S’il y a bien une date qui ne fallait pas rater pour tout amateur de brutalité pure et puriste qui se respecte, c’était bien cette date à la Scène Michelet mitonnée par Danton Smiley et Réseau Rock France. Une affiche comprenant quatre groupes de cette qualité démontre une maîtrise totale dans la programmation pour un tarif ridicule, soit 7 euros l’entrée. A ce niveau, il faut se bouger le cul afin que pareille initiative se pérennise.

NECROWN ouvre le bal avec leur death old school plein de poésie et qui tire très souvent vers un brutal maîtrisé. Jouissif, explosif et sans concession, Ben tient le crachoir et impressionne par sa capacité à tenir un set sans temps mort, bien secondé en rythmique par Manue à la basse. L’orga m’avait prévenu, le batteur à lui seul valait le déplacement ; argument vérifié et approuvé. J’imagine la tête de SILENT DAWN, qui avait fourni les caisses, en voyant Ghys matraquer les fûts sans temps mort avec une violence déconcertante. Tant dans la configuration que dans le chant, tout me fait penser à du Dying Fetus ; ça envoie du lourd dès les premières notes, c'est propre et carré, leur 19 ans de carrière se font positivement sentir. Le gang de Vallet étant aussi responsable de l’excellent Muscadeath Fest, il est fort à parier que l’histoire ne s’arrêtera pas là.

ANTHARES prend à son tour possession des lieux, proposant un thrash old school comme on n'en fait plus, accessible et impeccable, il me tardait de découvrir le combo en live, un an après avoir chroniqué "To My Last Breath" comme étant le meilleur album du genre dans l’hexagone en 2014. Les voir sur scène est donc un réel plaisir… partagé par le groupe. En témoigne la bouille joviale de Julien qui aura passé une bonne partie du set à échanger des sourires et un regard qui fait franchement plaisir à voir. Autant de fraîcheur et de spontanéité après 19 ans d’existence, beaucoup de jeunes cons devraient en prendre de la graine. Les headbangs sont au rendez-vous, impossible d’en être autrement lorsque l’on voit des musiciens respecter autant leur genre. Le combo tient son set à l’ancienne et mérite le respect le plus total.

Place à SILENT DAWN, formation brestoise fondée il y a dix ans, œuvrant dans un death moderne old school (une contradiction qui permet au groupe de se dénoter) ; froid, clinique comme les sujets abordés, parfois indus pour mieux présenter le côté revendicatif des compos. Il y a du Samael chez SILENT DAWN, c’est indéniable, mais il y a un côté plus kickass que chez les Suisses, un metal positivement très travaillé, parfois difficile à appréhender pour les non-initiés dont je fais partie. Je viens de découvrir le combo sur galette avec leur excellent "Kleptocracy" et autant dire que ça bute sévère. Les sons, changements rythmiques, sont tels que je ne les ai pas forcement captés lors du set. Quoi qu’il en soit, les Bretons imposent un climax lourd en live, le frontman Ron Kobl est réellement impressionnant, les samples oppressants, les backing vocals intelligemment placés. Au final, le sentiment d’avoir entendu des compos toutes différentes. Une découverte sur laquelle je reviendrai prochainement.

Soundcheck et pompe à bière de rigueur avant d’affronter non pas la tête d’affiche mais les cinglés vannetais (l’esprit de la soirée étant exempt de tout classement hiérarchique et c’est tant mieux), YUGAL et leur thrash groovy mâtiné de death, se préparent à retourner la Scène Michelet. Pour ceux qui ne connaissent pas encore le phénomène, YUGAL c’est deux EPs excellentissimes et un futur premier album qui sent déjà la poudre. YUGAL, c’est également des showmen reconnus, en témoignent les prestations hystéro-psychiatriques de GuiGui dont les mimiques n’ont rien à envier à CorpseGrinder. Les sonorités orientales sont clairement audibles, ce qui démontre une totale maîtrise du live. A peine cinq ans d’existence et les Vannetais démontrent une capacité, une volonté à vouloir passer à une étape plus professionnelle de leur art.

Au final, une soirée sans commune mesure, organisée dans un esprit rock’n’roll, une volonté intègre de proposer une très belle prog', accessible à tous. Une conclusion qu’il est nécessaire de souligner car beaucoup d’events manquent de cet esprit qui a contribué aux plus belles années du genre.