La review

PERSISTENCE TOUR 2014
Suicidal Tendencies + Terror + Strife + Evergreen Terrace + Ramallah + Nasty + The Arrs
Le Bataclan - Paris
20/01/2014


Review rédigée par Byclown


Évènement Hardcore de ce début d’année 2014, le Persistence Tour s’arrête ce soir dans notre cher contrée, au Bataclan, avec une affiche un peu moins sympa que l’année dernière (surtout concernant les premières parties) mais c’est l’occasion de voir sur la même scène STRIFE, TERROR et surtout, l’un des groupes pionniers du genre, SUICIDAL TENDENCIES, qui viennent de sortir "13", leur bien nommé 13ème album. 7 groupes au total avec une ouverture des portes prévue à 17h00 et un début de sSet à 17h15. Sale temps pour les salariés qui quittent le boulot à 18h00, mais heureusement pour eux, les premiers groupes seront soit mauvais, soient orientés teenagers, soit les deux. Commençons donc par le set de NASTY, combo de hardcore "nouvelle vague", qui nous vient tout droit de la Calamine, communauté belge germanophone située entre Aachen et Liège.



Lors de l’entrée des braves sur scène, seules 200 personnes (tout au plus) sont présentes, dont la plupart planquées au bar. Il faut dire que durant ce set il ne fait pas bon être dans le pit pourtant peu fréquenté, tant l’animation qui nous est proposée est pathétique. Sur scène, un frontman charismatique qui fait son job à la perfection, partageant volontiers le micro avec les fans pour mettre l’ambiance, ne calculant pas ses efforts pour donner au mieux de sa personne durant les 30 minutes de jeu et nous gratifiant même de son meilleur français. A côté de lui ? Personne ! Les musiciens font preuve d’un manque de charisme affligeant, conjugué à un jeu de scène relativement pauvre (pourtant, vu la tristesse et la pauvreté musicale des morceaux, dont les pluparts ne se jouent qu’en palm mute sur une seule corde, il y a largement moyen de sauter dans tous les sens histoire de donner du baume au cœur aux timides du bar…). Côté pit c’est encore pire. Dès la première chanson, la fosse se transforme en terrain de guerre entre coreux à mèches qui mettent en pratique leurs cours d’EPS et de GRS appris au bahut et une bande d’abrutis ultra violents d’une quelconque fraternité à nostalgie Nationale–Socialiste dont le seul plaisir consiste à frapper tout le monde, devant, derrière, sur les côtés, hommes, femmes… En cette noire période de déquenellisation, ce début de festival hardcore me laisse comme un arrière-goût de pisse, d’autant plus que je me dois de constater que la lumière est infecte, habitude des groupes de première partie qui commence à me taper sur le système…



Passons rapidement à RAMALLAH, nos vieux briscards de Boston, et tentons d’oublier ce démarrage douloureux à tous points de vue. Musique relativement moins agressive que leurs prédécesseurs et âge moyen du groupe en hausse, le combo n’aura pas réussi à séduire un public encore clairsemé et toujours composé essentiellement de jeunes de moins de 25 ans venus là uniquement pour en découdre, au détriment de la qualité de la musique. Avec un chanteur très en difficulté (voix un peu cassée), un jeu de scène inexistant et des lights, décidément, toujours aussi mauvaises, la bande de copains n’aura pas conquis grande monde avec leur hardcore FM, bercé de trop de voix claires, et ce n’est pas leur mauvaise reprise de "Rainning Blood", en hommage à Monsieur Jeff, qui aura changé grand-chose même si les plus thrasheux d’entre nous auront apprécié le clin d’œil. N’ayant pas eu à subir nos jeunes foufous et les disciples de Benito M.et Adolf H. (quoique) sur ce set, je considèrerais donc avoir subi "le calme avant la tempête".



Un peu de français (quand même !) avec nos chers amis de THE ARRS, dont les bonnes prestations se suivent et ressemblent qu’il s’agisse de micro salles (le Klub) ou de Main Stage géantes comme au dernier Hellfest. Eux aussi, comme leurs camarades, bénéficient de 30 minutes de jeu, et c’est plus qu’assez pour faire (re)bouger nos chers bambins dans le pit. Combo fatalement bien connu de nos oreilles, l’ambiance se réchauffe d’un coup et, dès le premier morceau, ça moshe méchamment. On passe clairement sur une prestation supérieure en termes de qualité, et ce qu’il s’agisse de lumière, de présence scénique ou, tout simplement, de crédibilité musicale. On sent vraiment l’ambiance hardcore avec ce jeune groupe content d’être là, plutôt bien placé aujourd’hui devant son public. Carton plein messieurs !



Retour en enfer avec EVERGREEN TERRACE et leur demi-heure de set digne d’un dimanche après-midi chez Drucker. Je pensais avoir vécu le pire avec la pauvreté musicale de NASTY (et les fafs qui semblent aduler ce combo) et avec l’ennui mortel subi pendant RAMALLAH mais, là encore, je compte les secondes et constate que 30 minutes ça passe lentement quand on s’ennuie. Même sanction que pour leurs potes de Boston, ça ne bouge ni sur scène ni dans la fosse et le chanteur du groupe ressemble à tout sauf à un chanteur de hardcore. Passons vite.



