Interview faite par mail par Arch Gros Barbare

Artery n'est pas encore un nom qui vous dit quelque chose en matière de thrash metal, le vrai thrash metal, celui qui prend les tripes, qui est agressif et violent mais pas lourd et pesant, mais leur musique mérite largement le temps d'y prêter une oreille attentive. Le premier album "Avoid The Unknown" sorti il n'y a pas longtemps chez Saurian Recs, contient quelques morceaux énormissimes. Alors il était normal, car je suis devenu fan de ce groupe, que nous allions faire un tour du côté d'Artery pour voir si à l'Ouest (d'Angoulême), il y avait rien de nouveau ou pas. Pour l'occasion c'est Thierry (guitare), Manu (basse) et Simon (batterie) qui étaient de corvée...

Bon, salut à vous les copinoux, la présentation s'impose forcément. Qu'est ce qui vous a motivé pour créer Artery ou pour le rejoindre, qui est à l'origine du groupe en fait et comment vous avez été recrutés ? Mais à côté de tout ça, qu'elle est la motivation personnelle de chacun pour faire qu'Artery existe ?

Thierry : Tout à commencé lorsque j’ai rencontré Fred en 2005 quand on l’a recruté pour un autre groupe dans lequel je jouais (Discorde), nous avons décidé de monter ensemble le groupe ARTERY. Donc nous nous sommes mis en quête de musiciens, Fred connaissait un batteur et moi un bassiste (Manu qui a fait partie du groupe Discorde) ; voilà comment s’est formé ARTERY, pas de mystère tous les groupes se sont formés ainsi je pense. Simon et Ben sont arrivés après. ARTERY regroupe des personnes passionnées par la musique et bien sûr le thrash metal, c’est ce qui fait la force du groupe ainsi que la bonne entente entre nous.
Simon : Je suis arrivé en dernier via une annonce passée par le groupe et pour l’anecdote, ARTERY est né des cendres d’un groupe du nom de Discorde, qui est le tout premier groupe que j’ai vu en concert. Manu : Je jouais dans un autre groupe avec Thierry, mais l’attitude de certains membres de ce groupe m’a fait arrêter et je crois que, dépité, je n’étais pas décidé à rejouer un jour mais 2 ans plus tard, Thierry a quitté ce groupe à son tour pour créer ARTERY et m’a proposé de faire partie de l’aventure, ce que j’ai fait sans hésiter, connaissant le bonhomme et sachant vers où il voulait aller !

La différence d'âge qu'il peut y avoir entre les membres est-elle un frein pour vous ou au contraire, le mélange des générations est un moyen plus que bénéfique pour arriver à créer cette osmose thrashisante ?
Manu : je pense que c’est une bonne chose, la différence d’âge, avec le mélange entre le côté "posé" des plus vieux et le jus des plus jeunes ! Ce n’est que du bon pour ARTERY !!
Thierry : Pour moi la différence d’âge n’est pas une barrière sachant que tous les membres du groupe ont un goût prononcé pour le thrash old school, Ben apporte une touche moderne par son chant qui s’intègre bien dans le style de notre musique.
Simon : Pour ma part, je ne ressens pas cette différence d'âge.

Cette musique qui est la vôtre, a, en l'occurrence une forte influence dans les guitares, de vieux groupes tels que Megadeth, le thrash des années 80's avec un feeling très mélodique, ce qui s'entend bien autant sur vos rythmiques que sur vos solos. Et c'est ce que j'adore d'ailleurs... Qui s'occupe de l'écriture de l'ossature des chansons d'Artery et quels sont les groupes qui vous ont bercé pour faire ressortir une telle personnalité musicale ? Parce qu'à l'écoute de la musique d'Artery ont ressent bien ce côté old school, l'âme du thrash, pas celui du revival , à la Municipal Waste, mais le thrash Testament, le thrash Megadeth, le thrash Américain à son apogée (Manu je ne parle pas de Razor hein ?)...
Manu : Je préfère éviter tout commentaire au sujet de Razor, car je ne serai pas impartial (Razor rules) !! Pour ton info, on va peut-être reprendre (en répétition uniquement) "Edge Of The Razor", histoire de s’amuser un peu ! Plus sérieusement, l’ossature des morceaux est créée par Thierry, et les arrangements sont faits en répétition, chacun y apportant sa touche.
Thierry : Pour les compos j’apporte des ébauches de morceaux que l’on écoute ensemble, on en choisit quelques-unes et apportons quelques modifications si besoin. Les solos sont pour Fred, chacun son boulot. Pour les influences bien sur c’est Megadeth (dont je suis fan), Testament, Exodus, Arch Enemy...

