La review

PARKWAY DRIVE + KILLSWITCH ENGAGE + THY ART IS MURDER
L'Olympia - Paris
04/02/2019


Review rédigée par Matthieu


Une soirée historique pour la scène metalcore s’apprête à s’ouvrir à nous dans la capitale pour le passage des Australiens de PARKWAY DRIVE, accompagnés de la machine américaine KILLSWITCH ENGAGE mais aussi de leurs compatriotes du pays des kangourous THY ART IS MURDER. Et le tout, à l’Olympia s’il vous plaît. Les Parisiens (et provinciaux d’ailleurs !) se sont déplacés en masse, puisque le show affiche complet, et ça se ressent sur la file d’attente, qui grossit de minute en minute. Après récupération des bracelets photo, nous nous plaçons lentement à l’entrée de notre espace de jeu, attendant les groupes du soir.



Lorsque les lumières s’éteignent, c’est THY ART IS MURDER qui entre en scène et démarre rapidement son set par un titre rapide et puissant. A leur tête, CJ McMahon (chant), encapuchonné, arpente déjà la scène sur l’estrade disposée au plus près du public en hurlant comme un beau diable, alors que Lee Stanton (batterie) est cantonné derrière son kit, disposé en plein milieu de la scène. De chaque côté de la batterie, les riffs lourds et gras sont dispensés par Sean Delandler (guitare), Kevin Butler (basse) et Andy Marsh (guitare), qui headbanguent en assénant des coups de médiators sur leurs cordes. Et déjà, les plus motivés remuent. Après une petite tentative de français, le chanteur annonce "The Purest Strain Of Hate", qui fera cette fois-ci bouger une plus grosse partie de la fosse. Les hurlements du chanteur passent d’un imposant growl à un scream malsain qui motive les premiers rangs à headbanguer alors que le frontman est littéralement mitraillé par les photographes. "Hello photographers, excuse me !", lance l’homme une fois débarrassé de sa veste alors qu’il enjambe le pit photo pour monter sur la barrière afin de chanter au plus près des fans. "This song is for everyone that has been affected by terrorism in France !" déclare-t-il alors avant de lancer l’un des titres les plus fédérateurs du groupe, "Holy War", perché sur la crash barrière. Et bien que concentré sur ce qui se passe à la fois sur les premiers rangs et sur scène, je crois bien que j’ai vu un début de circle pit. Le show se fait plus brutal que jamais avec un "Reign Of Darkness" d’une rage incroyable qui sera la source de nombreux headbangs. Mais avant de nous laisser, le groupe nous demandera de souhaiter un joyeux anniversaire à leur stage manager, et terminera son set grâce à un dernier titre, qui donnera l’occasion à CJ de nous faire de nombreuses grimaces tout en déployant toute sa puissance vocale, alors que le plancher de la salle tremble et que quelques slammeurs sont déjà à l’oeuvre, ce qui prouve que l’entrée en matière était d’excellente qualité.

Setlist : "Dear Desolation", "The Purest Strain Of Hate", "Holy War", "Reign Of Darkness", "The Son Of Misery", "Puppet Master".



