La review

VORMELA FEST II
Aeternus + The Ruins Of Beverast + Azarath + Seth + Svart Crown
+ Darkend + Regarde Les Hommes Tomber + Malepeste
CCO - Villeurbanne (69)
08/03/2014


Review rédigée par Carcharoth


Après une première édition en demi-teinte en terme de fréquentation, Dream Factory tente à nouveau le pari d'un festival de metal extrême avec une affiche des plus éclectiques !!! Après les passages remarqués et particulièrement suivis par les Lyonnais de groupes comme Behemoth, Sepultura, Loudblast et Benighted peu de temps avant, espérons que le public local aura su répondre présent cette année... Si bien sûr il décide de ne pas bouder l'annulation des tant attendus Bethlehem !!!



C'est devant une foule plus que clairsemée que commencera cette deuxième édition du festival riche de 8 groupes, et une fois n'est pas coutume, les hostilités commenceront à l'heure !!! C'est donc à 16h précises que les Lyonnais de MALEPESTE ouvriront la messe noire... Visuellement, on est tout de suite dans l'ambiance de leur black-metal ritualiste, l'incantation servant d'introduction laissant au public le temps de profiter des ossements et autres bougies. Pendant ce temps, l'encens, dont la fumée se répend doucement dans la salle, aura commencé à envoûter l'audience... La musique de MALEPESTE va ainsi plonger la salle dans une sorte de torpeur captivante, malgré de gros problèmes de son !!! En effet, le chant sera quasiment inaudible, de même que la double grosse caisse... Pour autant, le groupe ne lâchera rien et fera tout ce qu'il peut pour nous emmener avec lui dans les abysses, chose peu aisée quand le son fait perdre leur cohésion aux morceaux. Malgré leurs efforts salutaires et la présence de quelques passionnés, le public restera malheureusement très discret... Même l'arrivée d'Herjann, guitariste d'Udyr, sur un morceau, n'y changera rien : dommage !!! Atmosphère travaillée, musique envoûtante finalement gâchée par le son... Bref, à revoir d'urgence dans de meilleures conditions !!! En attendant, on pourra toujours jeter une oreille à leur album "Dereliction"...



C'est ensuite aux fameux REGARDE LES HOMMES TOMBER de monter sur scène, comme souvent précédés par leur réputation. Avec Dagoth d'Otargos au chant, j’avoue être curieux de découvrir ce groupe au nom étrange... Visuellement, on est loin du black-metal de MALEPESTE, c'est certain, mais loin aussi des conventions propres au metal extrême !!! Quelques néons posés devant les musiciens, quelques stroboscopes, un peu de fumée, voilà tout pour l'aspect visuel... Le groupe jouera ainsi pratiquement dans le noir, créant une atmosphère particulière et légèrement dérangeante. Musicalement, le groupe est à la frontière de pas mal de styles, entre sludge, stoner, hardcore et metal, avec quelques riffs teintés black-metal... Mais c'est surtout le chant de Dagoth qui apportera cette touche extrême indispensable sur un tel festival !!! Malheureusement, le chant est loin d'être omniprésent et c'est la musique en général qui deviendra extrême, mais dans sa compréhension... Mis à part quelques passages plus rapides, la musique du groupe est plutôt mid-tempo, donnant aux morceaux un côté lancinant auquel j'avoue être plutôt hermétique !!! Voilà donc un show bien étrange auquel je ne suis pas sûr d'avoir tout compris tellement je suis loin de cet univers décalé... En tout cas, c'est pour moi un drôle de choix pour un festival de metal extrême !!! Une partie du public s'est avérée intéressée, l'autre, quant à elle, a préféré vaquer à ses occupations...



Avec les Italiens de DARKEND, le festival va malheureusement commencer à prendre du retard, retard en partie dû à la mise en place d'un décorum assez intéressant bien que théâtral... Théâtrale sera aussi la montée sur scène de leur chanteur, tel un Jésus des temps modernes !!! Bien que parfois assez cliché, le groupe reste visuellement plutôt cohérent, ce qui n'est pas toujours le cas de leur musique... En effet, le groupe va nous offrir quelques passages très efficaces et accrocheurs, quelques riffs et solos mélodiques très bien exécutés, mais liés les uns aux autres par des bridges soit très scolaires, soit en manquant cruellement de maturité, mais faisant en tout cas retomber la mayonnaise qui était en train de formidablement bien prendre... A noter malgré tout un chanteur de qualité et un guitariste soliste plutôt doué qui remontent aisément le niveau général !!! Au final, une découverte qui n'est pas inintéressante et qui me fait parfois penser à Opera IX... Dommage donc que le groupe tombe aussi aisément dans la comedia del arte, par exemple avec l'utilisation par le chanteur de gants aux doigts aussi longs et tordus que des branches !!! Bref, une prestation en demi-teinte mais laissant présager d'un futur plus glorieux pour les Italiens qui devront juste apprendre à se canaliser un peu...



