La review

SIMPLIXITY + EMIA + NEPHALOKIA
Les Runes - Bordeaux (33)
16/10/2010


Review rédigée par Sab
Photos prises par Sab et Mobo


Lieu du RDV : les Runes, un sympathique bar / concert de Bordeaux situé sur les docks.
Ce qui est certain, c’est que ce lieu a déjà ses fidèles, par ailleurs amateurs de très bonne musique pour la plupart. Ajoutons à cela une info qui circule bien et vite via la petite communauté de metalheads de Bordeaux, et c’est déjà un noyau dur qui se forme autour duquel vient se greffer les copains métalomanes des copains musiciens, des copains, des copains, etc. On peut croiser dans l’audience beaucoup de musiciens Bordelais : des zicos de Warattah, Hell In Town, Memento, ou encore Nekrum… Résultat : Un bar bien rempli d’un public bien chaud et de qualité. Qualité qui par ailleurs est le maitre mot de cette soirée mémorable. Je vais tenter de démontrer cette théorie de la façon la plus objective possible, car je n’oublie pas qu’une chronique (live ou pas) est toujours subjective, en particulier pour moi en ce moment-même. En effet, j’apprécie les 3 groupes qui sont à l’affiche, alors je ferais de mon mieux en restant honnête et digeste dans mes propos (pour ce qui est du digeste, c’est pas gagné)… Les 3 formations Françaises de ce soir sont enregistrées, mixées et masterisées au Conkrete Studio dont la réputation n’est plus à faire (ben j’vais me gêner tiens). Magic Mobo étant bien évidemment présent et heureux d’en être (du public…hum).
Soirée également placée sous le symbole du webzine progressiste French Metal, t-shirts arborés fièrement à l’appui par plusieurs d’entre nous.



Les festivités commencent sur les chapeaux de roues avec les Toulousains de NEPHALOKIA.
Pas le temps de commander ma Despé (oui je sais je suis une tarlouze) que les acolytes balancent déjà leurs riffs incisifs à la face de mon visage pâle qui prend au fur et à mesure du premier morceau une couleur beaucoup plus chaude. Oui, car ces gars-là sont très doués pour faire monter la sauce piquante sans préliminaires. Et ça marche ! Le public est déjà PLUS qu’attentif, il est "burning hot". Les morceaux s’enchaînent sans laisser place à un malheureux godet de derrière les fagots, en effet, impossible de décrocher. Les zicos sont non seulement excellentissimes mais aussi très charismatiques. Riffs ciselés, chirurgicaux et accrocheurs, parfois djent (pas pour mamie c’est sûr), énergie dantesque, chant screamo qui prend aux tripes, passages parfois bien barrés et toujours une parfaite maitrise. NEPHALOKIA est un groupe brutal et torturé à la technique incroyable : just flawless… Ils s’approprient le petit espace des Runes pour déclencher des headbangings déchaînés et captiver l’audience. Mission accomplie ! Public = sueur =content. Les NEPHALOKIA ont définitivement une énergie et une rage communicative. La fin du set arrive (trop vite, c’est qu’on en redemande) et Flo dans sa mule extrême (batteur vous l’aurez compris) pète sa double. Heureusement, Joe le batteur d’EMIA vient à la rescousse en lui prêtant sa "précieuse". Tout est bien qui fini bien… J’ai soif…



Allez hop ! Une glutte et on y retourne ! Deuxième formation : les toulousains d’EMIA.
Ah… EMIA…! Ils ont déjà conquis mon cœur rien qu’en reprenant le fantastique thème du film 28 Days Later (ndr : excellent film d’infectés). EMIA démarre donc en posant une toute autre ambiance avec ce thème magnifique. Je parle ici d’ambiance, car EMIA c’est tout un concept où l’art visuel et corporel ainsi que la musique ne font qu’un. Maquillages chiadés (chaque musicien arbore une couleur : rouge, jaune, gris, bleu et vert) et saisissants et ambiance musicale chaotique, qui laisse place dès le deuxième morceau à un metal résolument moderne et novateur, lourd et puissant, sexy et groovy (ben quoi ?) parfois emo ou encore fluide avec des passages ambiants absolument divins. Et toutes ces harmoniques frissonantes… j’adore ! Les gars jouent sur beaucoup de terrains avec un grand savoir-faire. C’est la dévastation les amis. L’équilibre entre la beauté sombre des mélodies et la puissance des riffs et des beats est parfait. Et on est très attentif à la grande qualité des compos… Perso I’m in the VORTEX (nom de l’un de leur titres) ! Greg (l’homme jaune) nous offre tour à tour un chant gueulé convaincant, puis saturé en mode mélodique ou mélodique teinté atmo : du pur bonheur, car c’est un chant qui sublime véritablement la qualité technique instrumentale… La seule ombre qui viendra malheureusement un peu plomber leur set sera un problème technique sur l’ampli de Matt (guitariste et homme rouge à ses heures). De surcroît, problème technique intervenant dans la première moitié du set et perturbant à raison le guitariste. Quand rien ne sort de l’ampli il devient difficile d’être à fond dans le trip, ce qui se comprend parfaitement… Néanmoins, le groupe nous délivre son métal original et unique à la fois ambiant, post-rock, nu, power, thrashy, mais dans tous les cas dévastateur et avec une très forte identité. On notera que c’est Colin du groupe Dwail qui est chargé du son live de NEPHALOKIA et d’EMIA ce soir.



