Interview faite par mail par E.L.P

Salut à vous les Audrey Horne, et merci d’avance pour les réponses aux quelques petites questions qui suivent, pour French Metal ! Pour commencer cet échange, que pouvez-vous me dire sur votre activité actuelle, l’actualité secouant le monde d’A.H ? J’imagine que vos agendas sont bien chargés !
Arve Isdal (guitare) : Bonjour à toi ainsi qu’aux lecteurs de French Metal ! Oui, comme tu le dis, nous sommes assez pris actuellement, et c’est une très bonne chose ! Pour le moment nous sommes en route pour Oslo, où nous sommes attendus pour jouer quelques dates en vue de promouvoir notre nouvel album, "Pure Heavy" ! Ce sera un week-end particulièrement chargé avec des concerts, de la bonne musique et pas mal de fête (rires) ! Nous avons vraiment hâte d’être sur la route pour enfin défendre notre album sur les scènes qui nous attendent, impatients de vous montrer notre nouveau bébé !...

Comment décrirais-tu le son d’Audrey Horne avec ce nouvel opus ?
Heavy, du heavy pur bien entendu! Grand, amusant, groovy, mélodique et surtout très énergique !

Je dois admettre que de vous avoir vus au Divan du Monde aux cotés de Grand Magus m’a réellement charmé, surtout à la vue de la façon dont vous teniez votre scène et dont vous développiez votre énergie ! J’ai donc été assez surpris à l’écoute de l’album, de ne pas avoir retrouvé la même attaque, la même puissance ou les mêmes intentions...Comment décrirais-tu le groupe entre la scène et le studio ? Ce sont deux mondes différents, mais au sein duquel ressentez-vous tous le plus puissance, de vie et d’expressivité ?
Oui, comme tu l’as dit, le live et le studio sont deux expériences bien différentes ! Nous avons essayé de conserver cette même dynamique entre ces deux univers durant notre enregistrement car jouer devant un public est réellement formidable, il y a un échange, une vie, une connexion entre les deux parties de la salle que l’on ne pourra jamais recréer en studio ! Notre coeur va très naturellement à la partie "concert" de notre vie, c’est certain ! Bien sûr, enregistrer un album, créer les morceaux et polir les versions que le public finira par aimer ou non est très enrichissant, et il faut toujours en passer par là pour ensuite avoir la joie de les jouer sur scène, mais je pense que c’est avant tout à voir comme un grand cycle aboutissant à des dizaines, des centaines de shows mémorables et une folle aventure humaine !

Parlant de vos expériences de tournées et de vos passages en France, vous avez eu, en plus de la tournée avec Grand Magus, la chance de fouler les planches du Hellfest 2013 ! Que gardez-vous comme souvenirs de vos dates françaises ? Quelles étaient les plus grosses différences ressenties entre ces deux shows ?
La France a toujours été d’un accueil incroyable à notre égard, surtout depuis "Youngblood" ! Le passage au Hellfest était vraiment génial et nous avions déjà eu l’occasion d’y être programmé en 2011. Cette édition-ci était bien moins angoissante que celle de 2011 d’ailleurs, où nous avions manqué notre train à cause d’un retard de notre vol vers la France et nous n’avions finalement pu rester au festival que 2h, set compris (rires) ! Nous garderons toujours en mémoire ce concert où nous avons partagé la même scène que notre groupe favori : Kiss ! Jouer avec leur araignée au dessus nos têtes restera à jamais l’un de nos meilleur souvenirs ! C’est aussi pour cette raison que nous nous efforçons de donner 110% de nous-mêmes à chaque show, pour faire en sorte que les dates comme celles-ci ou bien dans des salles comme le Divan du Monde aient toujours le potentiel de devenir des dates marquantes, peu importe si le public contient 10 ou 10.000 personnes !... Merci pour cet accueil et pour, peut-être, devenir notre seconde maison (rires) !