Voilà maintenant un groupe qui devrait mettre tout le monde d'accord : j'ai nommé SVART CROWN !!! Comme à son habitude, le groupe n'est pas venu faire dans la dentelle, mais plutôt dans le démembrement... Pratiquant un death-metal de haute volée, style cher au public lyonnais, SVART CROWN est là pour déclencher une véritable guerre, un peu à l'image de Vorkreist sur le dernier Black Arts Ceremony !!! Malgré un son tout à fait convenable, même si la basse était un peu trop présente, le public s’avérera encore un peu frigide... La salle s'est pourtant un peu remplie mais on dirait que le cœur n'y est pas !!! Qu'importe, le groupe va tout donner pour faire bouger ce timide public lyonnais... Ces gars sont de vraies bêtes de scène et envoient le pâté comme personne, aidé en cela par un Ranko au meilleur de sa forme !!! Dommage que le public du CCO n'ait pas montré son meilleur visage... En tout cas, nous avons eu droit à un set très efficace, sans concession aucune, et faisant la part belle à l'excellent dernier album "Profane" qui a le mérite d'apporter une touche de modernité à la musique du groupe !!! Une prestation irréprochable qui fait en tout cas bien vite oublier un début de festival en demi-teinte... Dommage que ce concert m’ait semblé si court !!!



Autre groupe français très attendu, voilà les revenants de SETH et autant le dire tout de suite, s'ils reviennent, ce n'est pas pour faire de la figuration !!! Le groupe va nous offrir le meilleur de son black-metal moderne aux riffs diablement efficaces et aux rythmiques parfois prog'... Là aussi, le son sera à la hauteur de nos attentes, mais il manque toujours un petit quelque chose pour que ce soit parfait !!! Même si la prestation à laquelle nous assistons paraît plus fade que celle de SVART CROWN, cela va sans dire, la musique de SETH semble beaucoup plus captivante et envoûtante, offrant belles mélodies et passages taillés pour le headbanging... Deux registres différents qui font la variété et la qualité de la scène extrême française !!! D'ailleurs, SETH bénéficie aussi de l'appui d'une machine de guerre nommée Alsvid, redoutable de précision derrière ses fûts... A noter que le dernier album en date, "The Howling Spirit" tient bien la route sur scène, à l'image de ses prédécesseurs !!! Dommage par contre de ne pas avoir eu de morceau tiré du fabuleux album "Les Blessures De L'Âme"... Un show en tout cas particulièrement agréable mais encore une fois beaucoup trop court à mon goût !!!



Retour maintenant sur le death-metal surpuissant avec les Polonais d'AZARATH !!! Malgré sa stature de groupe underground, le groupe bénéficie du soutien non négligeable d'Inferno, batteur de Behemoth... Du moins sur le papier, et sur album, car il n'était pas présent ce soir-là !!! Malgré un remplaçant de qualité, l'aura qui se dégage des fûts n'est pas la même... Dommage !!! Pour le reste, AZARATH est un pur groupe de death-metal "evil" au possible, à l'image d'une des deux guitares ou même de l'imposant chanteur / guitariste... Riffs assassins joués par des guitares acérées, rythmiques cataclysmiques, ça joue vite et bien, mais la musique du groupe bénéficie aussi d'une aura particulièrement malsaine et donc plaisante !!! L'inconvénient de ce death-metal satanique, c'est qu'il atteint rapidement sa vitesse de croisière, ce qui engendre une certaine linéarité dans le set, chaque morceau ressemblant de près ou de loin au précédent... Encore une fois, le son ne jouera pas forcément en faveur du groupe, offrant une basse surpuissante, au détriment des guitares !!! Il était alors difficile d'entrer dans des morceaux dirigés par une excellente section rythmique mais laissant ainsi les guitares de côté... AZARATH nous a donc donné en pâture un set redoutablement efficace là encore desservi par le son et manquant pour ma part d'un peu de relief !!! Comme moi, un peu moins de 200 personnes intéressées mais pas conquises à 100%, ou en tout cas, trop mijaurées pour prouver le contraire...



Place maintenant aux maîtres du black-metal underground Allemand : THE RUINS OF BEVERAST !!! Ici, tout est en retenu et en sobriété, à l'image de leur musique... Fringues de tous les jours, lights discrètes, c'est à peine si on verra le visage du bassiste et du guitariste !!! Que dire alors du batteur et du claviériste, particulièrement en retrait... Le groupe repose en fait sur le charisme de son guitariste / chanteur Alexander !!! Malgré quelques passages plus épiques, la musique des Allemands se situe à la frontière du doom et du black-metal... Doom dans sa rythmique et ses passages planants, black dans ses riffs glaciaux et l'atmosphère générale des morceaux !!! Le chant, plutôt caverneux, apporte d'ailleurs son lot de noirceur à la musique de THE RUINS OF BEVERAST... Pourtant, vu la longueur des morceaux, il reste assez discret, laissant le soin aux instruments de distiller l'ambiance froide et malsaine du groupe !!! Dommage car il était ce soir très difficilement audible... De même que les guitares à cause d'une basse omniprésente et d'un son général trop axé sur les basses, oubliant les mediums et les aigus qui auraient facilité la compréhension de l'ensemble !!! A cause de ce son plutôt approximatif, dur de rentrer dans des morceaux qui ne sont déjà pas facile d'accès à la base... Entre la lenteur et l'absence de chant, j'avoue m'être rapidement ennuyé !!! Et je n'ai pas été le seul vu à quel point le public était clairsemé... Ce n'est certes pas mon style de prédilection car trop de longueurs à mon goût, mais difficile d'être converti après une telle prestation, et ce malgré toute la bonne volonté du groupe !!! Je suis malgré tout prêt à leur laisser une chance si je les revois dans de meilleures conditions... A suivre !!!