Bon "Avoid The Unknown", c'est votre premier album. Avant celui-ci vous aviez sorti une démo CD du nom de 'Eternity" si je ne balance pas trop de bêtises. Cette démo, sortie en 2006 avait trois titres. Je constate que vous n'avez pas eu la paresse de remettre les titres de cette démo sur "Avoid The Unknown". J'en viens donc à m'interroger. Cette première démo avait-elle pour but de démarcher des labels en prévision de votre album ? Et si oui alors pourquoi ne pas avoir repris les titres ? Et si cette démo n'avait pas pour but de promouvoir un album en amont, pourquoi ne pas avoir composé plus de titres à l'époque ?
Thierry : On a fait la démo "For Eternity" afin de démarcher pour des concerts donc trois titres, cela nous paraissait bien.
Manu : Cette démo 'For Eternity' 3 titres était en fait tirée d’un album complet enregistré par nos soins qui se nommait "Eternity" et effectivement, elle n’existait que pour la promo.

D'ailleurs est-ce qu'il vous reste des exemplaires de "Eternity" pour ceux qui sont intéressés ? Et si vous voulez parler de votre merchandising c'est bien le moment...
Thierry : Oui il y a toujours moyen de se procurer la démo 3 titres, mais aussi la démo 9 titres sur laquelle chante David, l’ancien chanteur (rien à voir avec le chant de Ben). Bien sûr l’album "Avoid The Unknown" est disponible ainsi que des tee-shirts à l’effigie d’ARTERY.

Je constate, peut-être est-ce le hasard, que sur cette démo, il y avait un titre du nom de "Artery", dont le refrain "We are Artery" est tout bonnement efficace en concert, et sur votre album il y a le titre "No Blood Artery". Est-ce que le fait d'inclure des titres portant le nom du groupe est devenu ou va devenir une marque de fabrique, comme avait pu le faire Overkill sur leurs trois premiers albums à l'époque ?
Manu : Non, ce n’était pas prémédité, l’idée n’est pas de faire ce qu’avait fait Overkill ou Necronomicon avec le titre "Darkland".
Thierry : Concernant le titre "Artery", on aime bien les morceaux sous forme d’hymne et faciles à retenir.

Si on parlait un peu de votre pochette. Je ne vous cacherais pas que, sauf le respect de son auteur, je n'en suis pas fan. Je ne sais pas ce que vous avez voulu faire ressortir avec ça, mais j'ai un peu l'impression que l'effet escompté n'est pas là, déjà il y a un gros problème de rendu au niveau des couleurs... Qu'est ce qu'il en est véritablement ?
Thierry : Oui il est vrai que je suis un peu déçu du rendu de la pochette car pour le concept je le trouvais pas mal, Rudak avait fait du bon travail. "Avoid The Unknown" (évite l’inconnu) c’est cela que l’on voulait faire ressortir sur la jaquette, on fera mieux la prochaine fois.
Manu : La pochette…effectivement, nous ne sommes pas satisfaits du résultat .Il est certain que la prochaine fois, il nous faudra une pochette plus efficace.



Et cet enregistrement... Vous avez bossé avec David Chaignaud pour l'enregistrement, le mixage, le mastering qui a en l'occurrence fait du bon boulot. C'est une personne qui a déjà travaillé avec Silicium ou Hanathem. Vous avez choisi David pour "Avoid The Unknown" ce choix s'explique comment ? La proximité avec votre lieu de résidence ou vous le connaissiez déjà ? Et votre avis sur le boulot effectué, c'est l'occasion de dire si vous estimez qu'il a bien bossé ou pas ? Sans indiscrétion combien cela a-t-il coûté, ça pourrait permettre d'avoir un aperçu de la prestation pour les intéressés ?
Thierry : David est une personne que nous connaissions déjà. Nous avons fait du bon travail ensemble car nous lui avons dit ce que nous voulions exactement dés le départ comme son, nous avons également bossé ensemble sur le mastering et tout ça donne un rendu qui nous satisfait.
Manu : On connaissait déjà David, son studio n’était pas trop loin et il nous proposait un tarif intéressant. Il ne faut pas oublier de dire que Thierry s’est énormément investi avec David et que le résultat final lui doit beaucoup.