Pour revenir à notre sujet initial avec, donc, "Pure Heavy", j’aurais aimé en savoir plus sur le développement du groupe, aussi bien sur votre propre son que sur vos différents emplois du temps. Comment avez-vous su concilier vos plannings respectifs, au milieu des projets annexes (Sahg et Enslaved notamment) pour vous concentrer sur l’album ? Cette étape a-t-elle été difficile pour vous ?
À vrai dire, nous n’avons commencé à réellement trouver notre son qu’au travers de l'enregistrement de "Youngblood", notre opus précédent. C’est un album que nous avions enregistré dans des conditions live au studio et le résultat nous mis une vraie claque ! Nous avons obtenu une énergie bien différente du traditionnel enregistrement studio, de nouvelles atmosphères qu’il ne nous aurait pas été possible de découvrir si nous avions enregistré séparément, pistes par pistes, instruments par instruments... C’est ce que nous voulions également pour cet album! Il ne nous a fallu que 10 jours d’enregistrement pour venir à bout de "Pure Heavy" dans ces conditions (ce qui, pour moi, est l’enregistrement le plus rapide jamais réalisé (rires) !). Nous voulions conserver cette énergie, cette vie propre à l’album, tout en ajoutant une production peut-être un peu plus présente cette fois, et c’est précisément ce que notre producteur a su mettre en oeuvre sur "Pure Heavy"... C’est exactement ce son que nous recherchions, ce dynamisme ! L’après "Youngblood" nous a permis de continuer d’écrire et de composer à grande échelle, nous nous sentions incroyablement inspirés et n’arrivions pas à mettre de côté nos nouvelles idées, nous écrivions entre les concerts, pendant les tournées et avons rapidement ressenti le besoin de proposer un nouvel album, un peu comme à leur débuts où le groupe arrivait à sortir un album par an tant l’énergie était là !... Je n’ai pas eu de mal à m’organiser entre Enslaved et le reste pour arriver à planifier le travail à faire et voir le plus loin possible pour arriver à proposer la même qualité de travail dans tous les domaines ! Ce n’est pas du tout un problème, ça me fait juste travailler 35h par jour (rires) !



Pourrais-tu m’en dire plus sur le concept, l’univers derrière l’écriture de "Pure Heavy" ? Quelles en seraient les grandes lignes ?
Eh bien, le fait est que nous avons beaucoup joué avec le mot "heavy" ces dernières années, le titre de travail de cet album était d’ailleurs "Heavy, heavy, heavy" (rires) ! Il était donc temps que nous finissions par titrer un album avec ce fameux mot ! Le titre "Volcano Girl" serait, je pense, le plus représentatif de notre environnement pour "Pure Heavy", il résume assez justement notre état d’esprit tant sur les paroles que musicalement. Pour le reste, j’espère que notre musique parle d’elle-même, mais pour ramener notre "concept" à quelques mots, je dirais que nous parlons, avant tout, de la scène rock’n’roll... AUDREY HORNE veut rendre les choses plus lourdes, plus heavy !... Musicalement nous essayons de ne pas trop réfléchir à ce que nous réalisons, nous n’avons pas de cahier des charges pour rendre un morceau lourd, il faut qu’il le soit naturellement. Je pense que cet album a trouvé son équilibre entre des morceaux typés hard’n’heavy, d’autres plus rock’n’roll et finalement quelques titres plus rock, plus catchy contrastant avec une ballade sur laquelle il fait bon embrasser quelqu’un (rires) !

Cet album est-il lié, d’une façon ou d’une autre, à "Youngblood" ? Comment fait-il écho au reste de votre travail ?
Le fait que nous l’ayons composé et écrit juste à la sortie de notre enregistrement de "Youngblood" l’a effectivement placé dans la même session d'écriture, mais je pense que nous avons également su y apporter de nouveaux éléments absents dans le précédent opus. Nous avons pu aller de l’avant avec celui-ci ! Le premier titre, "Wolf In My Heart" n’aurait pas su s’inscrire dans un album comme "Youngblood" par exemple. C’est délicat de savoir, au jour d’aujourd’hui, comment va sonner notre prochain album, mais il nous reste encore des tonnes de titres à écrire, beaucoup d’inspiration à coucher sur le papier pour faire progresser notre formation et nos qualités de compositeurs au fil du temps puisque le jour où un artiste juge que son album est parfait, qu’il ne peut ni ne pourra faire mieux alors il ne reste plus qu’a se retirer et recommencer à 0. nous n’en sommes, heureusement pas là pour le moment mais sommes terriblement inspirés et excités par l’avenir. Le fait que nous soyons amis passera toujours avant le fait d’être collègues et membres du même groupe, pour le plaisir de travailler ensemble et de monter sur scène !

