Interview faite par mail par Davydeush

Black Bomb Ä, une longévité de 15 ans, un groupe qui marche et qui reprend sa structure du début avec Djag de nouveau avec vous ?
Djag (chant) : Vu que c’est moi qui réponds à cette interview, je vais répondre un peu différemment à ta question. Je suis très heureux d’être de retour au sein de ce groupe après 5 ans d’absence, et très content de la manière dont on a pu faire les choses pour ce nouveau disque. Effectivement on se retrouve dans un schéma de groupe très proche du BLACK BOMB des tout débuts et du "Straight In The Vein", je crois que ces retrouvailles ainsi que le retour du groupe à 5, ont été des éléments très positifs. On s’est retrouvé tous à bloc et chargés d’une énergie positive et fédératrice avec un grand retour de flamme rageuse et viscérale. Je crois que tout ça a insufflé beaucoup d’énergie et d’envie aux membres à nouveau ou encore présents et après presque 15 ans de carrière ça fait du bien je pense de trouver un nouveau souffle, prendre un nouveau départ et ressouder fortement les relations internes.

Une envie toujours aussi présente de créer ?
Bien sûr, c’est notre raison d’être à tous. On s’est retrouvé en formation resserrée et un peu à l’ancienne et du coup on a récupéré aussi cette rage de créer, ce côté urgence, sur la brèche, ce côté on lâche rien, on est soudé, que connaissent souvent les groupes à leurs débuts et qui parfois s’essoufflent un peu avec le temps… Là c’était un vrai bonheur de sentir cette volonté de faire et cette foi en ce que nous faisions, avec 5 personnes qui donnent toutes au même niveau avec le même désir de créer, ensemble, dans l’écoute de chacun et sans personne qui traine la jambe…

Lorsque l'on écoute les chansons de cet album, on a l'impression que vous avez toujours autant la même pêche qu'à vos débuts, sinon plus ? Comment expliquez vous cela ?
Je l’explique par tout ce que je viens de te raconter avant ! (sourire) Mais aussi par le caractère et l’énergie des membres actuels de BBA. On a tous une espèce de flamme qui nous pousse à donner intensément et quand cette flamme circule bien entre nous et que l’on partage ce plaisir de faire ensemble, ça donne cette énergie, cette pêche dont tu parles. Je crois aussi qu’on avait tous la volonté de faire quelque chose de très intense, de dire voilà on est toujours là, à parcourir les routes et écumer les scènes, à donner au maximum. Malgré le temps qui passe on a toujours cette pêche, on est encore capables de botter des fesses et les notre en tout premier (sourire)

Dans cet album, il y a un "grand monsieur" qui fait son apparition le temps d'une chanson intitulée "Burning Road", à savoir Wattie Buchan de The Exploited. Vous le connaissiez autant musicalement que personnellement ? Comment et pourquoi est venu l'idée de l'inviter avec vous ?
En fait BBA a partagé la scène plusieurs fois avec The Exploited. Or il s’est avéré que ces derniers se sont montrés très fans du groupe, le batteur notamment à tous les cds de BBA et connaît la majorité des paroles. Pour nous c’est énorme quand on sait que The Exploited est sans aucun doute une des références communes qui nous ont donné envie de faire BLACK BOMB ! A l’époque en 94, on reprenait des titres de The Exploited pour compléter notre maigre répertoire. Snake notre guitariste s’est lié d’amitié avec Wullie , batteur de The Exploited et frère de Wattie le chanteur et ils sont restés en contact. Quand Snake nous a sorti le riff de "Burning Road", on a tout de suite pensé à The Exploited. On n’avait encore jamais eu de featuring sur un skeud de BBA et là on s’est dit quitte à en avoir un, autant tenter Mr Wattie Buchan !  Mais à vrai dire on n’y croyait qu’à peine. Et puis finalement grâce à Snake et Wullie, les deux frères Buchan sont venus à Paris pour que Wattie pose sur "Burning Road", pendant notre séjour au studio de la Reine. Ce fut un moment magique, ce mec est hallucinant, il a fait le morceau et on est parti faire la fête, on a eu beaucoup de mal à bosser le lendemain ! 

