Interview faite par mail par Jillian

Cela fait près de quatre ans qu'Anthropia a vu le jour. Je vous laisse donc le soin de nous présenter la formation ainsi que son parcours jusqu'à nos jours...
Hugues Lefebvre (chant / guitare) : Bonjour ! ANTHROPIA était initialement un projet solo qui a vu le jour en 2003. Le premier album "The Ereyn Chronicles Part One" est sorti chez Magna Carta (US) en 2006 et afin de le promouvoir sur scène, j’ai fait appel à Nathalie Olmi au chant, Yann Mouhad pour la deuxième guitare, Julien Negro à la basse et Damien Rainaud à la batterie (qui jouait déjà sur l’album). Le courant entre nous 5 est tout de suite passé et le projet solo s’est alors transformé en véritable groupe. Nous sortons à présent notre nouvel album "The Chain Reaction", qui est très bien reçu par la presse. Nous donnons en ce moment quelques concerts et notamment des showcases acoustiques en Fnac pour accompagner la promotion du disque.

A propos de ce nom assez mystérieux, "Anthropia", quelle en est la signification ?
L’"entropie" est une notion que j’ai découvert lors d’un cours de thermodynamique, et qui m’a assez passionné. En 2 mots, l’entropie est le degré de désordre moléculaire d’un système et selon le second principe de la thermodynamique, cette valeur ne décroît jamais, elle est en croissance constante. J’ai trouvé assez marrant de combiner ce mot avec le préfixe Grec "Anthro" (évoquant l’homme) afin de souligner le côté anarchique et chaotique de l’évolution humaine. En effet l’humanité évolue sans cesse et parfois sans trop savoir où elle met les pieds. D’ici à ce que nos progrès techniques nous pètent à la gueule, augmentant ainsi le chaos ambiant… il n’y a pas des kilomètres ! C’est un peu l’idée d’"ANTHROPIA". Puis ça sonne plutôt pas mal, non ? (rires)

"The Chain Reaction" est un nouveau concept-album sans rapport direct avec votre précédent et premier opus "The Ereyn Chronicles Part One" qui laissait penser à une suite... Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?
Les chroniques d’Ereyn ne sont pas abandonnées, loin de là. J’ai simplement pensé qu’il serait judicieux de les mettre un peu de côté afin de ne pas lasser l’auditeur. Il est vrai qu’avec l’effet "Seigneurs des Anneaux" il y a quelques années, c’était le bon moment pour sortir des albums typés heroic fantasy (même si la musique du premier album rappelle plus Megadeth que Rhapsody). Ensuite, j’aime varier les plaisirs et ne pas proposer deux fois de suite la même chose. Chaque album d’ANTHROPIA sera unique et aura sa propre identité. En tant qu’artiste c’est important de se renouveler, tout d’abord pour les fans, mais aussi pour soi-même : aborder des nouveaux thèmes et ambiances permet de ne jamais être en panne d’inspiration !

Ce concept présent tout du long de l'album et qui lui donne sa vraie personalité, parlons-en justement... Comment le présenteriez-vous ?
Voici un bref résumé de l’histoire : l’âme COTDM-52899 revient au royaume des âmes après avoir passé une vie incarnée sur Terre. Comme à chaque fois, on lui dit qu’elle a bien agi dans sa vie humaine et que si elle continue comme ça, à son prochain retour elle sera enfin acceptée au Paradis. Sauf que pour elle, la coupe est pleine, elle a le sentiment que quoiqu’elle fasse on la renverra sur Terre ad vitam æternam, c’est le cas de le dire. Ceci est le point de départ de sa rébellion, qui va mener à un désastre : la fin du règne des hommes sur Terre, le dieu gérant ce monde, n’ayant plus foi en sa création. C’était une volonté initiale de mêler des éléments bibliques à un univers Sci-fi à la matrix (le monde des âmes) ainsi qu’à un univers très contemporain et banal pour nous (le monde des humains). Ce parallèle se voit également dans la musique puisque les arrangements peuvent être aussi bien futuriste (à base de synthétiseurs) que classique (orchestraux).

Vous officiez dans un metal power / progressif aux accents modernes très marqués. Est-ce un simple choix musical ou une façon pour la formation de se démarquer ?
Par les temps qui courent, il est important de se démarquer, si tu veux que ton groupe marche. Avec Internet, tout le monde peut faire son groupe et le présenter à la face du monde. Devant une telle concurrence, il faut présenter une valeur ajoutée ! Donc c’est vrai que j’attache une importance particulière à l’originalité du rendu final des morceaux. Un passage sur un de mes morceaux pourra te faire penser à tel ou tel groupe, mais quelque chose dans l’arrangement, dans les voix ou ailleurs te fera dire que ce morceau est d’ANTHROPIA et pas d’un autre groupe. C’est primordial. Je suis à cet effet très content des voix sur cet album, car le mix chant masculin / féminin est très particulier et ne s’associe en aucune façon à la mode du moment "groupe à chanteuse".  

