Interview faite par mail par Murderworks

Salut les gars, étant donné que c'est votre première réalisation je pense qu'une petite présentation du groupe s'impose.
James (guitare) : Bonjour à toi. Nous sommes BARÚS, un groupe de death metal basé à Grenoble. Nous avons officialisé notre existence en sortant un premier EP éponyme en Mars 2015. Certains d’entre nous évoluent également dans d’autres formations metal de la région, à savoir Caïnan Dawn, Maïeutiste et The Walking Dead Orchestra.

D'ailleurs d'où vient le nom du groupe ?
Le terme βαρúς est issu du grec ancien. Il traduit la notion de poids, de fardeau, pouvant être interprété au sens littéral de quelque chose de lourd et d’imposant mais également au sens métaphorique pour désigner les fardeaux de l’esprit humain, le chagrin. Il constitue en quelque sorte la pierre angulaire de notre propos musical tout en formant une description de l’esthétique sonore que nous recherchons, avec une musique pesante, monolithique et anxiogène.

En voyant les titres des morceaux je me demandais si il y avait un concept qui les liait ? "Cherub" qui évoque une figure d'ange, le tarot qui peut faire indirectement penser aux arts divinatoires, "Chalice" etc... Un fil rouge spirituel ou occulte relie-t-il ces 4 morceaux ?
Effectivement, tu vises juste. Cela dit, nous nous gardons de révéler ici ce qui pourrait s'apparenter à nos croyances. Cette aura spirituelle n'est ici qu'un substrat pour la musique, un moyen d'appliquer de multiples interprétations sur ce que nous faisons. Si nous devions donner un mot à notre tentative, ce serait l'insondable : cela doit toujours faire partie de nos compositions.

La pochette est à la fois belle et intrigante, qui l'a réalisée ? Est-ce qu'elle exprime quelque chose de particulier ?
L’artwork de l’EP a été réalisé par l’artiste néozélandais Alexander L. Brown, qui a marqué par son travail de nombreux albums de la scène extrême underground. Le pilier de la pochette est un symbole fort, décrivant en un sens notre musique : celle d'un édifice semblant sans fin, qui malgré son aura figé, semble lentement s'écraser à notre vue. Nous cherchions à révéler une métaphore du fardeau sous des attraits ornementés, comme si quelque chose de banal devenait soudain vénérable.



Le groupe est présenté comme faisant du death, ce qui est effectivement le cas mais on sent quelques dissonances qu'on retrouve plus dans le black et une lourdeur quasiment doom. Je suppose que vos influences qu'elles soient musicales ou non sont assez variées ?
En effet, même si notre musique est ancrée principalement dans le death metal, nous nous autorisons à l’adapter et la plier à nos besoins, quitte à puiser ouvertement dans des sonorités et des textures issues d’autres scènes. Ce n’est pas tellement une volonté explicite de métissage, je dirais plutôt que dans notre processus de composition toute forme musicale qui fait sens en rapport avec les sensations et émotions que nous voulons développer et avec l’esthétique globale de notre musique est bonne à prendre.

Même si la plupart des membres font partie d'autres groupes, il n'empêche que Barús s'est formé récemment, malgré ça vous avez déjà un EP. Soit les morceaux étaient prêts depuis un moment soit vous êtes rapides. Du coup vous avez déjà du matériel de côté pour un premier album ?
En réalité le travail sur BARÚS a commencé il y a plus d’un an. Nous avions des choses en gestation, avons pris le temps d’expliciter là où nous voulions aller, puis nous sommes attelés à travailler, presque totalement dans l’ombre, sur notre première production. Nous voulions frapper d’emblée avec un projet déjà consolidé, une identité sonore et visuelle marquée. Nous avons également rapidement commencé à travailler en vue de notre premier album en parallèle de tout ça. A l’heure actuelle, l’écriture est presque terminée, ce qui devrait nous permettre de commencer à enregistrer autour de la fin d’année pour une sortie en 2016. Sur le plan thématique et musical l’album s’inscrira dans la continuité de l’EP.