Une chose à laquelle je porte toujours de l'importance ce sont les paroles. Vous avez marqué sur votre booklet que les chansons étaient écrites par Thierry et Artery ; cela implique-t-il que Thierry est à l'origine de l'écriture des brûlots d'Artery, ou Ben a quand même son mot à dire ? Les inspirations et le contenu lui-même viennent de qui ?
Thierry : En fait les premières chansons (paroles) ont été écrites pour la plupart par moi même et cela se ressent peut-être dans le contenu. Mais maintenant c’est Ben qui s’occupe des paroles et cela nous va très bien.
Manu : Les textes les plus anciens ont été écrits principalement par Thierry mais depuis que Ben est avec nous, c’est lui qui les crée. Nous n’avons pas de thème de prédilection, et donc chaque texte est indépendant des autres.

Les titres d'Artery sont relativement longs, plus de quatre minutes en moyenne, et proches des cinq minutes, ce qui permet d'y insérer des paroles conséquentes, il n'y a qu'à voir déjà juste la chanson "Avoid The Unknown". Ce n'est pas trop chaud de retenir de telles chansons pour les recracher en concert ? C'est sûr qu'il est plus facile de chanter "No Blood Artery" !!!
Manu : La durée des morceaux n’est pas réfléchie, lorsqu’un morceau est au point, on le chronomètre et on est à chaque fois surpris qu’il dépasse les 4 minutes. Ce n’est pas difficile de les retenir, mais il est vrai qu’en concert, le risque de telles durées est que les morceaux perdent en efficacité.

Et question guitares, les solos sont bien présents dans vos chansons, avoir deux guitaristes c'est toujours intéressant, ça permet de se donner la réplique et pouvoir avoir un lead qui se dégage tranquillement pour apporter plus de mélodie. Vous procédez comment pour lors de la répartition des rôles, car sans doute que chacun Thierry ou Fred est amplement capable d'assurer l' un ou l'autre ?
Thierry : C’est très simple, Fred est le soliste du groupe et moi je m’occupe des compos et de la partie rythmique avec les mélodies.

Je n'oublierais pas la basse ni la batterie. Déjà parce que Manu est un véritable personnage, une icône, et je dis ça sincèrement sans aucun côté péjoratif. Rien que ta basse, je l'adore, et ton dévouement pour Razor est exceptionnel. Vu que tu connais quand même pas mal la scène, quel regard portes-tu sur l'ambiance du monde du metal actuel, je parle du public, je parle de l'engouement, des différences tant humaines que musicale finalement ?
Manu : Les choses ne sont plus ce qu’elles étaient. Finis, les stage diving et headbanging sauvages ! Aujourd’hui, les concerts sont on ne peut plus calmes ! Il n’y a que dans les gros évènements style Hellfest où on retrouve l’ambiance typique metal. Il est vrai aussi que depuis une dizaine d’années, le metal n’a plus le vent dans le dos, il y a plus de groupes que de personnes pour les écouter. Les gens ne sont plus passionnés par le metal comme on pouvait l’être il y a 15 ans. En même temps, quand j’écoute la plupart des groupes actuels, je m’emmerde royalement, il n’y a pas d’âme dedans, ni l’étincelle qui te donne envie de sauter partout. J’ai sincèrement l’impression que les groupes ne se sentent plus faisant partie de la même famille musicale. Ils sont au contraire rivaux. Il suffit de regarder dans les festivals, les groupes à l’affiche ne se mélangent pas, n’échangent pas. Il y a quand même des groupes qui donnent envie d’y croire, heureusement !!!

Quant à Simon, toi qui vu ton âge, sans que ce soit un critère de quoi que ce soit, comment tu ressens le monde musical metal d'aujourd'hui, c'est intéressant d'avoir l'opinion d'une personne qui n'a pas gouté aux découvertes de courants musicaux lors de leur arrivée dans les années 80's ou le début des 90's et qui en fait prend le train en marche, tout en s'intéressant aux arrêts déjà passés (la gueule de la métaphore!!!)... ?
Simon : Je trouve que vu le nombre de personnes qui écoutent du metal, les salles de concerts sont bien vides. Le métalleux est devenu frileux et fainéant. Et préfère écouter le CD chez lui et regarder les concerts sur Internet que de venir crier devant le groupe et bousculer une bande de copains la bière à la main. C'est peut-être le nouveau courant metal qui veut ça, courant qui me donne l'impression de rivalité entre les groupes à savoir qui sera le meilleur.

