La review

PARKWAY DRIVE + HEAVEN SHALL BURN + NORTHLANE + CARNIFEX
Le Cabaret Sauvage - Paris
18/12/2014


Review rédigée par E.L.P


Nous voici donc sur les sentiers de la Villette, en route pour ce premier volet du lourd duo de plateaux programmé sous le chapiteau du Cabaret Sauvage (accueillant consécutivement PARKWAY DRIVE / HEAVEN SHALL BURN et Meshuggah). C’est donc aujourd’hui au tour de l’alléchante affiche "core" moderne PARKWAY DRIVE + HEAVEN SHALL BURN + NORTHLANE + CARNIFEX d'inaugurer cette dernière série de textes axés sur l’année 2014 avec son arrêt parisien !
Récemment abonné aux dates à succès (Damage Festival, Meshuggah, pour ne citer qu’elles), le Cabaret Sauvage affichera, pour l’occasion, une bien heureuse mine, sa jauge étant alors bien remplie. Organisée par Hibooking, la soirée dont le déroulement / programme seront encore bien flous pour le public à l’heure même de l’ouverture des portes, débutera avec la performance des "icônes" deathcore / modern death actuellement sur le retour : CARNIFEX !



Étonnant choix de programmation donc, que celui d’avoir placé les Californiens en ouverture de cette tournée haute en couleur, baignée de brutalité et bénie par les dieux du mosh et du breakdown ! Mais qu’à cela ne tienne, puisque le public déjà présent parviendra, et ce malgré la bien triste gestion sonore du set des Américains, à rapidement entrer en communion avec le charismatique frontman, Scott Ian Lewis (chant). Le son ne sera décidément pas à l’avantage de la formation, puisque c’est avec une excessive lourdeur que l’assourdissant set de CARNIFEX saturera les façades (essentiellement les basses), et viendra couvrir une bonne partie de la déjà bien courte performance du quintette ! Ainsi gêné dans son accroche musicale, le groupe assurera néanmoins le plus honnête des travaux d’ouvreur au travers de ses fulgurantes compositions, dont certaines (comme "Die Without Hope" ou "Hell Chose Me") parviendront à déchaîner les premières vagues d'énergie d’un parterre encore à échauffer, mais d’ores et déjà enclin à se laisser faire par la linéaire brutalité des cinq artistes ! Convaincants (et attendus) en tête d’affiche du dernier Never Say Die, le retour de CARNIFEX ne laissait en rien présager pareil placement aujourd’hui !... À peine le temps de s’installer, donc, pour Cory Arford (guitare) et ses comparses, que le dernier titre faisait vibrer le plancher du Cabaret, laissant ainsi quelque peu retomber la pression alors en pleine mise en place, seulement une demie-heure après le début de leur set, respect des horaires oblige...

Setlist : "Deathwish", "In Coalesce With Filth And Faith", "Hatred and Slaughter", "Dark Days", "Die Without Hope", "Lie To My Face", "Hell Chose Me".




Viendra ensuite le tour de ce qui s'avérera peut-être être l’un des plus honteux hold-up scénique de la soirée (mais aussi de ces derniers mois) : les australiens de NORTHLANE ! En effet, le groupe s’étant récemment séparé de son frontman (Adrian Fitipaldes), c’est au nouveau venu: Marcus Bridge, d’assurer, au chant, cette nouvelle venue parisienne de la formation (aperçue, aux côtés de CARNIFEX, lors du Never Say Die 2014)... Force sera malheureusement de constater que le sang neuf de Marcus ne parviendra nullement à éblouir le parterre... Bien au contraire! S’enchaîneront ainsi parmi les 20 plus longues minutes de nombres d’existences présentes ce soir, Marcus redoublant d’efforts pour asséner à la fosse, un chant clair des plus poussifs et des plus laborieux, sans réelle richesse artistique ni "supplément d’âme", le tout mis en valeur par un bien triste charisme adolescent ne parvenant pas à faire éclater une once de réaction positive les deux premiers tiers du set durant !... Au-delà de ce bien terne constat, le groupe, étonnement placé devant CARNIFEX et malgré tout attendu par de nombreux fidèles (amoindris en milieu de set), saura passer outre son inconstance et le faible intérêt qui lui sera bien souvent témoigné pour offrir un dernier tiers de prestation, qualitativement bien plus "écoutable" que les prémices observés et subis jusqu’alors. Rythmiquement plus assis (grâce à Nic Pettersen et Alex Milovic, respectivement batteur et bassiste), le groupe trouvera finalement un regain d'énergie et d’intérêt (relatif) sur son duo conclusif : "Aspire" / "Quatum Flux", mettant fin à ce déroulement musical oscillant entre une importante somme de maladresses pré-pubères et un relativement habile rattrapage final...

"Genesis", "Scarab", "Rot", "Worldeater", "Masquerade", "Aspire", "Quantum Flux".



