La review

SOILWORK + DARKANE
Le Divan Du Monde - Paris
09/03/2014


Review rédigée par E.L.P


Il arrive parfois que certaines affiches attirent les plus vifs intérêts, qu’il s’agisse de black metal, de progressif, de death, de thrash, de core, de brutal, ou même, comme ce fut le cas ce soir, de melodeath ! Particularisme oblige, cette soirée s’annonçant sur papier comme incroyablement riche en mélodies (ainsi qu’incroyablement suédoise), ne comptera pas 3 mais seulement 2 groupes: nos voisins de la province du Götaland, DARKANE et SOILWORK, lestés de System Divide en cette fin de tournée européenne de présentation pour The Living Infinite Tour ! L’ouverture des portes se fera en temps et en heure, pour voir peu à peu, à mesure que s’égrainent les minutes, la très prisée salle parisienne se remplir des adorateurs de riffs venus d’outre Baltique !



Ouvrir pour pareille formation n’est jamais chose facile, mais force est de constater que le premier groupe semble prendre goût à cet exercice, car voici les 5 souriants camarades de DARKANE !... Originaires du même creuset d’inspiration que semble être la ville d’Helsingborg, ces compatriotes du groupe de tête afficheront leur plus fier sourire tandis que "The Sinister Supremacy" entamera avec violence et maîtrise, ce set posant les plus fermes bases imaginables d’une scène melodeath actuelle pleine de talent (qui ne sera pas sans rappeler, d’ailleurs, certaines ambiances de Mercenary) !...
Ainsi posés, les jalons de cette soirée ne seront que davantage renforcés par la puissante structure mélodique des titres envoyés un à un par Christofer Malmström et Klas Ideberg (guitares) comme le très heavy "Innocence Gone" et le sombre "Insurrection Is Imminent" aux accents thrash façon Death Angel ou même Exodus. Roulant sur la folle batterie de Peter Wildoer, le quintette s'évertuera ainsi à faucher le public parisien à grand renfort de rythmiques parfois trop fournies et complexes peut-être pour être pleinement appréciées ce soir... Qu’à cela ne tienne, le plaisir semble plus que partagé entre les 2 pans de la salle, la formation suant de bonheur sous les cris déchaînés de certains fans avides de cette virulence technique dont le combo se fait le porte parole aujourd’hui ! La suite des hostilités prendra forme sous les traits de "Mechanically Divine" et "Ostracized", titres eux aussi issus de leur dernier album en date : "The Sinister Supremacy" et immanquablement repris en choeur par le parterre ébloui devant tant de déferlement technique et de finesse musicale... Intercalé entre ces vifs enchaînements de riffs, le titre "Chaos Vs. Order" prendra vraisemblablement le plus d’ampleur, brillant par ses ambiances et son découpage rythmique fracassant d’efficacité derrière la basse de Jörgen Löfberg ! Jouissant d’un son ample mais peut-être trop porté sur les guitares, le groupe verra son set clôturé par un titre de choix, vibrant jusqu’au plus profond de la discographie de la formation à venir (SOILWORK) : "Convicted" et parachevant l’emprise vocale du frontman Lawrence Mackrory...
Fondant ainsi sur la fosse laissée sans défense devant pareil spectacle, c’est une formation vidée de toute énergie et portant sur son visage la joie d’avoir su transmettre la plus positive de ses vibrations qui s’éclipse donc, après quelques poignées de mains dûment méritées !

Setlist : "The Sinister Supremacy", "Innocence Gone", "Insurrection Is Imminent", "Mechanically Divine", "Chaos Vs. Order", "Layers Of Lies", "Ostracized", "Third", "Convicted".