Comme chacun le sait, votre musique est faite pour la scène. Toutefois, comme je l'ai noté en écoutant votre album, on a l'impression déjà que votre album est un live vibrant et brûlant d'intensité ! Donnez-vous encore plus en live et avez-vous la même envie de retourner la France (allusion à Sidilarsen en passant) qu'à vos débuts ?
Je suis content que tu perçoives le disque comme ça ! C’est exactement ce que l’on souhaitait ! Donc on a pas complètement raté notre coup !  Merci au passage à Stef Buriez et à Bootz et Antoine pour leur talent et leur travail sur le disque. Je suis sûr qu’effectivement on donne plus en live, on se pousse toujours à donner au maximum, c’est une question d’éthique et même de nature. Avoir un disque qui possède déjà cette fièvre va nous pousser à aller encore plus loin sur scène, ça monte le niveau du challenge et on aime les challenges !  Quand à l’envie de retourner la France, oui toujours et encore plus !



Ce qui fait je trouve la richesse de votre son, c'est le combo voix. Quelque chose d'assez peu courant d'ailleurs car souvent, il y a le chanteur, et quand il y a une deuxième voix, c'est ce qu'on appelle un "back vocal". Ici, les deux voix se font corps et s'harmonisent ensemble. Une idée géniale ?!
En tout cas, c’est l’idée de base de BLACK BOMB. Quand on a crée ce groupe, on voulait avec Poun créer un style de musique metal avec du double chant, on appréciait notre travail réciproque dans nos groupes respectifs de l’époque et par le biais du premier bassiste Panks, on a trouvé l’occasion de commencer à poser des voix ensemble, et on a kiffé. A l’époque on a eu effectivement l’impression de participer à la création et au développement d’un style, puisque l’on n’avait quasiment aucun exemple de groupe avec vraiment deux chanteurs. On était toutefois très fans (toujours d’ailleurs) de Biohazard qui tout de même utilisait déjà un système de double chant en moins poussé, mais non moins remarquable. Plus tard on s’est rendu compte qu’on était pas les seuls à avoir développé cette idée, à peu près à ce moment là, il y avait par exemple Call Us As You Wish en France qui ont fait de très bonnes choses avec du double chant. Disons qu’on a apporté notre pierre à l’édifice et qu’elle fait parti des premières pierres (sourire)

Vous avez en 15 ans pu toucher des fans de partout dans le monde, avoir une équipe technique qui vous entoure, photographes, manageur/tourneur, différents labels ainsi que là un distributeur important qu'est Wagram. Cela dit, avez-vous fait de grandes tournées dans toute l'Europe, êtes-vous partis aux USA ?
BLACK BOMB a joué en Francophonie (sauf le Quebec, mais on espère enfin pouvoir y aller), en Allemagne, au Royaume uni, en Espagne, en Italie, mais n’a jamais pu aller aux U.S.A, entre autre parce que nos disques ne sont pas distribués là bas. Mais petit à petit on continue à s’ouvrir de plus en plus de portes à l’étranger. Le dernier disque a été distribué En Allemagne, au Royaume Uni et "Speech Of Freedom" vient de sortir au Japon. "From Chaos" sortira lui aussi là bas. On espère pouvoir aller y jouer un jour ou l’autre. On a déjà pas mal de dates prévues à l’étranger pour cette tournée. Dans les pays de l’Est, en Italie et en Espagne, la suite arrive. On est très motivé pour s’exporter et en même temps très conscients de la difficulté de le faire. On essaye de prendre les choses positivement et d’être heureux de ce que l’on peut déjà faire. Quand on pense que ce groupe sort de nulle part, ou plutôt d’une bande de mecs qui squattaient une gare de banlieue, le chemin est déjà très beau !  On en redemande mais on est aussi conscients de notre chance.

