La review

WINDHAND + SATAN'S SATYRS + MONOLORD + CONAN
Le Glazart - Paris
08/10/17


Review rédigée par Candice


Stoned Gatherings et le Glazart nous proposent un concert qui, je pense, restera gravé dans la mémoire de tous les fans de doom / psyché. En effet, en ce Dimanche 8 Octobre, WINDHAND, MONOLORD, CONAN et SATAN'S SATYRS viendront célébrer la messe à Paris, pour une date qui sera un très beau succès en termes d’affluence. Ça promet !



Pourtant, à quelques heures de l’ouverture des portes, ça n’était pas gagné ! Nous apprenons que les Américains de SATAN'S SATYRS, suite à un souci de tour bus, joueront au final après MONOLORD, faisant de CONAN le groupe d’ouverture. Une nouvelle que le public, il semblerait, accepte sans trop rechigner. C’est donc dans cette course contre la montre que CONAN introduit la soirée. La salle est déjà plutôt remplie, et c’est tant mieux car CONAN n’attendra pas les retardataires pour délivrer son stoner / doom vrombissant reconnaissable entre mille. Nous commençons les festivités avec "Crown Of Talons", morceau de pas loin de dix minutes retentissant derrière le mur de fumée qui envahit la scène, où nous distinguons les silhouettes devenues inquiétantes des trois membres du groupe. Les vibrations produites par la guitare et la basse, si elles ne font pas encore trembler les murs, nous submergent tout entiers avec une telle puissance que parfois cela en devient gênant. Mais cela fait partie la magie de CONAN, et il n’est au final pas si difficile de passer outre. Nous poursuivons avec deux morceaux de leur dernier album "Revengeance", sorti l’année dernière. Dommage que le groupe n’ait pas interprété davantage de titres de celui-ci, mais soit. "Throne Of Fire", à l’ambiance tout aussi dérangeante a cependant un rythme plus soutenu qui capte, personnellement, davantage mon attention. Le chant ici est également plus présent, et cela ajoute à l’atmosphère de ce titre. En effet, comment peut-il en être autrement avec la voix légèrement criarde et plaintive de Jon Davis ? "Thunderhoof" enchaîne dans une continuité parfaite, et le public semble en totale transe. J’ai davantage l’impression de participer à quelque rituel qu’à un concert à Paris ! Le jeu de lumières, l’épais nuage de fumée et le choix de faire ressortir les instruments de façon à mettre le chant au second plan sont des détails d’importance, sans quoi la performance aurait une allure bien plus plate et sans saveur. Pour être tout à fait honnête, malgré tout cela je n’ai pas réussi à me laisser entraîner par la musique de CONAN, que je trouve plus parlante sur CD. Peut-être cela était-il dû au manque de temps causé par le changement de dernière minute de running order, le concert avait quelque chose de flou et décousu. Pour toutes ces raisons j’arrêterai ici l’exposé des petits couacs de ce soir, et conclurai avec le plaisir que j’ai eu en entendant en live des morceaux tels que "Foehammer" ou encore le très bon "Battle In The Swamp", qui ont accomplit leur boulot avec brio et m’ont convaincue de voir une nouvelle fois CONAN à l’avenir mais, je l’espère, dans de meilleures conditions !



L’excitation se fait sentir à l’approche du set de MONOLORD, le public déjà en sueur et totalement survolté réserve un accueil plus que chaleureux au groupe. La scène est à nouveau retombée dans un brouillard semi-épais quand retentit le premier morceau "Where Death Meets The Sea", de leur dernier album fraîchement sorti. Après CONAN, ça passe comme une lettre à la poste ! Leur doom teinté de stoner, voire même de sludge, est plus léger, et on se laisse peut-être plus facilement entraîner dans leurs riffs languissants et entêtants. Et pourtant, je dois avouer que dans les premiers temps je ne fus pas particulièrement impressionnée par la musique de MONOLORD, celle-ci étant plutôt traditionnelle dans le genre. Mais je finis par être charmée par le timbre de Thomas V Jäger, qui est également aux commandes de la guitare, une superbe Flying V au son bien particulier pour un modèle comme celui-ci ! On enchaîne avec "We Will Burn", titre qui me fait planer totalement, à la rythmique simple mais tellement accrocheuse que je ne peux que me laisser tenter. Le bassiste, malgré le caractère relativement lourd de la musique, est excité comme une puce, et contrebalance avec la flegme – que je pense provoquée par quelque liquide ou substance – de Thomas. Toujours est-il que le groupe harangue la foule qui semble tout aussi conquise que moi. Cependant, "Rust" sera sans aucun doute le morceau qui achèvera tous de nous convaincre. La courte intro de synthé enregistrée, couverte par la voix – à la limite du faux – de Thomas fait son petit effet, mais ce n’est rien comparé au riff gras typiquement stoner encrassé de cette saleté sludge unique du genre, qui nous fait tous secouer la tête simultanément. La musique rentre immédiatement en tête, ce qui est du en grande partie à la voix au timbre presque faux comme je le disais plutôt, ce qui au final la rend hypnotisante et ensorcelante. Hélas toutes les bonnes choses ont une fin, et MONOLORD nous quitte avec "Empress Rising", à l’atmosphère doom / psyché totalement assumée, où la batterie nous berce doucement dans ce fleuve à la force tranquille. Là aussi la musique est entêtante et le refrain, incarné par l’infatigable répétition "Empress Rising, Empress Rising...", nous hantera encore un bon moment après le départ de scène des Suédois, chaleureusement salués et remerciés pour leur performance, qui sera un grand moment de cette soirée.



