THE FACELESS + THE VOYNICH CODE + FRCTRD
Le Backstage By The Mill - Paris
10/02/18
Review rédigée par Matthieu
Alors que la neige fond peu à peu sur la capitale, le O’Sullivan Backstage accueille les
Américains de THE FACELESS, un groupe connu pour ses nombreuses annulations. Ils sont
accompagnés par les Portugais de THE VOYNICH CODE pour la deuxième partie de cette
tournée, ainsi que par les Parisiens de "FRCTRD", chargés de motiver la fosse. Mais une
chose m’effraie… Est-ce normal qu’il y ait à peine dix personnes à un quart d’heure de
l’ouverture des portes…?
Lorsque nous entrons, la scène est déjà prête, et le peu de monde présent s’installera
tranquillement autour de la fosse. Après un petit moment d’attente, les Français montent sur
scène et les lumières s’éteignent. Un sampler démarre, et les musiciens débutent
rapidement leur set. Le contraste entre Vincent (chant) et les autres musiciens est flagrant,
puisqu’il est le seul à porter un t-shirt blanc, attirant tous les regards. Si tous les musiciens
arborent un regard sévère et calme, les énormes écarteurs du chanteur annoncent une pure
violence à venir. Dès les premières notes, le public semble distant, alors que c’est une
rythmique plutôt solide que nous envoient les gars de FRCTRD. Le duo de guitares formé
par Filip et Clément aligne les riffs dans un calme olympien, alors que Manu (batterie) se
déchaîne derrière ses fûts et que Maxime (basse) headbangue tranquillement de son côté.
Peinant à bouger correctement à cause de la place occupée par la batterie au centre de la
scène, Vincent tente quand même de motiver la foule, ce qui occasionnera à peine
quelques headbangs et un petit mosh entre quelques spectateurs au milieu de la fosse,
mais les cinq gaillards ne se démontent pas. Ils enchaînent les titres tous plus explosifs les
uns que les autres avec ardeur sous un mix plutôt bon et clair. Aucun instrument ne
prédomine trop, même sur les passages un peu techniques, et les hurlements du chanteur
sont tous parfaitement restitués, qu’ils soient gras et lourds ou aigus et perçants. Les coups
d’harmoniques que le groupe ajoute à sa rythmique imposante et saccadée permettent de
montrer un peu ce qu’ils savent faire. Sur la fin du set, les musiciens sautent et
headbanguent tous, comme grâce à un sursaut final d’énergie. C’est une fosse presque vide
qui salue les musiciens, qui ont clairement prouvé qu’ils avaient leur place sur l’affiche.
Petit changement de plateau, avec démontage de batterie inclus, les Portugais joueront sur
la scène entière. Lorsque les lumières s’éteignent et que les musiciens montent sur scène,
une ambiance un peu spatiale s’empare alors de la scène. Des samples futuristes se
lancent, et des lumières bleu sombre mettent en relief les riffs d’André et de Vinnie
(guitare), sous les frappes précises d’Euler (batterie). Le chant puissant de Nelson arrive
par dessus, et couvrira malheureusement la rythmique sur les quelques premières
secondes, avant que l’ingé son ne rectifie le tir. Leurs compositions sont plus focalisées sur
la technique, mais le sample de basse me dérange un peu. Non pas qu’il soit mal mixé, c’est
surtout l’absence de bassiste qui laisse un vide sur scène. Les deux guitaristes
headbanguent en rythme pendant que le chanteur s’appuie sur une caisse sur le devant de
la scène pour prendre ses poses. Si leur musique est largement comparable à celle de
FRCTRD, leurs riffs sont plus sombres et se permettent de ralentir de temps à autre. Nelson
s’autorise également à s’adresser à la foule, qui s’est un peu épaissi mais pas trop, étant
donné qu’ils disposent de plus de temps. Et ce temps, ils vont l’utiliser pour aligner des
rythmiques toutes plus techniques et torturées les unes que les autres. Ici aussi, le chant
passe du hurlement caverneux à un cri perçant, avec un mix désormais parfait qui rend
hommage à l’effort que fournissent les musiciens, qui semblent plus motivés que jamais. A
mi-chemin entre le djent et le deathcore, les guitaristes changeront d’instrument alors que le
batteur est toujours désespérément caché sous d’imposants rideaux de lumière pour les
derniers titres de leur set. Si je préfère esthétiquement celles-ci, leur son est tout aussi bon
que celui des précédentes. Lorsque Nelson annonce le dernier titre, il demande par la
même occasion à la fosse de se déchaîner une dernière fois sur le son du groupe, et celle-ci
s’exécute. C’est donc sur un mosh presque digne de ce nom que le groupe achève son
temps de jeu, et repart vers le stand de merch en ayant rangé leur matériel.
