La review

T.A.N.K + SMASH HIT COMBO + LOKURAH
La Scène Bastille - Paris
07/09/2013


Review rédigée par E.L.P


Il arrive des moments dans votre semaine où vous cherchez activement de quoi vous changer les idées, rompre un peu avec la grisaille de ce mois de Septembre qui s’annonce une fois de plus comme un mois des plus ternes après un riche, très riche été de concerts et autres festivals (les nuques de certain(e)s comprendront de quoi il s’agit...).
Qui dit rentrée dit retour aux salles, aux lourdes affiches et autres grosses ambiances en "petit" comité, le concert de ce soir qui se déroulera à la Scène Bastille (l’un des derniers avant sa réfection) propose un petit trio de groupes d’inspirations aussi diverses que variées mais surtout extrêmes et racées ! Effectivement, ce soir il s’agit de LOKURAH, SMASH HIT COMBO et T.A.N.K !... Tympans fragiles, cervicales délicates et cordes vocales souffreteuses s’abstenir car ce soir marquera le grand retour de cette saison indoor, le 11ème va trembler !...



Qui de mieux pour donner le coup d’envoi de ces hostilités que le carré parisien de LOKURAH ?!
C’est après une (un peu trop) longue attente rognant sur les horaires et le temps d’installation du public que la Scène Bastille ouvre ses portes avec quelques minutes de retard, laissant rentrer les nombreux parisiens motivés pour venir chercher la façon la plus massive de supporter cette rentrée 2013 !... Pas le temps de souffler que le set démarre sans plus attendre, premier constat des plus amers qui soient, la Scène revêt ce soir des allures de caveau, l’éclairage y est quasi inexistant, de quoi "réjouir" les malheureux photographes qui ne pourront profiter des groupes en toute clarté ni prendre la pleine mesure de leurs ambiances lumineuses... Qu’à cela ne tienne, le podium de LOKURAH (étonnement décoré de petites lampes à pressions filtrées de rose) est avancé, la folie peut commencer ! Le début de set est particulièrement énergique avec notamment "The Time To Do Better", titre éponyme issu de leur dernier opus, dont le refrain laisse d’entrée de jeu, planer l’ombre de Jens Kidman (Meshuggah) sur la fosse. Un ensemble virulent bien qu’un peu brouillon, au milieu des soucis de retour guitare et chant sur les 2 premiers morceaux... Mais la prestation s’affinera très nettement après ces quelques petits imprévus de début de soirée pour nous emmener dans les tréfonds de ce death agressif et entraînant sur "An Ordinary Psycopath" où l’on pourra même constater quelques projections et autres débuts de pogos ! Julien, derrière ses faux airs de Romain Duris, nous prendra alors par la main pour nous assener, à grand renfort d’impeccables screams / growls, de rapides et brutaux cris soulignés par l’omniprésente basse de Loïc apportant un aspect solide, mélodique et terriblement groovy au carré décidément bien en forme ! La formation dont le frontman s’empare parfaitement de la scène réchauffera très rapidement l’ambiance comme sur "Beyond The Pain" puis "Against The Stream" dont la batterie assurée par Sydney Taïeb (Atlantis Chronicles) et la basse nous feront sombrer dans un solide death / groove cher aux fans de Gorod... L’apogée de leur lourdeur technique sera atteinte sur "Cadaver 9" (issu de leur premier album "When The End Comes") puis "Bleed" (reprise d’Edge Of Sanity) où l’on pourra constater de très agréables similitudes avec des pointures comme Meshuggah ou Chimaira !
Fermeture de leur prestation avec l’explosion de "When The End Comes", et c’est le sourire aux lèvres que le groupe entame une petite série de poignées de mains, heureux d’être là, devant un public qu’il aura su conquérir et même parfois charmer en cette première partie d’affiche et ce malgré les difficultés d’installation de ce soir...

