La review

THE AGONIST + THREAT SIGNAL + MORS PRINCIPIUM EST + DAWN HEIST + GRANDEXIT
Le Divan Du Monde - Paris
20/10/2013


Review rédigée par E.L.P


Il arrive parfois que la musique de certains fédère autant que les discours des plus grands hommes, c’est le cas du programme de ce soir pour laquelle des groupes venant littéralement du monde entier se sont trouvés rassemblés sur la même affiche... De la Suède à l’Australie en passant par la Finlande et le Canada, ce "Prisoners Of Europe Tour 2013" s’arrêta donc pour une petite étape parisienne au Divan du Monde, quelques jours après le festival djent / technical de Cologne, l’Euroblast et le Waves Of Metal hollandais pour nous y présenter GRANDEXIT, DAWN HEIST, MORS PRINCIPIUM EST, THREAT SIGNAL et THE AGONIST.
Petite attente pluvieuse devant la salle du XVIIIème durant laquelle il sera possible pour certains d’échanger quelques mots avec les très sympathiques membres du premier groupe de la soirée, avant de pouvoir y entrer et prendre possession du plancher sur lequel un stand de merch dépouillé (fin de tournée oblige) nous sera présenté.



Le temps de faire quelques maigres emplettes et voici que les Suédois de GRANDEXIT s’avancent !
Les 5 joyeux nordiques nous arrivent donc avec, en poche, les titres de leur dernier opus : "The Dead Justifies The Means" (à l’exception d’"Apathy" et de "Heavens Die") pour entamer le réchauffement de l’assemblée assez minime à la vue de l’affiche dont il est question ! Début des hostilités avec "Obstacle Run", titre nous présentant de la façon la plus directe qui soit, tout l’univers de la formation, toutes ses inspirations et notamment la plus épaisse : celle d’un melodeath ambiant et racé qui ne sera pas sans rappeler, par moments, certaines lignes de groupes comme la puissance d’Hypocrisy voire même l’identité vocale de Blinded Colony... Jouir d’un ensemble son et lumière convenable est décidément une chose bien rare dont les groupes de ce soir seront, semble-t-il, dispensés. L’ensemble à la batterie incroyablement carrée de Pablo Muñoz n’éblouira effectivement pas par la portée de son son, les basses et voix étant bien trop discrètes (malgré leurs vigueurs tantôt atmosphériques tantôt agressives aux mélodies réfléchies) en comparaison de la précise frappe du batteur sublimant (aussi bien en live que sur disque) le tout. Il faudra également remarquer un manque de maturité quant au charisme des membres qui sera malheureusement trop inégalement divisé... Réparti entre un ensemble basse (Fredrik Joelsson) / voix (Dano Wahlström) occupant d’une façon plus qu'honorable la scène et un duo de guitare à l’énergie en berne malgré les ambiances crées par des titres comme le fabuleux "Box Of Glass" synthétisant toutes ces inspirations faisant partie intégrante de la vigueur du groupe... Se dire que le groupe se déchaînera avec moins de retenue sur la suite du set serait une erreur puisque le morceau suivant : "Kingdom Of Emptiness" annoncera, déjà, une trentaine de minutes seulement après son commencement, la fin d’un set aussi inconstant qu’intense, aiguisant les plus vives curiosités concernant ce groupe !
L’achat du CD permet, lui, à coup sûr, de prendre la pleine mesure de leurs talents qui seront, et c’est à espérer pour eux, affûtés dans un avenir très proche pour nous revenir avec une prestation à leur mesure, exploitant tout ce potentiel avec force et maturité !...

Setlist : "Obstacle Run", "Apathy", "Heavens Die", "Box Of Glass", "Kingdom Of Emptiness".



Un court changement de plateau plus tard, et vient le tour des Australiens de DAWN HEIST de fouler d’un pas décidé, la scène du Divan’...
Faisant preuve d’originalité sur cette affiche avec leur son à la croisée des chemins groove, djent et death (comme vu avec le clip de leur morceau "Nine Worlds") la modernité de la veine mélodique dans laquelle les 5 compères du pays à l’Émeu évoluent ne sera pas sans rappeler les impacts de groupes comme les espagnols de V3ctors ou les lointains univers de formations comme Monuments ou TesseracT dans leur volonté de transitions atmosphériques et ambiantes... Certaines ressemblances seront aisément ressenties dans la prestance de "Zee" (basse) dont l'énergie scénique hypnotisera le parterre (à l’instar d’Amos Williams -TesseracT- par exemple...). Mais l’audace des sonorités électroniques du groupe ne sera malheureusement pas récompensée, cruellement desservie par une voix bien trop faible et que l’on pourra qualifier d’instable (n’assurant pas comme il se doit les variations entre cleans et screams...), "Pat" (chant) ne saura pas faire la différence sur ce point au milieu des ambiants samples caractéristiques du genre... Ajoutons à cela, une fois encore, le difficile soutien fourni par des guitares bien trop fluettes au charisme tout relatif comme sur "Nine Worlds" ! Rythmiquement abouti l’ensemble finira donc tout naturellement par manquer d’assise, d’accroche, et ce malgré les techniques mélodies dont il se veut porteur, notamment sur "Zenith" issu de leur prochain album : "Catalyst" prévu pour la mi-Novembre.
Transition malhabile que celle de DAWN HEIST, nous amenant vers le groupe ayant du remplacer les Américains d’Arsis : MORS PRINCIPIUM EST !



