La review

SWALLOW THE SUN + OCTOBER TIDE + OCEANWAKE
Le Backstage By The Mill - Paris
04/11/2019


Review rédigée par Matthieu


A peine remis de la semaine dernière, je me rue au Backstage pour une date qui est chère à mon petit coeur tout mou. Ayant raté leur dernier passage, SWALLOW THE SUN me fait le plaisir de revenir, et cette fois c’est avec OCTOBER TIDE, une formation que je ne pensais jamais voir chez nous, et OCEANWAKE, qui sera ma seule découverte de la soirée. Les portes s’ouvrent et nous prenons place.



Le public n’est pas très nombreux lorsqu’OCEANWAKE prend place sur scène. Si le premier morceau est très calme, permettant à Martti Koski et Jussi Rautio (guitares) de placer des harmoniques sur la rythmique de Mikko Kulju (batterie) et Tommi Vaittinen (basse / choeurs), il est pourtant très accrocheur ! Mélangeant un doom / death hurlé par Eero Haula (chant) doublé des choeurs du bassiste en voix claire, on sent également quelques relents post-metal. Martti profite des remerciements du chanteur pour sortir un archet électronique, et le show continue. Mêlant intensité, froideur et son oppressant, les Finlandais développent leur univers sur la petite scène, sans hésiter à headbanguer jusqu’au sol lors des passages plus bruts. "So good evening paris ! We have one more song for you !" lâche le vocaliste après quelques longs morceaux, signant déjà l’arrivée de la fin du set. Et le dernier titre suit la tendance déjà appréciée jusqu’ici, c’est à dire un son lourd mais mélancolique, servi par des musiciens engagés dont la silhouette se découpe à travers des lumières éthérées. Et les applaudissements qu’ils récoltent sont mérités.



Deuxième groupe à fouler la scène ce soir, les Suédois d’OCTOBER TIDE nous offrent dès les premières secondes un death mélodique puissant teinté de doom lourd. Alexander Högbom (chant) se place directement sur les retours pour hurler les magnifiques textes de la formation alors que Johan Jönsegård (basse) headbangue au centre de la scène, tout en frappant avec fureur son instrument, offrant une base rythmique parfaite aux harmoniques incisives de Mattias “Kryptan” et Fredrik “North” Norrman (guitares). Ajoutez à cela les frappes parfois précises, parfois rapides de Jonas Sköld (batterie) qui nous roulent dessus, et vous comprendrez pourquoi on observe les premiers headbangs de la soirée dans une fosse calme et malheureusement toujours peu nombreuse. Les lumières n’aident pas réellement à voir les musiciens, surtout les façades qui sont toujours absentes, et les passages vifs succèdent aux parties plus lentes et massives. "Thank you so much Paris for having us ! You wanna hear something classic ?" demande le chanteur pour introduire la sublime "12 Days Of Rain", qui sera évidemment très appréciée des connaisseurs. Mais le groupe explore également toute sa discographie, en revenant sur le dernier album sorti cette année avec la tranchante "Guide My Pulse", combinant des sonorités mélancoliques avec cette énergie dont le groupe fait preuve. "We try to make you sad with sad music !" ironise le chanteur avant que le titre suivant ne prenne la suite. Haranguant la fosse, les musiciens reprennent leur souffle avant de nous offrir une nouvelle dose de leur musique. Les émotions passent sans mal grâce à cette guitare lead inspirée qui nous amène doucement vers la fin du set. "One more ? Oh I only have to ask once…" lâche le frontman. Et c’est après un inquiétant "This one will destroy your brain…" qui introduit "Adoring Ashes" que la musique prend à nouveau possession de la salle, nous précipitant vers le final, qui sera acclamé également.

Setlist : "I, The Polluter", "Ögonblick Av Nåd", "Of Wounds To Come", "12 Days Of Rain", "Guide My Pulse", "Grey Dawn", "The Custodian Of Science", "Adoring Ashes".



