La review

ORPHANED LAND + SILENT OPERA + MYLIDIAN
Le Divan Du Monde - Paris
03/11/2014


Review rédigée par E.L.P


Retour au Divan du Monde pour une nouvelle soirée placée sous le signe du partage avec le récent passage parisien d’ORPHANED LAND à l’occasion de la tournée célébrant les 10 ans de leur album "Mabool" ! À cette occasion, le groupe a su s'entourer de deux formations hexagonales : les Parisiens de MYLIDIAN, mais également les Biarrots / Bayonnais de SILENT OPERA récemment aperçus à Paris, en Mai dernier, aux côtés de Gaiden, Elder’s Tales et Lost Opera !...
Ainsi placée sous des hospices des plus mélodiques, voici que s’ouvrent les portes de la salle de la Rue des Martyrs sur ce "Mabool Decade Tour".



Le premier groupe à s’avancer sera donc la formation basée sur le jeu de rôles éponyme : MYLIDIAN.
Composé entre autres personnages, de Paul Rousseaux, batteur de la formation officiant également au sein d’Architect Of Seth, ainsi que de deux voix : Armendar (chant clair / growls masculins) et de Chaos Heidi (chant lyrique féminin) alors présente sur la tournée en qualité de guest, le groupe se lancera dans une prestation somme toute assez propre, oscillant entre le symphonique et le gothique, le tout saupoudré de lignes parfois plus extrêmes. Malgré un léger goût d’excès quant au jeu de scène mis en place durant leur prestation, le public présent en ce début de soirée pourra se contenter de deux imposantes prestances, celles de Fabien Ternois (basse) et de Paul Rousseaux (batterie), formant un imposant duo rythmique apportant la puissance et la lourdeur faisant malheureusement défaut au reste de l’entité se développant sur scène. Adhérer ou non au projet proposé par MYLIDIAN restant parfaitement subjectif, force sera de constater que le public se trouvera difficilement absorbé par l’univers de l’ensemble, et ce malgré l’envoi de certaines très bonnes lignes extrêmes soulignant parfois habilement des parties lyriques / symphoniques trop souvent ternes et perdant l’accroche nécessaire à créer une véritable dynamique scénique. À noter également que le son jouant en la défaveur du groupe, ne permettra, alors, pas de profiter dignement de cette première performance, les voix de Heidi er Armendar étant placées bien en deçà du son global de la soirée...
Cette prestation malheureusement assez linéaire en ouverture se verra clôturée tout en sourires, par les membres de MYLIDIAN, quittant finalement la scène afin de laisser le champ libre aux Aquitains de SILENT OPERA !



Tout droit venus de leurs savoureux confins, voici que les cinq comparses dernièrement passés à l’Orchidée du Cheval Blanc font leur entrée sur les planches d’un Divan du Monde dès à présent plus étoffé.
Proposant en apparence une formation aux mêmes composantes que leurs prédécesseurs, les cinq chaleureux artistes du Sud-Ouest pourront néanmoins compter sur la puissance de leur frontman : Steven Schriver, officiant également au sein de Can Of Worms et portant avec la plus grande véhémence vocale, la brutale structure de certains couplets, ponts et refrains, soufflant un vent on ne peut plus énergique sur une prestation qui démarrera sur les chapeaux de roues avec des titres comme "Dorian" ou encore "Dawn Of The Fool", prouvant que mélodie et brutalité peuvent parvenir à se conjuguer dans l’effort ! Le groupe pourra, sur fond de projection d’une animation vidéo, explorer son large spectre d’intentions entre death et symphonique, devant un public manifestement plus enclin à recevoir ce bel alliage de brutalité et de lyrisme proposé par le duo vocale Steven/Laure La borde (respectivement, donc, chant guttural et chant lyrique) malgré une rigueur et un charisme peut-être moindre émanent de cette dernière. Leurs frères d’armes ne seront également pas en reste, et ce malgré un dommage mixage excessif de la basse du solide Olivier Sentenac au son monté jusqu’à en faire vrombir les façades, tandis que la guitare de Romain Larregain se trouvera tantôt happée, tantôt oubliée, par la batterie de Jon Erviti, pourtant tous deux appliqués et assidus derrières leurs évidentes concentrations.
Le set s'achèvera finalement sur leur habituel "Sailor, Siren And Bitterness", titre clôturant avec une emphase et une longueur ne reflétant en rien l'énergie développée par l’ensemble trois quarts d’heures durant... Setlist : "Fight Or Drift", "Dorian", "The Great Chessboard", "Dawn Of The Fool", "The Fall", "Sailor, Siren And Bitterness".



