La review

SOULFLY + DJ MIKE ROCK
La Maroquinerie - Paris
08/03/2014


Review rédigée par E.L.P


Il arrive parfois que les agendas de concerts se ressemblent étrangement, présentent une étroite unité tant les groupes annoncés se trouvent enserrés dans un mouchoir de poche stylistique / historique ! Eh bien ces dernières semaines ne feront en rien exception à la règle, puisque, voici venir le tour de SOULFLY, après la remarquée prestation de Sepultura, autre figure de proue de la scène thrash / death américano-brésilienne de faire son apparition sur les planches parisiennes !...



D’aucuns diront qu’il y a là de quoi régaler le public parisien, et pourtant, c’est un début mouvementé que la soirée s’apprête à offrir au public arrivé dans la petite cuve du 20ème avec, pour simple première partie, un DJ set de l’"illustre" Mike Rock (ayant, entre autre déjà mixé au Hellfest ou au Wacken par exemple). Ce dernier enverra, aidé d’une fidèle bouteille de Jack Daniel’s, parmi les titres les plus cultes d’ACDC, Iron Maiden, Slayer, mais surtout... Le générique de Denver, Le Dernier Dinosaure !... Ce sera un public malheureusement éteint et peu réceptif à cette incongrue prestation d’ouverture qui restera figé, patiemment, attendant léthargiquement la venue du grand Cavalera ! Seul sursaut des métalleux se compactant à mesure que l’heure tourne : un premier pit énergique déroulé pour "Raining Blood". Ce fut donc une bien terne mise en jambe que ce DJ set laissant une triste amertume dans la bouche des Parisiens espérants être accueillis par une réelle performance suante et vibrante !...



Qu’à cela ne tienne, les drapeaux verts et jaunes se trouvent finalement sortis, aussi bien sur scène qu’en fosse, habillant ce théâtre prêt à accueillir le monolithique frontman officiant anciennement au sein de Sepultura : Max Cavalera (chant / guitare) ! Le second ambassadeur de cette culture metal tribale brésilienne faisant alors son apparition, voici que vont débuter, les plus virulents des pogos, et ce sans guère d’échauffement, dès les 2 premiers titres issus de l’album "Savages" : "Bloodshed" et "Cannibal Holocaust"... Une déferlante de violence plongeant les "premières lignes" sur l’avant-scène, allant jusqu’à avoir la tête soudée aux retours par telle explosion de puissance. L’occasion sera d’ailleurs laissée à la Maroquinerie, d’observer un spectacle ô combien inédit, celui d’une nouvelle preuve de la frénésie de certains... Effectivement, les termes "frénésie" ou "déchaînement" sembleront être utilisés à bon escient tant la scène semblera surréaliste : des bras tendus aux premiers rangs s’emparent du pied de micro de Max, le faisant ainsi circuler dans la salle pour en détacher les médiators fixés dessus, à la plus grande surprise des artistes, mais surtout, au grand dam des techniciens !... Le frontman ainsi rendu à jouer sur la chair une bonne partie du set durant, ne se sentira, semblerait-il en rien perturbé par cette démonstration de ferveur mêlée d’alcool et de passion ! Force est d’admettre que la prestation prenant place ce soir n’impose ni plus ni moins que ce déferlement de puissance enserrant les corps aux rythmes effrénés du chaos déversé par des titres aussi musclés que "Prophecy", "Back To Primitive Fire" et "Execution Style"...



La chaleur se faisant désormais implacable, tant l’ambiance bat son plein, la formation poussera finalement les présents dans leurs derniers retranchements, par le biais de nombreuses reprises du groupe demeurant malgré tout, sur toutes les lèvres : Sepultura, avec des titres tels que "Territory", "Troops Of Doom" ou encore "Arise" et "Dead Embryotic Cells" mais surtout les classiques chefs d’oeuvres "Roots Bloody Roots" et "Refuse/Resist"... Une setlist aussi vaste que complète pour les amateurs du carré brésilien, piochant allègrement dans la vie de la formation et de son charismatique leader... ! Parler du charisme de la formation ne sera qu’anecdotique, tant la solidité du combo se fera ressentir, mais malheureusement pas au travers du frontman qui nous est ainsi apparu un rien éteint, statique. Les acolytes de l'emblématique chanteur feront, eux, en revanche, preuve d’une solidité toute autre, Marc Rizzo (guitare) se sentant pousser des ailes tandis que Tony Campos (basse) laisse s’étendre ses puissantes racines rythmiques sur les percussions de la nouvelle génération de Cavalera : Zyon, à la batterie !... Des grooves peut-être trop discrets associés à un frontman en petite forme (à la vue de son étincelant passé) ne terniront en rien l’hargneuse et agressive prestation ainsi proposée ce soir... "Master Of Savagery" portera honteusement bien son nom, tant la fosse se déchaînera au coeur des ambiances savamment distillées par le groupe, entouré d’une bonne gestion lumineuse et d’un son on ne peut plus correct, soulignant l’aspect instinctif et primitif des sonorités du quartet ! Les titres "Jumpdafuckup" et "Eye For An Eye" suivant le rappel ne feront pas exception à la règle, et c’est au rythme des mélodies endiablées de Marc que le public s’adonnera à d’ultimes moshs, crowd surfings et pogos...

Setlist : "Bloodshed", "Cannibal Holocaust", "Prophecy", "Back To The Primitive Fire", "Bring It", "Defeat U", "Territory" (Sepultura cover), "Execution Style", "Troops Of Doom" (Sepultura cover), "Downstroy Babylon", "Living Sacrifice", "Blood Fire War", "Hate Wasting Away" (Nailbomb cover), "Arise" (Sepultura cover), "Dead Embryonic Cells" (Sepultura cover), "Plata O Plomo", "Master Of Savagery", "Roots Bloody Roots" (Sepultura cover), "Refuse/Resist" (Sepultura cover).
Rappel : "Jumpdafuckup", "Eye For An Eye".

Voila qui parachève donc cette soirée old school revival, qui a su, au même titre que celle de Sepultura, déchaîner les plus folles passions et les plus violents instincts (parfois sans réelle intelligence ni réflexion)... Une soirée faisant écho à celle du passage d’Ill Niño une année plus tôt, complétant cette lecture de la Sainte Trinité brésilienne ! Une chaleur tropicale, des sonorités véhémentes et racées, tel était le programme annoncé qui aura donc, malgré la triste comparaison Derrick Green / Max Cavalera, su charmer les présents ! Merci à Nous Productions pour cette belle soirée malgré l’interrogation de première partie... !

Photos tirées de : www.elp-photo.fr