La review

STEEL PANTHER + FOZZY
L'Olympia - Paris
28/01/18


Review rédigée par Candice


Malgré le niveau très inégal de leur dernier album "Lower The Bar", ma joie fut tout aussi forte qu’autrefois quand l’annonce d’une date parisienne tomba sur les réseaux sociaux. En effet, peu importe la qualité de ses albums, STEEL PANTHER ne déçoit jamais en live. Beaucoup ont tendance à oublier qu’au-delà de son obscénité et des chansons tout aussi grasses de son répertoire, STEEL PANTHER, ce sont avant tout des artistes et musiciens accomplis. Et il va presque de soi que le concert de ce soir à l’Olympia, salle phare des Américains depuis quelques années, va le prouver aux plus septiques et conforter dans leur idée les die-hard fans dont je fais partie.



Avant de goûter à ces phénomènes, petite mise en bouche avec FOZZY, groupe de heavy metal mené par Chris Jericho (surtout connu pour son activité de catcheur aux États-Unis). Tout comme STEEL PANTHER, FOZZY a également un album à défendre ce soir, "Judas", sorti le 13 Octobre 2017 chez Century Media Records. Cependant il présentera son œuvre devant peu de monde, du moins pour les premiers morceaux de la setlist. Pour un dimanche soir, l’Olympia est d’un vide affolant. Ceux qui sont là pourront se déhancher devant "Judas", morceau heavy disons-le très commercial, où il semble que chaque seconde a été calculée pour faire tourner la machine à sous. Il est ainsi très efficace, et il n’y a pas besoin de plus pour passer un bon moment. On note également très vite que scéniquement, FOZZY a tout des groupes "à spectacles" typiquement américains. On sort l’artillerie lourde et les titres catchy à la force d’un rouleau compresseur. Ainsi, "Drinkin’ With Jesus" prend la relève avec brio, où heavy mélodique et moderne se mêle à la puissance de la rythmique et notamment du jeu de batterie de Frank Fontsere. Vous l’aurez deviné, FOZZY n’a rien inventé et au contraire puise dans toutes les recettes destinées à faire de la musique qui marche, tout simplement. Je ne suis personnellement pas très sensible à cette branche du heavy metal, et je remarque qu’une partie du public non plus, elle accueille le groupe sympathiquement mais sans plus. Heureusement pour FOZZY, le vent va tourner au fil de leur performance, et il parviendra à gagner le cœur de tous avec sa reprise de "SOS" de ABBA qui, il faut le reconnaître, est bien faite et permet de faire une petite coupure. On l’avait déjà pressenti avec "Spider In My Mouth", "Lights Go Out" et "Bad Tattoo" vont officialiser la tournure que prend le show, très influencé metal indus voire core sur certains passages. Pendant un instant, j’ai cru m’être trompée de concert ! Malgré l’effort que j’ai déployé pour me transporter dans l’univers de FOZZY, je n’arrive pas à être touchée par leur musique que je trouve sans grand intérêt artistique et beaucoup trop surfaite en live. FOZZY en fait un peu trop, mais malgré cela il ne fait aucun doute qu’il a su conquérir son audience ce soir !



Les lumières se rallument et là, surprise ! L’Olympia est maintenant bondée, ça pullule dans chaque coin. Entre simples curieux, aficionados à perruque et spandex à paillettes et vieux hardos sur le retour, le public est on ne peut plus éclectique. C’est prouvé, STEEL PANTHER n’est plus le groupe de hard hyper cool que l’on pouvait voir pour à peine 25€ au Bataclan ! Il est passé dans la cour des plus grands – en France en tous cas -, on va désormais voir un vrai spectacle, et plus un simple concert de rock qui déménage. Soyons bref et venons-en au point qui nous intéresse.
Tandis que "Everybody Wants Some" de leur idole de toujours Van Halen se fait entendre, nos joyeux lurons débarquent sur scène et entament leur set par "Eyes Of A Panther". Les années ont beau passé, c’est toujours aussi jouissif de voir en direct ce titre terriblement efficace et tapageur. Un pur moment de bonheur. On enchaîne avec "Goin’ In The Backdoor", morceau que j’avais trouvé sans grand intérêt sur album, mais qui me surprend agréablement ce soir ! On démarre plutôt bien, mais il va falloir attendre un moment avant de pouvoir profiter d’autres titres. En effet, le groupe va nous présenter son premier – et hélas il est loin d’être le dernier - "sketch", mettant en scène chacun des membres du groupe. Moment humoristique sympathique, mais qui se traîne tout de même un peu en longueur. "Asian Hooker" va ramener une nouvelle vague d’énergie, où il est bon d’entendre les solos destructeurs de Satchel. Outre les classiques interprétés ce soir ça fait plaisir de voir que STEEL PANTHER n’a pas peur de jouer de nouvelles compositions telles que "Wasted Too Much Time", "Poontang Boomerang" ou encore "That’s When You Came In" qui rendent le public tout aussi dingue. Il va sans dire que ça chauffe dans la fosse ! Entre petits pogos et strip-teases de la part de certaines jeunes filles, STEEL PANTHER a une nouvelle fois tapé dans le mille. Pour les personnes n’ayant jamais vu ou peu le groupe en concert, on peut imaginer l’excitation et l’adrénaline que cela procure. En revanche, pour ceux – et je m’inclus - qui suivent les Américains depuis un paquet d’années, leur jeu scénique commence à tomber dans les affres de la lassitude. Leurs sketchs sont vus et revus, leur objectif d’aller toujours plus loin dans l’obscénité et l’absurde finit par ôter toute notion de drôlerie à la chose. Résultat, on attend désespérément que les amplis reprennent vie, ce qui arrive enfin pour laisser place aux solos respectifs de Satchel, Michael Starr et Lexxi Fox, sans aucune surprise non plus de ce côté-là. Même le moment un peu "unique" de ce soir, c’est-à-dire l’interprétation de "Weenie Ride" spécialement dédiée à une jeune fille du public met plus mal à l’aise qu’autre chose. En effet, celle-ci ne semble pas avoir plus de 16 ans, et les blagues salaces du groupe à son égard rendent la situation presque malsaine. Histoire de continuer dans la beauferie "sexy" hélas totalement assumée, "17 Girls In A Row" prend le relais, sous le regard émerveillés des uns et blasés des autres. Heureusement, l’excellent "Gloryhole" va remonter un peu le niveau, et les rappels "Community Property" et "Party All Day (Fuck All Night)" vont nous donner un peu de baume au cœur.

Pour une partie d’entre nous, nous ressortons de ce concert terriblement frustrés. Sur plus d’une heure et demie de performance, un bon tiers est consacré à des speechs toujours plus épuisants et agaçants. C’est d’autant plus rageant quand on connaît les prix des billets, qui ont pour certains triplé en quelques années. Comme l’a très justement fait remarquer une amie présente ce soir, "Si on avait voulu voir un spectacle humoristique, on serait allés voir un spectacle humoristique. Pas un concert.". Une réflexion que le crew de STEEL PANTHER devrait méditer, car leur image à l’origine drôle et effrontée va définitivement se retourner contre eux, et ils perdront leurs fans les plus fidèles.