Ainsi passée cette brillante première partie, le court instant séparant un Divan désormais amplement rempli sera l’occasion de voir l’effervescence monter d’un cran à l’approche de l’arrivée du groupe phare de ce soir : SOILWORK... Les lumières se voilent, le backdrop d’ores et déjà tendu annonce la venue du sextuor tant attendu, et pour cause, le voici de retour après 6 longues années d’absence ! Démarrant sur les chapeaux de roues, la formation suédoise ouvrira ainsi son set avec "This Momentary Bliss", bouillonnant titre issu de leur dernier opus : "The Living Infinite", suivi de "Like The Average Stalker", jetant ainsi les bases de la prestation sur les fondements de cette riche discographie qui est la leur. D’aucuns diront que la scène du Divan pourrait être trop étroite compte tenu du gabarit de certains membres, et notamment d’Ola Flink, bassiste surdimensionné qui piétinera de ses "chétifs" abattis, le parterre médusé devant la puissance inhérente à son jeu technique et racé, empreint de grooves foncièrement jazzy ! Prenant ainsi appui sur cette chape rythmique posée par Ola et Dirk Verbeuren (batterie), la formation poursuivra son ascension au travers de "Spectrum Of Eternity" et "Black Star Deceiver", sur lesquels quelques faiblesses se feront malheureusement ressentir... Björn Strid (voix) n’allant pas chercher autant de relief que "prévu" dans ses aigus et laissant, de ce fait, le champ libre aux samples vocaux (discrets mais bel et bien présents), se frayant ainsi un chemin dans l’espace de la rue des Martyrs... !



Le public maintenant transi par les explosives ambiances des 6 comparses nordiques se verra ensuite offrir le très efficace "Distortion Sleep", sur lequel les claviers de Sven Karlsson pourront enfin prendre l’ampleur qui leur est due, tant sur la pénétrante introduction que sur le dynamisme du lancinant refrain "Deciding his lifetime by rolling the dice" repris en choeur grâce à l’étroit lien créé par le charisme du frontman... ! Parler de communion entre les planches et le parterre semblera ainsi pleinement prendre son sens (comme pour DARKANE), tandis que l’un des joyaux de la formation retentit : "Let This River Flow", empreint de cette mélancolique mélodie dont certains groupes ont le secret, ce titre résonnera avec toute la puissance qu’il mérite, porté, là encore, par un Björn n’appelant qu’à une seule chose: l’immersion ! Cette enclave de calme et de volupté finira bien vite par voler en éclat, "Tongue", "Nerve" mais surtout l'étincelant "The Living Infinite I" la suivant de près, pour le grand plaisir d’une foule malgré tout assez éteinte face aux déflagrations de riffs de David Andersson et Sylvain Coudret (jouant, avec fierté, à domicile), aux guitares... C’était sans compter sur les 2 valeureux titres du rappel, "Late For The Kill, Early For The Slaughter" et "Stabbing The Drama", qui refermeront ainsi, de leur caractère de poids lourd discographique, le set des géniaux Suédois venus envelopper Paris de son plus puissant et technique vêtement melodeath !

Setlist : "This Momentary Bliss", "Like The Average Stalker", "Overload", "Weapon Of Vanity", "Spectrum Of Eternity", "Black Star Deceiver", "Parasite Blues", "Distortion Sleep", "Bastard Chain", "Let This River Flow", "Long Live The Misanthrope", "Tongue", "Nerve", "The Living Infinite I", "Rise Above The Sentiment". Rappel : "Late For The Kill, Early For The Slaughter" "Stabbing The Drama".

La soirée touchera donc à sa fin sur un ultime, sincère et transpirant salut au public... Un public qui aura ainsi eu droit à 2 prestations de qualité, proposées par des formations nordiques de haute volée ! Un son qui n’aura eu que de sommaires défauts n’ayant en rien entaché l’expressivité des sets des 2 groupes de la soirée ainsi que de belles ambiances lumineuses resteront dans les mémoires. Ces plus que positifs bilans seront malheureusement également assortis d’un triste constat : celui d’un dommage manque de relief concernant la voix de Björn, restée un rien trop terne et encadrée des charismes peut-être trop voilés (compte-tenu de la stature d’une telle formation)... Que tous les détracteurs du genre prennent bonne note : DARKANE et SOILWORK sont et resteront dans les années à venir, des formations aux talents affichés et aux technicités habiles et raffinées avec lesquelles il est important de compter ! Longue vie au rêve melodeath !... Merci à Veryshow pour cette opportunité !...

Photos tirées de : www.elp-photo.fr