La review

ULTRA VOMIT + NO ONE IS INNOCENT + TAGADA JONES
L'Aéronef - Lille (59)
09/11/18


Review rédigée par Antoine


Des plateaux comme celui-là, ULTRA VOMIT, NO ONE IS INNOCENT, TAGADA JONES, on en voit peu chez nous alors on en profite ! La tournée No One / Tagada est commune et sur certaines dates il y a ULTRA VOMIT ou d’autres groupes qui sont invités. Une tournée entre potes on imagine, une tournée de rêve, ça c’est sûr. Et alors là, pour louper un tel concentré de décibels, il fallait une bonne excuse parce que la soirée restera mémorable.



Commencer par les bretons de TAGADA JONES, c’est l’assurance de sauter l’échauffement pour taper directement dans le vif du sujet. Ils l'ont encore prouvé ce soir rien qu'avec le trio de démarrage "Envers Et Contre Tous", "Zéro De Conduite" et "La Peste Et Le Choléra". Il y a de quoi nous chauffer à blanc, pourtant le public reste assez sur la défensive au début. Bo,n à force de se prendre cette déferlante bretonne, il faut bien se l'avouer, ça réveille assez vite. Quand vient le moment de "Pas De Futur", je suis aux anges, ce morceau est une parfaite synthèse de ce que fait le groupe : une musique rock’n’roll, un refrain qui peut être repris par le public, des textes qui incitent le public à passer à l’action, et un texte d’actualité, gros coup de cœur pour ce morceau. Ce qui fait que j'adore ce groupe, c'est aussi l'énergie qu'il déploie sur scène, le raz-de-marée qu'il peut provoquer rien qu'en balançant quelques notes. Et ça... c'est du rock ! Une démonstration en bonne et due forme. Ce qui surprend, c'est la réduction du nombre d'interventions entre les morceaux, ce qui fait quand même aussi partie de l'ADN du groupe mais bon, ça laisse plus de temps pour la musique sur un timing plutôt serré. On comprend, et en même temps qui va se plaindre d'avoir un ou deux morceaux en plus pour le même temps de jeu ? Les paroles des textes se suffisent à elles-mêmes de toute manière ! Un autre bon point, c’est que Tagada ne joue pas que des anciens morceaux, ils sont avant tout là pour présenter leurs morceaux les plus récents. Et ce, même si on ne passe pas à travers quelques classiques. Sur les 15 titres joués, il n’y en a que 3 qui ne sont pas issus des deux derniers albums : "Yec’hed Mad", "Zéro De Conduite" et "Les Nerfs A Vif", tout le reste vient de "Dissident" ou de "La Peste Et Le Choléra" donc grosse claque assurée. Cette claque se termine par "Mort Aux Cons" sur lequel on aura la chance de voir le groupe partager la scène avec les No One, effet garanti ! Ce qui est d'autant plus motivant, c'est que si ça fonctionne dans un sens... ça fonctionnera dans l'autre et on se dit tous qu'à la fin du set des No One, on verra revenir les Tagada. Quelle belle soirée en perspective !

Setlist : 1. "Envers Et Contre Tous", 2. "Zéro De Conduite", 3. "La Peste Et Le Choléra", 4. "Le Monde Tourne A L'Envers", 5. "Yec'hed Mad", 6. "Instinct Sauvage", 7. "Karim & Juliette", 8. "Tout Va Bien", 9. "Pas De Futur", 10. "Pertes Et Fracas", 11. "Les Nerfs A Vif", 12. "Vendetta", 13. "Vendredi 13", 14. "Je Suis Démocratie", 15. "Mort Aux Cons" (avec No One).



J’avais pris une sacrée claque à Oignies il y a 6 mois avec No One, là ce sera pareil, peut-être un peu moins intense mais diablement efficace ! Mais cette intensité vient aussi de l'environnement dans lequel on est, la salle est plus grande, il y a des barrières, etc... c'est bête mais ça joue aussi. Le groupe est en tous cas particulièrement en forme, Kemar lance des crochets du droit tel Ali à son époque. Pour No One, c'est toujours la rage à fleur de peau et elle se transmet rapidement depuis le début de la soirée. Avec No One, c’est viral, il y a des groupes comme ça, toujours habitués à y aller à fond, le public n’a besoin que d’une étincelle pour se débrider. Ce soir, l’étincelle est vite partie ! Mais comment rester de marbre en les ayant face à nous ? Malgré les années qui passent ça reste un des plus grands groupes de la scène rock française. Tout comme pour les Tagada, il n'y a pas que des classiques du groupe, il y a aussi des morceaux des deux derniers albums qui sont un beau retour au rock du départ, du rock comme on l'aime, c'est celui qui est taillé pour la scène, qui est fait pour être partagé, celui qui est communicatif. Avec eux, on ne peut pas dire que ça manque de sueur, la chaleur dans la salle devient vraiment étouffante. Les pogos se succèdent dans la fosse, les gradins bouillonnent eux aussi. Et voilà que Kemar slamme en chantant, Shanka nous gratifie d'un solo, ça va bien visiblement. La setlist a été quelque peu remaniée depuis le mois de Mai, la plupart des titres sont identiques mais on a quelques modifications et l’ordre est également différent, les enchaînements restent fluides et le rythme n’est pas cassé. Et parce qu'en plus de rendre hommage aux groupes qui l'ont influencé, en reprenant du RATM, du Motörhead et du Nirvana, No One se fait accompagner par Niko des Tagada sur le titre "Charlie" pour donner une dimension encore plus forte à ce morceau. C'était le passage un peu badant parce que tu te remémores tout ça, mais l'énergie reprend vite le dessus car le reste des Tagada vient jouer deux morceaux dont une très surprenante reprise de "Ace Of Spades". Surprenante reprise mais pour autant très réussie. Quinze titres pour mettre le feu à l’Aéronef mais ça reste quinze titres de pur plaisir !