Avec l’arrivée de STRIFE, on passe un canyon entier en ce qui concerne la qualité, et ce à tous les niveaux. Chanteur ultra charismatique (ressemblant à un personnage de film d’horreur) qui incite la foule à monter sur scène, des musiciens généreux dans leur prestation et surtout, un son énorme qui envoie le bois. Du hardcore burné comme on les aime. Venus tout droit de Thousand Oaks en Californie, les braves, présents sur ce Persistence Tour pour défendre leur dernier opus "Witness A Rebirth", vont nous en donner pour notre argent et c’est peu de le dire. La foule, qui s’était échauffée sur THE ARRS et qui s’était clairement reposée sur EVERGREEN TERRACE, s’embrase littéralement dans le pit et s’enhardit (enfin) à monter sur la scène, à prendre le micro, et à chanter en chœur les refrains. Moi qui avais pensé jusque-là que l’affiche de l’année dernière était mieux…



Du très très lourd arrive sur la piste de danse pour 45 minutes d’une boucherie qui, à mon sens, restera mémorable avec TEROR. Autant vous le dire tout de suite, je n’ai jamais autant pris mon pied sur un groupe de hardcore que ce soir, à part peut-être à Hatebreed sur la Main Stage du Hellfest il y a peu. C’est dire ! Scoot Vogel nous met à l’aise dès le premier morceau en nous ordonnant de monter sur scene et, pour les plus craintifs, il tend même ses bras musclés pour aider les premiers rangs à grimper sur la scène. Le ton est donc donné à la convivialité, encore plus qu’avec STRIFE. Je pourrais facilement comparer cette ambiance au set d’Agnostic Front au Persistence cuvée 2012 couplé avec la puissance d’un Hatebreed sous hormones ! De morceau en morceau, la scene se remplit de plus en plus de slammeurs, de mecs et de filles venus foutre un bordel de tous les diables, de fans n’hésitant pas à saisir les micros pour chanter les refrains des chansons (et parfois même les couplets, sous les yeux de Scott qui donne volontiers son propre micro cabossé et profite du spectacle d’apocalypse qui se joue devant lui). Sur la fin, certains musiciens des autres groupes s’invitent même au show, à l’image du chanteur de NASTY qui slamme comme un fou et de l’imposant batteur de SUICIDAL TENDENCIES qui, du haut de ses 2m et de ses 160 kilos, se saisit du micro et commence à growler de sa voix incroyablement surpuissante, de quoi en calmer certains…

Setlist : "Keepers Of The Faith", "Better Off Without You", "Stick Tight", "Overcome", "Hard Lessons", "Live By The Code", "One With The Underdogs", "Push It Away", "Strike", "Always The Hard Way", "Spit My Rage", "Your Caught", "Return To Strength", "Keep Your Mouth Shut".



L’arrivée, enfin, de nos amis et légendes de SUICIDAL TENDENCIES restera, c’est sûr, dans les mémoires. Même si pour ma part j’ai préféré le set de TERROR, grâce à sa puissance, je dois reconnaître que la présence de ces monstres sacrés à quelques mètres seulement de moi ne m’a pas laissé de marbre. C’est devant un public bouillant et sur la scène à peine le show commencé que Mike M., le prince du bandana, va nous donner une leçon de hardcore old school, et ce de la plus belle des manières, c’est-à-dire, en langage hardcore, en foutant littéralement le bordel, chose qui avait manqué à Hatebreed l’année dernière. Venus défendre leur treizième album sobrement appelé "13", nos musiciens aux tendances tout sauf suicidaires vont se donner corps et âme pour nous autres petits frenchies, avec une mention spéciale au patron évidemment mais aussi au colosse / batteur / growler de l’extrême, qui, par son jeu de baguettes et son charisme incroyable, assureront le show. J’ai pour ma part trouvé bien en-dessous les deux guitaristes en ce qui concerne le jeu de scène. Non pas qu’il faille avoir l’audace de vouloir supplanter le patron mais tout de même, un peu plus d’entrain aurait été le bienvenu. Tête d’affiche qui se respecte, l’ingé light se met enfin à faire son boulot et nous offre un set coloré de toute part. Que dire de plus, que dire d’original ? Rien, car rares sont les groupes qui règnent en maître sur le hardcore mondial et SUICIDAL TENDENCIES en fait partie. Rien à imaginer mais tout à vivre alors vous savez ce qu’il vous reste à faire la prochaine fois qu’ils repasseront nous voir.

Setlist : "Possesed To Skate", "I Saw Your Mommy", "Smash It", "War Inside My Head", "Subliminal", "Slam City", "Cyco Vision", "Who’s Afraid", "We Are Family", "How Will I Laugh", "Pledge Your Allegiance".

Photos tirées de : www.byclown.com