Interview faite par Cassie au Molodoï à Strasbourg.
Photos prises par Eva Schneider

Salut les gars. Vous finissez par bien connaître la région suite à vos nombreuses dates partagées avec le jeune groupe local Fall Of Death, entre autres, avec qui vous avez collaboré. Satisfaits de vous retrouver ici ce soir ?
Poun (chant) : Ouais, en plus ça fait un bail qu'on est plus venus ici. On a fait Colmar et Mulhouse etc. On a un peu tissé de long en large l'Est de la France. On aime bien venir ici, à chaque fois on a un super accueil et c'est toujours un plaisir de venir ici. Quand on a un concert dans le coin, on se dit "ça va être bien !"." Hervé (batterie) : Et avec Fall Of Death, on va rejouer avec eux, dans la région, le 28 Septembre.
Poun : Et puis c'est la première fois qu'on vient au Molodoï, ce soir. Moi je ne connaissais même pas alors qu'on a écumé la région.
Hervé : Dans le temps on est allés à la Laiterie plusieurs fois mais je ne connaissais pas non plus le Molodoï.
Poun : Aux premiers abords c'est plutôt cool, il y a un super accueil, et puis on connaît Manue depuis un moment donc elle est enchantée de nous recevoir.
Hervé : Et on est contents d'être là. Ca fait très club allemand en plus. D'ailleurs on est pas loin de l'Allemagne.

Bientôt 20 ans que le groupe s'est formé. Sentez-vous que le groupe touche à sa fin ? Comment envisagez-vous les prochaines années à venir ?
Poun : Je ne pense pas que ce soit une question de temps, mais d'envie. Il y a des groupes qui peuvent durer 5 ans, et puis au bout de ces 5 ans ils en ont marre de jouer ensemble, de galérer, ou je ne sais quelles autres raisons. Nous on a galéré, on a fait de grandes choses mais on a surtout passé des putain de bons moments ensemble donc on souhaite continuer encore. Après on ne sait pas ce que nous réserve demain. Donc la fin n'est pas demain. Mais en tout cas s'il y a une fin, il y aura toujours un début pour un prochain groupe ou projet.

D'ailleurs suite au regard porté sur le passé, une certaine nostalgie ne s'est-elle pas installée ?
Poun : Il n'y a pas trop de nostalgie qui s'installe, à part peut-être le physique. (rires)
Hervé : T'es toujours nostalgique de trucs mais pas forcément d'il y a 20 ans. Ca peut être de la nostalgie de l'année dernière aussi. En tout cas, si tu veux qu'on te dise qu'on va faire un nouvel album, la réponse est "oui, on va faire un nouvel album !".

Pensez-vous que le groupe, à son stade, puisse encore gravir un échelon ? Comme par exemple conquérir une terre encore inconnue ou bien un nouveau public ?
Poun : Je ne sais pas si on peut dire gravir un échelon, mais continuer à faire ce que l'on aime. Mais on a encore des rêves c'est vrai.

Et finalement, votre line-up est-il enfin définitif ?
Poun : Ben on dit ça à chaque fois mais il y en a toujours un qui se casse. Je ne sais même pas pourquoi d'ailleurs. Il y a peut-être un connard dans le groupe. (rires)
Jacou (basse) : Y'en a qui sont là depuis le début donc c'est peut-être eux. (rires)
Poun : Oui, sous cet angle-là, oui.
Hervé : C'est quand même malheureux car aucun album de BLACK BOMB Ä a été fait avec le même line-up. Mais bon c'est comme ça. Là on se stabilise et on espère que ça va durer.



N'y-a-t-il jamais de souci de compréhension avec votre nouveau chanteur suite à la barrière de la langue ?
Poun : Au début je vais te le dire très franchement, on était pas forcément habitués à parler tout le temps anglais, mais ensuite il a fallu qu'on s'y mette car c'est à nous de faire l'effort car normalement tout le monde devrait savoir parler anglais. Maintenant, c'est aussi à lui de faire un effort mais pourtant il ne le fait pas parce que nous on parle anglais avec lui. Quand on composait, c'est vrai qu'on avait le réflex de parler en français entre nous mais pour lui on devait essayer de traduire et de l'intégrer à l'histoire car c'est le chanteur.

D'ailleurs est-ce une faiblesse ? Ou bien un point fort ?
Poun : Euh, je pense que c'est un point fort. Pour les lyrics je pense que c'est important parce que moi avec mon anglais je ne pouvais pas écrire des expressions ou des choses qui plaisent alors que lui c'est sa langue.

Et d'après vous, qu'est-ce que son arrivée au sein du groupe, ainsi que celle de Jacou, a apporté ou modifié ?
Hervé : Ca apporte toujours quelque chose. Déjà au départ on se connaissait moins que maintenant. Au début avec le chanteur, on ne se voyait qu'un petit peu, les week-ends, lorsqu'on allait en Ecosse. Donc on apprenait à se connaître. Jacou c'est pareil on se connaissait un petit peu car on avait fait une tournée avec son autre groupe, Ultra Vomit, c'est là qu'on s'est découverts.
Jacou : Exactement ! Hervé : On cherchait toujours quelqu'un de cool car on a besoin de gens sympa dans le groupe.
Jacou : Musicalement c'est pas facile car c'est Etienne qui a fait l'album d'avant donc après oui forcément, j'interprète certaines choses différemment.
Hervé : On verra le résultat sur le prochain album.
Jacou : Mais humainement, je leur rapporte un côté râleur ! (rires)
Hervé : Oui c'est un râleur. Un Normand. C'est un vrai Normand !
Jacou : Ouais c'est ça.

