L’époque où les concerts avaient pour habitude de commencer au minimum un quart d’heure en retard serait-elle révolue ? C’est en tout cas la question qui me titille lorsqu’à 20h29 (pour un concert annoncé à 20h30) mes pompes (presque) neuves commencent à piétiner le sol du Normandy tout en commençant à vibrer sous le poids du son d’un concert qui a déjà débuté.

J’accélère donc le pas, jouant des coudes pour dénicher une bonne place et lorsque je me fige pour scruter la scène, je suis tombé amoureux quatre fois en quatre seconde, le temps qu’il faut à mes yeux pour balayer le spectacle. C’est donc quatre jolies créatures jouant sous le nom de CRUCIFIED BARBARA qui occupent l’espace et pour ceux qui ne connaitraient pas (comme moi) c’est un groupe d’origine Suédoise, 100% féminin, qui envoi du gros heavy qui tache. J’avoue ne pas vraiment être dans ma cour de récré avec ce registre mais j’ai pris énormément de plaisir à découvrir cette formation en live. Du gros son, précis, propre, une voix irréprochable, de la bière et du lourd, du très lourd, le genre de truc qui donne la banane. Bref j’ai mitraillé leur prestation de photos et n’ai pas vu le temps passer avant qu’elles ne quittent la scène pour laisser place à LOFOFORA.

Leur arrivée sur scène est acclamée et le groupe envoi la sauce avec le premier titre extrait du tout dernier album, "Utopiste". Durant sa prestation LOFO défend dignement "Monstre Ordinaire" en jouant quatre autres titres qui en sont issus et joués dans le même ordre que sur le skeud. Les plus âgés d’entre nous peuvent également (re)découvrir certains titres de productions antérieures comme "Mémoire De Singes", "Le Fond Et La Forme" (intitulée "Le Fion Et La Forme", sur la setlist que j’ai pu récupérer), "Les Gens" ou encore "Amnes’history". Reuno s’adresse alors au public et explique que cette salle leur est familière et pleine de souvenirs avec notamment le passage du Bal Des Enragés ! Retour au dernier album avec "Elixir" et "La Merde En Tube" sur lequel le chanteur incite à foutre le bordel mais où le public probablement encore un peu froid n’a qu’une très légère réaction. "On est pas à un concert de Chimène Badi ! Vous avez cru que c’était des places assises ?" s’exclame alors Reuno, stoppant la musique en plein milieu du titre ! C’est ainsi que tout notre petit monde repart sur de bonnes bases avec "Le Visiteur" accompagné d’un circle pit, puis "Cannibales", avant de retourner piocher dans des opus précédents et nous faire vibrer avec "L’Oeuf" et "Justice Pour Tous". Il est temps de la petite pause engagée et Reuno nous explique ses motivations à avoir invité sur quelques dates des associations anti-nucléaires, avec un stand d’informations, des flyers, des t-shirts ! LOFOFORA nous accordent encore quelques morceaux avant de laisser leurs amis de TAGADA JONES réjouir la salle à leur tour après ce brillant passage.

Il y a un mois à peine j’avais été au concert du groupe en question à Caen. Il y a donc peu de surprises à les revoir sur scène, ceci dit, le plaisir reste intact et pour les mêmes raisons que leurs acolytes de LOFO, les TAGADA JONES nous font partager leur plaisir de jouer ici. Car jouer au Normandy c’est un peu comme jouer à la maison. Tout de suite le public réagit, TAGADA dynamite la salle avec une setlist sensiblement similaire à celle que j’ai vu à Caen avec une bonne poignée de titres du dernier opus ("Descente Aux Enfers", "Zéro De Conduite", "Les Connards", "Les Nerfs A Vif"). Le constat est d’ailleurs le même lui aussi, un accueil très positif de "Descente Aux Enfers" avec pour preuve les paroles émanant des bouches d’une grande partie du public. Le batteur me paraît plus déchaîné que la fois précédente, le bruit de chiotte veut que ce soit dû à une difficile soirée la veille du concert ! "Pavillon Noir", "Cargo", "Zéro De Conduite" ou encore "Ecowar", autant de réjouissances en concert que de tubes sur CD pour satisfaire un public qui se veut hétéroclite dû notamment, à l’ancienneté des deux groupes Français et leur activité inépuisable au fil du temps. Des crêtes montent sur scène, ça slamme, ça pogote, l’ambiance et bon enfant et semble satisfaire les TAGADA qui nous demandent si nous sommes prêts à déverser encore quelques litres de sueurs. Evidemment ! D’autant plus quand c’est pour le bouquet final. Bal Des Enragés oblige, LOFO et TAGADA ne peuvent s’empêcher de remonter sur scène pour assurer le rappel ensemble. Au menu, une reprise vitaminée de "Antisocial" de Trust, une de Sick Of It All, et enfin un indémodable "Hey Oh Let’s Go" des Ramones.

Pour faire bref, aller voir CRUCIFIED BARBARA c’est bien, aller voir LOFOFORA c’est très bien, aller voir TAGADA JONES c’est très bien également, mais aller voir LOFOFORA ET TAGADA JONES c’est encore mieux ! Que du bonheur !