Vient le tour des petits veinards de SATAN'S SATYRS qui, malgré eux, se trouvent propulsés en position d’avant-dernier groupe de ce soir, avant les monstres de WINDHAND. Et voilà que débarquent sur la scène, sous le regard parfois amusé de certains un groupe qui semble tout droit sortir des années 70, mené de front par le chanteur / bassiste qui doit sans aucun doute son androgynie et son style vestimentaire à Mick Jagger. Je pense que nous sommes beaucoup à nous poser la question sur la raison de leur présence ici. Et je dois avouer que ma perplexité n’a pas faibli quand le groupe a entamé son premier titre, "Full Moon And Empty Veins". Nous sommes quelque part entre le garage, le punk, ou encore le rock 70’s, ce cocktail n’est pas pour me déplaire. Il est simplement très dommage que la voix ait été inaudible du début à la fin, et ce n’est pas faute, nous public, d’avoir tenté de le faire comprendre à SATAN'S SATYRS qui n’a hélas pas perçu nos appels. Malgré la maîtrise et la qualité de compositions des musiciens, la frustration due à l’absence de chant est trop considérable pour être tue. Enfin, il est inutile de s’éterniser sur le sujet et poursuivons ! Imperturbable, le groupe enchaîne les titres, dont "Show Me You Skull", morceau on ne peut plus simpliste, et c’est justement ce qui fait que celui-ci fonctionne plutôt bien sur scène. Ce titre sans fioritures retourne directement aux sources et frappe sans faire de détours inutiles. C’est en fait, je pense, ce qui fait le charme de ce groupe ; ils veulent jouer et jouent ce qu’ils veulent, rien d’autre. Hélas il semblerait que cela n’ait pas plu à tout le monde, la salle s’est quelque peu vidée depuis MONOLORD, et le public ne semble pas aussi enthousiaste. Il faut bien avouer que musicalement, SATAN'S SATYRS détonne et ne s’adresse peut-être pas à son public de prédilection ce soir. Même si j’ai apprécié l’entièreté de leur performance, c’est sans aucun doute le dernier titre que j’ai trouvé le plus efficace de leur set. Et voilà que "Creepy Teens" déboule sans crier gare, morceau au riff qui capte immédiatement l’attention, suivi par une rythmique portée par la hargne et la puissance destructrice qui caractérisait le punk des débuts. Cependant SATAN'S SATYRS, comme je l’ai dit, a une vision musicale bien plus large, et l’enchaînement avec un superbe solo à deux guitares sur un fond de grosse caisse et de cymbales est tout simplement bluffant. SATAN'S SATYRS quitte la scène sans plus de cérémonie, efficace du début à la fin ! Malgré tout le respect que je leur porte, je pense que leur musique, leur énergie auraient davantage trouvé leur place en ouverture de soirée, comme il avait été convenu initialement.



Celle-ci d’ailleurs touche bientôt à sa fin, mais avant cela nous avons l’honneur de voir WINDHAND, dont les passages en terres françaises se comptent sur les doigts d’une main. Suite aux incidents techniques précédemment évoqués, le groupe terminera son set assez tard pour un concert parisien (23h00). Cela ne découragera personne cependant, le Glazart est plein à craquer. La scène est aménagée de manière plutôt sobre, seul un bouquet d’encens est fixé à la batterie, détail qui peut paraître bête mais qui a son importance quant à l’ambiance recherchée par le groupe.
C’est donc dans cette atmosphère, rehaussée de spots bleu nuit la magnifiant, qu’arrivent les Américains de WINDHAND. Si les musiciens font leur boulot sans accroc et avec beaucoup de sérieux, c’est Dorthia Cottrell, chanteuse et leader du groupe, qui au départ me fait tiquer. Malgré sa voix grave et puissante que j’ai tout de suite appréciée, sa présence scénique- ou justement devrais-je dire, son absence de présence scénique – est une toute autre histoire. Se sent-elle mal à l’aise sur scène ou est-elle simplement transportée dans le monde magique de WINDHAND, difficile à dire. Toujours est-il que cela m’a empêchée d’être pleinement dedans, et je le regrette un peu. Cependant comme je le disais, artistiquement et musicalement, le groupe ne déçoit pas, loin de là ! Des morceaux comme "Forest Clouds", issu de leur dernier album en date (2015 pour être précise, à quand le prochain ?), font beaucoup d’effet en live. Un interminable et assourdissant larsen, suivi par un riff en wah-wah doom / psyché parviennent sans mal à nous ensorceler. La voix de Dorthia, rampante et envoûtante, est la cerise sur le gâteau. Et j’appuierai mes dires en faisant un aparté sur la qualité du son que j’ai trouvé plus qu’honorable, ce qui n’est pas toujours évident à obtenir dans une salle comme le Glazart. La distinction nette de chaque instrument nous a réellement permis d’apprécier au mieux les superbes compositions de Windhand. En parlant de cela, nous avons également la joie d’entendre ce soir "Cassock", un des morceaux qui je trouve reflète le mieux l’imagerie du groupe et son essence musicale. Le jeu de guitares plein de feelings, couplé au jeu de batterie lent de Ryan Wolfe mais doté d’une force de frappe qui en impressionnerait plus d’un est un combo gagnant. Cette maîtrise et ce professionnalisme seront de rigueur tout au long de leur performance. Tout est bien organisé, il n’y a pas un seul pas de travers. WINDHAND a confirmé une fois de plus ce soir son génie musical, qui se trouve largement amplifié sur scène. Le groupe n’en fait pas de trop, même si l’ambiance est primordiale pour parvenir à vivre pleinement leur musique, qui autrement serait difficile d’accès pour les auditeurs non-avertis. En attendant, c’est complètement retournés que nous sommes partis de cette exceptionnelle soirée.