La review

WATAIN + ROTTING CHRIST + PROFANATICA
Le Trabendo - Paris
17/11/2018


Review rédigée par Matthieu


Bravant l’opération “Gilets Jaunes”, je me rends d’un bon pas au Trabendo pour une soirée placée sous le signe du Malin. En effet, après une ouverture par PROFANATICA, ROTTING CHRIST et WATAIN se partageront la scène pour répandre blasphème, paroles impies et riffs sombres. Le public commence à affluer, mais un petit retard commence à faire s’impatienter les spectateurs.



C’est alors que nous découvrons une scène littéralement séparée en deux par une batterie. Nous entrons alors dans le pit photo, et un long moment après, les lumières s’éteignent enfin. Les membres de PROFANATICA montent alors sur les planches dans l’ombre, vêtus de tenues plutôt étranges. Le concert débute alors sous des lumières puissantes mais qui ne mettent malheureusement pas en valeur le groupe, qui semble être investi d’une grande énergie dès le début de leurs riffs black old school teintés de death metal. Cachés sous ces lumières tenaces, Paul Ledney (batterie / chant) hurle tout en blastant avec une facilité déconcertante, pendant qu’ Alex Cox (basse) et le guitariste restent campés sur leur positions en jouant. La foule se prend petit à petit au jeu, et commence à communier avec le groupe, qui enchaîne ses morceaux en les enchaînant à peine. L’ambiance malsaine et old school se poursuit tout au long du set, pendant que la fosse se tasse de plus en plus. "Last one Paris…" déclare finalement le chanteur, "I Arose !". Et c’est après une nouvelle composition au son vieilli comme je l’aime que le set se termine sans plus d’artifices. Un délice à savourer sans modération.

Setlist : "Ordained In Bile", "Jehovah Fading", "Unto Us He Is Born", "Mocked Scourged And Spit Upon", "Broken Jew", "Fuck The Messiah", "Sickened", "Conceived With Sin", "Once Removed Savior", "Spilling Holy Blood", "Final Hour Of Christ", "Weeping In Heaven", "Heavenly Father", "I Arose".



La batterie est démontée, la scène est réaménagée, et les derniers tests de son sont concluants : ROTTING CHRIST peut investir la scène. C’est d’ailleurs sur un sample assez mystique que les Grecs montent sur les planches, et il ne faut pas plus d’une seconde à l’ensemble de la fosse pour réagir plus que positivement. Très communicatifs, les membres n’hésitent pas un instant pour se mettre au plus près du public et frapper les poings tendus des spectateurs du premier rang. Si le premier morceau incite plutôt au headbang tranquille en observant les silhouettes des membres, le deuxième est beaucoup plus énergique et fera remuer la fosse autant que les musiciens. Si Sakis Tolis (chant / guitare) est le plus souvent en train de hurler avec rage derrière son micro et que Themis Tolis (batterie) est d’une précision diabolique derrière son kit, Van Ace (basse) et George Emmanuel (guitare) headbanguent fougueusement en rythme quand ils n’aident pas le frontman avec des choeurs mystiques. "We have a new album coming out in february, we will play a new song for you tonight ! Un, deux, trois, quatre !" s’exclame ce dernier avant de lancer un titre encore inconnu de tous, mais qui mettra tout le monde d’accord. Autant visuellement qu’auditivement, le show des grecs est excellent et beaucoup plus rythmé que la dernière fois que j’avais eu la chance de les voir, dans cette même salle. Les choeurs sont parfaits, les leads perçants, que ce soit sur le bord de la scène au plus près de la foule, ou plus en retrait. "Thank you Paris, we will play one from "Thou Art Lord"" hurle Sakis pour introduire "Societas Satanas", "So make some fucking noise !". Et comme à leur habitude, les Grecs profitent de ce morceau plus punk pour haranguer la fosse avec des "Make some noise !" qui renforcent l’ardeur du public, allant même jusqu’à lancer un petit circle pit. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et même si les fans en auraient voulu un peu plus, le frontman lance "Last one for Rotting Christ tonight... thank you for your support ! Louder !" qui fera headbanguer les premiers rangs une dernière fois avant le traditionnel lancer de médiators. Une excellente performance, qui fait plaisir à entendre.



L’installation de la scène sera plus longue, car un show de WATAIN, c’est d’abord un décor grandiloquent, à l’image du logo du groupe en fer forgé qui sera hissé derrière la batterie. Les premiers rangs sont investis par les membres de la “Watain Militia”, fan-club du groupe, et j’entends parler suédois et allemand. Quelques bougies sont allumées par une roadie, et les lumières s’éteignent enfin. Erik Danielsson (chant) arrive avec une torche, qu’il tendra en plein dans le pit photo pour que les fans puissent ressentir la chaleur de l’apocalypse qui s’apprête à déferler sur nous, oubliant presque l’arrivée des musiciens.
Sans un mot, le premier morceau débute, et les poses du chanteur attirent tous les regards. Pourtant, à ses côtés, Pelle Forsberg (guitare), Alvaro Lillo (basse) et H. Death (guitare) ne ratent pas une note des compositions malsaines et violentes du combo suédois. A la batterie, Håkan Jonsson est d’une précision diabolique, enchaînant blast beat et parties plus calmes, mais malheureusement pour lui sous un épais rideau de lumière et du fumée, qui arrive par de grands jets. Plaçant son bras au dessus d’une flamme, Erik reste fidèle à lui-même pour le plus grand plaisir de la foule, mais les musiciens ne sont absolument pas en reste : headbang en rythme, petites avancées pour les parties leads… "This is a night where your participation counts !" hurle finalement le chanteur. "For every single one of you ladies & gentlemen... this is "Furor Diabolicus" !". Jouant à nouveau sur la fumée et les flammes, le show devient de plus en plus mystique, puis soudain, le groupe part de scène. Erik revient allumer d’autres braseros de chaque côté de la batterie, puis nous lance un angoissant "Behold Paris…" avant de reprendre sur un titre rapide et violent. Le traditionnel calice rempli de sang est lancé au visage des premiers rangs qui semblent heureux de ce jeté, et c’est "Malfeitor" qui démarre, acclamé par la fosse, qui remue de plus en plus. "Next song Paris... we will tell you a swedish story ! Here we go Paris !" hurle le frontman pour annoncer une reprise du mythique Bathory, qui ravira les fans. Si quelques larsens font malheureusement leur apparition, ils sont rapidement corrigés pendant que le chanteur headbangue aux côtés de la batterie. "Paris, France ! You were wilder and louder than ever, this next one is for you !" lance enfin Erik avant d’entamer le dernier morceau du set. Et c’est sobrement que le groupe quitte la scène, à jamais souillée par les suédois.

Setlist : "Storm Of The Antichrist", "Nuclear Alchemy", "The Child Must Die", "Agony Fires", "Furor Diabolicus", "Sacred Damnation", "The Golden Horns Of Darash", "Malfeitor", "Towards The Sanctuary", "The Return Of Darkness And Evil" (Bathory cover), "Sworn To The Dark".

A peine le temps de passer au stand de merchandising, la sécurité nous presse à sortir. Au bus, des fans remettent leurs offrandes à Erik Danielsson qui semble agacé par notre présence, mais qui prendra tout de même le temps de signer quelques autographes. Mais revenons sur la soirée : PROFANATICA était une excellente découverte live, ROTTING CHRIST a largement compensé la semi-déception de la fois précédente, et WATAIN nous a offert un show aussi intéressant que d’habitude. Oui, c’était une excellente soirée !



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