Pour finir en beauté ce festival ambitieux, c'est au tour des Norvégiens d'AETERNUS de venir brûler les planches du CCO... A 22h45 !!! Oh my God, mais les nouveaux horaires de la salle ne nécessitent-ils pas que la musique s'arrête à 23h ??? Telle sera ma grosse angoisse tout au long du set de la bande à Ares, d'autant que tout ce que j'attendais de ce festival se trouvait là, sous mes yeux !!! Généreux, le CCO a permis aux Norvégiens de jouer 45 minutes, mais l'arrêt du set s'est fait de manière assez brutale, mettant les derniers Lyonnais vaillant en rogne... Autant le groupe que l'orga, tout le monde était bien déçu de cette fin de festival, d'autant que la prestation du groupe était tout bonnement impeccable !!! Pour des raisons diverses et variées, AETERNUS n'a pas pu finir son set, ce sont des choses qui arrivent et qui ne mettent pas de bonne humeur, alors autant se concentrer sur le concert en lui-même : un grand show à la norvégienne comme on les aime !!! Charisme de fou d'un Ares sans cheveux, jeu de scène old-school et typiquement heavy-metal, bref, le groupe se donne à fond et ne lâche rien jusqu'à la dernière note, malgré un public toujours aussi fantomatique, mise à part quelques fans de la première heure tels que votre serviteur... AETERNUS jouera quelques bijoux old-school comme "Sworn Revenge" tiré du cultissime album "Beyond the Wandering Moon", mais aussi des morceaux du nouvel album qui rendent très bien sur scène malgré le virage death entamé il y a quelques années maintenant... N'en déplaise à certains, AETERNUS n'est pas devenu pour moi un groupe 100% death-metal !!! Ils se considèrent eux-mêmes comme un groupe de dark-metal et je trouve que cette appellation correspond bien à ce que j'ai entendu ce soir... Beaucoup auraient aimé entendre le fameux "Warrior Of The Crescent Moon" et ont quitté la salle frustrés !!! C'est vrai que cela aurait pu être jouissif, mais le reste était tellement bon que j'en ai oublié toutes les petites déceptions du début... Une prestation sans fausse note, jouée avec le cœur et les tripes par des Norvégiens qui font le show, des morceaux à la fois lourds, planants et épiques, taillés pour la scène et le headbanging, bref, que demande le peuple ??? Peut-être 30 minutes de concert en plus... Mais à voir le plaisir du groupe à serrer des mains, je me dis que le pari d'un timing serré et d'une tête d'affiche telle qu'AETERNUS est gagné !!!

Après m'avoir lu, vous me direz qu'un mot revient souvent : dommage !!! Et c'est vrai qu'il permet je trouve de bien cerner cette soirée... Dommage que le public ne se soit pas déplacé plus nombreux car l'affiche était plutôt originale et éclectique... Dommage pour tous ces problèmes de son qui m'ont souvent rebuté et qui ne m'ont pas permis d'apprécier certaines prestations à leur juste valeur... Dommage pour les problèmes de timing qui ont obligé la tête d'affiche à écourter un set pourtant très bon... Pour le public, peut-être y a-t-il eu trop de concerts en peu de temps, ou peut-être l'affiche n'était-elle pas assez attractive... Peut-être manquait-il une "grosse" tête d'affiche... Pour le timing, ce sont les aléas de tels festivals : c'est un pari risqué que de faire jouer 8 groupes sur une seule journée... Mais qui ne tente rien n'a rien !!! Dream Factory a voulu se faire plaisir avec cette affiche et a tenté le tout pour le tout pour que cette soirée soit un succès... C'est certes un demi-échec qui remet en question un éventuel Vormela III, mais au moins, ils ont eu le mérite d'essayer, et je ne pourrais que saluer ceux qui se bougent le cul pour la scène !!!

Je finirai par une petite pensée pour ce grand monsieur qu'était Stéphane Boux, président de l'association My Reference Events et guitariste de Dissident Solutions... Je lui ai tapé la bise, j'ai discuté avec lui sans savoir que c'était la dernière fois !!! Une figure emblématique et un des principaux acteurs de la scène metal lyonnaise s'en est allé à 38 ans, laissant un fils de 9 ans derrière lui... C'était un plaisir de te côtoyer pendant presque 10 ans !!! RIP Brother !!!