Interview faite par mail par Vince

Bonjour Aksaya ! Merci infiniment de nous accorder cette petite interview, Une question toute simple pour commencer, pouvez-vous nous présenter le groupe ?
F.Y (batterie) : Notre groupe est né d’une rencontre entre C.H.S (guitare / chant) et moi-même (batterie) et de deux univers musicaux complètement différents : le "rien" musical de C.H.S et le black metal pour ma part. C.H.S compose tout et nous écrivons ensemble les textes. L’âme d’AKSAYA se situe aux confluences de nous deux. Des musiciens nous ont tour à tour accompagnés, et nous avons stabilisé notre line-up à l’arrivée de M.A.T (guitare), puis T.S (basse).  Nos morceaux traitent essentiellement d’événements ou de faits divers bizarres, déments et irrationnels, comme "K-141" (titre éponyme) qui  traite du naufrage du sous-marin "Koursk" ou ce scientifique russe : Leonid Ivanovich Rogozov, qui a dû s’opérer lui-même de l’appendicite, sur la base de Novolazarevskaya, en antarctique. En 2013 nous avons sorti notre première démo : "Troisième Guerre", mini EP sorti chez Cold Raw Records (sold out).  Puis en 2015 "K-141", un full length sorti chez The Ritual Productions & Metallic Records.

Comment définiriez-vous votre style ?
Difficile à dire ! Black death metal…c’est comme ça qu’on nous définit ! En fait, nous, on n’en sait rien.

Le groupe est plutôt jeune, mais vous avez déjà à votre actif un EP sorti en 2013, un album sorti lui en 2015 et je crois savoir qu’un petit deuxième est en route, dites donc, on peut dire que vous êtes prolixes, non ?
Nous avons tous officié dans d’autres formations auparavant (plus ou moins connues), nous ne sommes donc pas des novices du metal extrême ! De plus, nous sommes très actifs en règle générale : dans nos vies personnelles, nous cumulons les projets professionnels, nous sommes des acharnés ! Nous faisons partie du clan des gens "actifs" qui entreprennent, et non des passifs, qui attendent que des choses bougent. Nous sommes comme un surfeur, sans cesse en quête de sensations fortes : nous grimpons sur notre planche aussi souvent que nous le pouvons, même par tempête et rien ne nous arrête : ni le vent, ni le froid…et nous désirons constamment être au sommet de la vague, c’est pourquoi nous ramons, et… nous nous éclatons ! Nous sommes actuellement en studio pour enregistrer notre deuxième album, mais dans nos têtes, c’est au troisième voire au quatrième album que nous songeons !

D’où vient cette  frénésie  musicale ?
Comme je viens de l’expliquer : c’est un besoin vital de créer, d’être au sommet de la création, tout le temps en recherche de sensations. D’ailleurs, nous aimons aussi les sports extrêmes !

Je ne vous ai pas demandé, que signifie le nom du groupe "Aksaya" ?
"Aksaya"  a été choisi pour sa signification, son origine et sa sonorité. Aksaya signifie donc "Incorruptibles" en sumérien… Notre civilisation doit tous ses grands mythes fondateurs aux sumériens (et accessoirement l’écriture, ce qui n’est pas rien !). Sans être passéistes à tout prix, savoir d’où nous venons est nécessaire, pour savoir qui nous sommes ! C’est donc notre héritage, et nous restons fidèles à nos valeurs, à nous même : "incorruptibles".

