SKELETONWITCH + MANTAR + EVIL INVADERS + DEATHRITE
Le Petit Bain - Paris
07/12/2018
Review rédigée par Matthieu
Le Petit Bain est la salle de Paris où j’ai fait le plus de concerts. Et chaque affiche qui passe
sur ce bateau au cadre absolument idyllique, même lorsqu’il fait un froid à faire éternuer un
pingouin, est vraiment très attrayante. Celle de ce soir ne fait pas exception, avec le grand
retour de SKELETONWITCH, accompagné pour l’occasion par MANTAR, EVIL INVADERS et
DEATHRITE. Il était donc tout naturel de venir en avance, même si nous ne sommes pas dix à
une demi-heure de l’ouverture de la salle. Et de prendre une bière pour se réchauffer
lorsque les portes s’ouvrent enfin.
Rapidement, c’est DEATHRITE qui monte sur scène pour jouer devant une fosse quasiment
vide. Mais peu importe, Beff (batterie) se met à son poste, Tom et Andy (guitares) se
placent de chaque côté de la scène alors qu’Anton (basse) reste sur le milieu de leur
espace de jeu. Une rythmique old school à souhait démarre alors tandis que les musiciens
sont enveloppés par des lumières aveuglantes, et Tony (chant) déboule d’un seul coup en
hurlant. Leur mélange de death et de grindcore est plaisant au possible, mais
malheureusement le public reste statique, applaudissant à peine entre les morceaux, alors que
les musiciens se démènent sur scène. Jouant avec son pied de micro, le chanteur essaye
tant bien que mal de motiver par son chant une fosse peu réceptive à cette violence gratuite
d’excellente qualité. La setlist est très bien choisie, alternant des passages déchaînés avec
des riffs planants à souhait, lors desquels les guitaristes se mettent parfois en avant. Mais
avec à peine une demi-heure de show, le final instrumental clôt cette performance qui me
pousse à en apprendre rapidement plus sur la formation allemande.
Au tour d’EVIL INVADERS de prendre possession de la scène avec quelques décorations,
notamment ce pied de micro avec des lames. Et de la fumée. Beaucoup de fumée. Mais peu
importe, les Belges sautent sur scène et sont visiblement décidés à nous en mettre plein la
vue et plein les oreilles. Senne Jacobs (batterie) se concentre au maximum pour renforcer
la rythmique de Max (guitare) et Joeri (basse), alors qu’au centre Joe (chant / guitare) hurle
tout en jouant. L’énergie des musiciens, qui ne cessent de changer de place alors que le
public commence timidement à arriver. Les lumières sont également plus conciliantes, et
c’est au bout d’un petit moment que le frontman nous lance "Salut Paris, ça va ?". Quelques
cris se font entendre dans la fosse, mais Paris n’est pas encore assez en forme, et le groupe
reprend avec un autre titre tout aussi axé thrash / speed metal qui plaît aux amateurs de
sons rapides. L’énergie des membres se ressent clairement, et même moi qui suis
réfractaire au style de base, me laisse prendre au jeu avec une facilité déconcertante. Les
quelques choeurs des musiciens complètent à la perfection les hurlements aigus du
frontman, qui annonce "We just have one more !", ce qui lancera finalement le pit. Le final du
groupe est explosif, et si musicalement la salle s’y retrouve, le chanteur monte littéralement
sur son pied de micro, en décroche deux lames puis le démonte carrément devant nos yeux.
C’est sur cette image que les membres laissent place au groupe suivant.
La scène est réaménagée et une autre batterie avancée pour la prestation de MANTAR.
