dedans.

Je dois avouer que je ne vous connaissais pas du tout avant d'avoir découvert votre sphinx auditif. Vous avez beaucoup tourné auparavant ? Avec de gros noms ?
On a exclusivement joué dans le grand sud de la France pour le moment, de Bordeaux à Montpellier en passant par Agen, Auch et bien sur Toulouse où on a fait pas mal de concerts. On s'est aussi beaucoup impliqué dans l'association Brutal Frog, un collectif de groupes dont l'objectif est de faire des dates pour les formations metal du coin. Aujourd'hui, on recherche activement des dates dans toute la France et ailleurs pour défendre "Godless Sandborn". Côté "gros noms", la date la plus mémorable est celle d'Octobre 2014 où on a joué dans la salle du Bikini en première partie d'Aeon, Revocation et le rouleau compresseur Cannibal Corpse. Il y avait a peu près 1000 personnes dans la salle, le public était déchaîné, c'était vraiment énorme !

Quels sont les groupes avec lesquels vous rêveriez de partager quelques grains de sable sur scène ?
Ils sont trop nombreux ! Côté scène française, Benighted, Gorod, Kronos et Gojira et à l'international Rivers Of Nihil, Carnifex, Nile et Behemoth... Impossible de tous les citer ! Et puis jouer, se produire sur scène est déjà une chance en soi. On ne boude jamais notre plaisir de partager notre musique en live, quelles que soient les conditions.

En tout cas merci pour cette interview, j'espère que vous viendrez prochainement apprécier la météo nordiste en contrées lilloises afin de me faire savourer vos hiéroglyphes en live. Je vous laisse le mot de la fin !
Merci à toi ! J'ai hâte découvrir Lille et le Nord de la France. J'espère que ça se fera très bientôt. Si d'ailleurs quelques assos et tourneurs nous lisent, BLOOD AGES est chaud bouillant comme un nomade au milieu du désert et veux ardemment en découdre partout où sera accueilli sa caravane !


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