La review

ORPHANED LAND + KLONE + KHALAS + THE MARS CHRONICLES
Le Divan Du Monde - Paris
07/11/2013


Review rédigée par E.L.P


Et nous voici donc de retour dans cette institution qu’est devenue la salle du Divan du Monde, après avoir abrité en son sein certaines des plus belles affiches de l’année !...
Ce soir verra l’édifice prendre de chaudes teintes orientales, car la soirée sera effectivement placée sous le signe de l’évasion avec les groupes KHAMAS (palestiniens) et ORPHANED LAND (israeliens), venus nous prouver que les différences ne sont rien si nous sommes animés par la même passion et motivés par le même respect !... Intercalés entre ces deux choix venus du croissant fertile, nos fiers Français de THE MARS CHRONICLES et de KLONE figurent, eux aussi, sur l’affiche de cette étonnante tournée européenne.



L’honneur d’ouvrir cette 39ème soirée européenne de l’affiche sera ainsi fait à nos compatriotes de THE MARS CHRONICLES. Le carré hexagonal à l’ambiance et au visuel marqués et travaillés s’installe, la mise en orbite peut commencer...
Et c’est après une courte intro fondant sur le premier morceau : "Constant Show" que l’ensemble entamera son efficace set sobrement mis en scène par des tenues unies blanches soulignant les ténébreux regards des membres aux yeux montés de lentilles noires. Ce sera alors le début d’une bien belle démonstration des différents talents du groupe. Énumérer les formations dont sont issus les membres du petit combo ne serait que faire étalage supplémentaire du potentiel des artistes en place ce soir... mais savoir que l’arrière plan du groupe se compose de formations telles que Myrath, Eths, Lag I Run et Opram laisse malgré tout entrevoir de bien beaux horizons et ce dès le premier titre... Des voix claires (bien que discrètes pour les backings) et de virtuoses guitares aux lignes aussi puissantes qu’atmosphériques, fermement envoyées par Devy Diadema (guitare / chant lead) et Yann Morvant (guitare / backings) plongeront le public dans cet univers mélangeant le plus habilement du monde des passages atmosphérico-alternatifs et des riffs progressifs empreints de superbes sonorités death techniques. La section rythmique de Sébastien Ollive (basse) et de Morgan Berthet (batterie) ne fera que conforter, sur des morceaux comme "Abyss" ou "Transcending The Stone", cette aspiration ambiante et parfois vaporeuse dont le groupe semble détenir, pour notre plus grand plaisir, la secrète formule !... La modernité doublée de la profondeur du combo explosera sur ce qui sera malheureusement le dernier morceau d’une délectable mise en bouche : "Hell Is Born", aux rythmiques à la frontière de celles, plus syncopées, du Djent dont leur atmosphère semble parfois être chargée et sur lequel un premier guest, et non des moindres, fera son apparition à la guitare: Chen Balbus d’Orphaned Land, contribuant à créer une réelle dynamique sur la scène d’un Divan’ bien rempli.
Ce morceau plus virulent que les précédents ponctuera parfaitement ce set "découverte" que fut celui de THE MARS CHRONICLES, à voir, donc, sur scène pour un véritable voyage mélodique, original (et rare en ces temps de conformisme musical), maîtrisé et harmonieusement recherché ! Send The Wood Music a encore une fois eu le nez creux, en soutenant ce carré !

Setlist : Intro, "Constant Show" "Abyss" "Transcending The Stone" "Scars Of Age" "Hell Is Born" (avec Chen Balbus d’Orphaned Land).



