La review

ROCK GIRLS FEST
MyPollux + Markize + SKAO + The Outburst + Interria + Whyzdom
+ Benighted Soul + Karry + Jadallys + Empreinte(s)
La Loco - Paris
11/04/2009


Review rédigée par Harold


La première édition du Rock Girls Fest, organisé par l'association Edenrecord, met à l’honneur la diversité musicale pour sa première édition. Nous avons en effet droit à dix groupes jouant dans des styles très différents, ayant pour seul point commun d’avoir une fille derrière le micro. Le concept semble avoir porté ses fruits, puisque c’est un public assez nombreux qui se rendra aujourd’hui à la Loco.

La salle est pourtant loin d’être remplie lorsque commence le show d’ouverture d’EMPREINTE(S), à 13h10 précises. C’est un show plutôt sobre qui entame le festival : en effet, le groupe n’use d’aucun artifice scénique, préférant miser sur l’atmosphère musicale. Le jeu de scène n’est apparemment pas la priorité de la formation : la chanteuse tente de bouger un peu et de motiver le public, mais cela reste assez timide. Quand aux autres musiciens, ils bougent peu, lorsqu’ils ne restent pas immobiles comme des poteaux télégraphiques. Toutefois, cet aspect n’est pas le plus important étant donné le style choisi : EMPREINTE(S) nous livre en effet une pop ambiante et mélodique, fortement teintée de trip-hop (l’influence de Portishead se fait sentir). C’est donc un show clairement plus calme et intimiste que headbanguant qui ouvre ce festival, n’en déplaise aux fans de gros son. La prestation se déroule sans problème, avec un son déjà bon, et le public, bien que peu nombreux, est réceptif à cette musique très sympathique et applaudit sincèrement. Une ouverture réussie donc.



Nous allons avoir droit à un show d’un autre genre avec KARRY, qui entre sur scène devant un public plus fourni, même si la fosse n’est pas encore remplie. L’aspect visuel est très mis en avant par la formation, puisque la scène se retrouve décorée de deux grands lampadaires à bougies et que c’est vêtue d’un corset blanc, d’une jupe en dentelle et d’un haut-de-forme que la frontwoman déboule pour nous délivrer sa musique assez difficile à classer, pouvant être sommairement définie comme du rock énervé à tendances symphoniques, bien fichu et entraînant. Son jeu de scène semble avoir été aussi travaillé que sa tenue : elle occupe parfaitement l’espace scénique, se penche vers le public, remue de manière saccadée au rythme de la musique, se met parfois au clavier, s’agenouille même à certain moments…la prestation vocale n’est pas plus en reste que la prestation scénique, la voix, mélodique, est très modulée et affirmée (même si certains "oooooh-oh" suraigüs proche du gémissement peuvent paraître dispensables), et emplie d’émotion. Entre deux morceaux, le public a droit à plusieurs discours philosophiques sur le registre  "carpe diem"… le moment fort sera le duo avec le rappeur Mitch, hélas quelque peu gâché par un son trop faible pour celui-ci. Bref, une prestation bien menée qui semble avoir conquis le public.

La fosse est à peu près remplie pour les goth-métalleux de BENIGHTED SOUL, un des groupes attendus de ce festival, notamment pour les amateurs de metal lyrique qui constituent une partie non-négligeable de l’assistance. Cette fois, on est bien dans le domaine du metal, comme viennent nous le rappeler les roulements rapides de batterie, les quelques solos et la présence d’un chant grunt, bien que légèrement en retrait. Un metal lyrique, gothique à tendances symphoniques, dans la lignée des grands classiques du genre comme Nightwish ou After Forever. Le grunt n’est d’ailleurs pas sans rappeler par moments celui d’un certain Marco… Le show est exécuté sans bavures (nous aurons même droit à une apparition en guest star de la poupée de la chanteuse), le public se montre tout à fait réceptif, n’hésitant pas à headbanguer au rythme de la musique, et la formation quitte la scène sous les applaudissements. Un show réussi.