Ainsi se tournera la page symphonico-lyrique de cette première partie de soirée dont l’ambiance s'apprêtera alors à changer son fusil d’épaule à mesure, voyant l’heure d’ORPHANED LAND poindre pour achever ce nouveau passage parisien du fier ensemble israélien !
C’est donc enfin au tour du quintette mené de main de maître par Kobi Farhi (frontman) de fouler les planches de cette scène qui leur est déjà bien familière ! La formation fraîchement délestée de leur célèbre collègue Yossi Sassi (remplacé par Idan Amsalem) s’est donc vue à nouveau placée sous les regards intrigués d’un public moins nombreux que lors de leur précédent passage aux côtés de Khalas, Klone et The Mars Chronicles une année plus tôt. S’entamera donc une véritable série d’hymnes aussi raffinés qu’habilement conçus et attendus de pied ferme par le parterre bien décidé à voir si Idan Amsalem saura se poser en digne successeur de Yossi ! Les setlists posées sur les retours et laissant entrevoir le déroulement de la soirée n’auront pas menti, puisque c’est avec cinq premiers titres piochés entre "Mabool" et "All Is One" que se verra donné le coup d’envoi de ce concert anniversaire, avec des morceaux aussi efficaces que l’instrumentale introduction "A’salk" se prolongeant en "Halo Dies"» (issus de "Mabool") suivi du phénoménal trio "All Is One", "The Simple Man", "Brother" (lui, issu de "All Is One"). Prenant appui sur la fin de cette première partie tournée vers "All Is One", le groupe entamera alors le second volet de sa soirée avec une succession de titres rendant le plus fier des hommages à leur troisième opus, allant de "Birth Of The Tree" jusqu’à "Building The Ark" et passant par "The Kiss Of Babylon" ! Le public alors un rien moins enchanté qu’il ne semblait l’être l’année passée, pourra également percevoir la triste différence de prestance, de charisme, existant entre Idan et son prédécesseur, laissant alors un léger vide difficile à combler pour la formation, et ce malgré le poids du duo rythmique Uri Zelch (basse) / Matan Shmuley (batterie) toujours aussi expressif et passionné.
La troisième partie de soirée verra, quant à elle, se dérouler un triptyque de titres issus des albums "The Never Ending Way of ORWarriOR" et "El Norra Alila" avant le grand final préparé par "Mabool", "The Storm Rages Inside" et enfin, "Norra El Norra" puis "Ornaments Of Gold"...

Setlist : "A’salk", "Halo Dies (The Wrath Of God)", "All Is One", "The Simple Man", "Brother", "Birth Of The Three (The Unification)", "Ocean Land (The Revelation)", "The Kiss Of Babylon (The Sins)", "A Call to Awake (The Quest)", "Building The Ark", "Let The Truce Be Known", "El Meod Na'Ala", "Sapari", "In Thy Never Ending Way".
Rappel : "Mabool (The Flood)", "The Storm Still Rages Inside", "Norra El Norra (Entering The Ark)", "Ornaments Of Gold".

Posés d’une main toujours aussi fermement affirmée dans ce style mélodique, les orientaux d’ORPHANED LAND auront, une fois de plus, su trouver les arguments nécessaires à prouver le caractère unique et fédérateur de leur son, de leur univers, de leur contenu... Une nouvelle prestation malheureusement plus terne que par le passé aura cependant été proposée ce soir malgré les charismes et aplombs artistiques toujours aussi louables de Kobi Fahri et Uri Zelcha ne parvenant pas à rattraper le triste départ de Yossi Sassi tant en termes de présence qu’en termes d’originalité technique et visuelle (comme, par exemple, par l’absence remarquée de la fameuse "bouzoukitara").
Ainsi s’achèvera cette soirée ayant permis au public de fouler des terres à la fois lyriques et brutales avec MYLIDIAN mais surtout SILENT OPERA, d’étonnantes formations embarquées pour leur plus grand plaisir dans cette aventure européenne, mais au son peut-être moins adapté à la création d’une réelle dynamique menant (comme le fit, par exemple Klone), à ORPHANED LAND et leur ode à "Mabool" !

Photos tirées de : www.elp-photo.fr