Qui s'est occupé de la production ? parce que le son est assez énorme pour un premier EP.
Tout d’abord merci ! C’est une autoproduction pure. Plusieurs d’entre nous touchent un peu à la production musicale, moi-même plus particulièrement. Tout a été enregistré dans notre home studio et dans notre local de répétition, la contrainte majeure étant comme bien souvent budgétaire : tout en disposant de moyens matériels relativement limités, il était impératif pour nous de trouver un son qui nous corresponde et qui fasse sens avec notre démarche. Nous avons toujours été assez friands de productions un peu plus old school dans le death, à la fois sales et puissantes, qui bavent un peu… un son vivant, plus personnel et qui devient partie intégrante de l’identité d’un groupe. Nous sommes partis dans la recherche de cette esthétique sonore (batterie entièrement acoustique et sans trigger par exemple) pour la mélanger à un propos musical un peu plus moderne. Nous avons fait appel à Bertrand Guegan, un ingénieur du son et bon ami à nous, pour nous assister sur les prises batterie et avons délégué le mastering à Eddy Dorigny. Nous sommes très satisfaits du résultat et avons hâte de pousser cette démarche encore plus loin avec le futur album.

De plus en plus de groupes décident de se passer de label en passant par exemple par le crowdfunding qui marche bien ces derniers temps. Le fait que cet EP soit une autoproduction est un choix ou vous pensez migrer quand même sur un label prochainement ?
Le choix de l’auto-production nous semblait naturel pour lancer le groupe et avoir une maîtrise de toute la chaîne, jusqu’au rendu final. Sur ce côté-là nous sommes plutôt autonomes. Là où ça devient plus délicat, c’est concernant la diffusion, notamment sur un support physique. Je pense qu’en tant que groupes "amateurs", on a tous pressé au moins un CD nous-mêmes, pour se rendre compte que sans réel support de distribution autre que le bouche à oreille et les quelques ventes en concert, on se retrouve vite avec un stock de 300 CDs qui traînent dans un garage. Passer par un label me semble important dans cette mesure. Des plans sont actuellement en discussion et nous espérons avoir une sortie physique d’ici la fin d’année. Quant au crowdfunding, la formule est clairement intéressante et c’est un super moyen pour des groupes de pouvoir être aidés dans le financement de la production d’un album, de même finalement que le soutien un peu plus direct pour les artistes permis par les plateformes telles que Bandcamp.



Je sais que ce n'est pas forcément évident financièrement, mais votre musique a des ambiances très marquées et se prêterait bien à un développement vidéo. Dans l'absolu c'est un domaine qui vous tente ?
Complètement, oui. Les modalités sont encore à définir mais nous avons déjà le projet de réaliser au moins une vidéo autour d’un morceau de l’EP. D’ailleurs le crowdfunding serait une option intéressante pour pouvoir le faire. Ce sera à l’image des textes de BARÚS, quelque chose d’assez imagé et surréaliste. On n’a pas trop l’envie d’aller s’enregistrer jouer dans un entrepôt abandonné, je pense qu’il y a plus pertinent à faire vis-à-vis de notre musique !

Est-ce qu'on aura prochainement la possibilité de vous voir en live ?
Oui, d’ailleurs nous sommes montés sur scène pour la première fois sous le nom de BARÚS il y a quelques jours, à Saint Etienne. Une série de concerts est en train de se monter pour la rentrée, notamment une belle date à Chambéry pour le "Dark Night II" avec Temple Of Baal et Malmort. D’autres dates sont en train de se confirmer, ça s’annonce bien. Une des choses que je respecte énormément chez certains groupes, c’est l’aptitude à créer un contexte émotionnel puissant sur scène, de passer outre les standards parfois un peu caricaturaux du concert de metal et de réellement amener les auditeurs quelque part mentalement, que ce soit un endroit de bien être et d’apaisement ou au contraire un climat de mélancolie, de colère ou de malaise. Nous avons hâte d’explorer et transmettre ce que signifie Barús pour nous dans un contexte live. Je pense que ce sera une expérience oppressante et inconfortable pour l’auditeur (dans le bon sens du terme, enfin si ça existe).

Le traditionnel mot de la fin est à vous, si vous avez quelque chose à rajouter c'est le moment.
Merci pour l’interview et pour l’attention portée à notre musique ! Notre premier EP est disponible en prix libre sur Bandcamp, on espère pouvoir vous croiser bientôt sur scène.


Le site officiel : www.barusband.com