Voici d’ailleurs que les Finlandais prennent possession des planches, après un rapide changement de plateau, preuve que la mécanique logistique de la tournée semble être bien huilée et minutée (peut-être un peu trop...).
Première mesures à se faire entendre, celles de l’introduction de leur dernier opus "...And Death Said Live" : "Awakening", filant sur "Departure" premier titre présenté par l’hexagone venu nous distiller un très bon Death Melodique entre Mer du Nord et Mer Baltique. Etrange choix de programmation que celui de remplacer la robustesse d’Arsis par leur potentiel en devenir, la formation propulsée en ouverture de THREAT SIGNAL continuera de nous assener les titres parmi les plus efficaces de leur petit dernier avec "Bringer Of Light" précédant leur entraînant et terriblement bien pensé "I Will Return", savamment étudié pour les faire sortir de cet étroit carcan Mélodeath’ générique trop souvent reproché aux novices du genre... Les amateurs d’Insomnium ou d’Omnium Gatherum seront d’ailleurs comblés à l’écoute de ce titre et ce malgré des guitares trop fuyantes sur les aigus. Il existera malgré tout un point qui sera trop fréquemment ressenti comme un coup porté en plein coeur des férus du style : le jeu d’Andy Gillion (guitare) qui nous "offrira" ses plus belles fioritures et autres erreurs solistes rendant parfois les parties concernées, pénibles et difficilement appréciables...un point bien négatif au regard du travail fourni par le reste de l’ensemble, notamment sur "Altered State Of Consciousness" ou s'entrechoqueront de célestes rythmiques et de violents solos hasardeux !
Suite et fin d’un set piochant équitablement dans les 2 albums de la formation avec "Finality" puis "Birth Of A Starchild" concluant une prestation en demi teinte, malgré tout portée par les vigoureux Ville Viljanen (chant) et Mikko Sipola (batterie) devant un public décidément bien dur à faire vibrer en ce dimanche soir... !

Setlist : Intro, "The Awakening", "Departure", "Bringer Of Light", "Pressure", "I Will Return", "Altered State Of Consciousness", "Finality", "Birth Of A Starchild".



Nouvelle installation, cette fois-ci bien plus longue (le son est parfois chose capricieuse...), celle de la première grosse attente de ce soir, les Canadiens de THREAT SIGNAL, celui que l’on ne présente plus: Jon Howard, polyvalent et charismatique chanteur de ladite formation, d’Arkaea, de la très attendue collaboration franco-américaine Vise Versa (aux côtés d’Eddy Chaumulot -ex T.A.N.K-, Franky Constanza -Dagoba-, Audrey Henry -Alternative Cult-), et ingénieur du son / producteur à ses heures !), en tête ! Suivi de près par Pat Kavanagh à la basse, Travis Montgomery / Matt Perrin (récemment intégré au quintette) aux guitares et Joey Muha aux fûts, les voila qui nous arrivent, pour la première fois sous cette nouvelle configuration de line-up. La soirée s'apprête à prendre une tout autre dimension...
Que les cheveux se détachent, car c’est sur l’outro d’"Inane" puis "Haunting" que la formation, pleine d’entrain et souriante à souhaits (manifestement ravie d’être là ce soir, en terrain conquis d’avance par la puissance et la richesse de leur style) fera démarrer, au quart de tour l’embrasement de la salle ! Des titres déjà mythiques tels que l’hymne "Through My Eyes" et l’intense "Counterbalance" sur lequel la férocité de Jon répondra aux frénétiques sections rythmiques d’un Pat des beaux jours. Les guitares de Travis et de Matt ne seront pas en reste non plus, cernant avec vigueur et légèreté cet ensemble dont la qualité live n’aura décidément rien à envier à l’impact sur CD ! Les 2 pistes suivantes feront copieusement étalage du tour plus sombre et profond pris par l’ensemble dans leur dernier opus avec, sans réelle surprise, "Comatose" et "Fallen Disciples" (à noter l’absence de "Death Before Dishonor" dans cette courte "rétrospective"...). Les fans de la première heure seront comblés lors du retentissement de l’atmosphérique intro’ du titre précédant la dernière ligne droite, l’un de leur plus gros succès : "A New Beginning" sur lequel la batterie (la double notamment) sera malheureusement trop discrète pour en profiter pleinement. L’ambiance tardera à se lâcher mais les 3 derniers morceaux envoyés par le quintette, dont l'implacable "Faceless" verront les plus chaleureux des fans se laisser transporter par la nervosité des canadiens, allant même jusqu’à se risquer à quelques slams et headbangs enragés pour le plaisir des talentueux natifs de l’Ontario...!
Il est maintenant temps de laisser, sur les derniers roulements de batterie de "Rational Eyes", la parenthèse THREAT SIGNAL se refermer, une, encore bien trop courte prestation qualitativement incroyable marquant un dynamique retour en force des 5 compères ! La profusion de titres issus de leur premier album de génie : "Under Reprisal" nous fera malgré tout regretter l’impasse faite sur des titres de leur très personnel "Vigilance" tels que "Escape From Reality", "To Remember" ou encore "Lost"...