Dernier groupe à réveiller la noirceur en nous pour ce soir, et c’est l’air qui vibre lorsque SWALLOW THE SUN débute son set avec "When A Shadow Is Forced Into The Light". Mikko Kotamäki (chant), encapuchonné au centre de la pièce et entouré de flashs lumineux, et Jaani Peuhu (claviers / chant) nous offrent un duo vocal impressionnant et qui rend parfaitement justice aux albums, alors que Juha Raivio (guitare), Matti Honkonen (basse) et Juho Räihä (guitare) alignent calmement leurs riffs emplis de douleur sous les frappes de Juuso Raatikainen (batterie). Et si les voix claires nous ont séduit instantanément, les hurlements viscéraux de Mikko nous font frissonner lorsqu’ils nous transpercent.
Et ce n’est pas avec "Lost & Catatonic" que l’intensité va redescendre d’un cran, bien au contraire… La beauté de la musique des Finlandais est parfaitement retranscrite en live, et cette froideur nous frappe à chaque instant, alors que les parties massives s’enchaînent, entrecoupées de passages plus doux. "Thank you…" murmure le chanteur alors que le morceau suivant débute déjà. Que ce soit en son clair ou avec de la saturation, SWALLOW THE SUN maîtrise parfaitement nos émotions. "We’re glad to be back in Paris" lâche le frontman. "Cathedral Walls" nous propulse quelques années en arrière avec la voix samplée d’Anette Olzon , et "Don’t Fall Asleep" nous fait nous sentir misérables grâce à sa puissance brute, alors que les musiciens se placent au plus près de la fosse pour enchaîner les riffs tristes. Et pour un fan de longue date que je suis, cette alternance entre les différentes périodes de la formation est tout simplement divine. Capables d’un son doux comme de hurlements rocailleux accompagnés d’une déferlante rythmique, le groupe nous offre des bonds dans le temps accompagnés de hurlements déchirants. Juho Räihä headbangue jusqu’au sol alors que le chanteur se cramponne à son pied de micro, reculant parfois pour laisser la vedette aux musiciens, et c’est finalement "New Moon", mon titre favori, qui débute. Une véritable avalanche de douleur qui frappe Paris, une vague de puissance incroyable qui s’abat sur nous, et qui aura raison de ma nuque. Ce refrain, qui flirte avec les hurlements, mais qui met en avant un chant clair plaintif, épuré et accompagné d’un riff simple mais tellement efficace. Tout dans ce show est parfait, et les titres suivants le seront également, comme la tranchante "Deadly Nightshade", qui nous offre un retour au premier album du groupe que j’espérais secrètement entendre.
Mais le groupe quitte la scène avant de revenir rapidement pour trois titres supplémentaires. La pause n’a absolument pas entaché l’intensité du son, ni le mur lumineux que nous subissons en quasi-permanence, et c’est après une cristalline "Emerald Forest And The Blackbird" que le frontman reprend la parole. "Thanks for coming out tonight, this is our final song… Swallow …". Car pour clore une performance dantesque, il faut un dernier titre empli de mélancolie. Un morceau aux sonorités incisives, qui nous laisse pantois devant une telle beauté sombre, qui nous emplisse de noirceur pour les semaines à venir. Et c’est réussi. Ils l’ont fait, puis nous laissent après quelques serrages de mains.

Setlist : "When A Shadow Is Forced Into The Light", "Lost & Catatonic", "Firelights", "Cathedral Walls", "Don't Fall Asleep (Horror Pt. 2)", "Clouds On Your Side", "Upon The Water", "New Moon", "Stone Wings", "Deadly Nightshade".
Rappel : "Black Earth", "Emerald Forest And The Blackbird", "Swallow (Horror, Part 1)".

Bien que j’écrive ces lignes le lendemain, je ne suis toujours pas sorti de cette torpeur, de cet ouragan de peine et de ténèbres. Si OCEANWAKE a brillamment entamé la soirée, OCTOBER TIDE nous a abreuvés de désespoir avant de nous laisser avec SWALLOW THE SUN, véritable raz-de-marée mélodique et mélancolique. Une excellente soirée comme je voudrais en vivre plus souvent.