Setlist : 1. "A La Gloire Du Marché", 2. "Silencio", 3. "Kids Are On The Run", 4. "Ali (King Of The Ring)", 5. "Nomenklatura", 6. "Djihad Propaganda", 7. "La Peau", 8. solo de guitare, 9. "Bullet In The Head" (Rage Against The Machine cover), 10. "Drugs", 11. "Chile", 12. "Charlie" (avec Niko de Tagada), 13. "What The F**k" (avec Tagada), 14. "Ace Of Spades" (Motörhead cover avec Tagada), 15. "Territorial Pissings" (Nirvana cover).



Le changement de ton est assez flagrant, autant pour Tagada et No One le rapprochement est évident, autant celui avec Ultra Vomit l’était un peu moins. Il ne faut pas se mentir, le public semblait être présent quand même en majorité pour ULTRA VOMIT, même si personne n’a boudé son plaisir pendant les deux autres sets, bien au contraire !
Là ça part sur la blague sans perdre un instant. Et ce pour toute la durée du concert, un concert normal d’ULTRA VOMIT en somme. Eh bien oui, j’ai trouvé le concert assez similaire à ce que j’ai pu voir récemment chez eux, pour autant ce n’est pas répétitif car la base est la même mais ils laissent une grande part à l’imprévu et à la spontanéité des blagues. C’est d’ailleurs l’occasion de ce beau plateau pour faire intervenir Niko des Tagada, et forcément ce sera sur "Un Chien Géant", un bon moment avant de poursuivre sur un passage plus pipi caca avec "E-tron". S’ensuivent une cascade de morceaux plus intelligents les uns que les autres, pardon, plus bêtes les uns que les autres. Un gars dans le public frappera frénétiquement une photo imprimée sur une plaque, ce qui foutra un beau bordel et lui vaudra d’être pointé du doigt par Flockos, Fetus assurera même qu’un tel dérangement ne s’est jamais produit lors d’un de leurs concerts, c’est honteux ! Non, en fait ça nous a bien fait marrer. L’énorme talent de ce groupe, c’est d’avoir de vrais zicos qui font un paquet de conneries alors que la plupart des groupes n’ont que l’un ou l’autre, certains n’ont ni l’un ni l’autre d’ailleurs mais ça, c’est un autre débat. Parce que certes on déconne mais derrière ça envoie du bois, du pâté, tout ce que tu veux mais ça joue, et ça joue bien. Croyez-le ou pas mais les Nantais n’ont jamais foulé les scènes lilloises, c’était leur première fois, c’était un beau dépucelage. Pour une première fois, ils ont sorti le grand jeu, à grands coups de vannes, de riffs metalliques, de foutage de gueule et de blagues de Manard (des blagues de batteur donc, ça donne un peu le niveau), ils ont fait décoller l’Aéronef. Rien de tel que "Calojira", "Boulangerie Pâtisserie" ou encore "Pipi Vs Caca" pour mettre l’ambiance. Avec une vingtaine de titres, il y a le temps de placer quelques blagues même si chez ULTRA VOMIT on est plutôt dans le sens inverse, dans le sens où la musique est là au service des blagues. J’ai surtout une pensée pour Andréas car lorsque vient le temps des canards et de sa montée sur scène, son déguisement est de plus en plus minimaliste dirons-nous. Même si "Kammthaar" finira peut-être par le surclasser, "Je Collectionne Des Canards (Vivants)" reste l’apothéose des concerts d'ULTRA VOMIT ! C’est d’ailleurs ces deux morceaux qui s’enchaînent pour finir ensuite sur "Quand J’étais Petit" et "Evier Metal", ça se finit en beauté donc, et le groupe finit comme les autres sous un tonnerre d’applaudissements, le sens du devoir accompli peut-être mais surtout l’impression d’avoir passé une putain de bonne soirée.

Setlist : 1. "Darry Cowl Chamber", 2. "Les Bonnes Manières", 3. "Un Chien Géant" (avec Niko de Tagada), 4. "E-tron (Digital Caca)", 5. "Mechanical Chiwawa", 6. "Je Ne T'es Jamait Autans Aimer", 7. "Mountains Of Maths", 8. "Calojira", 9. "Takoyaki", 10. "Boulangerie Pâtisserie", 11. "Une Souris Verte", 12. "La Ch'nille", 13. "Keken" (Manard au chant, Flockos à la batterie, Gru à la guitare), 14. "Anthracte", 15. "Je Possède Un Cousin", 16. "Pipi Vs Caca", 17. "C'était Pas Mal Là", 18. "Je Collectionne Des Canards (Vivants)" (avec Andréas)".
Rappel : 19. "Kammthaar", 20. "Quand J'étais Petit", 21. "Evier Metal"

On peut se le dire, pour chacun des groupes ça ne restera pas comme sa meilleure performance respective mais même un concert de TAGADA JONES, de NO ONE IS INNOCENT ou d’ULTRA VOMIT, s’il n’est pas au sommet de sescapacités, ça reste une méchante claque. La grosse baffe prise ce soir l’aura prouvé encore une fois, des très belles dates il y en a, des bons groupes aussi, alors profitons-en ! Plutôt improbablen cette soirée aura montré qu’un plateau comme ça a toute les raisons d’exister, pourvu qu’il y en ait d’autres à l’avenir. Trois des meilleurs groupes de la scène rock metal française, un public lillois bien en forme, un super son, que demander de plus ?