La review

RHAPSODY + BEAST IN BLACK + SCARLET AURA
Le Trabendo - Paris
16/03/18


Review rédigée par Matthieu


C’est la fin de semaine. Déjà un peu fatigué, je rejoins le Trabendo qui affiche complet pour la venue de la légende RHAPSODY. Une part de l’histoire du power metal va s’écrire ce soir, et le groupe franco-italien n’est pas venu seul, car ce soir ce sont SCARLET AURA et BEAST IN BLACK qui vont ouvrir pour eux. Devant la salle, une nuée de spectateurs VIP sont déjà présents, et lorsque les portes ouvrent ils se ruent pour faire leur photo avec le groupe. Les premiers rangs sont pris d’assaut, et les photographes chassés du pit photo. Intrigante décision, nous allons devoir faire avec…



Les lumières s’éteignent et le premier groupe s’avance déjà sur scène. Les musiciens se placent, et Aura Danciulescu (chant) fait quelques pas devant le public avec un masque blanc et des ailes dans le dos. Je ne peux m’empêcher de me demander ce qui se passe, mais le public semble trouver cela normal, alors faisons comme si de rien n’était. Mihai Thor Danciulescu (guitare) et Catalin Ungureanu (basse) entament alors un riff à mi-chemin entre du heavy et du power plutôt simpliste, mais déjà le premier rang commence à bouger la tête. A la batterie (qui est d’ailleurs très avancée), Sorin Ristea frappe ses toms sans grande conviction. Aura revient alors sans son costume et commence à chanter. Sa voix colle à la musique, mais quelque chose ne passe pas. Si ni elle ni son guitariste (qui aide parfois aux choeurs) ne sont faux, les compositions du groupe me passent totalement au-dessus. Cependant, les Roumains semblent heureux d’être sur scène, et la chanteuse prendra son mégaphone pour hurler la fin du premier titre. Deuxième chanson, même constat : si Mihai Thor est plutôt doué avec son instrument, les autres musiciens sont effacés par la chanteuse (sur qui tous les projecteurs sont braqués) et la musique n’aide en rien à entrer dans le show. Leurs compositions un peu cliché ne font mouche que sur les premiers rangs, et encore. Alors que leur temps de jeu touche à sa fin, Aura annonce qu’ils vont rendre hommage à Dolores O’Riordan. Le public applaudit et même si je salue l’initiative, j’aurais préféré qu’ils ne se content pas de mettre des guitares un peu saturées par dessus les riffs iconiques de "Zombie", et que la chanteuse ne faiblisse pas vocalement pile à ce moment-là. Surtout quand on a écouté la version de Bad Wolves sur le chemin. Je préfère me rabattre sur une bière, au moins je sais à quoi m’attendre.

Setlist : "Immortal In Your Eyes", "The Beast Within Me", "My Own Nightmare", "You're Not Alone", "Zombie" (The Cranberries cover), "Colour Blind".



Déçu du premier groupe, je reviens dans la fosse pour le deuxième groupe. Le changement de plateau est plutôt rapide, et on entend alors "Nightcrawler" de Judas Priest retentir. En effet, lors de ce titre, les Anglais prononcent le nom du groupe qui entre maintenant sur scène, BEAST IN BLACK. Un peu cliché, mais tant pis, les Finlandais semblent beaucoup plus motivés. Le trio Anton Kabanen (guitare), Mate Molnar (basse) et Kasperi Heikkinen (guitare) se place sur le devant de la scène et débute un power metal plutôt entraînant. Relégué tout à gauche de la scène, Sami Hänninen (batterie) sourit en permanence en assurant sans aucun souci chaque frappe. Mais ce qui m’embête un peu, c’est la voix de Yannis Papadopoulos (chant) qui peine à atteindre certaines notes, ou qui devient faux par moments. Des samples parfois electro rehaussent les riffs du groupe, qui joue en quasi-permanence avec le public, mais la fosse semble encore moins réactive que lors du concert précédent. Les musiciens n’en ont que faire, ils continuent de prendre leur pied sur scène, et les compositions défilent dans la bonne humeur générale. Le public se déride un peu lorsque Kasperi les observe en faisant quelques mimiques, ainsi que lors des choeurs d’Anton . Malheureusement, le son se détériore, et il n’y a bientôt que les parties lead qui sont agréables à écouter. Soudain, le paroxysme du kitsch est atteint lorsque le groupe joue une rythmique qui peine à séduire sur un sample de "The Final Countdown". Je décide alors de prendre du recul (à la fois mentalement et physiquement) et de me laisser prendre au jeu, mais j’abandonne totalement lorsque les musiciens enfilent un bandeau avec un petit écran lumineux qu’ils placent sur leurs yeux pendant qu’un sample d’Abba tourne pendant qu’ils jouent. Je ne suis décidément pas fait pour le disco-metal festif des Finlandais, mais je reconnais tout de même que les musiciens se sont donnés et ont su conquérir le public.

