La review

SHERIFF
Les Carrelages de Saint-Samson - Saint-Samson-la-Poterie (60)
29/10/2016


Review rédigée par OroBlues


Composé de quatre musiciens dont des multi-instrumentistes, SHERIFF naît en 2015 d’un projet solo initié par Raphael Treinier, ténor lyrique. Sa formation de chanteur d’opéra et ses inspirations folk et post-rock offrent un large champ des possibles quant à la composition musicale et l’écriture pour le groupe.
Le 29 Octobre dernier, SHERIFF présentait son nouvel EP composé de quatre titres, intitulé "Nameless Lands", dans un lieu insolite : une briqueterie en Picardie. Cet endroit appartient au batteur, Thomas Alglave. Nous entrons donc dans ce bâtiment rempli d’histoire où les fours en pierre réchauffent encore l’atmosphère. Quelques lumières sont disposées sur le chemin pour ajouter au décor de cinéma avant l’entrée des cowboys normands. Nous sommes environ une cinquantaine de personnes ce soir-là ; amis, famille et curieux réchauffés par les bougies sont présents pour le début d’une balade surprenante.



SHERIFF débute son set par "No Home", deuxième titre de l'EP. La maîtrise de la voix du chanteur-guitariste est incroyable, et le son résonne merveilleusement bien dans cet endroit plein d’histoire. Le set s’articule autour des titres de l’EP, mais pas seulement. On nous propose aussi des compositions personnelles de Raphael Treinier, et une reprise comme "Trying To Get To You" d’Elvis Presley. Cette reprise a d’ailleurs été amenée avec une délicatesse telle qu’il nous a fallu nous creuser les méninges afin de pouvoir la reconnaître, ce qui est plutôt plaisant pour les aficionados que nous sommes. Et c’est là que se trouve le point important de ce projet : malgré l’air un peu brut que pourrait avoir ce héros de cinéma, tout est délicat, romantique et travaillé finement. Ce qui laisse place à un imaginaire débordant, de grands espaces loin d’une urbanisation pesante et asphyxiante, et une narration perpétuellement suggérée. Après "Devil’s Smack", morceau moins orienté post-rock mais ravivant le côté obscur de SHERIFF, on se perd avec "Nameless Lands", titre qui ouvre l’EP. Je parlais de grands espaces et de mille autres contrées à visiter, voilà nous y sommes pleinement.



Le fil conducteur de cette heure de concert restera la voix du chanteur, on se rattache à ses échos, on se perd dans sa puissance et on avance les yeux fermés. Il y a un réel échange, du plaisir partagé entre les musiciens ce soir-là, mais on pourra quand même ressentir une certaine retenue, des montées timides voire tendues, une prestation peut-être même un peu trop scolaire qui empêchera un lâcher-prise véritable. Le concert s’éteindra voluptueusement sur "Skin To Skin", morceau qui clôt aussi l’EP et dont le clip est sorti il y a quelques mois maintenant.
SHERIFF a donc présenté un set sincère, doux, explorant nos rêveries et nos émotions de façon inépuisable. Le projet est plus qu’intéressant, et les idées réellement bien formées, mais il semblerait que les quatre musiciens doivent encore s’abandonner davantage à la solitude et à l’inconnu afin de faire de ce sheriff un personnage encore plus énigmatique, une bête charismatique et un peu inquiétante qui n’a plus peur de lui-même.

Setlist : intro, "No Home", "Footprints", "Devil’s Smack", "Nameless Lands", "Belong To Me", "In The Dark", "Open Your Eyes", "Trying To Get You" (Elvis Presley cover), "Dancing In The Dust", "Skin To Skin".