La review

VENOM INC. + SUFFOCATION + NERVOSA + AETERNAM + SURVIVE
Le Petit Bain - Paris
15/03/18


Review rédigée par Matthieu


Alors que les nuages menacent au-dessus de nos têtes depuis le début de la journée, j’arrive tant bien que mal au Petit Bain. La soirée s’annonce violente, et je doute que le bateau survive au combo VENOM INC. / SUFFOCATION, accompagnés des Brésiliennes de NERVOSA, des Canadiens d’AETERNAM et des Japonais de SURVIVE. Quelques personnes attendent déjà, et il suffit simplement de prendre place pour voir tous les musiciens défiler devant nous. Une aubaine pour les collectionneurs de photos et signatures ! Mais la pluie s’invite à la fête, et refroidit littéralement tout le monde. L’entrée se déroule alors dans le calme, dès 18h.



A peine le temps de commander une bière que des samples d’une musique aux influences asiatiques démarre. Pas de doute, SURVIVE arrive, mais la fosse est désespérément vide... Le batteur arrive et s’installe, alors que Sinjilow (basse) prend place à ses côtés, laissant le devant de la scène à Gaku (guitare) et Masaru “Nemo” Nemoto (guitare / chant). Mélangeant death, thrash et sonorités plus modernes, les quatre gaillards ne se laissent pas démonter par l’absence de public, et ils décident tout de même de donner l’assaut. Malheureusement, les samples semblent assez mal réglés, et leur omniprésence a tendance à lisser les compositions pourtant entraînantes des Japonais. Sinjilow reste tourné vers le batteur, tout en alignant ses riffs à la perfection, alors que les deux guitaristes assurent le spectacle en jouant entre eux et haranguant le public par moments, puis se placent presque sur les retours pour quelques solos plutôt épiques. Gaku aide parfois Nemo au chant, et cette alternance entre cris parfaitement maîtrisés et chant clair permet de donner du relief à des compositions bourrées d’harmoniques et de passages à la guitare lead. Après seulement troi titres, le groupe nous annonce que leur temps de jeu touche à sa fin. Ils relancent la machine pour un dernier morceau qui, malgré qu’il soit un peu mangé par les samples, sera salué de quelques headbangs du premier rang. A revoir dans de meilleures conditions.

Setlist : "In This Gray World", "Shred Them All", "Human Misery", "Rules Of Lies".



Quelques minutes seulement ont été nécessaires pour déménager le plateau des Japonais pour permettre aux Canadiens de faire leurs ultimes réglages. Leur set commence alors de manière très festive, puisque tous les musiciens frappent des mains, et nous encouragent à faire de même. Des samples entre symphonique et folk égyptien nous annoncent que l’univers d’AETERNAM sera coloré, mais le groupe nous assomme avec une rythmique lourde et puissante. Limités comme leurs prédécesseurs à une scène réduite à cause de la batterie occupée par Antoine Guertin, Achraf Loudiy (chant/guitare) commence à headbanguer entouré de Maxime Boucher (basse / chant) et Maxime Legault (guitare / chant). Les trois hommes tiennent alors la foule qui semble plus réceptive, même si la fosse est toujours désespérément vide. Leurs riffs réveillent peu à peu le Petit Bain, et les samples plaisent, même si parfois c’est un choeur qui est samplé alors que les musiciens s’acharnent sur leurs instruments pour nous envoyer des riffs plutôt techniques. Achraf s’adresse beaucoup au public (et en français !) pour le motiver, mais la réponse des Parisiens est toujours un peu timide. Qu’importe, nos cousins québécois se déchaînent littéralement sur cette petite scène, et leur prestation fait de l’effet aux premiers rangs. Le groupe enchaîne les titres, mais leur set arrive rapidement à son terme, mais les salutations sont chaleureuses. Une belle découverte.