L’enchaînement de vos titres à trouvé, du moins dans mes oreilles, une plus importante profondeur dans la seconde partie de l’album. Quelque chose de plus "Audrey Horne". Est-ce juste ma sensibilité ou est-ce une réelle volonté d’avoir voulu créer un album qui prend de l’ampleur dans sa seconde moitié ?
Et bien, nous prenons toujours le tracklisting très au sérieux, en gardant en tête le format vinyle Face A / Face B pour écouter notre musique avec les plus sensibles des oreilles ! Il faut que l’écoute soit graduelle pour finir l’album en beauté. Beaucoup de gens préfèrent les secondes parties d’album, c’est un peu comme dans un match de football où la seconde mi-temps est plus importante et plus chargée que la première, mais je ne sais pas si c’est bon signe (rires) ! Il fallait un bon départ pour cet album et l’écoute se développe au fil des titres. Nous sommes très satisfaits de ce que nous avons créé comme enchaînement sur celui-ci, tout se méange harmonieusement et c’est le plus important pour nous. Les gens auront toujours des titres préférés et d’autres qu’ils n’aimeront pas ou moins, mais je suis d’accord, l’atmosphère de la seconde partie de "Pure Heavy", de la Face B, est bien différente de la première, c’est aussi ça, la richesse de la musique !

Peut-être que cette affaire d’écoute en deux temps est imputable à vos choix de production. J’ai effectivement été assez surpris par la douceur du mixage, le côté assez patiné de votre son. Qu’aviez-vous en tête à ce sujet ? Quel relief vouliez-vous approcher avec la production de cet album ?
Oui, comme je l’ai dit plus haut, nous voulions un album plus produit, plus détaillé à ce niveau là. Il nous fallait des petits ornements, des petites mélodies supplémentaires pour y ajouter un peu de contenu et de profondeur. "Youngblood" était très cru, très incisif et instinctif à ce niveau-là, c’est génial, aucun doute là-dessus, mais il nous fallait quelque chose de plus large, de plus grand et profond pour ce petit nouveau. Au-delà de ça, le fait que le mot "heavy" ait souvent été employé pendant cette période de création et d’enregistrement a poussé notre producteur, Sir Duperman à nous dire, à peine entrés dans son studio : "Allez! Faisons un album de heavy!" et c’est ce que nous avons fait !

Bien que j’ai parfois ressenti le mixage comme un rien trop propre et moins efficace que pour l’album précédent ou que la qualité live de vos morceaux, j’ai malgré tout été frappé par votre soin porté aux guitares, apportant la lourdeur et la technicité nécessaire à rendre cet album indispensable. Quel couleur vouliez-vous donner à l’album avec des titres aux mélodies aussi énergiques et polies que "Getting Out Of The City" / "Into The Wild" ou de brillants interludes comme "Diamond" par exemple ?
Un album est toujours la somme de ses titres, ce n’est pas nouveau comme concept (rires), mais ce serait vraiment trop terne de le jouer ou de l’écouter si tous les titres sortaient du même moule. Nous avons essayé de choisir les titres nous parlant le plus quant à la création d’un album harmonieux et cohérent, pour cela, il faut parfois faire quelques sacrifices et tristement abandonner certains morceaux en chemin. "Diamond" est un morceau que nous avions composé pour l’album "Le Fol" mais qui, finalement ne correspondait à aucune de nos ambiances jusqu’ici... J’adore ce titre et je trouve qu’il apporte une vraie respiration à l’ensemble. Il y a également d’autres titres beaucoup plus orientés heavy (en même temps, avec un titre pareil, ce serait étonnant qu’il n’y en ait pas non ?! (rires)), et des morceaux comme "Out Of City" ou "Tales From The Crypt" séparent bien les différents univers et qualité du reste de l’album.



J’ai également eu l’impression que vous aviez un peu mis de coté quelques unes de vos marques de fabrique, comme les grooves par exemple, rendant certains morceaux parfois un peu ronflant musicalement et redondant sur les paroles. Des ambiances, donc, un rien moins complètes, mais bien plus entraînantes et aux effets plus profonds (effets de studio aussi bien que travail sur les voix avec les coeurs par exemple)... D’où vous sont venus ces choix ? Est-ce de cette façon-là que vous définissez votre réelle amplitude d’expression musicale ?
Nous ne faisons que prendre les grandes lignes de nos idées pour ensuite les travailler et essayer d’en tirer quelque chose de vibrant et d’exploitable, d’en tirer le sentiment le plus "juste". Nous avons donc souvent été amenés à essayer de nouvelles techniques et de nouvelles approches pour sortir des sentiers battus. À la suite de quoi nous finissons par arranger les morceaux pour la formation, batterie / guitares / basse. Tout le reste vient du studio... Nous avons toujours des tonnes d’idées germant pendant la création et l’enregistrement (et notre producteur aussi d’ailleurs !). Il faut les essayer pour voir comme ces dernières interagissent avec l’ensemble du travail. Cette fois-ci nous avons décidé de ne travailler que sur un seul morceau à la fois jusqu’à ce que tout soit plus ou moins bouclé pour ensuite pouvoir enchaîner sereinement. Nous n’utilisons, par exemple, plus de clavier sur scène, mais si certains riffs sonnent mieux avec, nous n’aurons aucun mal à rajouter des effets, du clavier ou de l’orgue, par dessus.