Changement radical d’ambiance pour laisser place au quatuor palestinien de KHALAS arrivant les bras chargés de son tout dernier opus : "Arabic Rock Orchestra". Et ce sera sur fond de vidjing et de vidéos de derviches tourneurs que s’amorcera ce premier détour oriental de la soirée, un détour plus rock qu’il n’y paraît...
Les influences ressenties à travers les divers morceaux de la petite formation sont aussi vastes qu’originales, et le public sera amené à voyager entre la modernité occidentale de groupes tels qu’AC/DC (et autres classiques hard-rock / rock) et des ambiances plus traditionnelles et folkloriques d’orient. Cette formule séduira d’ailleurs le public qui se prendra au jeu de ces rares arrangements comme sur "Ala Remshe" et son refrain timidement, certes, mais malgré tout entonné par les spectateurs présents ce soir...L’ambiance commence à se réchauffer ! Les sons très Rock ainsi obtenus (tantôt nerveux tantôt plus "simplistes" aux rythmes entraînants et aux paroles parfois chantées en arabe et parfois en anglais) nous seront envoyés par un frontman : Mahmoud Shalabi et un guitariste Abed Hathout (aux allures de Zoltan Bathory sous de faux airs de David Draiman) tous deux transis par ces expérimentations musicales prouvant que ces 2 univers que tout oppose peuvent être conciliés, le temps d’un set. Une batterie un rien simpliste et quelques Larsen viendront entacher le son qui était jusqu’à présent de bonne qualité ce soir... Passons ces petits accrocs techniques, car arrivera, après une demie-douzaine de titres ayant quelques fois eus le mérite de faire sauter, en rythme, le public, l’heure du dernier morceau : "Haz El Adala" pour lequel un invité pour le moins spécial fera son apparition, Kobi Farhi, vocaliste d’ORPHANED LAND.
Pièce plus énergique de leur setlist, "Haz El Adala" clôturera avec une énergie, une nervosité bien plus typée metal que le autres, le set de ce nouveau combo ayant pris place sur les planches du Divan.

Setlist : "Amoona", "Ala Remshe", "Alf Leila", "Mejwez", "Bdek Za'afe", "Gana El Hawa", "Haz El Adala" (avec Kobi Farhi d’Orphaned Land).



Un nouveau rapide changement de plateau verra ainsi la transition se faire entre cet étonnant creuset d’inspirations et la détonnante formation poitevine que l’on ne présente plus tant leur univers ne laisse pas indifférent : KLONE, Yann Ligner en tête !... La formation oscillant entre un metal profond et des ambiances psychés que certains auront, par exemple, eu l’occasion de voir sur la scène du Triel Open air de juin dernier et répondant divinement bien au groupe de première partie: The Mars Chronicles prend alors place.
L’ensemble à l’identité fièrement tenue par un frontman des plus expressifs nous arrivera donc, avec, pour premiers titres "They Eye Of Needle, Part 2" mais surtout "Give Up The Rest" aux profondes ambiances atmosphérico-progressives, rythmiquement conçues pour plonger le public dans une sorte de transe, de méditation mélodique. Ce morceau résonnera, aidé des talents de Morgan Berthet (oui, encore lui...) aux fûts, avec toujours une bien belle amplitude et une certaine solidité de frappe, dans la salle au balcon... Viendra ensuite le tour des cordes de se faire remarquer tout en groove et en puissance avec le vibrant "All Seeing Eye" et le technique "Rocket Smoke" sur lesquels les brillantes aptitudes de Guillaume Bernard, Aldrick Guadagnino et Jean-Etienne Maillard signant son dernier concert avec la formation (respectivement guitariste, guitariste et bassiste), soutiendront les efforts vocaux fournis par Yann (chant) se laissant, comme à son habitude, porter par les atmosphères savamment travaillées et harmonieusement arrangées de l’ensemble. La poursuite de cette immersion dans la Klonosphère se fera avec "The Dreamer’s Hideaway", titre éponyme de leur dernier album (2012) qui apportera, lui aussi, son lot de passions malgré une voix plus chancelante du vocaliste... Ce morceau à l’univers plus sombre et torturé ne marquera donc pas autant les esprits que «Give Up The Rest», fleuron de la discographie du groupe, mais également moins que leur désormais bien connue cover du "tube" de Björk : "Army Of Me", reprenant avec panache ce titre des années 90 !
Assombrissant une dernière fois les horizons de Klone, contrastant fortement avec leurs titres précédents (notamment "Immaculate Desire"), cette nouvelle démonstration des univers et des dons du quintette poitevin les fera quitter le plancher parisien avec les honneurs qu’ils méritent, malgré la légère amertume laissée par un set peut-être trop inconstant, une basse trop saturée sur les 2 derniers titres, et des lumières desservant la fascination habituellement générée par les 5 compères...

Setlist : "The Eye Of Needle, Part 2", "Give Up The Rest", "All Seeing Eye", "Immaculate Desire", "Rocket Smoke", "The Dreamer's Hideaway", "Army Of Me" (Björk Cover).