Setlist : "The Time To Do Better", "My Own Death", "An Ordinary Psycopath", "Salvation", "Beyond The Pain", "Against The Stream", I"rradiated", "Cadaver 9", "Bleed" (Edge Of Sanity cover), "When The End Comes".



Croix, croix, carré, carré, rond, L1, L2, R1, haut, haut, bas, gauche... qui n’a jamais tenté les plus hasardeuses combinaisons sur sa manette, qu’elle soit de chez Sony, Microsoft, Sega ou Nintendo ?! Qui n’a jamais essayé de souffler dans sa cartouche de Gameboy, Color, Advance et autres SP ?! Ami(e)s des années 88/94 prenez place ! La scène libérée accueille désormais SAMSH HIT COMBO !

*Press Start*

La marginale formation tout droit venue d’Alsace alliant, dans la nostalgie des années 2000 et dans l’amertume des années 2010, hardcore puissant, metal incisif et rap inspiré nous arrive sur scène. Les 6 musiciens la composant prennent place, l’aval de PEGI est donné, le set peut se mettre en place... Intégrer cet étrange mélange au coeur de la soirée de ce 7 Septembre n'était pourtant pas un pari qui s’annonçait gagnant sur le papier, mais force est de constater que les combos prennent, l’alliance est harmonieuse, mélodique et efficace entre lourdes moshparts et puissants breakdowns. Le public de geeks ne s’y trompe pas, il est d’ailleurs là en masse pour soutenir la formation qui n’aura pas besoin de le prier pour l'observer sauter ! Et c’est avec "2.0"(dont l’intro fera aisément penser à certains lourds couinements de guitare d’Emmure) puis leur incontournable "Trop Vite" que les 6 cernéens verront la Scène Bastille s'enflammer devant le cri de cette génération numérico-digitale, nourrie au binaire et droguée à l’image "éduquée par la télé, droguée par la super NES". Les mots habilement posés au milieu de screams aigus et autres pig squeals donnent une très forte assise scénique à Paul et Samy, qui, soutenus par la puissante et saccadée batterie de Brice ne font que souligner l’énergie débauchée par Bat’, Chon’ (guitares) et Matt (basse). Ce dernier prendra une place incroyable au coeur du set, notamment sur des morceaux comme "Etat Second" dans lequel la Scène, au grand complet (public comme artistes) se déchaînera et se laissera emporter par des textes aussi entraînants que ceux de Manau ou Fort Minor empalés sur des riffs dont les lignes rappellent Emmure ou encore Obey The Brave...

*Insert Coin To Continue*

...L’hymne de la soirée se fait désormais entendre : "Hardcore Gamer" que les "fucking nerds" scanderont avec vigueur, pour le grand plaisir du combo qui poursuivra, tout en descendant en fosse, avec des titres comme "Suite Logique", "Génération Test" et enfin, "Hostile" pour s’adonner aux derniers pogos et même à un wall Of death...

Setlist : "2.0", "Trop Vite", "Toujours Plus", "Etat Second", "Hardcore Gamer", "Suite Logique", "Nerdz", "Génération Test", "Hostile".

Encore une rapide sauvegarde et les SHC s’éclipsent, nous laissant retomber en enfance et fouiller dans les souvenirs ainsi déterrés... Changement de plateau légèrement plus long cette fois-ci puisque T.A.N.K s’apprête à prendre place. Mais, avant ça, une petite pause bière / fumoir s’impose pour les quelques courageux osant mettre la main au porte monnaie ou braver la brume de la petite caisse «ventilée» au détour de laquelle j’aurai le plaisir d’échanger quelques mots avec Anthony Dubois venu pour l’occasion et pu croiser les membres du carré (je l’espère) montant de la scène néo metal / hip-hop alternatif : Azot Pain Killer (anciennement Eerie) !...