"Volcano Girl" a quelque chose, tout comme "Cards With The Devil", de très "Red Hot Chilli Peppers" dans ses vibrations, quelque chose de très funky et décalé dans le bon sens du terme, que pourrais-tu nous dire à ce sujet ?
À vrai dire, nous n’avons jamais réfléchi au lien avec le côté funk de ce morceau. C’est très groovy, c’est certain mais les Red Hot’ ne nous sont jamais apparus comme une quelconque référence. C’est justement ça qui est beau au sujet de la musique, chacun se fait sa propre opinion et y voit certaines influences !

Lors de votre passage parisien, j’avais été marqué par "High And Dry", que peux-tu me dire au sujet de ce morceau, précisément ?
Tout simplement que c’est un titre tout ce qu’il y a de plus "Audrey Horne". Ce titre nous représente bien et a de quoi devenir un grand classique de notre musique ! La base du duo de guitares aux mélodies inspirées de Maiden, aux couplet heavy / rock et aux refrains melodiques et entraînants... C’est ça, AUDREY HORNE, ni plus, ni moins, et j’adore ce titre !...

Vous n’avez jamais été et ne serez jamais catalogués dans les genres les plus extrêmes, mais ce dernier album semble donc vous avoir emmenés sur une voie on ne peut plus hard’n’heavy / 80’s pop-rock (le terme "pop-rock" est ici employé sans aucune notion péjorative). Est-ce là ce que vous cherchez désormais pour affiner votre son en tant qu’ensemble ? Quelque chose d’entraînant qui aurait peut-être pu ouvrir pour des groupes comme Queensrÿche par exemple ?
Nous ne faisons qu’écrire la musique qui nous parle le plus, celle que nous aimons, et une fois que nous y apportons tous notre touche personnelle, alors là, et seulement là, la magie opère et le morceau se transforme en morceau d’Audrey Horne, sans trop y réfléchir. En tout cas, oui, l’inspiration 80’s de notre musique est bien présente, nous avons tous grandi à cette époque, c’est dans la nature des choses pour nous âmes de musiciens. J’aime énormément la musique que nous écrivons et jouons aujourd’hui et je suis donc très satisfait du chemin que nous avons parcouru musicalement, ce n’est donc certainement pas mal interprété d’être rangé dans telle ou telle influence... ! Pour ce qui est de Queensrÿche, je ne sais pas pour la bonne et simple raison que je ne suis pas spécialement fan du groupe, mais puisque notre batteur est fan, pourquoi pas, (rires) !

Pour continuer de parler d’autres noms de groupes, quel serait ton, et votre line-up de support ou de tournée idéal ? Quels noms te viennent en tête à ce sujet ?
Sans hésitation : Kiss, Van Halen, AC/DC, Iron Maiden et tous les autres grands noms de ce genre, mais qui ne le voudrait pas ?! Être sur d’incroyables tournées mondiales et jouer des shows tous plus grandioses les uns que les autres, dans des stades serait la réalisation d’un rêve d’enfant, mais nous adorons jouer dans des salles de plus petites jauges, tant qu’il y a une scène, du son et du public, ça nous va (rires) ! Nous avons déjà eu l’occasion de tourner avec Solstafir l’année passée et ce sont devenus de très bons amis donc retourner sur les routes avec eux serait vraiment une super expérience !

Justement, continuons sur vos collègues et amis. Étant originaires de Norvège, vous avez certainement été bercés par de nombreuses influences. Quelle serait la plus notable pour le groupe ? Pour toi ?
Nous avons tous été inspirés par les grands classiques du rock comme Kiss, Led Zeppelin, Maiden, les Guns ou Van Halen, mais il y a également la ville dans laquelle nous vivons qui joue un grand rôle dans nos inspirations. Bergen est une petite ville entourée par 7 montagnes et dans laquelle il pleut 300 jours par an, alors rester au chaud pour composer et créer de la musique est la seule chose qu'il reste à faire (rires) ! Je suis également cinéphile, donc tout ce qui me tombe sous la main, aussi bien films que séries, m’inspire...

Nous y voilà, le moment tant redouté des remerciements et des derniers mots de sagesse ! Encore merci à toi pour avoir répondu à mes questions !
Merci beaucoup à toi aussi ! J’espère te retrouver (ainsi que vous, les lecteurs), sur notre tournée de Novembre / Décembre ! Stay heavy !


Le site officiel : www.audreyhornemusic.com