Qu’est-ce qui vous inspire musicalement ? De quels sujets traitent vos textes ?
Le monde qui nous entoure et les sciences nous inspirent principalement. Comme précisé plus haut, les morceaux de "K-141" traitent généralement d’événements ou de faits divers bizarres, déments et irrationnels. "K-141" (titre éponyme) traite du naufrage du sous-marin "Koursk" le 12 Août 2000, qui fut le reflet des manipulations politiques et médiatiques, et de  l’absurdité de certaines révélations, le tout dans une atmosphère violente et abominable. On peut imaginer la souffrance de ces marins russes, abandonnés sous la mer de Barents pour des motifs politiques : criminel et absurde ! Un autre titre, "Léonid", raconte l’histoire crue et terrifiante de ce scientifique russe : Leonid Ivanovich Rogozov, qui a dû s’opérer lui-même de l’appendicite, sur la base de Novolazarevskaya, en antarctique. Ces faits divers (et il y en a d’autres dans l’album) fonctionnent comme notre fil conducteur  et résument assez bien notre pensée : courage, discernement, détermination  et aucune autre alternative, ou comment l’Homme réagit une fois au pied du mur, poussé dans ses derniers retranchements.
Enfin, nous sommes assez hostiles, pour ne pas dire réfractaires, à tout ce qui est mystique, occulte, de l’ordre des croyances, des superstitions, de la foi ou encore du paranormal ! Même si la plupart des groupes de black metal utilisent les symboles satanistes pour dénoncer la récupération des anciens mythes païens par la religion catholique (les démons n’étant que des anciennes divinités diabolisées par l’Eglise pour asseoir son hégémonie) ; nous demeurons très pragmatiques au sein d’AKSAYA. Les sujets classiques du BM ne nous intéressent pas, nous pensons que les croyances en tous genres (superstitions et mysticisme occulte compris) sont des freins au progrès et à la connaissance. Nous avons eu un parcours professionnel plutôt scientifique et nous ne croyons qu’en la démonstration et en la preuve !

Vous évoluez dans un style agressif, à l’orée entre le black metal et le death metal, qu’est-ce qui vous a poussé à  mélanger, mixer ces deux mouvements musicaux extrêmes ?
En réalité, C.H.S compose sans se poser la question de faire tel ou tel style, le plus souvent sans instrument entre les mains. Tout est dans sa tête, un tout qui lui vient à l’esprit et qu’il retranscrit ensuite. En découle sur "K-141" ce mélange brutal et froid. Nous rejetons les étiquettes.



A l’écoute de votre premier album "K-141", on note un son résolument puissant. Qui était derrière les manettes, qui en est le manitou du son ?
On souhaitait un son tranchant et puissant, sans concession. Pour ce faire, on a confié le mix / mastering au Vamacara Studio. Il a su faire ça comme personne. C’est pourquoi, pour notre nouvel album, on réitère avec lui, non pas pour avoir le même son, mais pour aller encore plus loin.

Aksaya a-t-il une antre, un lieu de répétition, un lieu où le groupe se retrouve ?
Oui, nous avons un local  quelque part entre Hiroshima, la mer de Barents et la base scientifique de Novolazarevskaya. Nous y répétons essentiellement pour les lives ! Le travail de composition se faisant dans la tête de C.H.S.

Comment composez-vous ? Y a-t-il une tête pensante ou composez vous tous ensemble, d’après une idée, un riff ?
Comme cité précédemment, c’est C.H.S qui compose, tandis que je pose la drum. A nous deux, nous maîtrisons toutes les facettes du groupe : vidéos, visuels, graphismes, artefacts pour les concerts, textes, communications…

Où peut-on se procurer votre premier EP, "Troisième Guerre", ainsi que votre premier album "K-141" ? Un site web, un Facebook officiel etc. Dites-nous tout.
L’EP "Troisième Guerre" est sold out depuis un moment. Pour "K-141", on le trouve un peu partout sur le net (voir le site de nos labels : TheRitualProductions en Europe et MetallicMedia pour le continent américain). Pour les plus fétichistes qui souhaiteraient une dédicace, il est possible de nous commander directement mais à l’heure où je rédige ces lignes, il ne nous reste plus grand-chose. Sinon, vous pouvez nous suivre sur Facebook et y retrouver tout nos liens.