Soudainement, la fosse se remplit. On commence à voir pour qui le public est venu ce soir, et c’est donc sur NERVOSA que nous aurons l’honneur de voir une fosse pas trop éparse ! Les trois demoiselles montent sur scène, s’installent et envoient tout simplement leurs premiers riffs, ce qui fait rapidement réagir le public. Luana Dametto (batterie) semble très timide derrière son kit, mais cela ne l’empêche absolument pas d’envoyer des blasts aussi rapides que puissants, pendant que Prika Amaral (guitare) headbangue de son côté de la scène, en restant assez statique pour caler chacun de ses riffs. Mais celle qui attire tous les regards, c’est la meneuse Fernanda Lira (basse / chant). Entre deux rythmiques d’une rapidité déconcertante qu’elle agrémente de regards emplis de folie, la jeune femme s’offre le luxe de déambuler sur scène tout en jouant, allant parfois jouer devant le public, avec les autres musiciens, ou se courbant en arrière sans jamais tomber. Heureusement pour elles, les jeunes femmes ne parlent pas français, ce qui leur épargne les remarques graveleuses de certains spectateurs. Le son old school déployé par le groupe leur permettra de lancer le premier vrai mosh de la soirée vers le milieu de leur set, et toute la fosse se prend au jeu. Prika aide parfois Fernanda au chant, et les deux femmes occupent tout l’espace de jeu grâce à leur charisme, et même les musiciens de SUFFOCATION viennent sur le côté assister au set. Leur dernier titre, dédié au moshpit, fait vibrer l’assemblée, et c’est fatigués que les spectateurs applaudissent les Brésiliennes alors qu’elles quittent la scène, non sans avoir pris des mains d’une fan du premier rang un drapeau français avec leur logo imprimé dessus. Un très bon premier contact live !

Setlist : "Hypocrisy", "Arrogance", "Masked Betrayer", "Death!", "Intolerance Means War", "Hostages", "Into Moshpit".



On arrive à présent en terrain connu avec SUFFOCATION. Il y a deux semaines, leur passage au Netherlands Deathfest avait marqué les esprits de bon nombre de présents, dont moi, et je savais à peu de choses près ce qui allait se passer. Et je n’ai pas du tout été déçu. Le démontage de la petite batterie (leur assurant un espace de jeu plus grand) étant terminé, les Américains prennent à peine le temps de régler à nouveau leur son et le show commence. Leur entrée est assez simple, les musiciens étant déjà sur scène, ils n’ont qu’à se tourner pour commencer à envoyer des riffs d’une puissance incommensurable. Ricky Myers (chant), le digne successeur de Frank Mullen (qui a annoncé sa retraite après une dernière tournée), est un véritable monstre de puissance sur les rythmiques torturées que jouent Derek Boyer (basse), Terrance Hobbs (guitare) et Charlie Errigo (guitare). Derrière ses fûts, Eric Morotti (batterie) semble discret mais assure avec précision chaque frappe et chaque blast. On sent que les musiciens sont roadés, et chaque harmonique de Terrance est accompagné d’un large sourire, et suivie d’une séance de headbang intense, alors que Derek semble ne faire qu’un avec son sublime instrument. Pour aligner ses riffs, l’homme pose parfois un bout du corps de sa basse à terre en headbanguant, laissant ses camarades guitaristes se partager les solos. Certains sont même commencés par Charlie et terminés par Terrance. Le chanteur est assez peu loquace au début du show, se contentant d’annoncer les morceaux piochés dans toute la discographie du groupe, du premier au dernier album, mais la situation se débloquera au fur et à mesure et il n’hésitera pas à échanger avec les premiers rangs. Du côté du pit, c’est le chaos le plus total, et les mosheurs s’en donnent à coeur joie. On assistera même au premier slam sur "As Grace Descends", qui lancera une série qui ne sera arrêtée que par la fin du set sur la sublime "Infecting The Crypts", issue du premier album. Quelques médiators volent, et les artistes sont applaudis par une foule compacte qui en redemande.

Setlist : "Thrones Of Blood", "Return To The Abyss", "Effigy Of The Forgotten", "Funeral Inception", "Abomination Reborn", "Clarity Through Deprivation", "Pierced From Within", "As Grace Descends", "Entrails Of You", "Liege Of Inveracity", "Catatonia", "Infecting The Crypts".