Dernier groupe et pas des moindres : les bordelais de SIMPLIXITY.
Ca commence fort avec une rafale d’énergie positive vraiment caractéristique de ce groupe. Il faut dire que les zicos se démènent dès le départ et sont loin d’être statiques. Menés par Amaury (chanteur) l’un des rare chanteurs à avoir l’air d’avoir bouffé du C4 au petit dèj’ alors qu’en fait c’est que du bio tout ça ! Ce qui est certain c’est qu’on ne s’ennuie pas une seule seconde et qu’on est vite happé par cette bourrasque metaloïde : paye ta pâté Sab ! Toujours fidèles à eux-mêmes : compos vraiment excellentes, une musicalité et une maturité incroyable se dégage de ces riffs tour à tour death, thrash, et de ces ambiances parfois heavy voire power… un savant mélange et des variations parfaitement maîtrisées qui donne à ce groupe une vrai valeur ajoutée. Pour moi ce groupe délivre presque une sorte de renouveau du metal old-school (ouais je sais c’est bizarre et paradoxal mais c’est mon ressenti). Et pour couronner le tout ils se paient le luxe d’offrir à toute cette petite audience déjà au taqué, deux reprises : une de Sepultura ("Propaganda") et une de Goji (non pas le fruit tibétain) Gojira… (oups désolée je ne me souviens pas du nom du titre, vous avez le droit de me flageller) . Il n’en reste pas moins que ces reprises sont très réussies même excellentes. Je cite une phrase sortie de la bouche de mon ami Nutos présent ce soir-là : "Putaing ! Elle était mieux que celle de Gojira la reprise, j’hallucine complet !" Et oui, désolé Gojira mais la relève est assurée alors allez vivre aux Etats-Unis maintenant, allez ! Petite anecdote en passant, toujours dans le chapitre "malédiction du matos", c’est la double de Jean-Jean cette fois qui se fait la malle. Et ben oui monsieur, on joue pas du jazz ici ! Sauveur : Joe l’homme bleu, aussi connu pour être le batteur d’EMIA… Le son de SIMPLIXITY fut servi ce soir par la patte de Jey (guitariste de NEPHALOKIA) assisté de Colin.

Je retiendrais vraiment quelque chose de cette soirée : endroit vraiment cool (le patron Nounours est un vrai nounours à la guimauve avec du chocolat autour) et bonne ambiance, public de qualité, mais surtout : Ces 3 formations métal peuvent être fières de faire le metal qu’elles font. Un metal unique en son genre pour chacune d’entre-elles. On parle souvent d’influences, on se sent obligé de citer d’autres formations comme références comme pour en référer à quelques "respectés supérieurs", ce qui en soi n’est pas une mauvaise chose car nous avons tous des exemples qui nous guident et nous poussent à aller plus haut. Mais ce que j’essaie de dire (ça vient, ça vient), c’est qu’il est vraiment rafraîchissant et encourageant de voir et d’entendre de jeunes groupes qui fabriquent leur propre tambouille et élaborent leur recette à eux avec une telle maturité. De plus, il serait réducteur de leur coller une étiquette ou bien de les ranger dans une catégorie, et c’est ce qui fait leur force et les rend uniques : une très forte identité qui ne leur donne que plus de valeur… Ce dont je suis sure, c’est que ce soir, j’ai eu la chance de voir et d’entendre le présent, mais surtout d’entrevoir avec clarté l’avenir du métal français… A suivre de très très près : "so be there or be square !"