Un rapide changement de plateau annonce l’arrivée imminente de KILLSWITCH ENGAGE, et c’est lorsque les lumières s’éteignent que les membres accourent sur la scène. Justin Foley (batterie) qui se place directement sur son tabouret, mais également Mike D’Antonio (basse) qui tend son instrument au dessus du pit photo, alors que Joel Stroetzel (guitare) s’installe plus timidement derrière un pied de micro. A son habitude, Adam Dutkiewicz (guitare) attire le regard par ses attitudes clownesques alors que le premier titre commence avec l’arrivée de Jesse Leach (chant).
Très charismatique, l’homme monte sur l’estrade pour haranguer les premiers rangs tout en chantant, aidé des deux guitaristes pour quelques choeurs. Et si le chanteur assure le show, se battant contre un ennemi invisible ou headbanguant, le bassiste n’est pas en reste, se mettant en avant ou jouant avec son instrument à chaque fois qu’il en a l’infime possibilité. Mais le duo le plus proche et comique reste Jesse et Adam, qui échangent grimaces et grands sourires. Joel est un peu moins mobile que ses camarades, mais pas moins impliqué, comme les premiers rangs ont pu le remarquer sur "The End Of Heartache". Le groupe s’arrête quelques secondes après cet incontournable de leur discographie pour remercier le public, puis entame le troisième morceau du set, sous une foule totalement conquise que le frontman tient dans le creux de sa main. Toujours très mobiles et très expressifs, les américains alignent les riffs de leurs titres avec une joie de vivre et une énergie incroyable, tout en haranguant la fosse en quasi permanence. "You having fun Paris ?" lance le frontman, dont la voix est tout aussi juste dans les hurlements que dans le chant clair. "Next one, it's called "My Curse" ! Sing it !" et bien évidemment, le public parisien s’exécute sans broncher, sur ce titre qui a, comme probablement beaucoup d’entre eux, bercé mon adolescence. Et c’est sur ce morceau que nous pourrons apprécier à leur juste valeur les hurlements d’Adam aux choeurs, alors que le refrain est source de nombreux mouvements de foule. Et les titres s’enchaînent, récents ou plus vieux mais tout aussi appréciés par la fosse, avec notamment quelques slammeurs. "Now I want to see a fucking circle pit !" hurle Jesse à l’attention du pit, alors qu’Adam s’amuse à haranguer la fosse. "Hey... hey ! Sex ! Oui !" lâche-t-il avant le début du morceau suivant. Alors que l’énergie ne redescend pas dans la fosse, le chanteur contemple un Olympia au grand complet et déclare finalement "This next song is for you, Viva la Resistance ! "Hate By Design" !". Et sur scène non plus, l’énergie de faiblit pas : Adam est plus expressif que jamais, Jesse se balade sur toute la scène et Mike pose toujours autant avec sa basse, un pied sur l’estrade.
Le groupe se calme un peu avec le doublé "Always" / "My Last Serenade", et laisse aux musiciens le temps de reprendre leur souffle avant l’assaut final, conclu par un "Paris, this is the best Paris show we ever had !" acclamé par une fosse conquise.

Setlist : "Strength Of The Mind", "The End Of Heartache", "Beyond The Flames", "My Curse", "Rose Of Sharyn", "Just Barely Breathing", "Hate By Design", "Always", "My Last Serenade", "This Is Absolution", "In Due Time".