De manière totalement incompréhensible, la fosse se vide lorsque les étendards de VENOM INC. sont installés devant les amplis du groupe. La moyenne d’âge grandit également sur les premiers rangs, tandis que résonnent les premières notes de la grand messe qui s’apprête à débuter. Abaddon (batterie) se place derrière son kit, alors que Demolition Man (basse / chant) et Mantas (guitare) s’installent sur le devant de la scène. Les trois compères lancent alors l’assaut qui nous laissera de marbre, la fosse et moi. Le thrash n’étant pas mon style de prédilection, j’ai du mal à me remettre de la claque brutal death que je viens de prendre, mais le son du groupe est également un peu mangé par la basse, ne laissant passer que quelques riffs de guitare. Il faudra seulement un deuxième titre pour que la folie ne revienne dans le pit, et que les mosheurs ne fassent leur oeuvre devant la formation légendaire. Un peu statique, Demolition Man compense largement par son charisme et ses mimiques enragées lorsqu’il chante, pendant que Mantas arpente la scène avec une facilité déconcertante, se plaçant très souvent au plus près du public pour jouer ses solos sous une lumière aveuglante. Assez rapidement, les slammeurs commencent à arriver pendant ce set très old school, et le technicien doit faire des pieds et des mains pour que les pédaliers des musiciens restent en place, tant les slammeurs semblent en transe. Le public exulte entre chaque titre, mais c’est sur "Parasite" que je me rendrai compte de la violence du show. En effet, ce titre est un peu plus soutenu que les autres, et l’un des spectateurs traversera en long en large et en travers la fosse, porté par d’autres spectateurs, alors que les musiciens deviennent plus actifs sur scène. On notera également que les titres issus d’"Avé", l’album de VENOM INC., sont plus puissants que les titres de Venom, et le pit ne semble absolument pas faiblir. Les slams s’enchaînent, certains finissant plus ou moins bien, et Charlie Errigo, qui regardait le concert sur le côté de la scène avec Derek Boyer, se prêtera même au jeu sur "Lady Lust". Le groupe prendra également le temps de faire un vibrant hommage à tous les disparus, dont le regretté Lemmy (Mötörhead, pour les deux du fond qui dorment) pour le titre "Black N’ Roll", qui sera suivi du mythique "Black Metal" ainsi que de la démentielle "Countess Bathory". Le groupe remercie alors le public, puis s’en va, non sans laisser la basse contre l’ampli. Merci aux bouchons d’oreilles. Après une bonne minute d’un vrombissement ignoble, Demolition Man revient avec une bouteille de Jack Daniels pour en distribuer aux premiers rangs. La bouteille fait alors le tour de la salle avant de revenir à son propriétaire, et deux titres supplémentaires sont joués avant qu’un jeune slammeur ne finisse sur la scène pour être rattrapé par le bassiste qui lui offre alors son médiator. La séance est levée.

Setlist : Intro, "Ave Satanas", "Welcome To Hell", "Metal We Bleed", "Die Hard", "Live Like An Angel (Die Like A Devil)", "Parasite", "Temples Of Ice", "Warhead", "Don't Burn The Witch", "War", "Lady Lust", "Leave Me In Hell", "Black N' Roll", "Black Metal", "Countess Bathory".
Rappel : "Sons Of Satan", "Witching Hour".

Le rituel est terminé, et on croise au hasard des membres de tous les groupes dans la salle ou dehors. Quelques achats de dernière minute, puis le Petit Bain se vide. Si SURVIVE a souffert d’un créneau horaire bien trop mal placé et d’un son hasardeux, AETERNAM n’a pas vraiment eu de chance non plus quand à la réactivité du public. NERVOSA et SUFFOCATION ont largement vu leurs sets respectifs récompensés d’applaudissements chaleureux, et VENOM INC. s’est adressé à ses fans les plus tenaces, ainsi qu’à une poignée de jeunes amateurs de sensations. En tout cas, la soirée est une réussite et j’ai hâte de revoir chacun des groupes.