La review

PATHOLOGY + PYREXIA + KRAANIUM + EPICARDIECTOMY + SINAYA
Le Gibus - Paris
18/11/2018


Review rédigée par Matthieu


Ah le Gibus… Quelle joie de revenir dans cette salle, en sachant quelle déferlante va arriver ce soir ! Une affiche aussi lourde qu’il y a de groupe, puisque nous allons enchaîner cinq shows ce soir. Les Brésiliennes de SINAYA ouvriront les hostilités, suivies par les Tchèques d’EPICARDIECTOMY, les Norvégiens de KRAANIUM et enfin deux formations américaines : PYREXIA et PATHOLOGY. Ca fait peur hein ? En tout cas moi ce qui me fait peur, c’est que nous ne soyons pas plus de 10 devant la salle pour l’ouverture...



La scène est plutôt sobre, mais un drapeau brésilien trône sur la batterie. Il ne faudra pas longtemps aux quatre musiciennes pour s’installer sur scène. Le show commence sans plus tarder, lorsque Mylena Monaco (chant / guitare) nous interpelle en démarrant le premier riff de la soirée. A ses côtés, Renata Petrelli (guitare) et Bruna Melo (basse) envoient avec aisance une rythmique thrash / death plutôt énervée qui passe très bien sur scène. Derrière ses fûts et le drapeau, Cynthia Tsai Yuen (batterie) sourit à la foule en martyrisant ses cymbales (peut-être avec un son un poil trop fort cela dit en passant). Malheureusement, le peu de monde dans la salle sera fatal aux Brésiliennes, qui ne parviendront pas à motiver la fosse, à l’exception de quelques individus au premier rang. "Thank you so much, it’s our first time in Paris, and this is the last song !" s’exclame alors la chanteuse après une vingtaine de minutes. Et malgré leur entrain et quelques choeurs hurlés, la fosse ne réagira pas beaucoup plus, mais le groupe sera tout de même heureux de sa performance, et des applaudissements mérités se font entendre.

Setlist : "Obscure Raids", "Always Pain", "Pure Hate", "Bath Of Memories", "Buried By Terror", "Legion Of Demons", "Life Against Fate".



On passe à la suite après une petite pause pour le premier show de slamming death metal de la soirée. La fosse se remplit un peu plus, et dès la fin des balances, le public commence à partir. Et c’est soutenu par des "Slamming brutal shit !" hurlés par des spectateurs qu’EPICARDIECTOMY commence un set d’une violence grasse et dansante. On notera la disposition un poil étrange de la batterie de Milan Moškon, qui semble très à l’aise pour blaster en quasi-permanence pendant que Serge Gordeev (guitare) et Stan Pozharnitsky (basse) headbanguent en jouant. Au centre de la scène, Andrew Benc (chant) harangue la fosse qui réagit au quart de tour à ses sollicitations, allant même jusqu’à monter sur scène pour faire des pompes. Après avoir joué quelques titres, le chanteur remerciera chacun des groupes présents sur la tournée puis demandera un circle pit à l’assemblée, pendant que son groupe et lui assènent des riffs d’une lourdeur à en faire trembler les murs du Gibus. Et c’est reparti pour un morceau surpuissant qui laissera des traces dans la salle et des courbatures dans les muscles, jusqu’à ce que le frontman ne reprenne la parole. "The next song is our last one, so merci beaucoup for coming out tonight !". Et je peux vous dire qu’à l’issue de ce dernier morceau, qui aura vu la participation exceptionnelle d’un spectateur en costume de poulet slammer, il nous était primordial de reprendre notre souffle, à la fois pour nous remettre de cette claque, mais aussi pour nous préparer à la suite.



Et en effet, la suite arrive après un changement tout aussi rapide que le précédent, c’est KRAANIUM qui débarque sur scène avec la ferme intention de tout dévaster. Dès le début du set, les slammeurs débarquent sur scène pour retourner dans la fosse pendant que les membres headbanguent en rythme avec les riffs assassins qu’ils ont débutés. Mats Funderund (guitare), Mika da Costa (basse) et Jason Varlamos (guitare) ne semblent pas gênés le moins du monde par la technicité ou la rapidité des compositions qu’ils jouent, pendant qu’Erhan Karaca (batterie) martèle ses fûts en souriant. "Move Paris, move !" ordonne Jack Christensen (chant) entre deux hurlements gutturaux qui énergisent un peu plus la fosse à chaque seconde. D’ailleurs du côté du public, c’est en effet le grand jeu qui est de rigueur, entre les slams, les mouvements totalement incontrôlés, et des marteaux gonflables. Oui, des marteaux gonflables. Les plus sportifs se donnent à nouveau rendez-vous sur scène pour une petite séance de sport, le tout dans la joie, la bonne humeur, et le mosh effréné. "You guys are totally insane !" lâche finalement le chanteur entre deux morceaux, "Are you ready for the next one ?". Et le bal des marteaux gonflables reprend instantanément avec le retour de la rythmique syncopée de KRAANIUM, qui jouera d’ailleurs un titre supplémentaire, ce qui n’était pas tout à fait prévu au programme selon ce que je comprends au niveau de l’organisation. Quoi qu’il en soit, les spectateurs sont contents de ce show, et le font savoir aux Norvégiens !



