Ce soir, c’est sur la scène du Nouveau Casino dans le quartier d’Oberkampf au milieu du 11ème arrondissement de Paris que ça se passe. Cette soirée s’annonce comme une messe à la gloire du grand Cthulhu. En effet, le groupe français THE GREAT OLD ONES, qui est en tête d’affiche, se présente comme un projet musical construit autour de l’œuvre de Lovecraft. Cela n’a pas grand-chose d’étonnant. En effet, on connaît ce que revêt l’importance l’œuvre du génie de Providence dans l’univers du metal extrême.

Aux alentours de 19h15, la première partie s’ouvre sur le set des Français d'AU CHAMP DES MORTS. Ce trio a été fondé en 2014 par Stéphane Bayle, l’ancien guitariste d’Anorexia Nervosa. Au sein de son nouveau groupe, il joue toujours de la guitare mais il assure également le chant. Musicalement, cela se rapproche de ce qui se faisait dans les années 90 en matière de black metal mélodique avec un chant en français. Les textes sont assez poétiques, plutôt bien écrits et axés sur les thèmes classiques du genre comme la mort, la destruction et autres joyeusetés. Techniquement, ça tient la route. Le son est bon et les musiciens assurent mais globalement, ça manque un peu d’agressivité et de spontanéité. Bref, je n’accroche pas totalement à leur style propret et assez sage. Bref, pas très convaincant.

Dans la foulée, la scène se remplit de roadies occupés à installer la scène pour la vedette de la soirée, à savoir les Bordelais de THE GREAT OLD ONES. Il y a pas mal d’installations sur la scène, notamment un certain nombre de light-shows, un backdrop à l’effigie d’une pieuvre (évoquant l’ignoble démon lovecraftien connu sous le nom de Cthulhu) et un pied de micro à l’allure très lovecraftienne. Comme l’a dit une fois Benjamin Guerry, compositeur et vocaliste du groupe, H.P. Lovecraft est "un membre à part entière du groupe". Comme vous le savez sans doute, le nom du groupe fait référence aux "grands anciens", un groupe de divinités païennes et ancestrales omniprésentes dans les romans de Lovecraft. De Metallica à Iron Maiden en passant par Morbid Angel, nombreux sont les groupes de metal à avoir fait référence d’une façon ou d’une autre à l’œuvre d’Howard Philips Lovecraft.
Après un temps consacré à l’installation de la scène pendant laquelle une musique de fond très théâtrale est diffusée en arrière-plan, les cinq musiciens qui forment le groupe se mettent en place aux alentours de 20h30, vêtus de noir et le visage dissimulés par des capuches. Tout est étudié pour installer un climat oppressant, étrange et mythologique. La scène est plongée dans une obscurité inquiétante, nuancée par les light-shows aux couleurs chatoyantes tirant vers le rouge et le vert. Le quintette est venu défendre la cause de son dernier album, "Cosmicism", sorti le mois dernier sur le label français Season Of Mist. Au fil de la setlist qui nous balade d’un album à l’autre, on sombre assez vite dans une autre dimension. Il y a vraiment quelque chose de fascinant dans leur musique, d’autant plus lorsque l’on connaît l’œuvre de Lovecraft. Les accélérations et les blasts contrastent harmonieusement avec les passages plus planants. Comparé à d’autres groupes français de post-black comme Regarde Les Hommes Tomber, il y a quelque chose en plus dans le set de THE GREAT OLD ONES. Devant la scène, le public écoute religieusement les morceaux. Aucun pogo ou slam ne vient perturber l’atmosphère quasi religieuse et monacale qui règne ce soir-là au Nouveau Casino. Assurément, leur musique a réellement une dimension hypnotique, ce qui donne à ce concert des allures de messe occulte. Le groupe disparaît quelques instants pour revenir honorer la traditionnelle séance de rappel.
A la fin du concert qui a duré près d’une heure et demie, le quintette se réunit au milieu de la scène pour saluer le public à la manière de comédiens de théâtre au terme d’une représentation. Aux anges, le public applaudit avec une joie non dissimulée. Le temps est venu pour chacun de redescendre sur Terre. Inoubliable !

Setlist : "Cosmic Depths", "The Omniscient", "Of Dementia", "Lost Carcosa", "Searching For R. Olstead", "The shadow Over Innsmouth", "When The Stars Align", "The Truth", "A Thousand Young", "Dreams Of The Nuclear Chaos", "Nyarlatothep", "Je Ne Suis Pas Fou", "Antartica".