J’y pense, qui ou quoi se cache derrière "K-141" ?
Comme énoncé plus haut, Le K-141 "Koursk" était un sous-marin nucléaire lanceur de missiles russe. Il fut mis en service en 1994, et a malheureusement sombré avec ses 118 hommes d'équipage, à la suite d'une série d'explosions à son bord le 12 Août 2001. La Marine russe ne reconnaîtra la perte du sous-marin que six heures après l'explosion et la localisation précise de l'épave prendront plus de 16 heures. Les mesures mises en place par les Russes ont été critiquées pour leur lenteur et leur inefficacité. Dans un premier temps, le gouvernement diffuse de fausses informations au public et aux médias à propos de la chronologie de l'accident, affirmant que des communications avaient été établies et que des opérations de sauvetage étaient en cours, justifiant ainsi le refus d'aide proposée par plusieurs gouvernements étrangers. La Marine russe avance plusieurs causes possibles pour expliquer le naufrage du sous-marin, y compris la collision avec un bâtiment de l'OTAN. Puis les Russes acceptent finalement les offres d'assistance britanniques et norvégiennes. Une enquête officielle, menée après que l'épave ait été remontée, conclura à une soudure défectueuse et à un mauvais entraînement de l’équipage. Un flou demeure sur toute cette affaire, qui reflète parfaitement les manipulations étatiques en tous genres ! Ce fait divers a eu lieu en Russie, mais combien d’histoires semblables passent inaperçues car le Français moyen ne détient pas tous les tenants, ni les aboutissants ! Le "K-141" agit comme un fil conducteur sur cet album, une histoire tragique où des hommes sont mis au pied du mur, face à leur destin pour des motifs politiques ! Le reflet de notre monde moderne !

Vous possédez à ce sujet un visuel toujours guerrier qui illustre à merveille votre monde et votre univers, à qui doit-on le visuel de "K-141" ? Pourquoi un sous-marin ? Les profondeurs abyssales vous attirent-elles ?
C’est CHS qui a fait le visuel de "K-141". Ce sous-marin et toute sa sombre histoire illustre bien le caractère de l’album : révolté par les mensonges d’Etat, par l’oppression et l’hypocrisie de notre monde, nous suffoquons dans ce monde abject. De plus, lorsque la scène et les conditions nous le permettre, nous travaillons nos lives esthétiquement parlant. On n’aime pas le style "jean’s basket" qui secoue la tête avec des lumières qui clignotent comme au 14 Juillet. La scène devrait toujours être un show où le spectateur a quelque chose à voir. Sinon, autant mettre le CD dans sa hi-fi confortablement installé dans son fauteuil…Alors effectivement, des films sont projetés pour illustrer chaque morceau. Ces séquences visuelles, tour à tour, choquent, interpellent, font réfléchir, soulèvent des problématiques, dénoncent, jugent ! L’atmosphère est froide et bleue, avec très peu de lumière, et la scène est décorée de divers artefacts.

Pensez-vous qu’un beau visuel, un bel objet (c’est le collectionneur qui s’exprime), c’est important ? J’y pense, avez-vous réalisé un clip vidéo ?
Un album est un tout, je dirais même un groupe est un tout. L’art est un tout, la musique et le visuel ne font qu’un. Autant que ce faire ce peut, nous tâchons d’y travailler afin de proposer à l’auditeur passionné, non pas un album de musique mais un concept. Ce concept est également proposé en live ! Pour ce qui est du vidéo clip, c’est un projet qui nous intéresse.



Hormis un deuxième album, quels sont vos projets pour le groupe ? Comment voyez-vous l’avenir d’Aksaya ?
Nous enregistrons actuellement le second album mais C.H.S à déjà commencé à composer le troisième. AKSAYA est voué à perdurer. Nous avons beaucoup d’idées, de projets et de choses à dire. Je ne pense pas qu’une vie suffira à tout réaliser. Nous avons aussi pas mal de dates de prévues (et sommes ouverts à toutes les propositions) !

Aksaya est-il à la recherche d’un label ?
Nous sommes ouverts à toutes les propositions pour notre deuxième album. L’enregistrement arrive sur la fin d’ailleurs !