C’est sur un fond sonore technoïde qu’INTERRIA foule les planches de la scène de la grande Loco. Tout de suite, on remarque la robe à paillettes de la chanteuse, et les petites lumières blanches arborées au bras par les guitaristes. A voir cette introduction et cet accoutrement, on n’est pas surpris de constater que le groupe évolue dans un registre power pop à tendances electro. La prestation scénique est excellente, la chanteuse arpente la scène dans tout le sens avec déhanchements et mouvements d’épaules à tout va, le guitariste tournoie, les musiciens sautent ensemble… les membres d’INTERRIA semblent aimer les peluches, puisque nous aurons droit, en plus de celle attachée au micro, à deux lancers de peluches dans le public au cours du spectacle. La guitare sera interrompue à cause d’un problème technique, mais les musiciens réussiront à occuper le public pendant le temps nécessaire avec un dub improvisé. Sarah de THE OUTBURST fera une apparition comme guest star, équipée d’un magnifique haut-parleur. Les deux chanteuses, en plus d’être toutes deux de très bonnes frontwomen, semblent très se connaître puisqu’elles font la toupie et headbanguent parfaitement en cadence. L’ambiance est chaude lorsque le groupe quitte les planches. Un groupe à suivre, particulièrement en live, pour ceux que le rock à sons électroniques ne rebute pas.



Cinquièmes à monter sur scène, WHYZDOM semblent être les plus attendus du festival, puisque la fosse est largement remplie, et déborde même, lorsque le groupe débarque avec son chœur au complet : un chœur de 5 filles habillées en longue robe bleue nuit sur scène, ça produit un effet visuel indéniable ! Hélas pour le groupe et ses fans, un problème technique empêchera l’un des deux guitaristes de jouer pendant la plus grande partie du concert. Qu’à cela ne tienne, les autres musiciens feront avec une seule guitare, et cela ne les gênera guère pour envoyer leur metal symphonique classique visiblement inspiré par Epica et Therion. La musique de WHYZDOM met le chant très en avant, et cela se voit sur la scène, où la chanteuse Telya attire l’attention par son attitude très théâtrale, allant jusqu’à chanter et headbanguer à genoux. La prestation est une fois encore bien exécutée, et les réactions sont enthousiastes, particulièrement dans les premiers rangs qui semblent acquis à la cause du groupe.



On change de style avec THE OUTBURST, qui donne dans un hardcore moderne sans concessions tendant vers le thrash. Derrière le micro, la chanteuse assure, alternant un chant grunt avec un chant clair puissant et sensuel, le bassiste poussant également le grunt à l’occasion. Et elle ne reste jamais immobile, headbangue, tournoie et bondit à tout va. Les guitaristes ne sont pas en reste, bougeant et headbanguant également sans retenue, et adressant également la parole au public. L’un d’eux dédiera un morceau à "ceux qui sont déjà bourrés"… Si la fosse n’est pas très remplie, en tous cas beaucoup moins que pour WHYZDOM, c’est sur THE OUTBURST que l’ambiance est la plus chaude : à l’appel de la frontwoman, elle se scindera en deux pour un wall of death, qui sera suivi des premiers vrais pogos de la journée. Deux spectatrices seront également invitées à monter sur scène pour danser sur un fond sonore tribal assuré par la batterie. Après un duo avec Jenni d’INTERRIA, le show se terminera sous les hurlements et les applaudissements. Nul doute que si THE OUTBURST ne faisait pas partie des groupes les plus attendus, ils auront été, pour de nombreux spectateurs, la bonne surprise de la journée.