Mais voici finalement que prendra place, après cette pénible performance des Australiens, l’une des deux têtes d’affiches à l'origine de l’effervescence suscitée par le plateau de ce soir : l’hexagone teutonique HEAVEN SHALL BURN, fièrement mené (comme à son habitude) par le talentueux Marcus Bischoff (chant) ! Tournant toujours sur le mérité succès de leur dernière sortie en date, l’impétueux coup de poing "Veto" (2013), l’ensemble ayant déjà su faire ses preuves par le passé, ne sera pas en reste ce soir, et ce malgré l’absence de Maik Weichert (guitare), remplacé, entre autre, par l’imposant Cory Arford (guitare, CARNIFEX). Ainsi, prendre la pleine mesure du sérieux et de la maturité de la formation se fera dès les premières mesures de leur set, avec parmi les plus explosifs des tandems d’ouverture : "Counterweight" / "Land Of The Upright Ones", tonitruante invitation adressée au public, qui saura la saisir et offrir, après la réserve Northlane, un regain de motivation à l’égard du groupe, en soutenant ainsi le plus vivement du monde, la prestation ! Fièrement ragaillardi par la venue du quintette germanique, le parterre finira par succomber à l'énergie déroulée par Marcus suant à grosses gouttes pour faire vibrer les coeurs de la fosse au diapason de titres tels que la merveilleuse pépite de brutalité mélodique "Hunters Will Be Hunted" ! Cet éperon musical piquant ainsi le flanc du chapiteau tout entier, c’est tout naturellement que des titres comme "The World In Me" ou encore leur crochet "The Disease", soutenus par les charismes d’Eric Bischoff (basse) mais surtout d’Alexander Dietz (guitare) parviendront à secouer, avec l’aide du sismique Christian Bass (batterie), une fosse empoignée par la virulence d’une large setlist, piochant intelligement dans l’histoire de l’ensemble, de "Whatever It May Take" à "Veto", en passant par "Iconoclast" !

Setlist : "Counterweight", "Land Of The Upright Ones", "Voice Of The Voiceless", "Hunters Will Be Hunted", "Combat", "Black Tears" (Edge Of Sanity cover), "The Worlds In Me", "The Disease", "Awoken", "Endzeit", "Like Gods Among Mortals".



Définitivement mis en jambe par les Allemands, le public désormais compacté contre les petites barrières du Cabaret verra son attente récompensée par l’arrivée de la seconde formation australienne du jour : PARKWAY DRIVE ! Quelles bonnes auras que celles ayant entouré les dernières sorties d’opus pour les formations se disputant la tête d’affiche de cette tournée mais tenant également le haut du panier de cette scène «core» moderne ainsi fièrement mise à l’honneur sous le chapiteau de la Villette... PARKWAY DRIVE surfant encore sur la venue de son dernier né : "Atlas" (2012), c’est ainsi le plus naturellement du monde que le groupe passé une année auparavant au Bataclan pour le Vans Off The Wall Tour s’est fendu d’un impressionnant trio d’ouverture astucieusement pioché dans les deux derniers albums de l’ensemble ("Atlas" et "Deep Blue") : "Wild Eyes" / "Sleepwalker" / "Karma", donnant ainsi le coup d’envoi de la plus explosive performance de la soirée ! Repris en choeur par un public plus que largement acquis à sa cause, les cinq Australiens redoubleront d’efforts mais surtout de sourires, afin de faire grimper le baromètre de quelques degrés de plus. Des titres comme "Dark Days" refermeront la main vivement apposée sur le public parisien, résolument prêt à suivre le charismatique Winston McCall (chant) et ses comparses, dans les méandres de leurs brillantes sonorités aussi modernes que dynamiques ! Force sera malgré tout de constater que, si le public ne saura guère à quel Saint se vouer entre démonstrations métalleuses de mâles Alpha aux torses bombés et ballets adolescents en manque de testostérone dans un pit divisé entre mosh et pogo avec parfois une triste animosité caractéristique de certains shows "core" parisiens actuels, le groupe prendra, lui, un malin plaisir à asséner ses compositions avec le plus sincère des sourires (comme lu sur le visage de l’infatigable Jia O’Connor -basse-). L’indomptable duo "Horizons" / "Carrion" fera finalement office de vibrante clôture au set des magiciens d’"Oz", parachevant ce show de qualité (malgré l’absence de titres comme "Boneyard" ou "It’s Hard To Speak Without A Tongue") et poussant le public dûment épuisé sur les chemins du retour...

Setlist : "Wild Eyes", "Sleepwalker", "Karma", "Dream Run", "Idols And Anchors", "Mutiny", "Dark Days", "Deliver Me", "Romance Is Dead", "Home Is For The Heartless", "Swing".
Rappel : "Horizons", "Carrion".

Une bien belle soirée s'achèvera alors, rapprochant un peu plus l'inéluctable terme de cette prolifique moisson scénique 2014. À noter, outre un excès de zèle manifeste de la part de la sécurité alors livrée à elle-même, face a une organisation par trop souvent dépassée dans sa gestion des divers accès photographiques, les différents éléments soulignés d’un grand point d’interrogation, comme l’ordre de passage des deux formations d’ouverture, l'électricité ambiante animant certaines âmes du pit ou encore la gestion sonore n’égalant nullement la qualité des effets lumineux alors suffisamment efficaces et "propres" pour être mentionnée de façon méliorative !

Photos tirées de : www.elp-photo.fr