Au premier abord le lien entre la musique elle-même et le concept n'est pas forcément très visible. Comment avez-vous choisit de transcrire cette idée si innovante en musique ?
Tu sais c’est également voulu ! De la même façon, le premier album présentait une imagerie très heroic fantasy. Cependant à l’écoute du disque, des tas de gens m’ont dit qu’ils s’attendaient à un enième clone de Rhapsody, et qu’ils avaient été agréablement surpris de voir que ce n’est pas le cas. C’est également, le cas sur cet album, et la raison est la suivante : toutes les mélodies, textes et arrangements ne m’ont pas été inspirés par l’histoire elle-même, mais par les émotions et sentiments des principaux protagonistes, et ce afin que l’auditeur - s’il a envie de se plonger dans l’histoire – s’identifie facilement. Mon opinion est : qu’on soit triste au 21eme siècle, dans un univers heroic fantasy, ou bien en 10191 sur la planète Dune, l’émotion ressentie est la même ! Ceci étant, la musique se suffit à elle-même, et il n’est en aucun cas indispensable d’appréhender le concept dans ses moindres détails pour profiter de la musique d’ANTHROPIA, même si je le recommande bien sûr !



Sur ce nouvel opus des guests font leur apparition... Pouvez-vous nous les présenter et nous dire comment s'est faite cette collaboration très convaincante ?
Tout d’abord Kevin Codfert pose une jolie partie de piano sur "Whipping Soul". Je l’ai contacté peu avant l’enregistrement de l’album et le résultat final est vraiment excellent. Le mastering a été opéré par Tommy Hansen, qui a travaillé avec de très grands noms (Helloween, Jorn, Pretty Maids). Je n’ai discuté avec lui que par email, mais il a l’air vraiment sympa et très professionnel évidemment (rires). Pour le mixage j’ai passé 10 jours au studio Manigance en compagnie de François Merle. Ce fut vraiment enrichissant et surtout agréable car je suis fan du groupe depuis le premier album ! Ce fut parfois éprouvant car chaque morceau comporte un nombre assez effarant de pistes et on a passé quelques nuits blanches pour tout finir a temps. Je l’en remercie d’ailleurs et le résultat est vraiment exceptionnel. Il est possible que d’autres guests apparaissent sur les prochains albums d’ANTHROPIA, mais au compte goutte. C’est en effet important à mes yeux que le groupe soit apprécié pour sa musique et ses membres plutôt que par la longueur de la liste de guests sur les albums. (rires)

Vous présentez une imagerie très travaillé, proche du style "heroic fantasy" comme de nombreux groupes de power metal. Quelle importance y accordez vous et pourquoi votre choix s'est-il porté sur cette image pour "The Chain Reaction" ?
En fait, non pas du tout (rires). L’imagerie était assez typée heroic fantasy pour le premier album, car c’était de rigueur. Au contraire pour ce nouvel album, le style est moderne, contemporain voire futuriste dans certains cas. Nous avons changé de logo pour l’occasion et toutes les photos /images récentes que tu pourras trouver suivent l’environnement de la pochette : sombre, futuriste, mécanique. Comme je l’ai dit tout à l’heure, tous les albums d’ANTHROPIA auront leur identité. On va d’ailleurs bien se faire plaisir sur l’univers du prochain album, mais il est un peu tôt pour en parler.

Voilà "The Chain Reaction" déjà sorti depuis Février. Quels retours en avez-vous de la part de vos fans ou de la presse ?
Et bien ils sont à 95% excellents. Je t’avoue que ça fait du bien au moral après tant de travail et d’investissement dans un projet, de voir que celui-ci est bien accueilli. Nous avons même pu constater la semaine dernière que l’album a été élu "album du mois" dans le numéro d’avril de RockHard, comme son prédecesseur "The Ereyn Chronicles Part One" à l’époque. Bref, on ne va pas s’arrêter la, croyez-moi ! Tu sais peut-être qu’avec l’aide de proches, nous avons monté notre label Adarca Records pour accompagner les sorties d’ANTHROPIA et ce dans un but d’indépendance complète. Nous nous sommes focalisés sur le marché Français dans un premier temps, et les premières reviews étrangères sont déjà très prometteuses. Nous allons maintenant attaquer plus sérieusement les gros marchés du disques que sont les USA (c’est notre deuxième plus grosse base de fans, notre premier label étant Américain), l’Angleterre, l’Allemagne et le Japon.

Quel est donc votre emploi du temps pour le reste de l'année 2009 ? Et quels autres projets avez-vous pour le futur d'Anthropia ?
Outre les concerts électriques et acoustiques dont j’ai parlé, il y a encore un gros travail de promotion sur le disque. Nous finissons également le montage de notre premier clip pour cet album qui sera sur la chanson "The Altar Of Trust" et une deuxième vidéo verra le jour vers septembre je pense. Il est fort possible que l’on sorte aussi un mini-CD avant le prochain album… Bref du boulot en perspective !

Merci pour cet interview. Le mot de la fin vous est laissé...
Merci également. Merci aussi pour tous les messages sympathiques que nous recevons par email, myspace, etc… Ca nous fait vraiment chaud au cœur ! Nous apparaissons également dans les albums récents de Fairyland, et Guitars That Ate My Brain en compagnie de membres de Guns N' Roses, Strapping Young Lad, Soilwork, Korn… Jetez-y une oreille à l’occasion !


Le site officiel : www.anthropia.org