Bon après cette séquence nostalgie refoulée, intéressons nous à vos prestations live. J'ai déjà pu vous voir deux fois en concert, la chose que l'on ne peut pas nier, c'est que votre musique est aussi bonne en concert que sur galette. Ben est un showman, Thierry a une attitude très AC/DC sur scène. La scène représente quoi pour vous, quelle est la chose la plus importante, le fait de faire un max de concert et peu importe le nombre de personnes présentes, le plaisir de jouer des morceaux devant des gens qui les découvrent pour voir véritablement si ce que vous avez créé plait ?
Thierry : Bien sûr que notre objectif est de se faire connaître et la meilleure façon est de faire des concerts que j’affectionne particulièrement car en contact direct avec le public, même si quelque fois il ne répond pas toujours présent, mais notre prestation reste la même qu’il y est dix ou cent personnes.
Manu : Faire des concerts pour faire des concerts, non. Il est bien sur important que ceux qui te regardent passent un bon moment, ils sont là pour ça ! C’est un réel plaisir de voir que ce que tu joues plaît à celui qui l’écoute. Mais il faut tout d’abord être un peu égoïste et se faire plaisir. C’est quand même le but.



Vous cherchez à tourner un peu partout ou pas ? Pour ceux qui éventuellement voudraient vous faire jouer dans leur coin ? Quelles sont vos conditions ? Et sinon vous avez prévu de faire quelques concerts en périple, ou vous les choppé au fur et à mesure ?
Thierry : Oui nous sommes prêts à jouer un peu partout si un tourneur est intéressé par ARTERY alors nous sommes prêt à discuter, jusqu’à présent nos conditions minimum sont les frais de route plus les repas.

Je reviens sur la longueur de vos morceaux par rapport aux concerts. Même si j'apprécie énormément vos morceaux, je reconnais que si sur CD, cela ne se ressent pas, il se peut qu'en concert certains titres peuvent paraître un peu longs. Quelle est la manière dont vous jugez la durée d'un morceau ? Est-ce que la structure n'est pas vraiment le sujet qui vous préoccupe le plus et vous estimez que la durée est une chose secondaire ? Du genre, un morceau est terminé quand il est terminé et rien n'est calculé ?
Thierry : En ce qui concerne la durée d’un morceau rien n’est calculé, tout est fait à l’inspiration du moment, mais la remarque est bonne à prendre.
Manu : Comme je le disais plus haut, on ne se préoccupe pas de la durée des morceaux. Il va falloir peut-être le faire !!

Tiens en parlant des chansons, je suppose que vous avez déjà entamé l'écriture de nouveaux titres, car même si la promo d'un cd est en cours, on est toujours en train de composer malgré tout ?
Manu : On a commencé à travailler de nouveaux morceaux, il y en a une quinzaine en réserve.
Thierry : Oui bien sûr des nouveaux morceaux sont en attente, il y a de quoi faire un autre album, mais c’est les moyens financiers qui nous manquent pour retourner en studio.

Bon, la sortie de l'album s'est faite via Saurian Recs, est-ce qu'au vu des évènements , cela vous donne-t-il envie de rebosser avec ce label pour les fois prochaines, ou un autre label, voire s'autoproduire carrément vu la crise actuelle ? D'ailleurs question promo vous avez procédé vous même à l'envoi de CD, vous avez contacté des zines, des mags, en France et à l'étranger également ? Est-ce que finalement vous vous êtes bien bougés les fesses, parce qu'on n'a pas rien sans rien ?!!
Thierry : Nous ne nous sommes pas posés la question pour l’instant de savoir si on retravaillera avec Saurian Recs, on verra le moment venu. Saurian Records à envoyé l’album à des webzines et en a mis en dépôt à "Cultura", la promo n’est pas finie et nous démarchons de notre côté.

Bon les aminches, en vous la souhaitant longue et bonne, j'espère qu'Artery saura, même à un niveau underground, se faire un petit nom dans la scène thrash parce qu'en tant que grand amateur devant l'éternel, j'ai apprécié votre album. Je suis iconoclaste, mais comme le veut la tradition, je vous laisse terminer, si vous n'aviez que le monopole du coeur messieurs, vous voici avec le monopole de la parole...
Thierry : Je souhaite qu’ARTERY puisse se faire un nom dans la scène metal et je dirais juste longue vie à ARTERY et que le metal reste éternel dans nos cœurs. Merci pour l’interview, c’est très agréable de rencontrer des personnes passionnées comme toi, merci encore à vous David et Mehdi.
Manu : Je souhaite bien évidemment à ARTERY et à tous les groupes en général une longue vie prospère, mais par-dessus, j’espère que la flamme du thrash metal sauvage ne mourra pas ! Un grand coup de chapeau à ceux, comme toi, qui font tout pour l’entretenir. Enfin, merci à tous ceux qui soutiennent ARTERY !!!


Le site officiel : www.myspace.com/httpwwwmyspacecomartery