ORIGIN + RINGS OF SATURN + HIDEOUS DIVINITY + GRAVESLAVE
Le Glazart - Paris
13/04/18
Review rédigée par Matthieu
Deuxième jour de ce marathon concerts avec ce soir au programme : du gras, du gras et du
cholestérol ! ORIGIN nous fait son grand retour en France, accompagné de RINGS OF SATURN,
HIDEOUS DIVINITY et GRAVESLAVE ! Un plateau qui fait déjà trembler le Glazart rien qu’avec
les balances, mais une petite chose m’intrigue… Il est 17h30, et il n’y a presque personne
devant la salle… Même à l’ouverture des portes, il n’y a même pas trente spectateurs…
C’est donc devant une fosse tristement vide que GRAVESLAVE va monter sur scène, bien que
la soirée ait déjà pris du retard. Les hostilités sont donc lancées avec un death metal tantôt
un peu technique, tantôt violent joué par un groupe de cinq jeunes Américains qui en
veulent. Joel Sigbee et Roman Johnson (guitares) se complètent parfaitement, alternant
un peu les parties lead, tandis que Josh Burke (basse) et Ben Fagerness (batterie)
alignent une rythmique solide. Mais tous les regards sont tournés vers Donald Bjorklund
Durkee (chant). Pourquoi ? Tout simplement parce que ce mec, qui doit à peine dépasser la
vingtaine, est totalement fou à lier ! Il est totalement dans son monde, et il n’hésite pas à
s’avancer devant les retours, s’asseoir en plein milieu de la scène avec le micro autour du
cou, se relever en crabe, accroupir en chantant… Aidé des deux guitaristes pour quelques
choeurs, il assure un chant très propre, qui m’évoque un mix entre Corpsegrinder et du
deathcore. Très communicatifs avec le public, ils n’hésitent pas à demander un circle pit qui
sera composé de… trois personnes. Une belle tentative, mais il est malheureusement trop
tôt pour vous, et le public parisien est exigeant. Au bout d’une minuscule demi-heure à
enchaîner leads énervés, rythmique imposantes et quelques parties presque slam death,
leur set se termine. Une belle entrée en matière !
Setlist : "Partially Reassembled In Utter Disgust", "Human Fluids", "Slit Throat And Garrote",
"Strange Days", "Surgical Extraction", "Wormtongue".
Après un changement de plateau exécuté dans la plus grande des hâtes et dès la fin des
réglages, HIDEOUS DIVINITY nous envoie leur sample introductif en pleine face. Les Italiens
commencent un set qui sera d’une violence effroyable. Alors que Giulio Galati (batterie)
blaste à toute allure avec une facilité déconcertante, Enrico Schettino et Giovanni
Tomassucci (guitares) headbanguent en alignant des riffs lacérants, composés d’une
guitare lead incisive et d’une guitare rythmique puissante, pendant que Stefano
Franceschini (basse) se met un peu en avant pour nous montrer l’étendue de son talent,
qui ne s’entend malheureusement pas. Soudain, Enrico “H” Di Lorenzo (chant) arrive sur
scène pour ajouter une couche, et son chant massif souffle le public parisien. Pour les avoir
déjà vus au Klub l’an passé, et les connaître sur album, je ne suis pas surpris, mais plutôt
impressionné de voir à quel point les Italiens sont constants dans leurs performances, avec
des compositions d’une qualité déconcertante, qui n’oublient pas de mettre en avant l’aspect
technique, avec tantôt des leads de guitare, tantôt une place plus importante pour la basse.
Heureusement, le son de basse revient après les deux premiers titres, et ces petites parties
de tapping techniques ajoutent une saveur supplémentaire à la musique du groupe. Si tous
les musiciens sont très communicatifs, et n’hésitent pas à se mettre en avant chacun leur
tour. “H” assure une performance scénique dantesque : il alternera chant monstrueux et
grimaces effrayantes devant une assemblée qui semble s’être réveillée, moshant
joyeusement, avec un fan hystérique qui semble vivre le moment le plus intense de toute sa
vie. Sur la fin du set, “H” poussera sa gestuelle à l’extrême en mettant son micro
directement dans sa bouche, les bras écartés tout en continuant à hurler, pendant que ses
camarades s’acharnent à envoyer leurs derniers riffs. Le groupe sera acclamé comme il se
doit par une foule qui a fini par arriver pour soutenir HIDEOUS DIVINITY.
Arrivent maintenant les Américains de RINGS OF SATURN et celui que tout le monde attend…
Ah non, Lucas Mann n’est pas présent ce soir, c’est donc un ordinateur portable (un
Alienware, et pas seulement pour le jeu de mots) qui le remplacera. Après cette installation
plus que sommaire donc, les lumières s’éteignent, et le vaisseau américain est prêt à
décoller. Pourquoi est-ce que je compare le groupe à un vaisseau ? Eh bien tout simplement
parce que la musique d’introduction n’est autre que celle de “L’Odyssée de L’Espace”, et
que le public a changé. Plus jeune, avec des cheveux plus colorés par exemple. L’ordinateur
toujours en place, ce sont Miles Baker (guitare), Aaron Stechauner (batterie) et Ian Bearer
(chant) qui prennent place sur scène pour débuter le premier titre. Et on sent que RINGS OF SATURN est un groupe très attendu, car les fans commencent déjà à headbanguer et à lancer
un pit. Le deathcore des Américains est vraiment impressionnant, et si vous doutiez encore
des performances scéniques du groupe vous pouvez arrêter. SI le chanteur reste assez
statique au milieu de la scène, sa voix est parfaite, mais celui qui attire les regards, c’est
Miles Baker, qui se place au plus près des premiers rangs pour effectuer ses parties lead
presque atmosphériques, et qui change régulièrement de côté pour occuper tout l’espace.