Un verre d’eau, et on repart pour le brutal death groovy de PYREXIA, qui n’attendra pas longtemps avant de démarrer. Menés par la voix puissante de Jim Beach (chant), les américains nous offrent une setlist axée sur les riffs toujours plus entraînants de Chris Basile (guitare), Albert Bencosme (basse) et Jon Locastro (guitare) qui rivalisent d’ingéniosité pour mêler la violence et la technique. A la batterie, Ryan Hilerio ne chôme pas non plus, puisque l’homme enchaîne les blasts, la double pédale et insère également cette dose de groove metal qui déchaîne le public. Les marteaux sont évidemment de retour, et avec eux les slammeurs, ce qui plaira au groupe, qui encouragera la fosse à bouger de plus en plus. Alors que les guitaristes posent en jouant, le chanteur harangue les spectateurs, puis finit par lâcher à la fin d’un morceau "Thank you for coming, we're glad to be here !" avant de renchérir avec un titre tout aussi motivant. Alors que le show se termine comme il a commencé, dans la technicité la plus totale, le groupe invite le public à monter sur scène. Et rapidement, c’est une vingtaine de personnes qui sont aux côtés des musiciens, pendant que quelques moshers s’amusent toujours dans la fosse. C’est tout de même assez inhabituel de voir autant de monde sur scène, mais c’est tout aussi inhabituel de les voir redescendre à l’issue de ce show aussi carré qu’exceptionnel !



Place maintenant à ceux qui dominent le slam death depuis quelques albums déjà, les mastodontes de PATHOLOGY ! Le groupe s’installe tranquillement, et lorsque l’heure est venue, ils détruisent littéralement tout sur leur passage dès le premier morceau. Une telle puissance ne peut appeler qu’à une réponse de la même trempe par la fosse, qui se met alors à mosher violemment, à se frapper avec les marteaux gonflables et à headbanguer à s’en rompre le cou. "Waow, you’re great !" lance Obie Flett (chant). A la batterie, Dave Astor reste très concentré pendant que Dan Richardson (guitare), Ricky Jackson (basse) et Tim Tiszczenko (guitare) grimacent en direction de la foule lorsqu’ils ne headbanguent pas. Alors que les musiciens n’hésitent pas à frapper les poings des premiers rangs entre deux titres, lorsqu’ils jouent les gaillards sont très clairement à fond dans leur rôle de techniciens du manche. Mais malheureusement, le show est interrompu par un petit souci technique du côté d’une des deux guitares, et la réparation est effectuée en direct, ce qui permet tout de même aux autres musiciens de souffler. "Thank you for waiting Paris, we are Pathology and we are back ! Let’s go !" hurle le frontman avant de lancer un nouveau titre qui fera tout autant de ravages que les premiers. Les slammeurs s’en donnent à coeur joie, parfois aidés par le chanteur, et le show avance doucement, ponctué par quelques breaks aussi gras et lourds que lents et appréciés par le public, qui en profite pour se déchaîner comme rarement. Plus qu’investi dans son rôle, Ricky Jackson headbangue et vit sa musique, mais les autres ne sont pas en reste et il ne se passe pas une seule seconde sans que les membres ne bougent, et c’est tout autant un joyeux bordel sur scène que dans la fosse, éclairé par les lumières de la salle qui soulignent ce paysage apocalyptique. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et quand Obie Flett annonce le dernier morceau, la déception et la fatigue qui se lisaient sur le visage des spectateurs s’envolent pour laisser place à la fureur pour quelques minutes supplémentaires.

Cette soirée n’aura pas fait de victimes, mais je ne suis pas le seul à n’en être toujours pas remis. La violence est montée crescendo avec l’excellente découverte de SINAYA, la confirmation d’EPICARDIECTOMY, la déferlante KRAANIUM, la leçon PYREXIA et enfin le cours magistral donné par PATHOLOGY. Tout ça orchestré par Suden Promotion, parce qu’il n’y a qu’eux pour nous offrir une vision de la désolation aussi parfaite. Merci aux groupes, merci à l’orga, moi je rentre en espérant ne pas avoir trop de courbatures demain... !