Et justement avec ces changements, n'envisagez-vous pas de vous orienter vers de nouvelles influences ou d'évoluer carrément vers un autre style ?
Poun : L'idéologie de BLACK BOMB Ä c'est que chacun ramène son style et ses influences donc c'est vrai que parfois ça sonne plus hardcore ou punkcore, mais c'est normal. On ne se dit pas "On va faire un album comme ça ou comme ça". Ca vient aussi parfois de nouvelles choses que l'on écoute en dehors, car on ne reste pas bloqués sur des trucs. Moi j'aime bien les nouvelles influences !

Franchement, en tout honnêteté, pensez-vous que si votre groupe se formait de nos jours, qu'il rencontrerait le même succès ? Vu le metal actuel...
Poun : Je ne sais pas, car on est arrivés à une époque où ce n'était pas plus facile, mais où il y avait une plus grande ouverture. On est tombés sur les bonnes personnes, dont les Lofofora qui nous ont mis les pieds à l'étriller. On est partis avec eux en tournée, ils nous ont emmenés dans leur tourbus et on a joué devant plein de monde. C'est super important pour un groupe, je trouve. Tu grilles plusieurs étapes plutôt que d'enchaîner les petits clubs. C'est un peu le truc qu'on voit quand on joue à l'étranger, car on joue dans des petits clubs et parfois c'est devant 30 ou 100 personnes.

Et avec le recul, quel bilan tirez-vous de votre parcours ? Seriez-vous vraiment prêts à tout reprendre à zéro ?
Hervé : Pas mal de choses ont changé, ne serait-ce que les line-ups au fil du temps. Mais les bilans ça sent la fin, je n'aime pas en parler.
Poun : Moi BLACK BOMB Ä je le vois comme un groupe qui y va, et puis ceux qui suivent tant mieux et les autres s'ils veulent rester et prendre un autre chemin, ben qu'ils le fassent. Mais en tout cas l'entité de BLACK BOMB Ä continue à avancer.



De plus, vous semblez d'autant plus actifs et impliqués sur Internet qu'à un certain temps. Pensez-vous qu'Internet a joué un rôle primordial concernant votre promotion, diffusion ou encore popularité ?
Poun : Ca joue de plus en plus car c'est vrai qu'on a vachement moins les moyens pour faire de la promo, ne serait-ce que dans les magazines ou autres choses comme ça. Donc c'est claire que sur Internet, quand on veut faire de la promo pour des dates ou pour l'album, c'est gratuit, et donc on en profite. Et même tu vois, on est pas distribués dans certains pays mais on peut quand même se permettre d'y aller car les gens connaissent notre musique grâce à Internet. Parfois c'est un mal pour un bien car on a souvent critiqué Internet du fait qu'on perde de la vente sur les CDs mais ça reste un bien car je pense qu'on gagne un peu plus en popularité.

Car en parlant de popularité, vous êtes quand même une sacrée référence en France. Toutefois sur scène on vous retrouve souvent en compagnie des mêmes groupes. Ne seriez-vous pas tentés par plus de nouveautés ?
Hervé : Ca c'est la faute des programmateurs, c'est pas nous.
Poun : Ce n'est pas vraiment nous qui décidons, ce sont des plateaux qui se font car le programmateur se dit qu'il va faire jouer BLACK BOMB Ä avec etc. Et on n'a pas notre mot à dire. C'est toujours bien de découvrir de nouveaux groupes mais c'est bien aussi de jouer avec ses potes.

En tout cas bravo pour votre longévité. C'est pourquoi les souvenirs ne sont pas ce qui vous manque. Pouviez-vous en sélectionner un et nous le faire partager ?
Hervé : Moi c'est la rencontre avec The Exploited. Leur chanteur était venu enregistrer un morceau avec nous. Il est venu au studio et ça ne s'est pas fait virtuellement sur Internet donc c'était un grand moment, une belle rencontre musicale. Pour moi ça fait partie des grands moments. Il y a aussi le Hellfest.
Poun : Oui le Hellfest l'an dernier. On a été agréablement surpris car on ne s'attendait pas à ce qu'il y aurait autant de monde !

Eh bien, je vous souhaite une très belle continuation pour la suite ainsi qu'un bon concert pour ce soir. Mais avant de vous laisser filer, auriez-vous un scoop ou une bonne nouvelle à annoncer à vos fans ?
Hervé : Y'a Poun qui fait une tournée au piano à partir d'Octobre jusqu'en Janvier. Il reprendra au piano tous les morceaux de BLACK BOMB Ä. Ouais je lâche le truc !
Poun : C'est vrai que je ne peux pas encore trop en parler.
Hervé : C'est pour ça que j'ai lâché le truc !
Poun : Ouais comme ça c'est fait. Et le nouvel album sortira en 2014. On a déjà commencé un petit peu à bosser dessus, enfin moi perso j'ai rien foutu car je suis en tournée avec le Bal Des Enragés, donc je les laisse bosser.
Hervé : Nous on termine la tournée et puis après on s'y mettra. Et cette fois y'aura Jacou à la composition.
Poun : En tout cas, pour l'instant il n'y a rien de défini, on est qu'au début, tout reste à faire... Et on compte bien passer un bon concert oui et après on fera la fête !


Le site officiel : www.blackbomba.com