Setlist : Outro "Inane", "Haunting", "Through My Eyes", "As I Destruct", "Counterbalance", "Fallen Disciples", "Comatose", "A New Beginning", "The Beginning Of The End", "Faceless", "Rational Eyes".



Vient maintenant, après cette étape riche d’une énergie toute neuve en cette soirée, le tour de la tête d’affiche, et non des moindres puisqu’il s’agit, une fois n’est pas coutume, des Canadiens de THE AGONIST... La charmante Alissa White-Gluz, toute de cuir clouté vêtue accompagnée de ses 4 acolytes s’avance donc, s’annonçant dans un français des plus approximatifs qui soit.
Qu’à cela ne tienne, beaucoup sont venus non pas pour le son, mais pour l’image... au demeurant fort agréable, certes, mais troublant l’objectivité de certains quant à la qualité de la prestation fournie en ce frais soir d’Octobre. Pas le temps de s'apprêter, car la rafraîchissante introduction de "You’re Coming With Me", premier titre de leur dernier opus : "Prisoners" nous est envoyée au visage, imposant un amer constat : les cleans ne sont pas assurés, ledit constat sera d’ailleurs flagrant sur "Panophobia" sur lequel la violence des très bons screams d’Alissa contrastera malheureusement avec la faiblesse de certaines parties de chant clair... Un semblant d’équilibre fera son apparition sur le travaillé "Ideomotor", pour lequel l’ensemble chant clair / screams sera, là, dignement harmonisé, posé avec calme et fermeté par Alissa et Chris Kells (basse / backings) et entouré par les superbes lignes de Danny Marino et "Paco" (guitares). Il faudra attendre la fin de la première moitié de set pour prendre, là aussi, la mesure des talents du batteur : Simon McKay (tout comme de l’étendue vocale de la femme à la flamboyante chevelure bleue), sortant du cocon commercial peut-être un peu trop "mainstream" des titres précédents, sur l'agressif "...And Their Eulogies Sang Me To Sleep". Ces derniers titres feront d’ailleurs écho à l’un des morceau de leur trio de fin, "Martyr Art" aux inspirations mélangeant plutôt habilement certains codes d’ambiance black à un son metalcore samplé, efficace et, malgré tout, remuant ! La liste des noms de bassistes charismatiques ayant été citée plus haut se verra rallongée d’une ligne grâce à la très visuelle et talentueuse présence / prestence de Chris Kells, qu’il apparaît important de souligner, en opposition aux trop peu nombreux mouvements de scène d’une chanteuse bien ancrée sur ses talons, usant trop souvent de sa plastique (la forme...), en oubliant ainsi de se de dépenser et de se dépasser (le fond...), pour un public discret et timide.
La féroce voix et le virulent coffre d’Alissa aidant, voici que le set de THE AGONIST touche à sa fin, et c’est avec un petit rappel et "Business Suits And Combat Boots" que la soirée se voit clôturée...

Setlist : "You’re Coming With Me", "Thank You, Pain", "Panophobia", "Born Dead; Buried Alive", "Ideomotor", "...And Their Eulogies Sang Me To Sleep", "The Tempest", "Predator And Prayer", "Rise And Fall", "Martyr Art", "The Escape", "Business Suits And Combat Boots".

Une bien belle soirée ayant eue le mérite de projeter 2 formations de talent hors de l’ombre (GRANDEXIT & MORS PRINCIPIUM EST) et ce malgré les soucis techniques de réglages de sons ou de lumière ainsi que du format des prestations les faisant passer, de par leur raccourcissement, pour de déstabilisants passages de tremplins...à suivre de près, donc ! Sera bien entendu à retenir le passage de THREAT SIGNAL, méritant les honneurs qui lui sont dûs, pour une prestation puissante, de qualité, mais surtout, pour les échanges, les sourires et cette communion d'énergie trop rare ces derniers temps...!



Le balcon privatisé se vide, les dernières photos des retrouvailles entre Raf Pener (T.A.N.K -chant-, K.A -guitare/backings-), Jon et Pat (THREAT SIGNAL) sont prises, il est maintenant temps de quitter la petite salle de Pigalle.
Merci à Dream Factory Inc. pour cette lourde affiche, à toutes les bouilles amicales croisées en ce nouveau soir de live, notamment ma gracieuse camarade de headbang: Stitchcore (oui, encore !) et un fragment des équipes de T.A.N.K et de K.A pour ces bons moments renouvelés... !

Photos tirées de : www.elp-photo.fr