La fosse reste assez peu remplie lorsque SKAO monte sur scène. L’attention se porte immédiatement vers la guitare, à motifs léopard d’un goût discutable, avant de se porter sur la pop légère et festive, teintée de ska, de la formation. Sous des lumières aux couleurs vives, les musiciens, particulièrement la chanteuse, ne ménagent pas leur énergie malgré une fosse toujours assez peu remplie ( même si des spectateurs arriveront en cours de route), n’hésitant pas à adresser la parole au public pour le motiver. Les spectateurs seront même invités à chanter. Les intermèdes entre les morceaux seront agrémentés de mini-speeches sur la vie, la différence ("nous sommes tous différents", etc)… sans être délirant, l’accueil est bon, et les applaudissements sont la. Vers la fin de son show, le groupe interprètera une reprise d’Aznavour.



MARKIZE est un autre groupe attendu de ce festival, et jouera devant une fosse assez remplie. Alina, en corset et jupe en dentelle, délivre une bonne prestation vocale, même si son jeu de scène, sans être inexistant, n’est pas un des plus développés qu’il nous ait été donné de voir aujourd’hui. En effet, à travers son metal gothique mélodique et atmosphérique, MARKIZE semble miser plus sur les atmosphères que sur le rendu visuel du spectacle. Le public, acquis à la cause du groupe, se montre très satisfait et les applaudissements sont nourris. Des groupes de danseurs se formeront spontanément dans la fosse, particulièrement sur la reprise "Can’t Get You Out Of My Head". Encore une prestation bien menée, qui n’aura pas déçu les amateurs du genre.

Nous descendons ensuite dans la petite salle pour JADALLYS, qui nous offrira la prestation la plus décalée de la journée. En effet, la petite salle est remplie de vapeurs d’encens lorsque le public y pénètre, et se rend compte que celle-ci a été transformée pour l’occasion en un salon feutré : des tapis sont étendus sur le sol, la petite scène est garnie d’un guéridon supportant divers accessoires (horloge, bougie, bouteilles….) et les quatre musiciens jouent assis sur de beaux fauteuils à l’ancienne. L’intimisme est le maître-mot de ce show entièrement accoustique, la guitare et la basse accompagnées par des congas et tambours discrets. A l’arrière-plan, un écran diffuse toutes sortes d’images psychédéliques quelque peu troublantes. Les spectateurs semblent se prendre à cette ambiance à part, restant calme et attentif pendant les morceaux, et délivrant de longs applaudissements. Une reprise de Deep Purple figure au programme. Indéniablement la prestation la plus à part de ce festival.



Puis nous remontons dans la grande salle pour assister à la prestation de MYPOLLUX, qui joue devant une fosse assez peu fournie pour une tête d’affiche. Néanmoins, s’ils ne sont pas extrêmement nombreux, les spectateurs donnent de la voix, et l’entrée des quatre musiciens, entièrement de rouge et de noir vêtus, est saluée par des ovations nourries. Visiblement déterminés à satisfaire leurs fans présents, les Nancéens envoient leur power-pop à tendances néo-metal avec une énergie indéniable, Lussi, en short et débardeur, semble montée sur ressorts et remplit très bien l’espace scénique. Ses musiciens ne sont pas en reste, et même le batteur se fait remarquer en s’agitant comme un diable derrière sa batterie. A un tel point qu’il réussira à casser une batte de grosse caisse, ce qui interrompra la prestation pendant quelques minutes… en-dehors de set incident, la prestation se déroulera sans problème, et MYPOLLUX ne se fera pas prier pour revenir interpréter deux titres en rappel, avant de partir sous les applaudissements de ses fans présents.



Cette première édition du festival a donc été globalement réussie, mis à part quelques problèmes techniques. Le timing a été quasi-parfait, et aucun problème d’organisation ne fut à déplorer. Si on peut regretter l’absence de réelles grosses pointures parmi les groupes, qui auraient probablement contribué à ramener un public plus important, la diversité a été mise à l’honneur, et aucun groupe n’a délivré de mauvaise prestation, ni reçu un mauvais accueil. A suivre l’année prochaine.

Photos prises par ALX et tirées de : www.nearphuture.org