Côté son, les samples humoristiques et futuristes sont habilement bien placés, et chaque
instrument est parfaitement mixé. La technicité des riffs de la guitare ne sont même plus un
challenge pour Miles qui sourit presque en les alignant un par un, pendant que
quelques slammeurs s’amusent dans le pit, en attendant de pouvoir se déchaîner à nouveau
sur les breaks des compositions lourdes du groupe. Soudain, Ian souhaite bonne chance à
ses musiciens avant de disparaître pour laisser aux deux hommes le soin de nous envoyer
un morceau instrumental en pleine face. Tous deux rivalisent de technicité, et ce moment se
termine par un solo de batterie, ainsi que le retour du chanteur pour déchaîner encore un
peu plus les fans avant la fin de leur set.
Arrivent alors les rois de la soirée, ceux qui vont littéralement retourner le Glazart : ORIGIN.
Les ayant ratés la dernière fois, j’étais vraiment impatient de pouvoir enfin voir ce groupe que
j’ai découvert il y a quelques années déjà, et je peux vous assurer que je n’ai pas été déçu.
Le public se rapproche lors de la rapide installation du groupe, et si vous n’étiez pas prêts
lors du coup d’envoi, c’est vraiment dommage pour vous.
Les Américains ne perdent pas
une seule seconde avant de nous écraser avec leur son pachydermique. Les frappes
éblouissantes de John Longstreth (batterie) subliment l’excellent son de basse de Mike
Flores (qui abat ses doigts sur son manche, et non au niveau des micros, avec une
puissance et une précision démoniaques), pendant que Paul Ryan (guitare) nous aligne des
leads à une vitesse qui dépasse tout bonnement l’entendement. Au milieu de la scène,
Jason Keyser (chant) harangue la foule, et aide les slammeurs à se réceptionner.
Parlons-en d’ailleurs des slammeurs ! J’ai arrêté de les compter après m’être reçu le
cinquième dans le dos, mais je pense ne pas me tromper de beaucoup si je dis qu’il y a eu
une petite centaine de slams (dont trois spectateurs survoltés très récurrents). Mais
revenons au show. La qualité du mix nous permet de profiter au maximum de chaque
instrument à chaque instant, et j’apprécie tout particulièrement le son gras et imposant de la
basse. Le chant est toujours aussi gras et motivant, et guitariste comme bassiste répondent
présents pour assister Jason sur des hurlements plus perçants pendant que lui nous envoie
son growl caverneux dans les esgourdes. Annonçant les dix ans d’"Anthitesis", le groupe
décide de nous en jouer un morceau, et c’est après celui-ci que je pars sur le côté pour
finaliser mes photos, et éviter d’aggraver la situation de mon dos. Jason Keyser
recommande au public de bouger encore plus tout en gesticulant lui-même un maximum,
puis il s’arrête quelques instants pour féliciter la foule pour ce wall of death "plutôt bien
organisé". Il en demandera alors un autre, en recommandant aux participants "d’attraper un
ami et de le foutre dans le pit avec vous !", alors qu’un spectateur, fraîchement monté sur
scène, demande aussi une avalanche de slams.
Sur la fin du show, Paul entame un solo
particulièrement long et technique, pendant que Jason propose à un spectateur de
slammer, mais c’est finalement lui qui se jettera dans la fosse en reprenant son chant. Le
groupe part de scène, pour revenir après la demande des fans. Jason tend un gobelet à un
spectateur, puis essore la sueur de son t-shirt dedans, offrant à un courageux la possibilité
de le boire, mais, ne trouvant personne, il l’avalera lui-même avant de débuter le dernier titre
de ce show destructeur.
La soirée se termine dans la chaleur, la douleur et la bonne humeur, avec cette avalanche
de shows à l’Américaine, qui aura écourté les trois premiers groupes. Si GRAVESLAVE a été
une très bonne entrée en matière pour s’échauffer la nuque, HIDEOUS DIVINITY nous a
enseigné l’art du death metal technique, avant de laisser la place aux aliens de RINGS OF SATURN et leur deathcore futuriste mais d’excellente facture. ORIGIN, quand à eux, ont
simplement dévasté le Glazart, et les slammeurs mon dos. Je suis loin de dire que nous
devons rester sages devant un show aussi monstrueux, mais un minimum de correction et
de retenue serait souhaitable, surtout lorsque l’on veut slammer en étant un beau bébé. Pas
le temps de s’attarder, car demain c’est changement d’ambiance !