Aksaya a-t-il une ou deux anecdotes rigolotes (ou non) à partager avec les lecteurs de French Metal (en live, en studio ou ailleurs) ?
Oui, nous avons une anecdote de live qui nous a fait sourire : il s’agit du jour où nous avons joué au Klub (avec Sombres Forêts) et où une dizaine de Péruviens (nous ne sommes pas sûrs de leur nationalité…peut être des Mexicains, ou des Boliviens !) est apparue dans la salle au début de notre show, à chanter et headbanguer à tue-tête, comme des fous, nous a chaleureusement félicités (en espagnol) pour finalement disparaître et ne pas écouter les autres groupes ! On a appris ce soir là qu’AKSAYA avait une fan-base en Amérique du Sud et l’avenir et les différents messages de soutien nous ont confortés dans cette idée !

Côté vie, vous êtes musiciens pro (vous vivez ou essayez de vivre de la musique) ou avez-vous un job à côté ?
Nous avons de multiples projets professionnels à côté de notre projet musical… Nous sommes des boulimiques de défis et nous aimons entreprendre.

Un endorsement ? Sur quel matériel évoluez-vous ?
Je suis endorsée par la marque Serial Drummer. Nous avons postulé pour d’autres sponsorings, mais tant que rien n’est confirmé, nous ne citerons pas de marques pour l’instant.

Vous vous êtes déjà produits sur scène ? Avec qui aimeriez-vous la partager ? Des groupes, des formations à conseiller, un lieu peut-être ?
Niveau scène, bien évidemment on adorerait participer à de gros fests devant des milliers de personnes. Niveau partage de scène, on apprécie avant tout de jouer avec des groupes sympathiques. On prohibe les grosses têtes et les peigne-culs.

Si je vous dis Marduk, vous me répondez quoi ?
"Those Of The Unlight", l’un de mes premiers albums de BM ! Un chef d’œuvre d’après moi ! Par contre, si vous posez la question à C.H.S, je ne suis pas certaine qu’il connaisse (rires) !

Pour le nouvel album à venir, à quoi doit-on s’attendre ? Encore plus d’agressivité, de puissance, un concept-album où c’est encore classé trop secret ?
Ahahah… Les secrets sont faits pour être dévoilés… mais il va falloir attendre encore un peu. Musicalement, cet album restera dans le registre de "K-141" : c'est-à-dire froid, voire glacial, teinté de death mais pas seulement… il sera plus mélancolique, plus intimiste, plus personnel, plus aérien aussi, et plus brutal ! Le mix et le mastering se feront à nouveau au Vamacara Studio. La thématique restera rationnelle et scientifique, un mélange d’espace et de bio progressivité… rien d’occulte ou de mystique, que du terre à terre…comme nous aimons chez AKSAYA !

Vous êtes collectionneurs de musique ? Des passionnés (littérature, cinéma, etc) ?
Nous sommes tous des passionnés… Certains d’entre nous sont des passionnés de musique, (ce qui n’est pas le cas de notre compositeur qui écoute très peu de musique !). Personnellement, je suis passionnée de black metal, (j’ai pas mal d’albums "inconnus" ou peu connus), de sports extrêmes, de cinéma fantastique et d’horreur, d’arts, de sciences, de géographie ou encore d’écriture (j’ai plusieurs projets de livres). Enfin je chronique des albums de BM pour un webzine !

Vous diriez que vous êtes plutôt vieille école, c'est-à-dire  tape trading, ou au contraire Internet 20 Mo ?
Nous sommes des adeptes de sciences, alors je te dirais 30 Mo… haha !

Que souhaiter à Aksaya ?
De super dates dans de gros fests, des albums et surtout… du temps ! Cette composante n’étant pas extensible, nous avons tellement peur d’en manquer pour tout réaliser !

Eh bien nous voici arrivés à la fin de cette interview, je vous laisse le traditionnel mot de la fin,
Merci à toi. "No Fucking esotericim ! No Fucking mysticim ! No Fucking Folk Devilry ! We are in the 21st century, Time of atom, technology & space !"


Le site officiel : www.facebook.com/aksayaofficial