Setlist : "The Others", "Amunet, The Decider", "Flight 19", "Antithesis", "I, The Weak", "Born To
Suffer", "The Weight Of A Mortal's Soul".
Après une installation dans les règles par les musiciens eux-mêmes, qui a cependant un
peu duré, le concert démarre sur les trois premiers morceaux de l’album "Autotheism". La voix
claire de Michael Keene (guitare / chant) combinée à la puissance de celle de Ken Sorceron
(chant) rend parfaitement bien. Michael et Justin McKinney se complètent et se suivent
parfaitement aux guitares, alors que Bryce Butler (batterie) enchaîne les blasts avec une
facilité déconcertante avant de repasser à un jeu un peu plus technique pour les passages
plus atmosphériques du groupe. Pas de bassiste non plus, mais les musiciens remplissent
la scène, Ken marchant de droite à gauche avant de se pencher au dessus du public pour
pousser ses hurlements les plus puissants. Le chanteur disparaîtra d’ailleurs par moments,
laissant alors la vedette aux deux guitaristes qui nous font la démonstration de leur talent sur
des parties toutes plus compliquées et chiadées les unes que les autres, mais il revient
annoncer le titre suivant, en parlant un peu à la foule. Michael Keene tourne parfois son
micro vers la foule, puis reprend ses riffs. Sur "Sons Of Belial", la foule, qui s’est enfin remplie
(même si il reste malheureusement encore pas mal d’espace), se déchaîne. L’épais rideau
de lumières se renforce alors que la setlist passe par "In Becoming A Ghost", le nouvel album
du groupe, avec "The Spiraling Void", avant de revenir sur le premier album pour la déferlante
qu’est "An Autopsy". On peut d’ailleurs constater à quel point le groupe semble soudé sur ce
titre précisément, car entre deux riffs puissants, les musiciens sourient presque
imperceptiblement et se regardent : ils sont heureux d’être présents à Paris ce soir, et de
jouer ensemble. D’ailleurs, ils manifesteront cette joie en nous offrant des baguettes de pain,
en nous demandant pourquoi ces baguettes sont aussi connues à l’étranger ! Les
Américains reprendront leur set sur "Cup Of Mephistopheles", un titre un peu plus
contemplatif, alors que "The Ancient Covenant" leur permet de renouer avec la violence et la
technicité qu’on leur connaît depuis près de quinze ans. Ken Sorceron lancera sa setlist
plastifiée dans la fosse, car il n’en a plus besoin et il sait quel est le dernier titre. "Xenochrist",
une autre déferlante qui s’abat sur le Backstage et qui ravage la fosse une dernière fois
avant que les musiciens de nous offrent un médiator chacun pour repartir en coulisses.
Setlist : "Autotheist Movement I: Create" - "Autotheist Movement II: Emancipate" - "Autotheist
Movement III: Deconsecrate" - "Sons Of Belial" - "The Spiraling Void" - "An Autopsy" - "Cup Of
Mephistopheles" - "The Ancient Covenant" - "Xenochrist".
C’était court. Beaucoup trop court. L’univers aérien et futuriste de THE FACELESS nous a tous
captivés, si bien que la redescente sur notre planète est difficile. Les deux ouvreurs, THE VOYNICH CODE et FRCTRD, n’ont absolument pas démérité, surtout lorsque l’on sait que les
Parisiens ont été prévenus à peine quelques jours avant qu’ils allaient jouer. Tous les
musiciens se rendent au stand de merchandising, signant des autographes à tour de bras et
prenant la pose pour quelques photos avant de promettre de revenir. Les t-shirts
s’arrachent, et j’entends par-ci par-là quelques remarques : “C’était dément !”, “Ils se sont
vachement rattrapés, quelle claque !”. Je ne peux que les approuver. Ils ont mis du temps à
venir jouer devant nous, mais l’attente en valait la peine.