La review

SATYRICON + CHTHONIC
La Maroquinerie - Paris
15/11/2013


Review rédigée par E.L.P


Quoi de plus normal, en ce frais mois de Novembre, que d’aller chercher chaleur et réconfort auprès d’une salle bien remplie et d’y écouter l’une des sommités de la scène black actuelle ? Eh bien, la réponse se trouve dans la question, car nous prenons ce soir la direction de la Maroquinerie pour profiter de CHTHONIC, mais surtout, de SATYRICON ! Rendez-vous est donc pris devant la petite salle du 20ème tandis que d’autres courants plus "conventionnels" font salle comble au Bataclan... Nous ne nous en plaindrons pas, puisque la petite cuve du Nord de Paris affichera elle aussi complet !



Ouverture des portes à l’heure, juste le temps de perdre les premières places proches des retours et nous voici prêts à accueillir le premier groupe : les Taïwanais de CHTHONIC, qui ne tardera pas à apparaître. Avec déjà 6 albums à son actif, la formation nous arrive avec son 7ème opus: "Bú-Tik" sorti il y a de ça quelques mois sous Spinefarm Records ! Et ce sera sur "Oceanquake" puis "Supreme Pain Of Tyrant" que l’ensemble à basse féminine (Doris Yeh) entamera son pilonnage ! Le contraste proposé par le groupe sera aussi visuel que mélodique, et le quintette jouera des codes folkloriques de son île natale et du conflit modernité / tradition qui en résulte aujourd’hui.
Arborant, pour le claviériste et le batteur (auxquels je ne ferai pas une nouvelle fois l’affront de prononcer les noms...) des masques cyber-goth tandis que le chanteur et le guitariste dévoileront de traditionnelles peintures faciales, le groupe malgré tout peu connu dans nos contrées affiche une étonnante maturité ! Autre preuve de ce "conflit", lui plus mélodique que scénique : le Huqin (ou Ehru), instrument de musique traditionnel (à cordes frottées) fermement empoigné par le frontman, Freddy Lim qui n’hésitera pas à en user pour orner de ses sonorités puissantes et folkloriques, certaines lignes de morceaux comme "Supreme Pain Of Tyrant" ou "Takao"... La formation nous proposera donc un univers de caractère, bien trempé et à l’identité affirmée, comme avec le très martial et détonnant "Sail Into Sunset’s Fire", preuve de la fermeté black aux accents symphonico-mélodiques du groupe ! Soutenues par les très bons solos de Jesse Liu et une batterie des plus carrée de Dani Wang, la formation prendra ses aises et se laissera aller à quelques échanges avec le public, notamment sur un cours de "Santé !" international, au rythme de leur descente de bières.
Le profond "Defenders Of Bú-tik Palace", titre phare de leur dernier opus et le surpuissant "Takao" viendront habilement clore cette parenthèse taïwanaise que fut la remarquée présence de CHTHONIC ce soir ! Une incroyable découverte de black-melodic à l’authenticité folk et aux tours parfois symphoniques, à tenter d’urgence pour les amateurs d’harmonieuse férocité !

Setlist : "Oceanquake", "Supreme Pain For The Tyrant", "Next Republic", "Southern Cross", "Sail Into The Sunset's Fire", "Defenders Of Bú-tik Palace", "Takao".



Une fin prématurée du set précédent, et voici que les techniciens s’affairent autour de la scène pour y déplacer l’organisation du premier groupe afin de dévoiler l’imposant montage de batterie de Frost, farouche batteur du groupe à la fourche, rassemblant les métalleux parisiens ce soir : SATYRICON ! Le groupe, que l’on ne présente plus, Satyr (chant) en tête, fait alors son entrée sur "Voice Of Shadows", et sous les applaudissements du public, témoignant d’une rare ferveur ce soir ! Tout norvégien qu’il est, le sextuor (en formation live du moins) enchaînera donc, suite à cette ambiante introduction, avec le long "Hvite Krists Død" puis "Now, Diabolical", conférant de terribles aspects de crypte à la petite salle parisienne...
La froideur de leur son ainsi décoché n’aura d’égal que l’énergie déployée par la formation, et notamment par Steinar Gundersen (guitare) et Frost (batterie), qui se déchaîneront pour le plus grand plaisir de la masse présente ! Des titres de leur dernier opus sorti en Septembre dernier tels que "Our World, It Rumbles Tonight", "Ageless Northern Spirit" ou encore "The Infinity Of Time And Space" verront ainsi la plus pure essence de l’univers torturé des Norvégiens s’abattre sur un public conquis et proche de la transe en dépit d’un clavier bien trop discret, repoussé au plus profond de la scène. En véritables showmen, les membres parviendront ainsi à entretenir la flamme animant les 2 parties de la Maroquinerie, et ce malgré un cruel manque de communication entre fans et idoles... Qu’à cela ne tienne, l'implacable batterie de Frost ne laissera aucun moment de répit aux entrailles du public, ainsi vibrant de sa toute puissance, et enveloppé de ses blasts les plus ténébreux, aussi bien dans le plus que serré parterre que dans les coursives ! Ébranlés par ces exquises et démentielles lignes de double, les présents auront également le temps de savourer cette pesante ambiance venue de l’arrière de ce pied de micro fourchu qui est celui de Satyr ! La marée humaine ainsi concentrée, le groupe continuera de dérouler ses talents avec le très folklorique "Forhekset" ou encore le tumultueux "To The Mountain", symbole de leur solide black glacé et mordant, surmonté par ce malfaisant accord de triton cher à leurs coeurs mais servi par des guitares un rien trop discrètes (la batterie de Frost prenant une place folle) ! Quelques petits instants de partage néanmoins, durant lesquels Satyr entrecoupera cette bien belle prestation de petits mots traduisants ses souvenirs et son attachement à la France, où le groupe joua pour le 2e fois de son existence, il y a 17 ans de ça (en 1996 pour les moins matheux...), au Gibus !
Un timide rappel verra le groupe jouer "Mother North" mais le public ne s’arrêtera pas là puisqu’une seconde salve d’applaudissements retentira, faisant enchaîner la formation avec 2 titres parmi leurs plus connus : "Fuel For Hatred" et leur joyau "K.I.N.G"... Derniers headbangs, ultimes pogos, quelques poignées de mains et des regards en coin échangés furtivement au moment où le sextuor finira malgré tout par abandonner la scène, avec, pour sûr, la satisfaction d’avoir conquis le public, et voici que cette soirée s’achève.

Setlist : "Voice Of Shadows", "Hvite Krists Død", "Now, Diabolical", "Black Crow On A Tombstone", "Our World, It Rumbles Tonight", "Ageless Northern Spirit", "Repined Bastard Nation", "Walker Upon The Wind", "The Infinity Of Time And Space", "Forhekset", "To The Mountains", "The Pentagram Burns".
Rappel 1 : "Mother North".
Rappel 2 : "Fuel For Hatred", "K.I.N.G.".

Une soirée pleine de sourires, donc,(non, les sourires et le black metal ne sont pas nécessairement contradictoires !), de découverte avec la première partie assurée par CHTHONIC, mais surtout une vibrante prestation des ces monarques du black : SATYRICON ! Une rare constance entre les disques et le live, une bien belle énergie et d’agréables lumières (malheureusement envoyées pour les 2èmes parties de sets...). Cette fin de journée réservait décidément un bien bonne surprise aux courageux peuplant la Maroquinerie !
Un grand merci à Base Production pour ces moments de bonheur !

Photos tirées de : www.elp-photo.fr