Lorsqu’Erinc (batterie / chant) s’installe, Hanno (chant / guitare) en profite pour nous expliquer
qu’il est malade. "I’m happy, we’re happy to be here but I have a sick fever so sorry but we
will try to do something tonight…" lance le frontman, "We have our friend Adam from
Skeletonwitch to sing with us". Et le show commence donc avec un trio sur scène, en lieu
et place du duo habituel, mais le guitariste bouge tout autant que d’habitude. Plus violentes
et psychédéliques qu’à l’accoutumée, les lumières mettent en valeur les trois hommes, sous
un sludge / black pachydermique. Le chant d’Adam Clemans est assez raccord avec ce que
je connais de MANTAR, et l’homme est tout de même aidé par quelques hurlements du
survolté Hanno, qui bouge tout autant que son compagnon batteur. "Hey guys, is it a friday
night or what ?" demande le guitariste en voyant l’absence de réaction du public. Mais rien
n’y fait, le public demeure contemplatif et boit chaque riff. "If you want us louder" ironise
Hanno, "just talk about it to your government !", alors que Tony de DEATHRITE monte sur
scène pour remplacer Adam. Mais malheureusement son micro est mal réglé, et nous ne
parvenons à l’entendre que sur la fin, alors que MANTAR redevient un duo. "I don't have any
voice left, so just don't focus…" lâche le guitariste, "Are you ready for some darkness ?". Et
c’est ce titre qui lancera les premiers mouvements de foule, mais malheureusement les
Allemands doivent quitter la scène après celui-ci, alors applaudis par la fosse.
A nouveau la scène est réaménagée pour le show de SKELETONWITCH. Et lorsque les
musiciens sont en place, c’est l’introduction de l’atmosphérique "Fen Of Shadows" qui retentit,
garnie par les harmoniques de Nate Garnette et Scott Hendrick (guitares). Lorsqu’Adam
Clemans (chant) monte sur scène, les influences black metal ressortent évidemment
beaucoup plus, et la foule en profite pour mosher gentiment. La basse d’Evan Linger
permet au groupe d’apporter cette profondeur imposante à la musique, alors que le batteur
rythme le tout avec des frappes puissantes. Et les Américains vont enchaîner les morceaux
avec assez peu d’interaction, leur permettant de mettre cette froideur en place, tout en
restant d’excellents musiciens qui énergisent la fosse. Malheureusement assez peu remplie,
l’assemblée va mosher sur les riffs du groupe, que ce soit les nouveaux morceaux ou
d’autres plus anciens. Mais le son commencera à se dégrader, et le chant en souffrira, bien
qu’Adam soit excellent tout au long de la performance. De son côté, Nate reste statique
lorsqu’il aligne des parties lead, alors que les autres musiciens headbanguent en
permanence. Combinant titres modernes et plus anciens, toutes les ambiances y passent :
du thrash / death mélodique au post-black. Mais rapidement, le son revient à la normale, et
nous pouvons profiter de chaque harmonique que le combo dispense, alors que c’est le
frontman qui attire tous les regards en headbanguant au plus près du public. Mais c’est
lorsque les plus vieux morceaux sont joués, comme "Beyond The Permafrost" ou "Submit To
The Suffering" se font entendre que la fosse est le plus motivée. "We got two more songs…"
lâche enfin le chanteur, "This one is from "Serpents Unleashed"". Et la fosse repart, profitant
de ce duo final pour contempler une dernière fois les Américains, qui semblent au moins
aussi heureux que le public d’avoir été à Paris ce soir-là.
Setlist : "Fen Of Shadows", "When Paradise Fades", "Serpents Unleashed", "Upon Wings Of
Black", "Choke Upon Betrayal", "Temple Of The Sun", "Black Waters", "This Horrifying Force
(The Desire To Kill)", "Beyond The Permafrost", "The Vault", "The Luminous Sky", "Submit To The
Suffering", "I Am Of Death (Hell Has Arrived)", "Red Death", "White Light".
Au stand de merchandising, il est facile de croiser les membres des groupes, et alors que
chacun termine son verre, l’endroit ferme peu à peu. Nous retraversons cette froide nuit
avec la tête pleine de souvenirs. Tout d’abord, l’excellente introduction de DEATHRITE qui n’a
malheureusement pas séduit le public, même si l’affluence était trop peu représentative,
ainsi que le son incisif d’EVIL INVADERS, mais aussi la performance spéciale de MANTAR qui se
refusait à annuler une date supplémentaire, et le final explosif de SKELETONWITH. A revoir ?
Bien évidemment !