Il est maintenant temps, après un plus long changement de plateau, de faire place à la tête d’affiche de cette soirée placée sous le signe de l’expérimentation, de la diversité et du métissage, le groupe dont le dernier passage remonte à ce mois d’Août, sur la scène du Motocultor, les Israéliens d’ORPHANED LAND !
Si les présents massés aujourd’hui en doutaient encore, voici venir une nouvelle preuve de l'émergence de ces styles musicaux alternatifs d’outre-Méditerranée... Et ce sera, là aussi, sur un fond de vidjing mettant en scène l’unité du triptyque religieux que la solide formation menée par le charismatique Kobi Farhi (chant), modestement vêtu d’une djellaba, pieds nus, et arborant avec pudeur trois "chapelets" représentatifs des 3 religions monothéistes majeures, symboles d’unité, de partage et de paix, se lancera dans sa prestation qui s’annonce, elle aussi, pleine de profondeur et de foi avec, en guise de mise en bouche, l’incroyable "All Is One", titre éponyme, phare de leur dernier album qui sera repris en choeur par un public conquis d’avance par le message que la formation transporte ! Ainsi, il faudra compter quelques interludes durant lesquels, entre plusieurs échanges de sourires et remerciements, Kobi (chant) s’adressera aux présents sous couvert de la plus que justifiée parole "La musique ne devrait-elle pas être la seule religion?.." ! S’en suivront donc des titres piochés avec goût dans la discographie générale du groupe, tels que "Barakah", "Birth Of The Tree (The Unification)", "Olat Ha’tamid" ou encore "Sapari"... À noter également que le public témoignera, avec ferveur, son attachement au groupe, reprenant en choeur (du moins majoritairement), les titres présents sur le dernier opus du combo orientalo-progressif tels que "The Simple Man", "Brother", "Let The Truce Be Known" et "Our Own Messiah".



Le Divan ainsi revêtu de ses plus belles parures orientales, et prêt à accueillir ce flot d'énergie positive, se laissera donc littéralement envoûter par les somptueuses rythmiques d’Uri Zelcha (basse) et de Matan Shmuely (batterie), mais également par les fabuleuses mélodies des bien connus Chen Balbus et Yossi Sassi (guitares), tous les cinq transis par cette communion ainsi installée entre scène et parterre ! Le groupe adepte des puissants gestes symboliques verra son sourire , lui prenant déjà tout le visage, s’agrandir de quelques centimètres encore tandis que le guitariste palestinien Abed Hathout (KHALAS) fera une courte apparition afin de déposer son keffieh sur les épaules de son camarade de tournée, lui israélien, Kobi Fahri... S’en suivra un rapide interlude durant lequel Matan (batterie) nous fera la démonstration de ses talents rythmiques lors d’un solo aussi virtuose que jazzy-groovy, laissant entrevoir toute l’étendue de son jeu ! Préparant mélodiquement à l’arrivée des derniers titres, ce dernier entamera ainsi la dernière ligne droite de ce set riche en émotions, enchaînant avec "Our Own Messiah" sur lequel Devy Diadema (THE MARS CHRONICLES) rejoindra Kobi pour y harmoniser sa voix avec profondeur tandis que, sur le morceau suivant : "Children", c’est Sebastien Ollive (THE MARS CHRONICLES toujours) qui chaussera une troisième guitare aux côtés de Chen et Yossi (avec son incroyable Bouzoukitarra)...
"The Beloved’s Cry" marquera le début de ce retour à la vie "civile" puisque c’est un morceau uniquement porté par Kobi et Yossi qui nous sera interprété après un fervent rappel, et c’est "Norra El Norra (Entering The Ark)" cette fois-ci sans danseuse orientale, fondant sur "Ornaments Of Gold" qui sonnera le glas de cette onirique prestation !

Setlist : "Through Fire And Water", "All Is One", "Barakah", "The Kiss Of Babylon (The Sins)", "The Simple Man", "Brother", "Birth Of The Three (The Unification)", "Olat Ha'tamid", "Let the Truce Be Known", "Sapari", "Ocean Land (The Revelation)", "Our Own Messiah" (avec Devy Diadema de The Mars Chronicles), "Children" (avec Sébastien Ollive de The Mars Chronicles), "El Meod Na'Ala", "In Thy Never Ending Way".
Rappel : "The Beloved's Cry", "Norra El Norra (Entering the Ark)" / "Ornaments Of Gold".

Il est maintenant temps de quitter la salle du Nord parisien, la tête remplie de cette belle découverte alternative / progressive que fut THE MARS CHRONICLES, mais une nouvelle fois marquée par la vibrante prestation d’ORPHANED LAND, ayant enfin eu la scène, le show et le public qu’ils méritaient en ce soir de novembre... Rappelons et "méditons" une dernière fois ces mots de Kobi Farhi : "La musique ne devrait-elle pas être la seule religion?...".
Merci à Garmombozia pour cette petite capsule de fraîcheur !

Photos tirées de : www.elp-photo.fr