Cette fois, la scène est complètement réaménagée pour le concert de PARKWAY DRIVE. Et lorsque les lumières s’éteignent, des cris se font entendre depuis le fond de la salle. Mais ce n’est pas un requin qui traverse cette marée humaine, ce sont les membres du groupe qui fendent la fosse pour enjamber les barrières et s’installer en hauteur dans le fond de la scène, impassibles. Débute alors le premier titre, très calme, avec des lumières intenses qui laissent apparaître les silhouettes des musiciens, mais les premiers slammeurs du show commencent déjà à arriver. Et d’un coup, c’est l’explosion. Le chant de Winston McCall devient alors beaucoup plus puissant, et des stroboscopes éclairent alors les musiciens de manière plus violente.
Et c’est à la fin de ce premier morceau seulement que les musiciens ne descendent pour débuter le deuxième morceau, tout aussi massif, et qui suscite une réponse immédiate de la foule lorsque le chanteur les harangue. Le sol se met à trembler lorsqu’il demande à l’intégralité de l’audience de sauter avec eux, sous les riffs de Jia O’Connor (basse), Jeff Ling et Luke Kilpatrick (guitares). A l’arrière et toujours en hauteur, Ben Gordon (batterie) frappe de toutes ses forces avec un sourire non dissimulé. Et c’est à la fin de ce deuxième morceau que le groupe s’arrête sous les applaudissements, visiblement émus par un accueil aussi chaleureux. "Thank you !" finit par lâcher le frontman, juste avant que le show ne continue. Et si vous étiez présents, vous avez pu constater à quel point Winston est un fabuleux meneur, que ce soit pour "Carrion" ou "Vice Grip", reprise en choeur par le public qui semble se donner à fond sur ce concert. Le chanteur ira même jusqu’à s’agenouiller à la fin d’un morceau avant de remercier la fosse, encore très ému. Mais la force de PARKWAY DRIVE, c’est également cette capacité qu’ont les musiciens à laisser leur frontman seul face à la foule, comme sur le début de "Cemetary Bloom". Winston est simplement éclairé d’une lumière blanche, et des samples l’accompagnent. les musiciens reviennent évidemment pour "The Void", qui fera sauter la foule à nouveau, mais surtout ces pauses permettent de donner un boost d’énergie au public, qui se fait de plus en plus vigoureux. "I will count to three Paris and everybody... everybody jump !" ordonne l’Australien, visiblement heureux de déchaîner encore un peu plus ses fans, alors qu’il joue avec son pied de micro pour "Idols And Anchors". "Twelve years !" hurle-t-il à son public qui lui répond immédiatement avant de débuter un autre incontournable de la discographie du groupe, qui est également l’un des morceaux les plus fédérateurs. Quelques éléments de pyrotechnie accompagnent alors le refrain.
Soudain, un quartet de cordes s’installe dans le fond de la scène. C’est l’heure de "Writings On The Wall", un morceau à la fois calme et d’une intensité monstrueuse. Et je pense ne pas avoir été le seul à être touché par ce morceau, qui semble parler à chaque spectateur. Le quartet restera pour "Shadow Boxing", ce qui renforcera également l’impact de ce morceau par rapport à la version sur album. Alternant voix claire motivée et hurlements furieux, le chanteur fait forte impression. Mais les Australiens reprennent à cinq pour deux titres supplémentaires, plus violents et directs, avec un chanteur qui fait office de maître d’orchestre à diriger littéralement la fosse à la baguette. Alors que la fosse reprend littéralement "Wild Eyes", la continuant sous les ordres du guitariste, ce qui touche à nouveau Winston, qui finira par relancer la machine après de nouveaux remerciements. Les guitaristes s’installent à nouveau sur leurs plateformes et celles-ci s’élèvent littéralement dans les airs pour leur permettre de jouer à une bonne dizaine de mètres du sol. C’est finalement après cet effet de scène que la violoncelliste revient accompagner le frontman pour "The Colour Of Leaving", avant que la lumière ne s’éteigne. Cet émouvant texte signe-t-il la fin du show ?
Bien sûr que non, car l’introduction de "Crushed" retentit alors que des flammes s’allument de toute part sur la scène. La détermination se lit sur le visage des australiens, et toute trace de fatigue semble n’avoir jamais existé. La rythmique est puissante, la foule est soufflée et s’agite dans tous les sens. "Come on Paris, sing with me !" ordonne le vocaliste avant de s’agenouiller pour terminer cet impressionnant titre. "Tonight, this is my favorite show ! Merci beaucoup !" lâche-t-il alors que les musiciens sourient à leurs fans. Devant une telle ferveur, Winston est obligé de calmer la foule. "We have one more song... but we always come back ! So one more song until the next time ! So have fun, jump around" ordonne-t-il, "This song is called "Bottom Feeder" ! Go !". Et le chaos prend vie dans la fosse. Les slammeurs se déchaînent alors que leurs acolytes mosheurs deviennent fous, personne ne peut résister à cet appel des Australiens, alors que les musiciens jettent leurs dernières forces dans la bataille. C’est donc sur ces dernières notes qu’explosent des feux d’artifices, juste avant qu’un drap géant aux couleurs de "Reverence", le dernier album de la formation, ne tombe pour clore définitivement le show.

Setlist : "Wishing Wells", "Prey", "Carrion", "Vice Grip", "Karma", "Cemetery Bloom", "The Void", "Idols And Anchors", "Dedicated", "Absolute Power", "Writings On The Wall", "Shadow Boxing", "Wild Eyes", "Chronos", "The Colour Of Living". Rappel : "Crushed", "Bottom Feeder".

Bien qu’exigent en matière de metalcore, la performance m’a soufflé. Si je n’avais aucun doute sur la puissance de THY ART IS MURDER, qui a confirmé ce que je pensais d’eux, à savoir qu’ils sont d’une lourdeur extrême, KILLSWITCH ENGAGE m’a séduit par l’énergie que les membres déploient sur scène, et m’ont en même temps rappelé des souvenirs. Quant à eux, PARKWAY DRIVE ont été absolument parfaits du début à la fin, et j’ai rarement assisté à un show aussi intense, et à une communion aussi directe avec une salle aussi grande et aussi remplie. La ferveur était présente ce soir, et c’est lentement que nous nous dirigeons tous vers le métro afin de profiter d’une nuit de sommeil bien méritée. Merci à Live Nation et Him Media pour cette affiche de folie.