Le temps des retrouvailles et des discussions attendra, le backdrop est installé, la salle chauffée à blanc est plus que prête à recevoir sa claque, chose qui ne saurait tarder puisque l’on entend déjà l’introduction du set des Franciliens de THINK OF A NEW KIND (introduction que celles et ceux ayant eu la chance d’entendre reconnaitront, il s’agit de celle du Hellfest 2013 !)...
Après un été riche en émotions avec Le Triel Open Air, le PYHC Fest et, comble du luxe, le Hellfest, les 5 joyeux compagnons nous reviennent pour un tour de chauffe avant le Mennecy Metal Fest de la fin Septembre... pas sûr que la Scène supporte ce nouvel impact !...
C’est donc après cette intro’ pleine de souvenirs pour eux, que la formation entame d'émietter minutieusement nos vertèbres et nos côtes à grands renforts de "The Raven’s Cry" et son jouissif clair aérien déposé par un Raf Pener qui semble prêt à nous pousser jusque dans nos derniers retranchements ! Les guitares de Symheris (lead) et de Nils (rythmique) ne sont pas en reste, elles résonnent fermement dans la petite salle et ponctuent impeccablement le morceau lissé par la basse d’Olivier qui, avec une attitude solide et puissamment agressive se fait le plus virulent des échos de la batterie de Monsieur Clément Rouxel s'enflammant pour le morceau suivant (initialement enregistré avec Jon Howard -Threat Signal- sur l’album "Spasms Of Upheaval") : "Inhaled" !! La foule que l’on croyait asséchée par les 2 premières parties trouve un second souffle tandis que vont s’enchaîner, dans cette terrible pénombre qui aura bien tristement marqué cette soirée, au milieu de pogos, slams et autres headbangs, le perforant "T.A.N.K’09" et son incontournable refrain montrant au groupe que le public est des plus réceptifs T...A...N...K ! Les incisifs "Beautiful Agony" et "Spasms Of Upheaval"(titre éponyme de l'album dont le groupe a récemment tourné et mis en ligne une vidéo) suivront, entrecoupés de quelques mots de remerciements adressés à la gesticulante masse venue les soutenir !... Le son propre et carré permettra aux métalleux parisiens de profiter tout en brutalité et en mélodie de titres qui feront invariablement monter la pression : "Disturbia" et "Unleash The Craving" pour arriver à cette explosion de fureur que sera "Brother In Arms" pour lequel les plus beaux slams seront de sortie (notamment 2 charmantes têtes blondes qui se prendront au jeu de nombreux crowd surfing rythmés par les saisissantes lignes du groupe... la relève est assurée !...) et abattus par un trio de cordes incroyablement stable, professionnel et mature... l’entente est là, le plaisir aussi, bref, tous les ingrédients sont réunis pour achever cette bien belle soirée. Et quoi de mieux que "Life Epitaph" pour oeuvrer en cette faveur ? Eh bien encore une fois, un slam, mais celui de Raf (chant) cette fois-ci ! La charismatique formation tente une timide sortie avant de remonter une dernière fois pour nous gracier de sa puissante "It Bleeds Inside"...
Ainsi s’achève une (encore une fois) bien belle performance de ce groupe avec lequel il faudra compter, et avec le plus d'assiduité et de soutien possible, à l’avenir !

Setlist : "Intro H.F", "The Raven's Cry", "Inhaled", "T.A.N.K'09", "Beautiful Agony", "Spasms Of Upheaval", "Disturbia", "Unleash The Craving", "Brother In Arms", "Life Epitaph", "It Bleeds Inside".

Cette soirée, aura décidément tenue ses promesses malgré une logistique bancale, des retrouvailles, 2 groupes d’ouverture méritant amplement les sourires et les applaudissements qui leur étaient réservés et un pentagone T.A.N.K de haute volée ! Il est maintenant temps de se rendre à l’after préparé au Dr.Feelgood pour y siroter une demi-douzaine de Jägger (y croiser ENCORE les Sticky Boys), la nuque endolorie et les cheveux noueux après tant de matraquage en règle !...

Photos tirées de : www.elp-photo.fr