La review

PERVERT ASSHOLE + THE DYING SEED + LAST BARONS + EIBON
Star Café - Paris
10/10/2010


Review rédigée par Stanaron


Rendez-vous au Star Café pour du lourd – dans à peu près tous les sens du terme ! Une soirée organisée d'une main de maître par Epiphora, qui prouve sa maîtrise du metal underground en parvenant à transformer une petite salle sans prétentions en un mur de son impénétrable. Malheureusement, le public ne peut pas considérer avoir répondu présent au rendez vous. Car le malheur avec le public Parisien c’est que des groupes, on en voit passer beaucoup, du coup c’est facile de faire la fine bouche et de se cantonner uniquement aux formations que l’on connait déjà.



La soirée commence avec EIBON, groupe de "progressive dark metal". Première surprise, ce groupe au son particulièrement massif joue sur deux guitares à micros simples. Amis guitaristes – et dieu sait qu’il y en a beaucoup parmi vous, chers metalleux – vous comprendrez de quoi je parle : jamais je n’aurais pensé voir une telecaster cracher quelque chose d’aussi gros. Et pourtant, il faut bien en croire ses oreilles, car le son d’EIBON envoie du lourd, avec cette subtilité intéressante offerte par des micros simples qui donnent un son beaucoup plus chaud que leurs compères humbuckers. Deuxième surprise, la quantité ahurissante de larsen – qui pourtant reste tout à fait contrôlée par les musiciens qui passent une à deux minutes à frotter leurs cordes contre les amplis entre chaque morceaux pour produire ce sifflement grave et étrangement musical dans le contexte. Bref, passons sur l’aspect technique du son pour en venir aux morceaux ! Si je devais décrire EIBON, je dirais que c’est du Neurosis avec une voix de death, le tout enrobé d’une atmosphère black metal. Les compositions sont bonnes, musicales, souvent atmosphériques, mais l’instrumental rappelle parfois trop Neurosis. On reconnaitra par exemple avec un sourire l’intro de "Left To Wander" des Californiens dans un des derniers morceaux joués par EIBON. Les amateurs de Neurosis s’accorderont cependant à dire que si le groupe est aussi bon c’est en grande partie grâce au travail vocal de Scott Kelly qui permet d’offrir des chansons variées malgré les riffs souvent sortis du même moule. Malheureusement, Scott Kelly ne chante pas dans EIBON, et bien que la voix de Georges Balafas serait tout à fait appréciable dans d’autres styles, je n’ai pas senti qu’elle avait sa place dans des chansons au tempo toujours très lent, ce qui donne malheureusement des morceaux monotones. Le groupe conclut son set avec un dernier larsen prolongé et laisse la place aux LAST BARONS.



Ces derniers barons nous offrent un stoner rock de type Queens Of The Stone Age avec un certain coté mélodique et planant qui évoque particulièrement le dernier album de Mastodon, association d’idées probablement facilitée par la proximité entre le nom du groupe et de la chanson "The Last Baron" présente sur l’album en question de Mastodon. Notons qu’il est difficile pour un groupe de stoner rock de passer après un groupe de metal dit "extrême" en particulier quand ils ne sont pas du coin, comme nos LAST BARONS qui viennent tout droit de Basse-Normandie exprès pour cette date dans le cadre de la promotion de leur premier album "Elephantyasis". Car si le public d’EIBON n’a pas été particulièrement nombreux (autour d’une vingtaine de personnes), les LAST BARONS ont démontré parfaitement le manque d’intérêt que le public parisien porte aux groupes qu’il ne connaît pas. Cette constatation combinée à un public de potes venus voir du "progressive dark metal" et vous vous retrouvez dans une salle presque vide pour le concert de stoner rock qui suit. Pourtant les LAST BARONS nous offrent une prestation tout à fait solide malgré la voix pas assez forte la majorité du temps, et ce devant un magnifique auditoire de trois personnes. Ils nous jouent les morceaux de leur album avec énergie et sans t-shirt, en ce qui concerne le bassiste Laurent Tostain, qui exhibe ses nombreux tatouages. Seul Julien Soler au chant semble s’être rendu compte de l’absence de public et, dépité, ne se donne plus la peine de faire un vrai show sur les derniers morceaux. Malgré tout, la prestation et la musique des LAST BARONS m’auront convaincu !



Changement de scène, et la masse poilue et odorante qu’est le public atteint son pic pour cette soirée. C’est au tour de PERVERT ASSHOLE avec son "decadent rock ’n' roll" de jouer, et le monde qui commençait à s’amasser à l’entrée et à l’étage inférieur du Star Café monte pour constater que Dr Perv au chant se fait attendre. Enfin arrivé sur scène, ces trous du cul pervers commencent à jouer. PERVERT ASSHOLE c’est du rock ’n' roll pour le moins énergique et assez groovy joué par des musiciens expérimentés, avec des paroles plutôt exotiques… vous le comprendrez avec des titres comme "My Dogs Pussy", "I Cum Whiskey" ou "Born To Porn". Rien de particulièrement étonnant de la part d’un groupe qui balance en sample la tirade d’un patron de bordel vantant la diversité des organes génitaux féminins de son établissement, extrait du film From Dusk Till Dawn (ou Une Nuit En Enfer ceux qui osent regarder leurs films en version française). Une vulgarité plutôt racoleuse donc, mais qui fait sourire – admettons le – lorsqu’on s’imagine la réaction de sa grand-mère à l’écoute des paroles de ce groupe. PERVERT ASSHOLE, c’est carré, c’est plutôt bon, c’est pêchu, le jeu de scène est dément, mais c’est tout de même un peu froid dans l’exécution. On sent que les musiciens ne se foulent pas pour jouer leurs morceaux, et en dehors de l’humour grossier premier degré, leur musique ne nous fait pas ressentir grand-chose.



La salle se vide à la fin de leur set, et la majorité du public ne reviendra pas pour THE DYING SEED, dernier groupe à jouer, qui nous présente un line-up minimaliste (un batteur, un guitariste, un bassiste et les voix partagées entre ces deux derniers). On appréciera la simplicité dans leur contact avec le public si peu nombreux soit-il, et l’autodérision dont ils font preuve en annonçant leurs morceaux comme parlant "de conneries quoi !". Musicalement, THE DYING SEED nous offre un post metal sans prétentions, avec certaines touches à la Neurosis, à l’instar de leurs compères du début de soirée. Cependant, ces influences sont bien intégrées avec un certain nombre d’autres touches, des voix qui rappelleront les premiers albums de Spiritual Beggars, mais au final, un résultat qui ne se démarque pas vraiment. Ça sonne, ça joue bien, mais on a l’impression d’avoir déjà entendu des morceaux similaires sans vraiment pouvoir nommer un groupe particulier dont c’est tiré.