Setlist : "Beast In Black", "Eternal Fire", "Blood Of A Lion", "The Fifth Angel", "Born Again", "Crazy, Mad, Insane", "Blind And Frozen", "End Of The World".



Des bannières ornées de dragons sont montées alors que la batterie est à peine démontée, les techniciens courent dans tous les sens, la fosse se fait plus compacte… Pas de doute, RHAPSODY va monter sur scène. Et c’est en effet ce qui se passe quelques minutes après. Un par un, les musiciens se placent devant nous, sous un tonnerre d’applaudissements. Les premiers riffs de "Dawn Of Victory" sont accueillis par une fosse remuante et heureuse de pouvoir enfin voir sur scène le groupe légendaire.
Alignant les riffs avec une facilité presque déconcertante, Luca Turilli (guitare) et Dominique Leurquin (guitare) jouent ensemble en changeant régulièrement de place. De son côté, Alex Holzwarth (batterie) assure une rythmique impeccable grâce à la puissance et la précision de ses frappes, tandis que Patrice Guers (basse) fait vrombir son instrument. Fabio Lione (chant) se déchaîne, et son chant est d’une perfection de chaque instant, et l’homme nous conte ses histoires peuplées de dragons tout en haranguant le public, à qui il s’adresse en anglais et en français. Aidés des samples de clavier, le groupe explore toute sa large discographie. Les maîtres du power metal symphonique savent parfaitement tenir une foule avec un jeu carré à chaque instant, et chaque titre est acclamé par la foule entière. Fabio profite des solos pour aller jouer avec les guitaristes, et certains titres déclenchent de petits mouvements de foule, mais l’ambiance est plutôt à la contemplation silencieuse. Les musiciens reculent et laissent le chanteur au premier plan lorsque les titres sont plus calmes, et celui-ci en profite pour pousser sa voix au maximum, tout en restant d’une justesse hallucinante. Le groupe en profitera pour rendre hommage à leur ami Christopher Lee, malheureusement décédé mais qui a collaboré avec le groupe, et nous racontera l’histoire de leur rencontre. Si les samples sont parfois un peu trop présents, ils n’empêchent jamais les musiciens de jouer entre eux autant que de faire face au public, et la magie opère sur "Symphony Of Enchanted Lands". Ce titre a une saveur toute particulière pour moi, puisqu’il a bercé mon adolescence, et la transe est totale. Tout le public savoure cet instant merveilleux. Pour briser un peu le rythme, le groupe laissera Alex réaliser un solo de batterie avant de repartir pour "Land Of Immortals" qui remet la fosse en transe. La communion continue jusqu’au solo de basse de Patrice, qui mélange slap et tapping à une vitesse folle. Après avoir lancé un "Corrine, you want more?", Fabio proposera son micro à un fan qui n’a pas vraiment l’air de savoir chanter, puis le chanteur tentera un jeu de mots à base de “rap” et “symphonic” pour évoquer le nom "Rhapsody". Il juge mieux de relancer la machine après cette pause pour entamer une reprise d’Andrea Bocelli absolument sublime, qui nous prouve encore que l’homme fait ce qu’il veut avec sa voix. Après un "Holy Thunderforce" qui fera bouger un peu plus Luca, le groupe part de scène.
Rapidement rappelés, ils prennent le temps de faire monter un spectateur qui leur a demandé quelque chose de spécial. Il explique qu’il a commencé le metal en 2002 avec le groupe, et qu’il voudrait profiter de cette nuit magique pour faire sa demande en mariage. Bien évidemment, la demoiselle qui l’accompagne accepte, et les musiciens lui dédient le titre suivant. La voix du chanteur ne faiblit absolument pas, et il prendra le temps de présenter les musiciens avant l’apothéose du morceau final.

Setlist : "In Tenebris" (sur bande), "Dawn Of Victory", "Wisdom Of The Kings", "The Village Of Dwarves", "Power Of The Dragonflame", "Beyond The Gates Of Infinity", "Knightrider Of Doom", "Wings Of Destiny", "Riding The Winds Of Eternity", "Symphony Of Enchanted Lands", solo de batterie, "Land Of Immortals", "The Wizard's Last Rhymes", solo de basse, "Time To Say Goodbye (Con Te Partirò)" (Andrea Bocelli cover), "Holy Thunderforce".
Rappel : "Rain Of A Thousand Flames", "Lamento Eroico", "Emerald Sword", "...And The Legends Ends…" (sur bande).

Magique, dantesque, épique… Je n’ai pas les mots justes pour décrire cette nuit. Si j’ai eu du mal à être convaincu par SCARLET AURA et BEAST IN BLACK, RHAPSODY a donné une prestation qui a dépassé toutes mes attentes. Au stand de merch, les artistes des deux premiers groupes se livrent à toutes sortes de photos avec les fans, et nous sommes une quinzaine à attendre les héros de la soirée à leur tourbus. Tous discutent dans la bonne humeur, en français ou en anglais, et nous quittons finalement l’endroit, appelés par les derniers métros. A l’heure où j’écris ces mots, je peine encore à me remettre du concert. Merci, tout simplement.