On a l'impression, là je fais un constat, avant que vous ne répondiez, que le genre metal / hardcore a des difficultés à s'exporter. Un groupe des States aura plus de facilité je pense qu'un groupe Européen à marcher. Savez-vous pourquoi ?
Parce qu’aux US cette musique est là depuis longtemps, le "metal" tel qu’on l’entend aujourd’hui et le hardcore sont nés la bas, y’a des structures, des moyens, une culture qui existe. L’aura des groupes Américains est donc énorme à l’étranger, puisque ces groupes sont les références dans les autres pays. D’ailleurs les références de BLACK BOMB sont en majorité Américaines. En plus de ça il y a beaucoup plus de thunes engagées sur ces groupes pour les faire connaître et les faire tourner, ils sont aussi plus rentables, puisque le marché Américain à lui seul représente d’énormes possibilités de ventes. Et puis il faut bien dire qu’ils savent y faire !  Apres y’a des groupes Français ou non Américains qui font les choses aussi bien et parfois avec plus de personnalité, ce qui est dommage c’est qu’il manque souvent les moyens et les structures pour les faire exploser internationalement. J’ai toujours pensé qu’on aurait fait BBA aux States en 94, on aurait été signé avec une distrib mondiale et un paquet de marketing à l’appui. Mais après tout l’important n’est pas le fruit, mais l’œuvre que l’on crée et comment on la crée. On n’a pas de regrets. En plus si on était né aux States on aurait peut être pas fait du tout la même chose. Je serais peut être quater back chez les Fortyniners ! (sourire)

La musique est toutefois un Art, de plus en plus de groupes se créent, mais avant tout c'est pour le plaisir, comme vous le faites tant vous donnez en live comme dans les albums. Que pouvez vous conseillez à de jeunes groupes qui s'inspirent de votre musique ?
Je n’ai pas de conseils à donner. Mais ce que je peux dire, c’est qu’à mes yeux l’important est l’envie, le plaisir de faire avant tout, de faire pour faire, pour donner, pas pour recevoir. Ce style de musique en France ne paye pas, après quinze ans on galère tous plus ou moins pour boucler les fins de mois. Donc si vous voulez jouer les restas et faire de la thune, passez votre chemin !  Par contre si cette musique vous aide, vous libère, porte vos rêves, si elle est un besoin viscéral, un chemin pour redresser la tête et vous réaliser alors battez vous, vous prendrez des coups et aurez des désillusions, mais vous vous construirez et passerez des moments inoubliables, hors norme et rares.

Cette ultime question est pour vous, vous allez la rédiger et y répondre par vous-mêmes ! On est toujours déçu de ne pas avoir la bonne question qui est posée, so j'ai décidé de vous donner l'opportunité de le faire. Vous pouvez aussi dire ce que vous voulez, sorte de dernier mot de cette interview !
Ok :  "Alors Djag, un titre d’album ne se choisit pas au hasard, pourquoi finalement "From Chaos" ?"
Parce que l’on a trouvé que ce titre correspondait bien au groupe et pour plusieurs raisons. D’abord il y a le coté Chaos pour bordel gigantesque, explosion d’énergie incontrôlée, rébellion, anti système, qui sont une facette du groupe et de ce qu’il représente, par son côté brut, animal, irréfléchi. Il y a le côté chaotique de la société au sein de laquelle nous évoluons et qui forcement s’immisce dans notre rage, notre musique. Puis il y a le côté chaotique du groupe avec tous ces changements de line-up ou de label et de tourneur, mais qui entretient aussi cette flamme qui nous anime et qui nous permet de créer avec intensité. Ce qui me permet d’arriver sur une facette encore autre de la notion de chaos qui est celle du chaos créateur d’où peuvent sortir tous les possibles. Le chaos n’est pas forcement négatif, je le trouve même plutôt positif, il est matière, il crée, il insuffle, le mouvement, le changement, il est vie. Il est aussi cyclique, toute construction humaine en est issue mais tend à y retourner tôt où tard pour fondre dans ce chaudron avant de se transformer en autre chose. Le chaos est puissance brute, le chaos est recommencement. Pour toutes ces raisons mes frères, aimons le chaos ! (sourire)


Le site officiel : www.blackbomba.com